EN POESIE: L'ECOLE DES FILLES DU ... SEMINAIRE DE BASTOGNE
UN POEME DE HILDEGARD PICKARD
L'auteur recrée une vie scolaire à jamais révolue: sa vie scolaire, dans les années soixante.
Petite introduction
Nous avons trouvé une perle.
Un poème de Hildegard Pickard.
C'est une ancienne de l’école ménagère du séminaire, peu connue, fermée en 1986.
Saviez-vous même que cette école avait existé ?
Les études duraient deux ans.
Quasi toutes germanophones, les élèves étaient une trentaine.
Grâce à Sœur Marie Alphonse, une poésie écrite début du présent siècle, de la plume de Hildegard Pickard, nous a été transmise.
Une mémoire intacte, et la fraîcheur conservée : voilà Hildegard.
Son poème, que nous nous sommes efforcé de traduire de l’allemand, la langue de l’auteur, est amusant, espiègle, même coquin.
Tout est rétro, mais rien n’est périmé.
Le Créateur a voulu que ce temps soit à jamais révolu.
Mais pour nous, quelqu’un l’a recréé.
Pardon, Hildegard, une traduction est toujours traîtresse.
Accordez-moi votre indulgence, si possible plénière.
SOUVENIRS
Déjà plus de quarante ans ont passé...
Par devoir, au Séminaire, il nous fallait aller,
D’accord ou pas d’accord.
Nous étions toutes bien jeunes encore.
Cuisiner, nettoyer, laver et repasser :
Tenir un ménage était notre futur métier.
Il fallait bien s’accommoder à étudier pour notre avenir,
Mais pour le présent, des religieuses il nous fallait subir.
De l’Eifel venions-nous nombreuses apprendre le français,
Un parler pardi pour nous sans intérêt !
Se farcir un langage étranger, fallait qu’on le supporte
Que d’heures et que d’heures, avec une Madame … Forte
Gare à ses jambes, en position, les bien ajuster !
Et les coudes, ce n’est pas fait pour s’appuyer…
Un « Mettez les jambes comme il faut… » de la classe
Déchirait l’air. « Et les coudes ! », fallait-il qu’elle croasse.
Par chance, il y avait une « chère Sœur des filles »,
La garantie d’une douceur dans notre petit nid.
Fin de semaine. La promenade. En chemin !
Pour changer d’air délogeait de nos murs un essaim.
Sortir seules, nous en mourrions d’envie :
Rien qu’une fois ! C’était le pire interdit.
Aucun regret de nos pique-niques non loin de bûcherons.
Sauf d’une sœur, flanquée comme chaperon…
Dans la buanderie où toujours il y avait foule,
Sœur Marie Elisabeth mettait nos nerfs parfois en boule.
Avec Sœur Oranna, on faisait des garçons les dortoirs,
Quel bonheur ! A cœur joie ! Quelle foire !
Misère de misère, avec Sœur Theodora, aux cuisines,
Il nous fallait ramer, sinon « hors de l’usine ! »
On aurait tant voulu reluquer devinez quoi. Pas question.
Etre en pension, ça veut dire pas de garçon.
Rien que pour entrevoir d’un seul la bobine,
On en rêvait, d’aller aux fours de la cuisine !
Par malheur, cet endroit était le plus tabou.
Quand même ! Qu’y avait-il là de mal pour nous ?
La journée bien remplie, au dortoir, les pensionnaires !
Mais pas question de fermer les paupières.
D’abord, faire sa toilette, sans oublier les dents.
Tout juste entendait-on Sœur Marie toussotant.
Les rideaux d’alcôve devaient tous être rouverts,
Pour qu’ensemble nous fassions du soir la prière.
Les Ave dits, couchées sous l’édredon,
Sans pitié, elle éteignait les grands néons.
A peine était-elle en bas des escaliers,
Nous retrouvions-nous bien éveillées.
De vraies fofolles, jusqu’à minuit,
Quand venait l’heure du hop-au-lit.
Elle déboulait pour inspecter
Pour tout le monde, ça va chauffer !
La suite ? Ecoper d’un sacré sermon,
Et parfois même, d’une punition.
Aujourd’hui tous ces moments nous font bien rire.
Nous sommes indemnes ! Sans vous mentir !
Hildegard Pickard
Liens:
http://www.ardenneweb.eu/reportages/2010/les_filles_modeles_du_seminaire...
http://www.ardenneweb.eu/reportages/2010/l_ecole_des_filles_du_seminaire...
http://www.ardenneweb.eu/reportages/2010/quand_le_seminaire_de_bastogne_...
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