Fermeture des Hauts-Fourneaux de Liege

Ce 19 mai 2009, considéré par certains comme une journée historique, mais que je qualifierai plutôt de mauvaise histoire, avec la fermeture de la coulée continue du haut-fourneau B de Cockerill Sambre à Ougrée. Avec le haut-fourneau 6 de Seraing et celui-ci, ils jouent au yo-yo entre ouverture et fermeture au gré des patrons, actionnaires et crises économiques…
Fermeture du haut-fourneau B de Cockerill Sambre à Ougrée.
Lien vers les 23 vidéos: reportages de Jean-Marie Lesage
• vidéo 01-VRT: Jean-Marie Lesage sur la VRT dans "Man Bijt Hond"
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Sur les lieux on ne peut parler de fermeture définitive, tout est mis en œuvre pour conserver l’outil et en un mois, approximativement, le refaire fonctionner. Pour tous ici la fermeture commandée par Arcelor-Mital n’est que temporaire.
C’est la catastrophe pour les ouvriers qui sont tous touchés, alors qu’ils ont parfois 20 ou 30 ans de service, et qu’ils travaillent depuis 2 ou 3 générations dans cette cathédrale du feu.
Le minerai est introduit par le gueulard chauffé à près de 1500 degrés avant de s’écouler par le trou de coulée sous forme de fonte et de laitier. La fonte est transformée à Chertal en tôles, par exemple pour les automobiles ou les boîtes à conserve. Le laitier servira pour faire du ciment. Une production de 6000 tonnes de fonte par jour est assurée grâce à un contrôle de qualité et des caméras depuis l’arrivée du minerai jusqu’au départ en trains thermiques de 125 tonnes.
Hier encore, le personnel faisait visiter les installations avec entrain, conviction, amour et avec un humour qui cache, main sur le cœur, la tragédie imminente.
Aujourd’hui, même Vulcain, dans son « Olympe », ne peut rien contre cette vie qui s’échappe, d’un corps exsangue, immolé sur l’autel de la sacro-sainte économie mondiale. Les sirènes mugissent une dernière fois, c’est la mort de la bête, l’hallali. Dans la vallée de la Meuse, les alarmes retentissent aussi en même temps, c’est la guerre, la guerre du feu. Les hommes fondent à chaudes larmes, ils se donnent les mains en formant une chaîne humaine. Ils n’osent pas se regarder, sachant qu’à côté d’eux leurs frères pleurent aussi. Ils ne pleurent pas sur leur sort , mais sur la mort de leur enfant. Ils sont dignes dans la souffrance et, avec leurs sabots, un peu comme font les Gilles de Binche, ils battent le sol en rythme et sortent en même temps que la dernière goutte de la coulée. Le creuset est vide mais cette fois l’athanor a bien transformé le vil métal en or vif, l’alchimie s’est produite, les hommes sont plus riches dans leur cœur, riches d’une expérience incommunicable, celle du feu.
Jean-Claude Blaise.




















