Jean-Luc Petit dans le cadre de BIP 2020

écrit par admin
le 18/09/2020
Jean-Luc Petit dans le cadre de BIP 2020

Jean-Luc Petit du 19 septembre au 25 octobre à Liège.
Le plasticien Jean-Luc Petit sera présent dans 3 lieux à Liège dans le cadre de BIP 2020.
Jean-Luc Petit est né à Namur en 1965. Il vit et travaille à Liège. Il développe une démarche artistique en relation avec sa carrière d’architecte. Sa pratique architecturale soutient son art et ses interventions plastiques et spatiales. Sa pratique abstraite dépasse l’application d’une matière sur un support. Il questionne la pérennité, l’oubli, l’absence, la réminiscence, l’erreur, l’accident, l’inframince en relation avec des sites. En 2007, il reçoit le Prix triennal Ianchelevici, avec l’artiste Jean Glibert, prix spécial du jury. En 2018, il est invité en résidence aux RAVI (Liège). Les oeuvres présentées actuellement s’inscrivent, pour certaines, dans le prolongement de cette résidence.

1) Intervention in situ à La Menuiserie
Jean-Luc Petit propose un travail in situ à La Menuiserie au départ de l’observation minutieuse du bâtiment, de son
environnement, du contexte urbain. Il installe son travail dans le vide laissé entre le mitoyen séculaire et le bâtiment
moderniste de La Menuiserie, générant un improbable entre-deux.
Intervention réalisée avec le soutien de la FWB (aide à la création CCAP).

En pratique : La Menuiserie
53, rue de L’Académie, BE-4000 Liège
ma > ven 13h00 > 18h00 /sa & di 10h00 > 18h00. Fermé le lundi
Plus d’informations : https://bip-liege.org/fr/cpt_artist/jean-luc-petit/

2) Intervention à la Collégiale Saint-Martin
Il élargit aussi son propos à la Collégiale Saint-Martin qui domine le site de La Menuiserie. Des liens artistiques et visuels sont établis (photo, son, spatialité, regard).
Dans la tour, sous la charpente, après une première ascension de 160 marches, un espace exceptionnel se révèle avec des interventions artistiques.
La montée se poursuit. Au sommet de la tour, le visiteur découvre la Ville de Liège à 360° et une partie du travail de l’artiste à la Menuiserie, perçue uniquement de ce point de vue : une toiture plate peinte en jaune. À la Menuiserie, des travaux parlent aussi de la collégiale.
À la Menuiserie et à la Collégiale : création musicale de Yuki Miyashige, qui accompagne le travail de Jean-Luc Petit.
La compositrice s’inspire de ces lieux, avec l’idée d’ateliers, d’escaliers, …

Intervention réalisée avec le soutien de la FWB (aide à la création CCAP).

En pratique : Collégiale Saint-Martin
66, rue du Mont Saint Martin, BE-4000 Liège
ma > sa matin 10h00 à 12h30, me et ve 14h00 à 17h00
Les week-end du 19 et 20/9, du 3 et 4/10, du 17 et 18/10 : la basilique est également ouverte l'après-midi de 14h00 à 17h00.
L'accès à la tour est possible durant les heures d'ouverture de la Collégiale (non accessible aux PMR).
160 marches à monter pour le premier espace, encore 100 marches pour découverte de La Menuiserie, marquée par une toiture peinte et vue de la ville à 360°.
Plus d’informations : https://bip-liege.org/fr/cpt_artist/jean-luc-petit/

3) Exposition « Dessins, fer et carbone » aux Drapiers
La galerie Les Drapiers présente les dernières recherches sur papier de Jean-Luc Petit. Son processus de travail
l’amène cette fois à user des propriétés de la fonte et de ses composants, le fer, le carbone, la précipitation du graphite. Le papier est aussi mené à ses limites.
L’image et l’épreuve sont questionnées au même titre que la trame, la grille et l’abstraction.
Jean-Luc Petit montre des dessins et suites de dessins.
Exposition présentée avec le soutien de la FWB.

En pratique : Les Drapiers
68, rue Hors-Château, BE-4000 Liège
ma > di 13h00 à 18h00 et sur rendez-vous.
Plus d’informations : https://www.lesdrapiers.be/evenements/dessins-fer-et-carbone/

Car le coeur de ce peuple est devenu insensible,
ils ont fait la sourde oreille
et ils se sont bouché les yeux,
de peur que leurs yeux ne voient,
et que leurs oreilles n’entendent,
de peur que leur coeur ne comprenne,
qu’ils ne se tournent vers moi
et que je les guérisse.
Matthieu, XII, 15

Ces versets de saint Matthieu résonnent à mon esprit comme le tocsin, tandis que je gravis à bout de souffle les marches qui me conduisent au clocher de Saint-Martin, auquel Jean-Luc Petit m’a suggéré une visite…
Seules deux chaises sont là.
Y témoignent-elles d’une présence, ou d’une absence ? Ou simplement d’un écho, d’une résonnance ?
Je n’en apprendrai sans doute pas beaucoup plus.
Par une vis en acier sur laquelle pianotent mes pas, je monte plus haut encore pour émerger dehors. De là je vois la ville.
Je la regarde et j’y vois la Menuiserie, ce bâtiment construit 500 ans après le clocher d’où je l’observe, et que Jean-Luc m’a également convié à venir voir de plus près.

Comment dire quelque chose du travail de Jean-Luc Petit ?
On peut bien sûr l’interroger directement : quel est le but – quel est le sens – de son action, de sa démarche, de sa recherche, de son intention.
Mais Jean-Luc se livre peu... Entende qui a des oreilles pour entendre.
A la Menuiserie, l’intention de l’artiste est de montrer quelque chose.
Il veut montrer, mais sans nous montrer qu’il veut montrer.
En fait, il nous suffirait de pouvoir voir pour qu’il soit dispensé de devoir montrer.

Mais que veut-il montrer ?
Rien, dira-t-il, ou peu de chose.
Rien qui ne soit déjà là, mais qu’on ne voit pas, qu’on ne voit plus.
Car relooké comme il va l’être, on ne le verra bientôt plus du tout, ce bâtiment à la posture moderniste, implanté un peu hors contexte, ou du moins sans tenir compte de ce que le contexte lui proposait comme continuum…
Ce bâtiment a préféré maintenir une distance dans sa confrontation au mitoyen séculaire, générant cet improbable entre-deux.
Qu’une chaise se tienne là, abandonnée dans le vide, et la voilà révélée.

Mais qu’est-ce qui est révélé ?
La chaise ? Ou le vide ? Ou la position du bâtiment qui, s’implantant à distance du mur, a généré le vide ?
Avez-vous vu le vide ?
Car ce qui importe n’est pas que le spectateur regarde, mais que le spectateur voit.
Et ce qui est d’abord révélé, c’est que l’artiste s’ingénie à nous montrer, en nous révélant la présence d’une chaise,
c’est qu’entre notre regard et cette chaise est glissée l’histoire du monde qui devient ce qu’il devient, ou du moins l’histoire de la ville, faite de continuités et de quelques ruptures.
Pas toute l’histoire, bien sûr, mais quelques fragments…
Ceux qui résultent de l’attitude modernisme à s’implanter hors des continuités attendues pour continuer quand même l’histoire.

La trace intéresse l’artiste.
Autre trace d’un même processus, aux Drapiers, l’artiste cherche à dissimuler le fait qu’il sait ce qu’il cherche.
Tandis qu’à la Menuiserie, il ne veut pas montrer qu’il souhaite que l’on voit ce qu’il montre.
Mais le propos est-il de montrer ? Peut-être que le propos est de révéler.
Commentant une précédente exposition de Jean-Luc Petit, Cécile Vandernoot écrit que, dans une démarche qui accorde une importance équivalente à la matière, aux gestes, aux outils et aux supports, le résultat n'est pas un objectif… Avec cela, elle a tout dit. Quoi qu’immanquablement, on en arrive de là à se demander si l’artiste improvise.
Ce serait faire peu de cas de la longueur du processus en développement depuis le contexte, le terreau où il prend racine… Comme Saint-Martin révèle la Menuiserie dans sa singularité urbaine, le graphite raconte l’histoire de la Ville, avant même d’entrer dans l’atelier de l’artiste pour être « mis en oeuvre ».

Cécile écrit aussi que chaque lieu attend une monstration spécifique.

Ainsi, aux Drapiers, le processus, né bien avant que l’outil ne racle le graphite sur le support, se poursuit, et cristallise sa durée en deux instants spécifiques : l’encadrement et l’accrochage qui nous rappellent que ces travaux –peintures ou dessins c’est selon – sont aussi des tableaux.
Hypnotisé dans l’atelier de Jean-Luc par l’une des phases intermédiaires de sa démarche, j’avais presqu’oublié que l’oeuvre possède la capacité de modifier l’espace où elle s’invite, au point que l’espace intègre l’oeuvre autant que les oeuvres intègrent l’espace.
Et quand il y a cadre, celui-ci se veut partie intégrante de l’oeuvre, définissant ainsi un morceau d’univers.
Le propos est-il de définir ?
Le propos est-il de prouver ?
Le propos, plus simplement, est-il de dire ?
S’il y a expérimentation, c’est le résultat de l’expérimentation qui est le premier à vraiment dire quelque chose.
L’artiste, lui, il fait, puis il regarde.
Ce que l’artiste veut dire, il l’a déjà dit plus tôt : « je cherche ».
M’apparait alors une évidence : le propos, plus simplement encore, est de chercher.
Alain Richard
Liège, 24 août 2020

  • Jean-Luc Petit dans le cadre de BIP 2020
  • La Menuiserie 53, rue de L’Académie, BE-4000 Liège
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