Motos du Togo
Un gisement touristique inexploité
Lomé, capitale du Togo. Ceci est de l’humour horriblement noir.
Si comme tout le monde, lorsque vous croisez par hasard un accident de la route, vous jetez un regard immodéré sur la victime, allez donc faire du tourisme à Lomé : c’est la capitale mondiale de ce genre de délectation aussi malsaine que normale.
Ces accidents sont tellement fréquents que les Lomérois ne s’y attardent plus : vous bénéficierez de la première loge au spectacle.
Motos taxis
Lomé. Pas de métro. Ni de trams. Bus presque itou. Taxis rarissimes. Du moins les voitures taxis. Car des taxis, il y en a, un max : ce sont les motos.
Grouillantes, les motos-taxis constituent l’outil essentiel de la mobilité.
C’est en pratique le seul moyen de transport à la disposition des habitants.
Qui conduit ces motos?
N’importe qui. Des jeunes surtout. Inorganisés.
Pas besoin de licence. Ni de permis de conduire. Ni même de papiers d’identité : nombreux viennent-ils de la campagne, et même de l’étranger, et trouvent-ils là un revenu … honnête.
Autre problème : si les motos roulent à l’essence, bien des chauffeurs carburent à la bière Guinness, réputée à Lomé la meilleure du monde. Quand vous vous faites charger, humez l’air et si dans la pollution ambiante vous décelez un relent d’alcool, descendez aussitôt sans demander votre monnaie en retour.
Pas de statistiques
Il n’y a pas de statistiques du nombre d’accidents. Les Lomérois confient même que beaucoup de conducteurs roulent sans être assurés. Et le client qui se retrouve éjecté étendu sur le sol n’était pas, bien entendu, un client ! Quant à la police, elle se fait discrète : rappelons que sans les motos taxis, la vie économique et sociale serait impossible. Et concédons que Lomé est au demeurant une ville tranquille.
Un jumelage de Lomé avec Charleroi ?
Pour en revenir à notre annonce du début de cet article : « scruter en live la ou les victimes d’ accidents de moto, un gisement touristique inexploité », disons que la probabilité est grande de savourer l’attraction d’un corps en chemisette et sans casque gisant sur la route, en se promenant une petite demi-journée en ville.
Que voilà une idée de safari à mettre dans un circuit du voyeurisme planétaire où, se dit-il un peu partout dans les pays riches en ce mois de juillet 2012, les opérateurs et voyagistes ont déjà inscrit une visite de Charleroi, classée ville la plus laide du monde.
René Dislaire
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