Photographe et pompier
26 et 27 mai 2012.
L’hôtel de Ville de Bastogne avait mis sa salle d’honneur à la disposition de Johnny.
Il est le photographe officiel des sapeurs-pompiers de la ville. Un job de spécialiste, utile, exposé, mais bénévole, sans statut de pompier reconnu, contrairement à ce qui est le cas dans les pays voisins.
Sur son site il vous propose quelque 4000 photos, échantillon de l’immense collection des clichés dont il est l’auteur.
Depuis 14 ans, il est collectionneur. Rien de ce qui touche les sapeurs pompiers ne lui est étranger.
Sapeur : ça fait une fameuse panoplie de haches.
Pompier, tout le monde croit savoir…
Collectionneur enflammé
Sa collection compte 10.0000 pièces, dont les plus anciennes datent des années 1820.
Il a amassé 240 lances en cuivre, 182 casques, 150 extincteurs…
La Belgique n’a jamais produit beaucoup d’accessoires originaux : au carrefour de la France, des Pays-Bas et de l’Allemagne, c’est dans ces pays voisins que les pompiers se sont traditionnellement fournis.
Les casques proviennent de 15 pays différents, de la Russie aux Etats-Unis, en passant par la Suisse, des bijoux d’orfèvrerie : certains sont rehaussés d’armoiries propres à leur corps d’incendie, finement ciselées, avec un réceptacle en vue d’arborer une touffe de plumes ornementales.
Les casques les plus anciens sont en cuir, donc bruns. Puis en cuivre, donc cuivrés. Ensuite vient l’ère des plastiques, blancs dans la masse. Enfin en résine synthétique, de plus en plus sophistiqués, avec radio intégrée et autres apports de la technologie. Dans le genre, des « casquettes de feu » méritent d’y attarder un regard curieux. Sans oublier le fameux « Andrian » de 1933, un casque français mythique (défilé du 14 juillet, cérémonies diverses), en acier nickelé.
Curiosités
L’objet le plus insolite : un appareil respiratoire … allemand, datant de 1900, animé par un soufflet
Un autre instrument attire l’attention : une sirène, de 1936. Pour avoir vu des films sur la guerre dans le smog de Londres, chacun a à l’oreille le bruit en crescendo montant de l’aigu strident au grave et vibrant hurlement des sirènes qui alertaient les traqués lors des bombardement de la capitale britannique.
La sirène bastognarde a beuglé bien des fois durant le siège de Bastogne, en décembre 1944 et janvier 1945. La dernière fois que la sirène d 1936 a été utilisée, c’est pour faire évacuer les enfants lors de l’incendie qui a ravagé l’Athénée Royal de Bastogne, au milieu des années 70.
Un projet de musée ?
Johnny caresse un projet. Nul doute qu’avec la volonté qui le caractérise, il se réalise. Aménager une ferme qu’il a déjà acquise, à Warnach, pour en faire un « musée du pompier ». Avec une collection pareille, qui s’agrandit de mois en mois, nul doute qu’il offrira ainsi à la palette des musées de la province un havre aussi didactique qu’insolite du patrimoine, que fréquentera le plus grand nombre. Quel enfant ne rêve, et quel adulte n’a rêvé de devenir pompier ?
René Dislaire