"De la Sexualité des Orchidées", de et avec Sofia Teillet, au "Théâtre de Namur", du 14 au 18 Décembre

écrit par YvesCalbert
le 11/12/2021

« Merci d’être venu, c’est sympa ! J’ai envie de vous demander pourquoi vous êtes venus, mais je ne ferai pas », nous dit la comédienne parisienne Sofia Teillet, en commençant son « seul en scène », devant une diapositive géante d’une jolie orchidée rouge.

Nous permettant d’écouter un extrait d’une chanson italienne, « Vivo » (« Je vis »), évoquant l’orchidée, elle nous confie : « Je ne l’aime pas du tout … Si elle se fait rare et précieuse, en fait, on la trouve aux caisses de magasins de bricolage, …, dans les toilettes … Ses couleurs sont affreuses … C’est vraiment un sexe … »

… Et Sofia Teillet, avant de partir en tournée, en France, en Allemagne et en Suisse, de nous « mener une réflexion sur le vivant et, au-delà, sur la vie, peut-être en partant de la reproduction des orchidées ? Elle entremêle discours scientifique et disgressions philosophiques, avec un humour léger et des doubles sens espliègles », nous dit le programme.

Aux côtés de sa table de conférencière, équipée d’un pc, « elle se lance dans une analyse détaillée de la façon dont le pollen passe du sexe masculin au sexe féminin. S’interroge, de manière quasi existentielle, sur l’avenir de la graine et sur sa germination. Disserte sur sa relation symbiotique avec un champignon. Et d’ailleurs la symbiose existe-t-elle ? ‘Et la baudroie abyssale dans tout ça ?’, lance-t-elle, finalement, avec drôlerie. »

« C’est toute une batterie de questions qui se posent quand on observe le vivant ! Et, au fond, tout ce dont la science est à peu près sûre, c’est que tout naît d’un accident … »

«  ‘De la Sexualité des Orchidées’ est un spectacle né de mon envie, en tant que comédienne, de travailler une forme solo, légère techniquement, partiellement improvisée, avec, comme seul partenaire, le public. C’était initialement comme un ‘exercice’ pour moi », écrit-elle.

Et de poursuivre : « Comme matière de travail, j’avais choisi la reproduction végétale. Alors un monde s’est ouvert et l’orchidée s’est imposée comme fleur de référence. Le sujet m’a passionnée, a recherche est devenue un gouffre joyeux, le spectacle a grandi. L’observation approfondie d’un être radicalement différent, mais ayant comme point commun d’être ‘vivant’ m’a semblé être un angle de lecture riche et inhabituel pour notre façon d’être au monde. »

« Tout est ‘vrai’ dans cette conférence. mes recherches ont été faites de littérature scientifique. Mais c’est une vérité d’une autre nature que la vérité scientifique. C’est une vérité dont mon statut d’artiste me permet d’en revendiquer la  subjectivité. »

A noter que Sofia Teillet – qui a, elle-même, conçu et écrit ce spectacle -, s’est inspirée des ouvrages suivant :

- « De la Fécondation des Orchidées par les Insectes », de Charles Darwin ;

- « L’Art d’être Parasite », de Claude Combes ;

- « La Vie des Plantes », d’Emanuele Coccia ;

- « L’Intelligence des Fleurs », de Maurice Maeterlinck, ce dernier ayant écrit : « La fleur donne à l’homme un prodigieux exemple de l’insoumission, du courage, de persévérance et d’ingéniosité.« 

Membre, depuis 2018, de la coopérative de projets vivants « L’Amicale », Sofia Teillet fut, de 2006 à 2009, formée au « Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique », à Paris, où elle rencontra Yann-Joël Collin,  professeur d’interprétation, qui lui insuffla l’adresse au public, comme moteur de l’écriture, ainsi que deux metteurs en scènes,  Benjamin Abitan et Yordan Goldwaser.

Interprète sur la dernière création, en 2021, d’Antoine Defoort, « Elles vivent », elle le fut, également, avec la  compagnie suisse « Old Masters », pour « Le Monde », en 2019, et « L’Impression », en 2018, devant encore l’être pour « La Maison de mon Esprit », durant la saison 2022-2023.

Pour le présent, réjouissons nous, agréablement accueillis, dans le « Studio » du « Théâtre de Namur », par le sourire de cette sympathique comédienne-conférencière, de vivre un agréable moment autour de l’orchidée et de la sexualité, bien illustré, sur un écran géant, d’images et schémas, nous aidant à découvrir les techniques étonnantes de  reproduction que développent ces espèces, en réponses à nos éventuelles questions existentielles : « Comment la graine germera-t-elle ? Sa relation symbiotique avec un champignon doit-elle être appelée parasitisme ? La symbiose existe-t-elle ? Et la baudroie abyssale dans tout ça ? »

Cette conférencière non conventionnelle, bien loin de rester gentiment assise à sa table, se déplace sur la scène du "Studio", prenant, pour notre plus grand plaisir, des postures physiques en rapport avec son exposé.

Programmation : dans le « Studio » du « Théâtre de Namur », du mardi 14 au Samedi 18 décembre, à 19h. Contacts : 081/22.60.26 ou info@theatredenamur.be. Billetterie : du mardi 14 au vendredi 17, de 12h à 17h30, le samedi 18, de 14h à 17h30. Durée du spectacle : 1h30. Réservations : billeterie@theatredenamur.be ou directement sur le site : https://web.digitick.com/de-la-sexualite-des-orchidees-theatre-lecture-c... sanitaires : port d’un masque buccal (à partir de 6 ans), présentation de son « CST » (« Covid Safe Ticket ») et d’une pièce d’identité (à partir de 16 ans). Tests sanitaires gratuits (si pas de « CST ») : les vendredi 17 et samedi 18 (compter 20 minutes pour obtenir le résultat), via une réservation obligatoire, sur  billeterie@theatredenamur.be. Jauge : 200 personnes. Site web : http://www.theatredenamur.be.  Création de ce spectacle : le 07 février 2020, à Bruxelles, à l’ « Atelier 210 ».

En n’oubliant pas que « tout ce dont la science est à peu près sûre, c’est que tout naît d’un accident », terminons avec le propos d’Empédocie (Vè siècle avant notre ère), philosophe, poète, ingénieur et médecin grec : « Car je fus, pendant un temps, garçon et fille, arbre et oiseau, et poisson muet dans la mer ».

Yves Calbert,                                                                                                                                                              avec des textes du « Théâtre de Namur » et de Sofia Teillet.

 

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