L'Eté des "Grignoux", à Namur et à Liège
En ce mois d'août, les "Grignoux" nous proposent trois programmations estivales: ses "Classiques", ses "Docs de l'Eté" et ses "Coups de Coeur", au "Caméo", à Namur, et ses "Classiques", dans ses trois cinémas liégeois.
Au "Caméo" namurois, programmations événementielles de l'été:
"Classiques":
° "Orange mécanique" (Stanley Kubrick/UK-USA/1971/136'), le dimanche 06, à 20h45 et le mardi 08, à 18h15.
Synopsis: "Lors d' 'une bonne petite fête d’ultra-violence', sur l’air de la 'Neuvième symphonie de Beethoven', Alex et ses amis enchaînent joyeusement meurtres et viols. Mais Alex est arrêté, incarcéré, puis 'soigné', avant d’être libéré, et devine-t-on, de recommencer…"
Un film à découvrir ou à revoir dans l'ambiance de l'actuelle paranoïa sécuritaire, Stanley Kubrick nous proposant un opéra expressionniste, voire baroque, enrichi par son perfectionnisme légendaire, du décor pop à l’utilisation de la bande originale, symbolisant l’évolution de l’être humain, passé de l’état naturel à la civilisation, puis à la névrose, et, enfin, à la rupture avec la civilisation.
° "Twin Peaks: Fire Walks with Me" (David Lynch/USA/1992/135'), le samedi 05, à 20h15, le lundi 07, à 15h45, le vendredi 11, à 18h, le dimanche 13, à 20h30, le mardi 15, à 18h, le le vendredi 18, à 18h, le samedi 19, à 18h et le lundi 21, à 20h45.
Synopsis: "Une petite ville bien tranquille, nichée au creux d’une vallée. Une mort mystérieuse, une enquête en forme de charade. Un journal secret, un pacte, un double et une bague maléfique. Des rêves, des hallucinations, des prémonitions. Des amours sans lendemain, une chanteuse qui égrène les souvenirs d’un passé révolu. Une chambre rouge, des lignes blanches, une lycéenne en soquettes qui achève de brûler sa vie."
Ce film ne ménage personne et affronte dramatiquement tous ses démons: drogues dures, délires paranoïaques, possession, sexualités dangereuses et traumatismes enfouis.
° "Easy Rider" (Dennis Hopper/USA/1969/95'/avec Dennis Hopper, Peter Fonda & Jack Nicholson), le mercredi 09, à 18h30, le jeudi 10, à 20h45, le samedi 12, à 18h45, le dimanche 13, à 20h, le mercredi 16, à 18h15, le jeudi 17, à 18h15, le dimanche 20, à 20h45, et le mardi 22, à 18h.
Synopsis: "Avec l’argent d’un petit trafic, Wyatt et Billy partent faire une grande virée à moto à travers les Etats-Unis. Sans contrainte, libres comme l’air, ils partent sans but précis et vont faire des rencontres diverses…"
Souvent reconnu comme étant le premier road movie de l’histoire du cinéma, il est magique de voir Dennis Hopper et Peter Fonda chevaucher leur "chopper", cheveux au vent, sur fond de grands espaces désertiques et de la musique des "Byrds".
° "Du Rififi chez les Mômes" (Alan Parker/UK/1976/94'), le mercredi 23, à 14h, le jeudi 24, à 16h, le samedi 26, à 16h15 et le mardi 29, à 20h15.
Synopsis: "Dans l’Amérique de la prohibition, le chef de gang et gérant d’un club clandestin, Gros Sam, engage Bugsy Malone. Ils déclarent la guerre à Dan le Dandy et sa bande, qui possèdent une arme secrète invincible : une mitraillette à crème pâtissière…"
La grande trouvaille d’Alan Parker est d’avoir confié tous les rôles, des chefs de gangs aux danseuses lascives et filles romantiques, à des gamins pas plus âgés que 13 ou 14 ans! Le résultat est d’une fraîcheur et d’une drôlerie réjouissantes. Une parodie-hommage plus vraie que nature, où tous les codes du genre sont repris et adaptés aux enfants.
"Docs de l'Eté":
° "Visages, Villages": (Agnès Varda/Fra./2017/89'/avec Agnes Varda & JR), le mardi 08, à 20h.
Synopsis: "Faisant alliance avec JR, un street-artist français spécialisé dans des collages géants sur habitations, trains ou citernes d’eau. Il a un camion-photomaton, elle veut partir au hasard, les voilà à parcourir la France, mais hors des grandes villes, dans ses villages, dans sa ruralité, avec tous les deux l’esprit juvénile de la découverte, la curiosité attentive et l’air facétieux."
La doyenne du cinéma français, Agnès Varda, nous rappelle que son documentaire, vitaminé par des rencontres, un art de la dérision, une disponibilité permanente à l’émerveillement, n’a rien à envier à la fiction. Un documentaire d'une grande fraîcheté, avec la réalisatrice se mettant en scène avec JR, devant les réalisations étonantes de ce dernier. A découvrir, ... mais exclusivement le 08 août, à 20h.
° "L'Opéra" (Jean-Stéphane Bron/Fra.-Sui/2017/110'), le amedi 05, à 15h45, et le Lundi 07, à 20h15.
Synopsis: "Nous suivons plusieurs personnages, dans plusieurs espaces: des coulisses aux salles de répétition (chant lyrique et ballet), des couloirs aux bureaux de l’administration et de la direction, hauts lieux où se décident le présent et l’avenir de cet établissement de prestige, à l’heure où le nouveau directeur, Stéphane Lissner, prend ses marques."
Il y a quelque chose du thriller dans ce documentaire malin, sensible et drôle signé Jean-Stéphane Bron. Quelque chose qui tient en haleine face à cet univers foisonnant, peuplé de centaines de professionnels, où l’enjeu est remis en question chaque soir, à chaque représentation de spectacles ambitieux et exigeants. A découvrir, des séquences axées autour d’une classe d’enfants de "ZEP" ("Zone d’Education prioritaire"), que des enseignants tentent d’éveiller à la musique en leur faisant jouer du violon et qui viennent répéter tous ensemble en vue d’un spectacle de fin d’année dans le bel auditorium de l’Opéra. Un film passionnant et vivifiant, où se racontent les joies et vicissitudes du collectif.
° "L'Eveil de la Permaculture" (Adrien Bellay/Fra./2017/82'), le samedi 5, à 14h, le lundi 07, à 18h30, le mercredi 09, à 16h, le samedi 12, à 14h15, le lundi 14, à 16h15, le mardi 15, à 20h30, le jeudi 17, à 17h et le lundi 21, à 14h.
Synopsis: "Vous rappelez-vous de la ferme du Bec Hellouin, qui fonctionne sur les principes de la permaculture, et que l’on découvrait dans le chapitre « agriculture » du film 'Demain' ? 'L’éveil de la permaculture', c’est un peu comme le prolongement de ce chapitre, et nous y plongeons avec autant de plaisir que de découverte."
Plus qu’un ensemble de techniques, la permaculture est une philosophie de vie, une approche agricole qui reproduit les habitudes du vivant, mais qui demande moins d’énergie et qui produit plus que l’agriculture classique. Elle repose sur une vision systémique où tous les éléments sont en lien avec les autres et créent des synergies en fonction de leurs caractéristiques. Les principes de base: prendre soin de la terre et de l’homme, partager équitablement les ressources. Adrien Bellay a réussi le pari de faire de cette thématique spécifique un documentaire fascinant qui emportera sans aucun doute l’adhésion d’un large public.
"Coups de Coeur":
° "Lion" (Garth Davis/Aus.-UK-USA/2016/119'), le samedi 05, à 20h.
Synopsis: "Une incroyable histoire vraie: à 5 ans, Saroo se retrouve seul dans un train traversant l’Inde qui l’emmène malgré lui à des milliers de kilomètres de sa famille. Perdu, le petit garçon doit apprendre à survivre seul dans l’immense ville de Calcutta. Après des mois d’errance, il est recueilli dans un orphelinat et adopté par un couple d’Australiens... Vingt-cinq ans plus tard, Saroo est devenu un véritable Australien, mais il pense toujours à sa famille en Inde. Armé de quelques rares souvenirs et d’une inébranlable détermination, il commence à parcourir des photos satellites sur 'Google Earth', dans l’espoir de reconnaître son village. Mais peut-on imaginer retrouver une simple famille dans un pays d’un milliard d’habitants?"
"Lion" évoque ce besoin humain essentiel de connaître ses racines, de savoir d’où l’on vient. Mais plus que tout, il explore la possibilité adjacente au schéma familial classique qu’est celle d’avoir plusieurs foyers, plusieurs familles, plusieurs « chez soi ». La plus belle qualité de cette production australienne est de susciter l’émotion grâce à l’authenticité des personnages, sans jamais verser dans la surenchère ou le sentimentalisme hollywoodien. Attention, plus qu'une seule séance, ce samedi 05, à 20h, ce film étant à l'affiche du "Caméo" depuis de nombreuses semaines.
° "Mademoiselle" (Park Chan-wook/Corée du Sud/2016/145'), le mardi 08, à 20h.
Synopsis: "Dans la Corée des années trente, alors sous occupation japonaise, Sookee vient d'être embauchée pour s'occuper de Hideko, une jeune héritière japonaise qui vit dans un immense et inquiétant manoir aux côtés de son oncle et tuteur, un homme irascible et inquiétant, un bibliophile obsessionnel qui semble principalement obnubilé par sa collection de livres rares. Très vite, la jeune servante découvre une jeune aristocrate totalement dépressive qui semble cacher un lourd secret et souffrir de sa réclusion dans cette prison dorée…"
Une intrigue tout à fait tortueuse, où les manipulateurs sont à leur tour manipulés, les manipulés manipulateurs pouvant être une nouvelle fois manipulés… Pris dans les rêts d'un récit à la Rashomon, la même action étant décrite selon trois points de vue, nous vivons un suspense prenant jusqu'à la dernière séquence. Park Chan-wook, abandonnant la violence assumée de ses films précédents, livre, ici, un thriller avant tout psychologique, magnifique d'élégance et de classicisme raffiné, parsemé de quelques scènes croquignolettes. Ultime séance, ce mardi 08, à 20h.
° "Patients" (Fabien Marsaud & Mehdi Idir/Fra./2016/111'/avec Yannick Renier), le jeudi 10, à 18h30, le vendredi 11, à 16h15, le lundi 14, à 16h15, le jeudi 17, à 18h15 et le dimanche 20, à 18h.
"Synopsis: "Se laver, s'habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens.... Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s'engueuler, se séduire mais surtout trouver l'énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l'histoire d'une renaissance, d'un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres, aidant à guérir."
Brassant une large palette d’émotion, "Patients" joue la carte d’une sensibilité à fleur de peau, d’un humour foutraque, d’une bienveillance jamais ringarde et fait changer notre perception du handicap plus sûrement qu'une campagne de sensibilisation. Avec cette fiction, nous pénétrons ainsi dans le concret d’une situation sur laquelle il ne s’agit jamais de s’apitoyer mais dont on ressent intimement les difficultés.
° "Manchester by the Sea" (Kenneth Lonergan/USA/2016/137'), le dimanche 20, à 18h, le lundi 21, à 18h, le mercredi 23, à 15h45, le dimanche 27, à 15h45, le lundi 28, à 18h et le mardi 29, à 14h.
Synopsis: "L’histoire des Chandler, une famille de classe ouvrière, du Massachusetts. Après le décès soudain de son frère Joe, Lee est désigné comme le tuteur de son neveu Patrick. Il se retrouve confronté à un passé tragique qui l’a séparé de sa femme Randi et de la communauté où il est né et a grandi."
"Manchester by the Sea" est une tragédie grecque portée par une chanson de Bob Dylan, une Amérique laborieuse vivant au rythme des saisons, des naissances et des enterrements, c’est aussi le portrait d’une famille morcelée par les drames et celui d’une communauté humaine simple et bienveillante. Mais plus que tout, c’est le portrait touchant de Lee, un homme qui n’aura d’autre choix que celui de vivre... Une fiction où sous la sérénité et le calme apparent peut surgir, au moindre instant, la tempête qui emporte tout, le toit des maisons comme le bonheur éphémère du cœur des hommes.
A Liège, programmations événementielles de l'été:
° "Orange mécanique" (voir ci-dessus), au "Sauvenière", le lundi 07 août, à 22h05, le mercredi 09, à 12h, le jeudi 10, à 19h45, le samedi 12, à 21h30 et le mardi 15, à 22h05.
° "La Piscine" (Jacques Deray/Fra.-Ita./1968/120'/ avec Jane Birkin, Romy Schneider, Alain Delon & Maurice Ronet), au "Churchill", le samedi 05, à 15h45, le dimanche 06, à 20h, le mercredi 09, à 17h45, le dimanche 13, à 20h, le vendredi 18, à 20h, le samedi 19, à 17h et le dimanche 27, à 17h.
Synopsis: "Marianne (Romy Schneider) et Jean-Paul (Alain Delon) forment un couple idéal et coulent des jours heureux dans leur villa de Saint-Tropez, jusqu’au jour où arrive Harry, au bras de l’incendiaire Pénélope. Ancien amant de Marianne, l’homme trouble cette vie tranquille. La tension monte…"
Concernant ce film culte, mettant en scène deux félins qui se guettent, se caressent, se griffent, ... au bord de la piscine d'une villa créée pour le farniente mais où l'on ne dort pas, Sergent Pepper écrit: "la caméra prend le relais de conversations d’une banalité voulue, captant des regards qui disent davantage, des ambiguïtés sulfureuse et un jeu avec les limites à ne pas franchir. Les mouvements latéraux de l’appareil, surtout, accompagnent cette valse malsaine, avec une lenteur qui cherchent à en extraire la densité, et placent les personnages sur un échiquier dont ils ne maîtrisent pas la stratégie globale. Le spectateur, témoin mais surtout voyeur, finit par soupçonner chaque participant de dissimulation, d’intentions doubles, et discerne clairement les fragilités qu’ils refusent d’admettre".
° "Le Point de non Retour" (John Boorman/USA/1967/92'),au "Sauvenière", avec 17 séances, entre le mercedi 09 août, à 20h, et le lundi 04 septembre, à 22h30.
Synopsis: "C'est pour le compte de son ami Reese que Walker, accompagné de sa femme, récupère dans la prison désaffectée d'Alcatraz un magot de 93 000 dollars. L'opération réussit. Reese abat Walker et emmène sa femme, qu'il convoitait depuis longtemps. Seulement Walker n'est pas mort et n'a de cesse de châtier Reese et ses complices..."
Deuxième film d’un John Boorman qui vient s’essayer à l’Amérique et à la couleur, "Le point de non-Retour" frappe par son audace et ses trouvailles qui surclassent bon nombre de films américains contemporains. Il reste, quatre décennies après sa sortie, fondamental et atypique.
° "Ma Vie en rose" (Alain Berliner/Bel./1997/89'), au "Churchill", le lundi 21, à 20h, le mercredi 30, à 16h, le vendredi 1er septembre, à 14h et le lundi 04, à 12h15, ainsi qu'au "Parc", le jeudi 24, à 18h, le samedi 26, à 18h et le lundi 28, à 16h15.
Synopsis: "Ludovic, 7 ans, est persuadé d’être une fille, et ses choix sont inévitablement en concordance avec sa personnalité. Face à cela, quelles réactions peut-on espérer dans une société où la peur de ce que l’on ne comprend pas pousse invariablement à l’intolérance, même au sein de la famille?"
Drame autant que comédie, "Ma Vie en rose", "Golden Globe du meilleur film étranger", en 1998, est devenu un film phare pour ceux qui s’intéressent aux questions de l’identité de genre. Evoquant cette thématique délicate, le cinéaste a peaufiné ses choix chromatiques, les couleurs voyantes très présentes, nous plongeant dans un univers infantile où les poupées volent comme les fées.
A Liège, encore, notons que les "Grignoux" organisent des projections en plein air, à la"Brasserie du Sauvenière", du samedi 05, à 22h30, au samedi 26, à 22h, ainsi que divers concerts, cerains étant programmés au "Café Le Parc", entre le samedi 05, à 21h, et dimanche 27, à 18h.
Pour plus d'informations ce concernant, de même que pour la programmation cinématographique quotidienne, à Liège comme à Namur, consultez www.grignoux.be.
Yves Calbert.