Hommage à Pierre Bellemare

écrit par ReneDislaire
le 29/05/2018
Pierre Bellemare

Hommage à Pierre Bellemare. Une histoire étrange. À la manière de… Espérons-le.
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Aujourd’hui mes amis, je vais vous raconter une histoire étrange.
Étrange, mot banal s’il en est ! Mais aujourd’hui, absolument étrange.
Entrons sans ambages, mais vraiment sans aucune ambage, car le mot est féminin, dans le vif du sujet.

La voix de Pierre Mellebarre s’est éteinte, titraient les journaux ce jour-là.
Pierre Mellebarre était un fabuleux conteur. Fabuleux. Un conteur prodige.
Sa voix était à l’homme, à l’Homme avec un grand « h », celle qu’à la femme était la voix de Maurane : incomparable.

La voix de Pierre Mellebarre s’est éteinte « à 88 ans », mit même en manchette un journal de la Manche.
Quatre-vingt-huit ans. Quatre-vingt-huit ans ! « Il s’est éteint dans un palindrome numéral » écrivit sagacitairement un journal astrological.
Comme si Pierre Mellebarre allait mourir dans un fauteuil électrique comme Michel Galabru !

Mais le plus troublant c’est que tous les commentaires de la presse, la presse à laquelle Pierre Mellebarre appartenait par l’usage de sa voix, sa voix d’after shave suave et ouateuse que seule Caroline Loeb aurait pu décrire, tous les commentaires de la presse disions-nous, qu’il avait connue avant qu’elle devînt télévisuelle (car n’oublions pas que Melbarre parlait déjà à l’époque du muet),
tous les commentaires, s’ils furent unanimes à dire que sa voix s’était éteinte, nul n’a dit qui l’avait allumée.
Il s’agit là mes amis d’un détail qui ne le sera plus lorsque vous saurez pourquoi.
À suivre…
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Hommage à Pierre Bellemare II 29.05.2018
La Le jour des funérailles, La l’église du village était bien trop petite pour contenir l’affluence d’une foule aussi nombreuse, constata avec à propos Joseph Labilleroute, le journaliste cantonal.
Parlons-en de Labilleroute, objet de railleries bon enfant dans la profession, qui y avait relevé une anagramme cocasse - oui, anagramme est féminin comme ambage -, celui du personnage de Rouletabille.

Église trop petite, il fallait s’y attendre.
Il fallait s’y attendre.
Petite, bien qu’abritant une relique précieuse, de la poudre de myrrhe de Balthazar le roi mage, myrrhe ôtée à l’Amirauté sous Charles V - n’oublions pas que la myrrhe est le symbole de la pharmacopée maritime -, en échange d’une dent en or du roi Gaspard - et non pas de Melchior comme l’a écrit Paul Claudel en panne de rime.

Sur le parvis et la place de l’église se côtoyaient en masse les gens du village natal de Pierre Mellebare et des personnalités des médias.
Sans distinction sociale, côte à côte « comme le défunt l’aurait aimé » nota Joseph Labilleroute qui avait le sens de la formule, confondus à une exception près : les villageois portaient un brassard noir odeur de naphtaline et les vedettes des lunettes tout aussi noires mais exhalant une capiteuse odeur de lotion éthérogène, ou plutôt éthérophore, d’une lingette d’Alain Afflelou.

Le prêtre venait de sortir vêtu de ses habits sacerdotaux liturgiques violets. Contempler le violet de l’office des morts : c’est d’ailleurs ce que Pierre Mellebare, grand amateur de Bordeaux, préférait aux enterrements.

Chose que vous ne verrez jamais aux funérailles d’une personnalité de niveau national : c’est sur un chariot élévateur de l’entreprise du maire que l’on posa la bière, qui franchit le portail et remonta silencieusement la nef de la maison de Dieu.
« Un charriot élévateur, nous sommes bien dans la France profonde » risqua un artiste parisien à l’oreille de son voisin.

Il fallait voir la fière allure du conducteur de l’engin, vêtu d’un bleu de travail orange fluo comme le veut la loi, avec sur le dos : « entreprise GALBE, marbrerie et pierres tombales ».
Oui, le maire s’appelait Julien Galbe, et il avait vraiment fière allure le conducteur du clark Galbe.

L’église était sans orgue. Aux funérailles, on passait « un disque » comme disent les ruraux dont le vocabulaire en la matière n’a pas évolué depuis « Salut les Copains » et les transistors.
Même si dans région Gérard Lenorman avait la côte, c’est Henri Salvador que le prêtre avait mis à l’honneur pour Pierre Mellebare.
Dans la jungle terrible jungle, le lion est mort ce soir… »
Et il fallait voir les enfants de l’école et les vétérans de la Légion de Marie préconciliaire battre des mains rockin' and rollin', rhythm and blues soulin' en reprenant sept fois Owimbowè.
« Des enfants de simple extraction qui ne liront jamais Joseph Kessel », pensa Joseph Labilleroute.
( À suivre…)

René Dislaire © Houffalize, le 28 mai 2018

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