Amenagement de l'Emulation pour le Théâtre de la Place à Liège

écrit par admin
le 17/08/2011
Emulation

Dans le courant de la saison 2012-13, le Théâtre de la Place, à Liège, investira le bâtiment de la Société Libre de l'Emulation entièrement rénové et agrandi, situé place du XX Août au centre ville de Liège.

Ce chantier d'envergure s'inscrit dans une série de grands projets de rénovation d'outils culturels et économiques mis en oeuvre par la Ville et ses partenaires.

En 2002, l'idée est lancée que le Théâtre de la Place occupe les bâtiments de La Société libre d'Emulation.
Cette société a été créée en 1779 avec la vocation d'encourager les Arts, les Lettres et les Sciences. Situés au coeur de la vie urbaine, face à l'Université de Liège, ses locaux sont ravagés par un incendie en 1914 et font place, en 1939, au bâtiment construit par Julien Koening aujourd’hui en partie classé. Ce sont les architectes liégeois Pierre
Hebbelinck et Pierre de Wit, à qui l’on doit, entre autres, le Musée des Arts contemporains du Grand-Hornu (MAC’s), le Théâtre du Manège à Mons ou encore la restauration de l’ancienne Halle aux Viandes à Liège, qui ont été désignés en qualité d'auteur du projet et ont reçu une mission complète d'architecture, d'ingénierie, de scénographie et d'acoustique.
Le projet s'articule sur la réaffectation du bâtiment existant et sur l'extension des lieux, afin d'accueillir le Théâtre de la Place dans un cadre prestigieux et adapté. L'Emulation s'apprête à devenir un outil pluridisciplinaire au service de la création et de l'accueil de spectacles théâtraux, chorégraphiques et musicaux . Les lieux offriront une ampleur technique et un confort jusqu’aujourd’hui inexistants Place de l’Yser. Le complexe comptera une grande
salle (557 places) et une petite (145 places), un espace pour les arts visuels et une salle de répétitions. Au total, la surface atteindra les 7800 m2. Les services techniques du théâtre (assemblage de décors, réserves, ateliers de couture, ...) seront intégrés au bâtiment. Le Théâtre de la Place, devenu en 2006 « Centre européen de création théâtrale et chorégraphique » sous la direction de Serge Rangoni, consolidera sa renommée et sa position de première scène de Wallonie.
Le chantier a été entamé en janvier 2011 et s’achèvera fin 2012. Il représente un budget de 14,5 millions d'euros hors T.V.A., dont 55 % sont pris en charge par la Communauté française Wallonie-Bruxelles, 16 % par la Région wallonne, 10 % par la Province de Liège et 19 % par la Ville de Liège.
Pour la Ville de Liège, la restauration en profondeur et l'agrandissement du site de l'Emulation s'inscrivent dans une double perspective : culturelle et urbanistique. Après la construction du Cinéma Sauvenière inauguré en mai 2008 sur un terrain appartenant à la Ville, Liège a ensuite inauguré le Manège rénové en janvier 2009, suivi du nouveau Grand Curtius, en mars 2009, réunissant cinq musées en un seul, dans un geste architectural fort.
La rénovation en profondeur et en hauteur de l’Opéra, permettra également aux opérateurs culturels de jouir d’une installation performante dès la rentrée 2012-2013. Le nouveau Centre International d’Art contemporain (CIAC) verra notamment l’agrandissement et l’ouverture côté Dérivation de l'actuel musée d'Art moderne et d'Art contemporain. Cela conditionnera d’une part, l’aménagement du Parc de la Boverie, mais aussi de la future passerelle qui doit faire le lien avec le nouveau quartier des Guillemins et la Médiacité.
Quand le Théâtre de la Place prendra possession de ses nouvelles salles et ateliers à l’Emulation, pour la rentrée 2013, c'est un acteur majeur de la vie culturelle liégeoise qui se verra lui aussi renforcé. Sur le plan urbanistique, cela entraînera une refonte complète des places Cockerill et du XX Août avec le détournement d’une partie du trafic par le quai Roosevelt qui sera mis en double sens. Cela impliquera aussi la démolition de ses anciennes installations, place de l’Yser et donc sa réaffectation complète.
Tous ces projets constituent une avancée importante pour le développement de Liège, tant sur le plan culturel que sur le plan urbanistique.

Historique du projet de rénovation du bâtiment
Depuis 1985, le bâtiment de l’Émulation est loué au Fonds des bâtiments scolaires pour abriter la section des arts de la parole du Conservatoire royal de Musique de Liège. Cette occupation se termine en 2003 et l’association « Société libre d’Émulation », propriétaire du bâtiment, aimerait lui
redonner un rôle culturel public conforme à sa vocation.
En 1999, suite à la fermeture du bâtiment pour raison de sécurité, plus aucune activité n’est organisée. Par peur de dégradation, la Société Libre d’Émulation a commandé une étude de restauration du bâtiment de l’Émulation. Celle-ci a estimé les travaux à 100 millions de BEF soit +/-
2,5 millions d’euros. Ce budget important impose à la Région Wallonne de faire appel à l’Institut du Patrimoine Wallon qui s’est allié les services de la Fondation Prométhéa, promoteur du mécénat culturel auprès du secteur privé.
C’est en 2001, que le Ministre Michel DAERDEN, chargé du Patrimoine, initie le projet de restauration du bâtiment de l’Émulation en collaboration avec l’Institut du Patrimoine Wallon, la Société Libre d’Émulation (SLE) et la Fondation Prométhéa.
L’Institut du Patrimoine Wallon existe depuis 1999 et dépend directement du Ministre du Patrimoine. L’Institut a pour mission de veiller au sauvetage ou à la réaffection de monuments classés dont les propriétaires doivent être secondés. Il assure la conservation et la transmission des savoir-faire dans les métiers du patrimoine en organisant des stages en perfectionnement dans ces métiers et des classes d’éveil destinées aux adolescents des divers réseaux scolaires. Enfin, il valorise une série de propriétés appartenant à la Région wallonne. La mission immobilière de l’Institut ne
peut s’exercer que sur les biens qui figurent sur une liste arrêtée par le Gouvernement.

La Société Libre d’Émulation est fondée en 1779 sous la protection de Charles de Velbruck.
L’Émulation a pour objectifs de cultiver et d’encourager les Arts, les Lettres et les Sciences. Dès les premiers temps et au cours du 19ème siècle, il y eut de nombreuses manifestations dans les locaux de la « Redoute », bel édifice situé en face de l’Université.
L’incendie de l’immeuble en 1914, par fait de guerre, compromit son avenir, la laissant sans ressources. Asbl dès 1930, la Société restaure et aménage d’abord la Maison Renaissance, toute proche, puis en 1939, inaugure son nouveau bâtiment, reconstruit sur l’emplacement de l’ancien, et connaît à partir de 1946 une activité culturelle florissante, entre autres dans ses domaines privilégiés que sont la musique et les Beaux-Arts.
Depuis 1986, la Société Libre d’Émulation est réinstallée dans la Maison Renaissance, sise dans la courette Magnette, qui est à la fois son siège administratif, le lieu de certaines activités et le creuset de ses initiatives culturelles vers l’extérieur.
En 2002, le Collège des Bourgmestre et Échevins propose l’idée que le Théâtre de la Place vienne occuper les locaux de l’Émulation. Après le déménagement du Conservatoire, l’idée fait son chemin et est accepté par toutes les parties concernées (Communauté française, Région Wallonne,
Ville de Liège, Conservatoire, Théâtre de la Place, Société Libre d’Émulation).

Cette situation centrale apporte de multiples avantages :
- en termes d’accessibilité et de convivialité, d’abord : le public bénéficierait de toutes les infrastructures propres au centre ville (parkings, transport en commun, axes routiers, restaurants…), - en termes de visibilité : de par sa situation, le Théâtre de la Place serait très présent dans la vie urbaine au quotidien.
Une procédure de marché public européen est lancée fin 2002 par l’Institut du Patrimoine Wallon afin de trouver un auteur de projet dans le cadre de la restauration et la réaffection du bâtiment classé de la Société Libre d’Émulation. Suite à cette procédure, l’Atelier d’Architecture Pierre Hebbelinck est
désigné en qualité d’auteur de projet. Il reçoit une mission complète d’architecture, d’ingénierie, de scénographie et d’acoustique relative à la restauration et la réaffectation en théâtre de l’Emulation dont le premier lot est une étude de faisabilité.

Historique du bâtiment
Bien connue des Liégeois qui l’ont fréquenté en grand nombre jadis, l’Émulation est un bâtiment de style néo-classique situé sur la place du Vingt-Août, au coeur de Liège, face au siège historique de l’Université. Elle fut construite de 1934 à 1939 par l’architecte Julien KOENIG pour abriter les activités de la Société libre de l’Émulation, organisme culturel ancré dans la vie liégeoise depuis la fin du 18ème siècle. La façade à rue, la toiture, le promenoir et la salle de spectacles du rez de-chaussée, ainsi que l’escalier d’accès au premier étage ont été classés comme monuments en 1998.
Construit en béton et revêtu de briques et pierre bleue, le bâtiment présente une façade à quatre niveaux où le caractère néoclassique se révèle dans les détails architecturaux. Au rez-dechaussée, l’avant corps possède une galerie ouverte formée d’arcades en plein cintre et ornée de blasons liégeois et de rinceaux d’acanthes.
Le rinceau est une composition linéaire organisée en frises de végétaux enroulés en courbes et contre-courbes et agrémentées de feuillages, de roses ou de fleurons. On les retrouve sur les façades comme sur les tapisseries ou les miniatures.
Des frontons triangulaires et courbes alternent aux étages supérieurs. Le deuxième étage affiche des cartouches avec les inscriptions « Utile » et « Dulci », devise du prince évêque Charles de Velbrück, fondateur de la Société libre d’Émulation. Couronnant le troisième niveau, un fronton triangulaire est décoré par une allégorie des arts, des sciences et des lettres. Les différents étages sont agrémentés de balconnets en fer forgé et d’allèges délicatement sculptés (élément architectural entre le plancher et la baie d’une fenêtre). Une toiture à la Mansart, percée de lucarnes flanquées de volutes, surmonte le bâtiment.
Derrière son décor néo-classique, ce bâtiment - réalisé à la même époque que la maison de la radio place Flagey à Bruxelles ou les bains de la Sauvenière - est construit selon les techniques les plus modernes : pieux Franki, structures des murs et planchers en béton, système de ventilation mécanisée intégrée,…
Le bâtiment de l’Émulation dispose d’une superficie totale utile de plus de 3600 m2. Au rez de- chaussée, un promenoir d’une grande sobriété pavé de marbre noir et blanc s’ouvre sur la salle de spectacle par trois grandes et hautes portes-fenêtres cintrées. D’un décor classique, la salle peut contenir près de 500 places (462 m2). Une spacieuse pièce d’exposition (160 m2) avoisine la salle.
Le premier étage, accessible par un ample escalier en chêne, se compose du foyer (225 m2) et de lumineux salons de réception (300 m2). Les deux étages supérieurs (730 m2) abritent plusieurs bureaux.

Présentation du projet
Le projet s’articule sur la réaffectation du bâtiment existant - dont la restauration des parties
classées – et son extension afin qu’il puisse accueillir le Théâtre de la Place dans un cadre prestigieux
et adapté. Il se base sur la conception d’un lieu évolutif et global. Le bâtiment sera un outil
pluridisciplinaire au service de la création, de l’accueil de spectacles théâtraux, chorégraphiques et
musicaux d’ampleur internationale et permettra le regroupement des services techniques pour une
meilleure rationalisation.
Le complexe proposera aux spectateurs une grande salle comprenant 565 places avec un
plateau de 18 x 21 mètres, d’une petite salle comprenant 145 places. Cette dernière - dotée d’un
gradin rétractable pour la transformer en espace de répétition et de création - sera largement ouverte
en perspective sur la place du XX Août.
Au total, la surface utile du nouveau théâtre sera portée à plus de 7800 m².
Le bâtiment existant sera affecté à l’identité du théâtre et à l’accueil du public, l’entrée de
celui-ci se fera par la façade néoclassique derrière laquelle s’implanteront l’accueil, la billetterie ainsi
que le bar-café. Les spectateurs transiteront vers le vestibule classé - équipé d’un vestiaire – qui
donnera l’accès à la grande salle et à la salle d’exposition. La grande salle, dont la configuration
actuelle des sièges n’est pas adaptée au théâtre, a été étudiée en tenant compte des nombreux
paramètres régissant l’outil théâtral et ses exigences pointues (courbe de visibilité, isolation et
diffusion acoustique, mise au noir, confort des spectateurs) et le respect de l’héritage patrimonial du
lieu. Il en résulte la création d’un nouveau gradin libre dans la salle, s’appuyant à peine sur le sol et
libérant les murs de toute accroche laissant ainsi aux limites de l’espace la définition de la mémoire.
L’intégration des techniques de scène et des équipements techniques en général est un enjeu
accompli pour préserver la cohérence et l’esprit du lieu. Aux premier et deuxième étages, se
trouveront l’espace pédagogique, les sanitaires publics, les salons « Régence » comme espace de
rencontre et d’événement ainsi que l’accès à la deuxième salle. Les derniers niveaux accueilleront
tous les services administratifs du théâtre ainsi qu’une conciergerie.
Outre cette réaffectation, un ensemble de nouveaux immeubles sera construit permettant ainsi
une optimisation des espaces de l’ensemble du bâtiment. Les nouvelles parties s’articuleront entre la
place du XX Août et la rue des Carmes. Ces constructions accueilleront d’une part les services
techniques du Théâtre (accès décors, réserves, les ateliers de couture, décoration,
maquillage/perruque, rangement accessoire) les outils nécessaires à la création et à l’accueil des
artistes (salle de répétition, loges, foyer,…). Sur la place du XX Août, la mise en avant de la petite
salle et sa mise en relation avec la ville révèlera l’existence d’un théâtre contemporain de création
dans les lieux.
La contrainte liée à la création d’une nouvelle sortie de secours vers la rue Soeur de Hasque
permettra de reconfigurer et valoriser l’espace de la cour de l’implantation de la Société Libre
d’Emulation et des espaces d’exposition du Cercle des Beaux-Arts.
Le projet reçoit l’accompagnement artistique du plasticien Patrick Corillon dont le travail en
cours s’intégrera à la conception générale du nouveau projet notamment sur les travaux autour de la
transparence.
Patrick Corillon est né en 1959. Il vit et travaille à Liège et à Paris. C'est un artiste très
représentatif de la nouvelle génération belge dont le travail peut-être qualifié d'hybride
dans la mesure où il mêle tous les médiums artistiques : objets, films, installations,
photographies, textes... Entre fiction et réalité, Patrick Corillon s'interroge et développe
au travers de ses oeuvres une saisissante dimension poétique. Il invente des vies et
des personnages. Son personnage fétiche est Oskar Serti (1881-1959), écrivain
hongrois, dont les expositions de Corillon nous livrent les aventures au fil du temps.
Patrick Corillon est exposé aujourd'hui dans le monde entier. Sa trilogie « Le Diable
abandonné » a été présentée au Théâtre de la Place.
Le verre et le bois seront largement utilisés dans l’expression des nouvelles interventions,
accompagnant et valorisant le bâtiment existant. Ils contribueront à la transparence et la mise en
lumière des lieux selon la même philosophie établie en 1934 par l’architecte Julien KOENIG.
Par ailleurs, la photographe Marie-Françoise Plissart suit depuis ses débuts l’évolution du
chantier, afin de conserver des traces et images de ce projet d’envergure.
Marie-Françoise Plissart, photographe et cinéaste belge, est née à Bruxelles le 13
juillet 1954. Dès ses débuts, elle s’est intéressée aux rapports qui peuvent s’installer
entre un texte et une image et s’est passionnée pour le récit photographique. Elle a
réalisé de nombreux travaux notamment dans les domaines de l’architecture, du
théâtre, du portrait et de l’illustration. Ses photographies ont été notamment exposées
à Bruxelles, Liège, Paris, Genève, Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Berlin et Vienne.
Une rétrospective lui a été consacrée en 2008 au Fotomuseum d’Anvers. Elle
collabore avec le Théâtre de la Place depuis 2009 et photographie, depuis le début, le
chantier du bâtiment de l’Emulation.

Pour la Ville de Liège, la restauration en profondeur et l'agrandissement du site de l'Emulation
s'inscrit en fait dans une double perspective: culturelle et urbanistique. L'idée: faire coup double en
rénovant ou en créant des points d'ancrages culturels forts tout en réaménageant, le cas échéant, les
alentours immédiats dans un schéma global où l'on privilégie la mobilité douce et l’esprit d’,
déjà visible sur la place St Etienne.
Cela a commencé par le Cinéma Sauvenière inaugurés en mai 2008 sur un terrain
appartenant à la Ville. Liège dispose ainsi d'un haut-lieu de défense du 7ème art. La transformation
des anciens Bains en permettra de finaliser l'aménagement de la place
Xavier Neujean, tout en dotant Liège d'un outil remarquable de défense de la démocratie et
d'éducation à la citoyenneté.
Ce fut ensuite l’inauguration du nouveau Grand Curtius, en mars 2009, cinq musées réunis en
un seul, dans un geste architectural fort qui a créé un nouveau passage quasi permanent entre le quai
de Maestricht et la place St Barthélémy, elle aussi complètement rénovée. Ce Grand Curtius permet à
Liège de proposer au public des collections et des infrastructures d'envergure réellement
internationale.

La rénovation en profondeur et en hauteur de l’Opéra, qui jouira de ses nouvelles installations
dès la rentrée 2012-2013, engagera celle, plus légère, des abords où le flux circulatoire sera redéfini.
L'Opéra Royal de Wallonie pourra encore rayonner davantage à Liège et bien au-delà.
Quand le Théâtre de la Place prendra possession de ses nouvelles salles et ateliers à
l’Emulation, pour la rentrée 2013, c'est un acteur majeur de la vie culturelle liégeoise qui se verra lui
aussi renforcé. Sur le plan urbanistique, cela entraînera une refonte complète des places Cockerill et
du XX août avec le détournement d’une partie du trafic par le quai Roosevelt qui sera mis en double
sens. Cela impliquera aussi la démolition de ses anciennes installations, place de l’Yser et donc sa
réaffectation complète dans l’une des options actuellement à l’étude.
Enfin, le nouveau Centre International d’Art contemporain (CIAC) verra notamment
l’agrandissement et l’ouverture côté Dérivation de l'actuel musée d'Art moderne et d'Art contemporain.
Cela conditionnera d’une part l’aménagement du Parc de la Boverie mais aussi de la future passerelle
qui doit faire le lien avec le nouveau quartier des Guillemins et la Médiacité.
Tout cela constitue une avancée importante pour le développement de Liège, tant sur le plan culturel
que sur le plan urbanistique.
Peu de villes de la taille de Liège peuvent se vanter de disposer d'autant d'outils culturels
majeurs et on pourrait encore continuer l'énumération avec l'OPL. Tout cet élan se voit encore
renforcer par l'importante mobilisation de toutes les forces vives autour de la candidature de Liège à
l'Exposition internationale en 2017.

Théâtre de la Place
«Liège est la ville au monde où l’on aime le plus le théâtre », écrivait l’auteur français Paul
Vialar. Cette réflexion datant d’il y a un demi-siècle est plus que jamais d’actualité depuis que le Théâtre
est devenu en 2006 Centre européen de Création théâtrale et chorégraphique sous la direction de Serge
Rangoni.
Désormais, le centre dramatique de Liège assure, grâce aux partenariats multiples développés avec ses
confrères de toute l’Europe, un rayonnement majeur à la création en cité Ardente. Et, partant, à la
métropole liégeoise toute entière... Pour asseoir cette large renommée, la première scène de Wallonie
va, avec l’Emulation, se doter d’une toute nouvelle infrastructure.

L’histoire du Théâtre de la Place
Les destinées du Théâtre de la Place et de Liège sont, depuis la création du premier,
inextricablement liées. C’est dans le coeur historique de la ville, place Saint-Jacques, que le théâtre
est né au début du XIXe siècle sous le nom de « Théâtre du Gymnase ». Il migra ensuite place
Saint-Lambert pour y vivre quelques dizaines d’années prestigieuses qui firent de Liège, déjà, l’étape
indispensable des tournées de grands artistes. Sous la houlette de directeurs inspirés, il attira sur ses
planches Sacha Guitry, Romy Schneider, Arletty, … Le public venait remplir la grande salle à chaque
nouvelle affiche, et l’arrivée du cinéma et de la télévision, craints à l’époque, n’y changea rien.
Mais un vaste projet de transformation urbaine vint sonner le glas du bâtiment de la place
Saint-Lambert en 1975. Le Théâtre du Gymnase, devenu « Théâtre du Nouveau Gymnase », fut
d’abord accueilli – déjà – au sein de l’Emulation, place du XX Août. Il emménagea ensuite Place de
l’Yser, en Outremeuse, dans un bâtiment qui se voulait temporaire. Le « Théâtre de la Place »,
renommé ainsi en raison de sa localisation, y sera resté près de trente ans.
Un théâtre vit au rythme de la vie artistique, mais son coeur bat en fonction des personnalités de
ceux qui en assurent la direction. Jules Truyen ou les Joossen – père et fils – en ont fait une institution
populaire, implantée au sein de la vie de la cité. Jacques Deck puis Jean-Louis Colinet ont su, tour à
tour, susciter et soutenir un vivier artistique liégeois qui a élargi les formes théâtrales tout en ouvrant
la programmation à la scène internationale.
Reprenant le flambeau dans la continuité de ses prédécesseurs, Serge Rangoni défend un
projet fort depuis qu’il a repris la direction du théâtre en 2004. Parmi ses objectifs : accroître et amplifier
le rayonnement de l’institution tout en poursuivant la diversification des genres et styles pour varier et
augmenter les publics. Dès le départ, à l’initiative du Bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, la Ville de
Liège, la Province, le Ministère de la Culture de la Communauté française et la Wallonie, ont voulu
consolider l’institution dans la perspective de la nouvelle implantation qui, avec le Manège de la Caserne
Fonck, et l’utilisation récurrente d’autres lieux, permet au Théâtre de présenter une grande diversité de
spectacles aux esthétiques et aux techniques multiples.

Le Théâtre de la Place en Communauté française et sur la scène internationale
Le premier des challenges que Serge Rangoni et son équipe se sont fixés est largement
accompli. Figurant parmi les cinq centres dramatiques de la Communauté française Wallonie-Bruxelles,
le Théâtre de la Place a noué des partenariats locaux avec ses voisins proches (Opéra Royal de
Wallonie, Orchestre Philharmonique de Liège, Conservatoire de Liège, Les Ateliers de la Colline,…),
mais aussi régionaux (Centres culturels, Charleroi/Danses, Théâtre de Namur, Manège.Mons, Théâtre
Varia à Bruxelles,…). Ces différents liens fédèrent les forces de toutes ces institutions et permettent le
montage de coproductions ou de tournées importantes. Notons qu’au sein du réseau « 4 à 4 » formé
avec les autres Centres dramatiques de la Communauté française, le Théâtre de la Place organise
également des formations à destination des enseignants, la pédagogie et la formation des publics
faisant partie intégrante de son projet artistique.
Par-delà les frontières, pour susciter des rencontres plus nombreuses avec des publics variés,
le Théâtre mise sur l’exploitation de la position géographique optimale de Liège au sein de l’Eurégio
Meuse-Rhin. Avec le projet de scènes transfrontalières RegioThéâtre 0 RegioDanse subventionné
par le programme Interreg de l’Union Européenne, le Théâtre de la Place est devenu le chef de file
d’un partenariat avec le Theater aan het Vrijthof de Maastricht, le cultuurcentrum de Hasselt, le
Kulturbetrieb der Stadt d’Aachen et le Chudosnick Sunergia d’Eupen. Des saisons théâtrales
communes ressortent de ce projet, avec une ouverture pour le public liégeois vers des rendez-vous
eurégionaux incontournables. La mobilité du public est encouragée par la mise à disposition de
navettes gratuites qui relient les cinq partenaires et transportent chaque année à Liège des
spectateurs venus de Hollande ou d’Allemagne… RegioThéâtre 0 RegioDanse a créé un véritable
réseau transfrontalier dont le point d’orgue est sans conteste la Biennale Eurégionale Pays de Danses
qui a lieu partout en Eurégio Meuse Rhin en janvier et février des années paires.
L’accord de coopération culturelle européenne Prospero, initié en 2008 pour cinq ans, est
une autre facette du rayonnement international acquis par le Théâtre de la Place durant ces dernières
années. Il a été ratifié sous la tutelle de l’Union européenne entre le Théâtre de la Place, le Théâtre
National de Bretagne, l’Emilia Romagna Teatro Fondazione (Modena, Italie), la Schaubühne (Berlin,
Allemagne), le Centro Cultural de Belém (Lisboa, Portugal) et l’Université de Tampere, en Finlande.
L’union de leurs forces dans la création et la diffusion leur permet de produire des créations de grande
ampleur et des créations d’artistes associés, telles que celles signées par les metteurs en scène
Krzysztof Warlikowski ou Galin Stoev… Elle leur permet également d’accompagner de jeunes artistes
et de travailler, notamment avec l’Université de Liège, sur la recherche en pédagogie artistique. Des
formations et échanges d’élèves sont en outre organisés, via un partenariat avec l’Ecole Supérieure
d’acteurs Cinéma Théâtre du Conservatoire Royal de Liège.
Last but not least, le projet Corps de textes Europe, également concrétisé sous le sceau de
l’Union européenne, a permis de créer un réseau aux ramifications françaises, bulgares, portugaises et
belges dans lequel circulent des textes contemporains francophones dont certains sont portés jusqu’à la
scène.
Ce brassage entre cultures, ces ouvertures vers toutes les formes que peuvent emprunter la
danse et le théâtre, font du programme du Théâtre de la Place un modèle de variété, à l’image de la
diversité et du dynamisme de notre société. De grands classiques tels ceux de Sophocle ou Molière sont
revisités, des spectacles de grands maîtres du théâtre d’aujourd’hui sont interprétés, des oeuvres de
compagnies belges de référence sont jouées, et de grands auteurs des XX et XXIe siècles sont
découverts ou redécouverts. Entre un ballet frénétique, une « farce médicale », un spectacle jeune
public, un hommage lyrique ou un portrait de société, le programme du Théâtre de la Place est à lui seul
une ode à l’opulence des facettes de la vie… Chaque année, quarante mille spectateurs viennent
s’abreuver de cette variété.
Liège est aussi un « Pays de Danses » grâce au festival éponyme qui draine un large public.
Initiée en 2006 par le Théâtre de la Place, la biennale rassemble une vingtaine de spectacles de
compagnies belges et étrangères qui, au travers des représentations données dans différents centres
culturels de l’agglomération et de la Province, sont autant de voyages au travers de la création
contemporaine. Des partenariats eurégionaux sont également tissés dans ce cadre afin de soutenir l’art
chorégraphique dans la région.
Autre événement d’envergure initié par le Théâtre de la Place, le Festival Emulation présente
durant les années paires des jeunes compagnies théâtrales belges francophones dans différents lieux
de la ville. Les années impaires sont réservées au jeune théâtre européen, et les deux événements
agissent sur le décloisonnement des pratiques théâtrales et la découverte de la cité Ardente…

L’Emulation
C’est donc plus ouvert au monde que jamais que le Théâtre de la Place s’apprête à prendre ses
quartiers, au cours de la saison 2012-2013, au sein du bâtiment de la Société libre d’Emulation, rénové
par l’architecte liégeois Pierre Hebbelinck. Un nom connu du milieu artistique belge, puisqu’on lui doit
entre-autres le Musée des Arts contemporains (MAC’s) sur le site du Grand-Hornu, la restauration de
l’ancienne Halle aux Viandes à Liège ou encore la création du Théâtre du Manège à Mons. Le plasticien
Patrick Corillon viendra lui prêter main forte pour travailler sur les transparences et la luminosité, en
particulier dans la nouvelle aile où domineront le verre et le bois.
Le complexe à l’imposante façade néoclassique proposera aux spectateurs une grande salle
comprenant 557 places et une petite salle de 145 places. Au sein de cette dernière,
le gradin rétractable permettra sa transformation en espace polyvalent. Une troisième salle sera, parmi
les 7800 m2 disponibles, dévolue aux visuels, en lien avec les arts vivants. Une salle de répétition, des
ateliers d’assemblage des scénographies, un atelier de fabrication de costumes et de vastes réserves
complèteront la partie dévolue à l’activité de production du théâtre.
L’accueil, la billetterie et le bar-café s’implanteront dans le bâtiment existant, en façade. Le
vestiaire classé sera restauré, tandis que la grande salle, dont la configuration ne correspondait pas aux
exigences du théâtre d’aujourd’hui, sera redessinée en respectant l’héritage patrimonial du lieu. Le
théâtre comprendra en outre une librairie spécialisée, un centre de documentation, une salle de lecture,
et surtout des ateliers pour les écoles, avec lesquelles le Théâtre de la Place travaille au quotidien pour
ouvrir les jeunes aux arts de la parole et de l’expression chorégraphique.
« Je souhaite au Gymnase un bâtiment très beau ! », déclarait Eugène Ionesco au milieu des
années septante, lors du déménagement forcé. Grâce à la ténacité des artistes, des équipes et des
responsables politiques, son voeu sera exaucé prochainement, au sein de l’Emulation fraîchement
rénovée. Dotant son théâtre d’un outil culturel à la hauteur de ses ambitions, la cité Ardente s’imposera
plus encore comme une véritable capitale artistique, un vivier de création.

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