Présence d'Hong-Kong et de la Corée du Sud au 39è « BIFFF », en Version virtuelle

écrit par YvesCalbert
le 04/04/2021

Grâce au 39è « BIFFF » (« Brussels International Fantastic Film Festival »), organisé du mardi 06 jusqu’au dimanche 18 avril, si nous ne pouvons nous retrouver, comme initialement prévu, au « Passage 44 », ni voyager en dehors de note pays, à l’occasion des Vacances de Pâques, nous pourrons voir, dans nos salons, des images « fantastiques » de films, réalisés en dehors de l’Europedu Brésil au Japonde l’Australie à la Colombie, en passant par une région autonme et un pays qui vont retenir notre attention, Hong-Kong et la Corée du Sud,  toujours fort bien représentés au « BIFFF ».

*** Cette année, Hong-Kong sera défendu par « Shadows » (Glenn Chan/2020/94’), projeté hors compétition, en 1ère internationale.

Synopsis : « Avec le pouvoir mystique de fouiller dans le subconscient des gens, Ching, un psychiatre, découvre qu’un travailleur social est obligé par une voix intérieure de tuer sa famille et de se suicider. Suspectant son ancien psychiatre, Ching collabore avec un flic pour enquêter, ce qui conduit à une révélation de son propre passé traumatisé et jette un doute sur sa motivation. Dans sa première aventure sur grand écran, Glenn Chan livre un thriller policier psychologique exceptionnel qui explore la dichotomie entre le bien et le mal qui se cache dans nos ombres… »

Peu de temps après avoir obtenu son diplôme de la « Ngee Ann Polytechnic »Glenn Chan a passé un an en tant qu’assistant producteur, puis est devenu directeur de la photographie de la troisième saison de la série télévisée  « Heartlanders ». Plus récemment, il a réalisé cinq épisodes de « Titoudao » et deux de « Invisible Stories ».

Fort malheureusement le Singapourien Glenn Chan – considéré par de nombreux collègues asiatiques, comme ayant été, en 2020, le meilleur cinéaste de la région autonome d’Hong-Kong – n’a pu être récompensé pour la réalisation de « Shadows » fort bien interprété par Stephy Tang et Philip Keung -, la crise sanitaire ayant forcé l’annulation de l’édition 2020 de l’« HKIFF » (« Hong-Kong International Film Festival »), fondé en 1977.

Critiques de « Shadows » :

Par Douglas Parkesrédacteur en chef du « South China Morning Post » : « Non seulement l’histoire et le jeu d’acteurs sont précis, mais Chan a réalisé un excellent travail avec son équipe de tournage, afin de nous offir une excellente cinématographie. »

Par un rédacteur de l’« Hong Kong Asian Film Festival » : « Elégant et captivant, le premier film de Glenn Chan est un thriller pychologique à couper le souffle, sur la perversité inconsciemment ancrée dans notre esprit et les terrifiantes conséquences qui en découlent lorsque la perversité se déchaîne. »

Matthaeus Choo, pour « Sinema »Glenn Chan a déclaré : « Je dirais que notre industrie cinématographique en était encore à ses balbutiements (à Singapour/ndlr). Je pense donc que la seule façon de survivre était de faire des publicités télévisées. Mais j’ai senti que c’était une très bonne courbe d’apprentissage pour moi et un bon endroit pour apprendre la narration. Quand l’opportunité s’est présentée pour un long métrage (à Hong-Kong/ndlr) après près de 20 ans, je pense que la télévision m’a préparé à mieux le gérer. »

Films représentant la Corée du Sud :

*** « Bring Me Home » (Seung-woo Kim/2019/108′), l'un des 11 films retenus du "BIFFF" 2020 annulé.

Synopsis « Six ans après la disparition de son fils, Jung-yeon et son mari gardent toujours espoir, placardant des affiches aux quatre coins du pays. Quand son mari meurt dans un accident de voiture, Jung-yeon garde toujours espoir. C’est alors qu’un coup de fil anonyme la mène dans un village de pêcheurs, où un gosse ‘tombé du ciel’ sert de main-d’œuvre gratuite et de tête de turc à des vicelards pas nets, protégés par une police corrompue… »

Si l’horreur est bien présente, « Bring Me Home »premier long métrage réalisé et scénarisé par Seung-woo Kim, est, avant tout, un mélodrame. Présenté en première mondiale, en 2020, au « TIFF » (« Toronto International Film Festival »), à Montréal, cette fiction a succité l’intérêt de notre collègue canadien, également réalisateur de courts métragesJason Paré, qui écrivit : « À aucun moment, l’inexpérience du réalisateur ne transparaît à l’écran, tellement il se dégage de l’œuvre une profonde maturité autant du point de vue technique que pour ce qui est de la direction d’acteurs. Progressivement, on observe la profonde peine et l’effritement du couple et on y croit tellement le ton est juste. C’est la talentueuse Yeong-ae Lee, connue pour son interprétation du rôle-titre, dans 'Lady Vengeance' (Chan-wook Park/2015/105'/ndlr), qui incarne la mère de Yoon-su. Une grosse partie de la réussite du film repose sur ses épaules. »

« En plus de faire une œuvre particulièrement touchante, Seung-woo Kim se permet également un clin d’œil à l’actualité et à la dure réalité des migrants qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie. Une image forte qui déclenche un dernier retournement de situation qui a peu de chances de vous laisser indifférent, à moins d’avoir un cœur de pierre comme les kidnappeurs. »

*** « Hitman : Agent Jun » (« Won-sub Choi » /né Choi Min-woo/2020/109′), l'un des 11 films retenus du "BIFFF" 2020 annulé.

Synopsis « Afin de réaliser son rêve de devenir dessinateur, un tueur à gages hautement qualifié décide de simuler sa mort lors d’une mission. Quinze ans plus tard, il publie par erreur un comics retraçant sa vie et dévoilant des informations sensibles… »

Critique de la presse :

Par Christian Georges pour « La Tribune des Jeunes Cinéphiles » : « Ajoutant à l’originalité de ‘Hitman : Agent Jun’, des séquences d’animation (les dessins du héros) sont intégrés dans la diégèse. Alors que Jun dégaine ses stylos de couleur, des portraits d’un rouge violacé se mêlent aux tons des verts émeraude, donnant l’impression d’un fulgurant tourbillon coloré. Ce mélange entre scènes d’action réelles et scènes d’action animées est non seulement esthétiquement beau, mais aussi mené de manière intelligente. En effet, les scènes d’animation ne sont pas là simplement pour une illustration d’arrière-fond, mais ont une véritable incidence sur la narration… Un autre clin d’œil au monde des bandes dessinées est celui de l’étrange ressemblance des acteurs – dans leur jeu, mais surtout dans la plasticité de leurs costumes et autres maquillages – avec les héros des comics. La frontière entre le réel et la fiction est tangible alors que les personnages deviennent des caricatures d’eux-mêmes. »

«  ‘Hitman : Agent Jun’ prouve qu’il est possible de faire de l’humour de manière travaillée,'Choi-Won sub'  déployant toute une palette d’outils au service du comique. Le film se démarque par une mise en scène qui désamorce la gravité des situations, permettant un décalage cocasse. Le film sait ainsi jouer de l’ironie des situations… Ces fréquentes ruptures sont d’autant plus impressionnantes que le film prend plus d’ampleur avec des scènes de combats épiques – le glissage entre le registre du sérieux et celui des actions comiques, entre le rire et les larmes, est d’autant plus rapide qu’il pourrait à certains moments désarçonner son spectateur. Globalement, les différents twists et autres retournements de situation fonctionnent, le film sachant manier une certaine surenchère comique sans tomber dans le grotesque. » 

Par Tobias Dunschen pour « Critique Film » : « Le premier film de 'Choi-Won sub' constitue une source quasiment inépuisable de bonnes surprises, grâce à son traitement frais et décontracté d’une thématique au moins aussi ancienne que la reconversion bâclée des super-héros de la famille du film 'Pixar'  'Les Indestructibles'sorti il y a seize ans. »

*** « The Closet » (Kwang-bin Kim/2020/97′), en compétition pour le « Prix de la Critique ».

Synopsis « Sang-won, architecte et veuf depuis peu, s’installe dans une nouvelle maison avec sa fille Ina. Rapidement, celle-ci entend d’étranges bruits émaner du placard de sa chambre. Du jour au lendemain, l’enfant disparaît sans laisser de trace. Un chaman vient trouver Sang- won et lui propose de l’aider à retrouver sa fille… »

Critique par « Le Fameux Ruben » pour « Sens Critique » : « Un film de fantôme/entités qui ressemble, autant dans son scénario de base que dans ses effets fantastiques/horreur, aux productions horrifiques Hollywoodiennes de ces dix dernières années… mais en bien mieux réalisé, mieux toutefois construit et plus intéressant dans sa construction. »

.*** « Diva » (Seul-yeah Jo/2020/84’/en 1ère européenne), programmé hors compétition.

Synopsis : « Yi-Young est une diva dans l’univers du plongeon. Talent, beauté, personnalité, elle a tout. Un jour, elle a un accident avec son amie Soo-Jin. Cette dernière disparaît, tandis que Yi-Young perd la mémoire. Les suspicions s’accumulent autour d’elle et menacent de la faire basculer dans la folie… »

Déjà scénariste des fictions « Vanishing Time : A Boy Who Returned » (Garyeojin Shigan/2016/129') et « A Taxi Driver » (Taeksi Woonjunsa/2017/137'), Seul-yeah Jo réalise, ici, son premier long métrage.

Pour le « BIFFF » : « ‘Diva‘ sera forcément labellisé comme un « Black Wan » (Darren Aronofsky/USA/2010/ 108′/ndlr) aquatique, où le reflet de l’eau se substitue à celui du miroir. Encore faut-il pouvoir assumer une telle référence, ce que ‘Diva’ fait divinement bien. »

« Seo Bok » (Yong-joo Lee/2021/114’/en 1ère internationale), programmé hors compétition.

Synopsis : « Min Gi-heon est un ancien agent de l’agence de renseignement, et ‘Seo Bok’ est le premier clone humain créé par clonage de cellules souches et génie génétique. Il possède le secret de la vie éternelle. Ils se retrouvent empêtrés dans des situations dangereuses alors que plusieurs forces veulent prendre le contrôle de ‘Seo Bok’... »

Ce film – interprété par les stars sud-coréennes Gong Yoo et Park Bo-gum – réinterprète l’histoire de Xu Fu  (« Seo Bok », en coréen) d’un point de vue contemporain. Avec Xu Fu, nous remontions à la dynastie chinoise Qin (221 à 206 avant notre ère), Xu Fu ayant été envoyé par Qin Shi Huang pour localiser l’élixir permettant de vivre deux fois.

Ayant bénéficié d’un budget de 14,2 millions d’US Dollars, cette fiction fut le premier film sud-coréen, crise sanitaire oblige, à être diffusé en streaming avant de sortir en salles.

*** « Voice of Silence » (Eui-jeong Hong/2020/99′), programmé hors compétition.

Synopsis : « Tae-In et Chang-Bok travaillent pour des organisations criminelles. Leur boulot est de nettoyer le désordre laissé lors de scènes de crimes. Un jour, lors d’une mission, les deux hommes tombent sur Cho-Hee, une jeune fille de 11 ans qui a été kidnappée. Tae-In et Chang-Bok veulent la ramener à leur employeur, mais celui-ci est retrouvé mort… »

Selon le « Korean Film Council »« Voice of Silence », quoiqu’étant un film indépendant à budget limité, a attiré 79.791 cinéphiles, le 17 octobre 2020troisième jour de sa sortie en salles, en Corée du Sud, se classant premier film au box-office quotidien national.

A souligner que le scénario de cette fiction, rédigé par la réalisatrice, Eui-jeong Hong, fut retenu, en 2016, dans le top 12 des projets étudiants présentés à la « Biennale de Venise ».

Eui-jeong Hongdiplômée en cinéma, en 2005, par la « Korea National University of Arts », après deux années vécues comme assistante réalisatrice de clips vidéos et publicités, se rendit à Londres, afin d’étudier à la « London Film School ». Ayant réalisé plusieurs courts métrages dans la capitale britannique, elle revint dans son pays, y réalisant son premier long métrage« Voice of Silence ».

Pour le « BIFFF » : « Passant du thriller noir au drame social avec un détour par la comédie, ‘Voice of Silence’ peut rappeler à certains égards le ‘palmedorisé' ‘Une Affaire de Famille' (Hirokazu Kore-eda/2018/ 121'/film coréen lauréat, en 2018, de la 'Palme d'Or', au 'Festival de Cannes', et, en 2019, du "César du meilleur Film étranger'/ndlr), sauf qu’ici, la réalisatrice n’édulcore pas : c’est un film sur la famille, avec toute sa violence intrinsèque, sur l’abandon, avec tout l’amour qu’il apporte. Sur les paradoxes de notre vie, comme cette insupportable voix du silence qui crie son impuissance. »

*** « Il Mare » (Hyun-seung Lee/2000/99′), programmé en Rétrospective/film découvert au « BIFFF », en 2001)

Synopsis « Deux romantiques recluse, Song-hyun et Eun-ju, vivent dans la même maison mais à des époques différentes. Ils découvrent un jour qu’ils peuvent communiquer ensemble en temps réel en plaçant des lettres dans une boîte magique. Entre passé, présent et futur, commence entre eux une histoire d’amour qui ne pourra jamais avoir lieu en même temps… »

Pour « Oberblog » :  « ‘l Mare’ est un film très intéressant, qui possède quelques magnifiques scènes où la mise en scène et un bon scénario se rejoignent pour le plus grand plaisir du spectateur. »

Pour le « BIFFF » : « C’est un petit joyau de douceur fantastique qui aura droit, cinq ans plus tard à son remake hollywoodien ('The Lake House' {'Entre deux Rives'/Alejandro Agresti/USA/2006/99’/ndlr), avec Sandra Bullock et Kean Reeves. »

*** A noter, également, la programmation d’un court-métrage de la 3è série de la Sélection internationale :

« Couple Rings » (Anglee/21′).

Soulignons, enfin, qu’entre 2001 et 2019, au "BIFFF", les cinéastes sud-coréens on remporté trois « Corbeaux d’Or » : en 2001, pour « L’Île » (Kim Ki-duk/2001/90′), en 2007, pour « The Host » (Bong Joon-ho/2006/120′) et en 2011, pour « J’ai rencontré le Diable » (Kim Lee-woon/2011/142′).

Par ailleurs, signalons qu’à Bruxelles, le « Centre Culturel Coréen » organisera, à la mi-octobre son 9è « Festival du Film coréen ».

Prix par séance du « BIFFF » 3€ (via « Bancontact »« Mastercard » & « Visa »). Site web (avec la programmation détaillée et l’accès à l’achat de séances) : http://www.bifff.net.

Yves Calbert.

  • « Diva » (Seul-yeah Jo)  / Corée du Sud
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