Mon palmarès, Marie-Elise 90 ans
Marie-Elise , artiste-peintre de Rachamps, fêtait ses 90 ans en présentant une exposition "Mon palmarès" du 20 juillet au 11 août à Houffalize.
Voici en vidéo, un reportage pour ses 90 ans avec le témoignage de quelques uns de ses amis ainsi que les préfaces de son dernier ouvrage par Franz Clément, Dr en sociologie, ancien Bourgmestre de Martelange et de Mr.Marc Caprasse, Bourgmestre d'Houffalize.
La première fois qu’il m’a été donné de rencontrer Marie-Elise, c’était à Arlon au cours d’une soirée organisée par le club Richelieu de cette ville. J’ai oublié la date, mais pas les détails de la circonstance. A un moment donné, une dame très élégante est venue se présenter à moi et m’a dit qu’elle était artiste-peintre. Elle m’a remis une carte contenant ses coordonnées, mais aussi l’adresse d’un site internet. De retour chez moi, je me suis empressé de « surfer sur le web » et je ne cache pas avoir été immédiatement séduit par la beauté des tableaux de Marie-Elise.
Je venais de faire connaissance avec une artiste dont j’apprenais qu’Anvers était sa ville d’origine et le Pays de Bastogne celui de son plaisir de vivre. J’ai été amené à la revoir plusieurs fois par la suite, à me rendre chez elle à Rachamps où sa maison est à son image : pleine de douceur, au charme incomparable et surtout aux murs couverts de tableaux… Un ancien pavillon de chasse devenu une maison de poupée où trônent ci et là des porcelaines anglaises, des objets utilitaires d’une époque à laquelle on les produisait encore de manière artisanale. L’atelier de l’artiste, situé en contrebas de l’habitation, est un musée à lui tout seul. Il n’y règne pas le moindre désordre : les tableaux sont bien visibles, souvent classés par thèmes. En ce lieu, tout témoigne d’une organisation irréprochable, reflétant un amour du travail bien fait ainsi que la recherche de la perfection.
J’ai toujours été un grand amateur de peinture, même si je dois bien confesser ne pas être un spécialiste des techniques propres à cet art. Ce n’est finalement pas bien grave si je ne parviens pas à distinguer certains styles ou procédés ; de fait, il n’est pas nécessaire d’être porteur de connaissances approfondies dans le domaine pour tomber amoureux de représentations picturales. Un tableau c’est éprouver un coup de cœur avant tout ! C’est ce qui est arrivé avec les œuvres de Marie-Elise. Les tons qu’elle emploie, les ciels qu’elle dessine, les herbes, les fleurs les animaux qui naissent sous ses pinceaux sont empreints d’une douceur incomparable, du charme d’une époque à laquelle le temps passant pouvait encore être savouré. Le vert est tendre et printanier, le bleu du ciel est discret et léger, les fleurs sont pleines de vie et d’optimisme. J’y retrouve les tons de mes jeunes années ; ceux que je découvrais dans les champs de Gaume et dans la Forêt d’Anlier lors des escapades de mon enfance à présent évanouie.
Marie-Elise peint des décors, des natures mortes, les animaux des bois, mais elle peint aussi de femmes et des hommes. Et à ce moment-là, ses tableaux prennent une dimension totalement différente car ils mettent en scène des événements souvent terribles, liés à l’histoire encore récente du vieux pays de Bastogne. La Bataille des Ardennes est un thème de prédilection chez elle. Elle fait apparaître des soldats, tantôt sous la forme de colonnes en marche, tantôt sous l’aspect de silhouettes, tantôt encore elle a fait le portrait des plus connus d’entre eux.
Et là aussi, c’est toute mon enfance qui me revient à l’esprit. Je n’ai certes pas connu la guerre, heureusement d’ailleurs, mais j’ai séjourné de si nombreuses fois à Bastogne chez ma grand-mère maternelle que l’histoire de l’hiver 1944-1945 n’avait plus tellement de secrets pour moi. Les promenades vers le Mardasson et le char sur le « Carré », soit la Place Mac Auliffe, m’ont fait appréhender cette période autrement. Marie-Elise me la rappelle. Grâce à elle j’entends pratiquement encore ma grand-mère me raconter la nuit de Noël 1944 dans les caves…
C’est ma lointaine jeunesse que je retrouve donc dans les tableaux de Marie-Elise.
Mes anciens souvenirs, mes années d’insouciance, la douceur des couleurs, le caractère historique des événements et j’ajouterai une certaine conception du bonheur.
Merci à vous Marie-Elise, non seulement pour l’excellence de votre art, mais surtout pour votre capacité à remplir les yeux et les cœurs d’une si douce nostalgie.
Continuez donc avec vos pinceaux à nous rendre si heureux…
Franz Clément
Dr en sociologie
Ancien Bourgmestre de Martelange
Marie-Elise,
Plagier les commentaires d'un critique d'art n'a pas au travers de cette plume saplace.
Par contre, des yeux pour voir, pour regarder, pour questionner et un cœur pour aimer, beaucoup de lecteurs en sont dotés.
Au-delà de sa technique artistique indéniable, ce sont les thématiques de Marie-Elise qui m'interpellent.
Dans la diversité de son œuvre, a-t-elle un fil d'Arianne ?
Qu'est ou que sont le ou les éléments qui font de Marie-Elise ce qu'elle est aujourd'hui ?
Quel est son message?
En effet, quel est le lien entre Sœur Emmanuelle (la Piéta d'Aujourd'hui), les Babouchkas, Old Abe, Johnny Looking Cloud et les Invisibles ou le portrait de Patton ?
Tout de suite les yeux vous disent que l'artiste parle de lutte, de symbole, de combats contre la pauvreté, contre l'inégalité, contre l'oppression et la barbarie, contre l'occultation des minorités dans la Grande Histoire. Un peu plus tard, le cœur vous dit oui, derrière l'événementiel, l'anecdotique, l'allégorique, l'onirique, c'est la profondeur de l'âme humaine qu'elle dépeint.
Elle nous parle d'humanisme, de cet humanisme développé au Quatrocento qui recentre les préoccupations intellectuelles et artistiques autour de l'être humain. Elle est touchée par les expériences humaines, par ces dimensions culturelles qui forment l'humanité, notre humanité dans ce qu'elle a de bon, de discutable, de triste, de diversifié, d'enthousiasmant, d'atroce mais qui souvent, fort heureusement, veut tendre vers le mieux.
Le fil d'Arianne de Marie-Elise meten perspective un labyrinthe d'émotions, de sensibilités, d'allégories, de naïvetés oniriques, de symboles, de « portraits parlants » qui tous proposent la réflexion, le questionnement, la remise en question ou le sens critique dans son acception philosophique.
.
Alors amis lecteurs, lisez les tableaux de Marie-Elise, lisez-les avec les yeux et avec le cœur ainsi participerez-vous d'humanisme.
Marc CAPRASSE
Bourgmestre de Houffalize, mars 2024
Lien vers un autre reportage de Jean-Marie Lesage sur les expositions de Marie-Elise