Bien accueillir son prisonnier. Roman de David Jauzion-Graverolles
Marie était la seule à pouvoir m’en parler. La vie du soldat Montin était l’otage de sa veuve. Il n’avait laissé ni lettre, ni témoignage, il ne gardait rien. C’était sûrement lui qui était responsable de la disparition des télégrammes, des lettres de guerre pliées en trois et visées par la Kommandantur, et d’autres curiosités que j’aurais aimé avoir en main. Et c’était à moi de trouver les indices qui m’éclaireraient définitivement sur le sens, s’il en était un, de cette phrase absurde : Jean a toujours voulu retourner en Allemagne ? Je me retrouvais avec un homme qui ne pouvait pas parler, et une femme qui ne savait pas écrire, et il me fallait raconter leur histoire !
Le narrateur abandonne sa thèse de doctorat en littérature grecque ancienne pour se lancer dans une quête nourrie par la mémoire prodigieuse d’une quasi-centenaire, immigrée italienne illettrée, qui l’emmène sur les chemins de la drôle de guerre, de la débâcle et de la captivité de son mari, soldat français. À travers son récit, nous découvrons la vie quotidienne et le tissu social d’une bourgade de l’Isère entre les années 30 et 60.
L’auteur
avid Jauzion-Graverolles, né en 1973, est professeur de théâtre et de littérature à Bruxelles, et pratique l’écriture et la mise en scène. Après des études de lettres, il a vécu en France, en Suède, en Allemagne et en Italie, avant de s’installer à Bruxelles au début des années 2010.
David Jauzion-Graverolles a écrit dans Le Nouveau Recueil (Paris, 1995-2000), et animé deux revues de poésie : Vulturne en Suède (Stockholm 1998-2000) et Sezim dans le Jura (Saint-Claude, 2001-2004). Dans le bouillonnement de ces expériences graphiques, littéraires et humaines, l’idée est venue de donner à la parole une certaine transitivité, une certaine étrangeté aussi. Des spectacles ont accompagné les sorties de Sezim, et le théâtre lui-même, sous la forme de la mise en scène, a alors pris toute la place, au cours d’une longue expérience artistique à l’Ensatt de Lyon, entre 2004 et 2008, autour du metteur en scène russe Anatoli Vassiliev. Une période de mise en jeu, où l’écriture s’est mise en sommeil, cédant la place à l’émotion directe, au conflit, au spectacle, au travail sur soi. Il participe au festival In d’Avignon en 2008 (Platon-Magritte), au festival Premiers Pas de la Cartoucherie de Vincennes en 2009 (Les Etourdis du bateau) et son spectacle court Le Songe en 18 minutes d’après Shakespeare est finaliste à la Versionale 2010. Il a réalisé une dizaine de spectacle pour enfants et adolescents depuis 2012 : des adaptations de Don Quichotte, de Gargantua, et des mises en scène de Molière, Aymé, Mrozek, Brecht, Shakespeare…
David Jauzion-Graverolles rencontre Claude Henri Schmitt en 1991, et noue avec le peintre, qui lui fait découvrir la peinture abstraite et la magie de la création, une amitié féconde.
Publications poétiques :
Entrepôts (Editions de la Fraternelle, Maison du Peuple de Saint-Claude, 2003, avec des dessins de Claude Henri Schmitt)
Lumière des limites (Le Coudrier, 2021, avec des gravure de Nadia Kuprina).
L’Île précaire (le Coudrier, 2022, avec des reproductions de tableaux de Claude Henri Schmitt)
Poèmes et notes de lecture dans Le Nouveau Recueil, Vulturne, Sezim, Le Journal des Poètes, Europe.
Editions M.E.O. à Bruxelles
392 pages
ISBN: 978-2-8070-0374-3 (livre imprimé) - 978-2-8070-0375-0 (PDF) - 978-2-8070-03576-7 (Epub)
Prix : 25 €