La châtaigne : plus digeste que le blé, le seigle, l’épeautre…
C’est avec des châtaignes qu’on préparait l’arrivée de l’hiver dans les monastères.
Pour Hildegarde de Bingen, celui qui se sent fatigué ou affaibli à la fin de l’été doit en manger 4 ou 5 par jour, réduites en purée, le matin, surtout au moment des changements de saison : « cela redonnera au cœur une sorte de vigueur, il retrouvera force et joie ».
Pour elle, la châtaigne c’est le fruit de la chaleur et de la vigueur.
Aliment reconstituant, elle annule les mauvais effets des autres aliments sur notre estomac et nos intestins (alcool, gluten, sucre…)
Hildegarde avait sa recette à elle… Une petite purée reconstituante à base de châtaignes et de deux racines sauvages, à manger chaque jour pour commencer la journée. Au bout de 4 semaines, les douleurs de ventre s’en vont, et l’énergie revient.
C’est presque logique quand on y pense : la nature fait pousser pour nous de quoi affronter la saison qui se prépare !
Photo 1 Réchauffe le coeur et renforce le corps
Il y a tout ce qu’il faut dans la châtaigne pour préparer le corps à l’hiver :
C’est hyper nourrissant. Pour vous donner une idée, dans une châtaigne, il y a deux fois moins de gras et deux fois plus de bons glucides que dans une noisette, une noix, ou une amande.
En plus, ces sucres sont assimilés tout doucement par notre corps, à son rythme, sans « pics » ni « coups de barre ». Tout l’inverse de nos pâtes, de notre pain, du riz blanc… Ça donne une énergie constante et douce, tout au long de la journée.
C’est plus digeste que le blé, le seigle, l’épeautre… Pas de gluten, ni d’acide phytique, ou d’autres substances irritantes pour les intestins ; même les plus fragiles du ventre peuvent en manger.
C’est bon. Sucrées, douces, presque noisetées : même natures, juste grillées sur un poêle… Elles se suffisent à elles-mêmes.
Ça a plus de vitamines que les autres féculents. Beaucoup de potassium, de la vitamine B et C, de magnésium : elles battent la pomme de terre, le blé et le riz à plate couture [2]… Pour les mois les plus froids de l’année, où il y a toujours un rhume qui traîne, c’est LE repas fortifiant.
C’est gratuit. Ça c’est le plus beau : vous remplissez vos poches, vos paniers, vos armoires et tout ce que vous voulez, avec des fruits… qui ne coûtent pas un centime
Alors, c’est sûr, ça prend un plus de temps que de remplir son armoire de pâtes, de riz ou de biscuits… Mais ça vaut le coup !
Photo 2 Ne vous trompez pas de marron ( il y en a un toxique )
Attention, il y a le marron qu’on mange avec plaisir au coin du feu, dont le vrai nom est « châtaigne » (Castanea Sativa) et l’autre, son jumeau toxique, qui donne des nausées en à peine 1 bouchée : le Marron d’Inde (Aesculus hippocastanum).
Rassurez-vous : beaucoup de blogs en font tout un foin sur internet, mais quand on sait où regarder, la différence entre les deux est flagrante !
1. Les feuilles
Les deux « marrons » qui n’ont rien à voir :
Photo 3 A gauche, la large feuille en étoile du marron d’inde (toxique), à droite la feuille solitaire, ovale et allongée du châtaignier (délicieux). Avouez qu’elles n’ont quand même pas grand-chose à voir… !
2. Les bogues
Très différentes.
Les bogues des marrons d’Inde sont lisses, et parsemées de quelques picots alors que celles des châtaignes sont extrêmement piquantes, recouvertes de centaines de petites épines fines et acérées. Elles ressemblent à des petits oursins.
Photo 4 Feuilles, écorce, bogues, fleurs : il n’y a pas que la châtaigne
Vous ne connaissez sûrement du châtaignier que son fruit, alors que tout l’arbre est plein de principes actifs, et de goûts qu’on peut utiliser en cuisine !
On peut : - Utiliser les bogues au jardin pour faire fuir un envahisseur bien connu…
- Cuisiner avec ses feuilles (elles contiennent des conservateurs naturels que certains fromagers utilisent dans leurs ateliers) qui ont un goût de noisette
Photo 5 Fromage de chèvre enroulé dans une feuille de châtaignier
Vous servir des fleurs du châtaignier, en tisane, pour leur petit goût de miel
Faire un macérât anti-bronchite avec ses feuilles et un peu d’écorce, pleine de tanins anti-bactériens
Et bien d’autres usages que je ne peux pas lister ici !
La recette de la « châtaigne qui soigne » d’Hildegarde de Bingen (je vous ai recopié sa recette quasi mot pour mot)
La technique des paysans ardéchois pour trier « les bonnes » des « mauvaises » châtaignes (celles qui sont déjà mangées par les insectes). C’est la clé pour les conserver plusieurs mois
Comment reconnaître une bonne châtaigne charnue, fraîche et bien mûre àl’œil nu.
Même si vous voulez en acheter au supermarché, il y a des signes qui ne trompent pas
Le meilleur moment pour mettre vos bottes et partir en cueillir (avant les premières gelées ou après ?)
La meilleure espèce de châtaigne à griller, à garder toute l’année, pour les viandes, pour la soupe… les plus grosses ne sont pas forcément les meilleures.
La technique la plus rapide pour les éplucher sans se brûler les doigts, et sans y passer des heures.
On vous retranscrit nos meilleures recettes, par exemple comment faire de la farine de châtaigne maison, qui a un goût divin dans les gâteaux, les pains et qui se digère bien mieux que le blé !