Chimie et humour
Le chimiste bateleur
Bastogne, 26 mai 2012.
Il bat son plein à 100 mètres du marché. Aux marches de l’hôtel de ville. Les cheveux d’Einstein en pire, la barbe d’Ahasvérus en mieux, le corps de Don Quichotte tel quel. Un géant gesticulant. Le phénomène est à l’œuvre. Ce sera sa première démonstration : tout être est unique.
Plein la vue, qu’il vous en met Philippe, le chimiste gouailleur humoriste.
Un mystificateur démystifiant, pédagogue distributeur de clins d’œil, agitateur de neurones ambulant.
Facile
Subitement savant : « ce que je viens de faire, c’est l’application du principe de Bernoulli », dit-il après une simple expiration dans une tûte de deux mètres de long, à un public époustouflé. "Facile" , ponctue-il alors, me faisant penser à Garcimore. "C’est ce principe qui explique que les avions volent ou qu’on réussit des lobes à Roland Garros."
Puis à vous vous faire sursauter il fera péter des petites bulles savon.
Puis ce sera une tornade inversée, avec une simple rotation d’une grande bouteille remplie d’eau retournée au-dessus d’une bouteille vide -donc remplie d’air- les bouchons collés et percés une mèche de 8.
Puis avec une cuillerée à café de sucre, de sel de cuisine et de chlorate de potassium mélangés, et un mini lance-flamme, il va faire exploser le cocktail. « Les enfants, ne m’imitez pas, c’est une bombe que vous venez de voir. Avec le chlorate de potassium, c’est la couleur de l’éclairage des autoroutes que vous venez de voir. Chaque métal - ici le chlorate de potassium- perd son énergie en dégageant une couleur spécifique. C’est ainsi qu’on reconnaît la matière des étoiles. »
Le geyser Coca-Mentos
Le clou, se sera le geyser de Coca. On traverse la route, et on bloque la circulation des piétons sur le trottoir d’en face.
« J’ai troué le bouchon de la bouteille. J’enfile des Mentos avec un fil de cuivre. Je fais passer le fil à travers le trou du bouchon, les Mentos vers le bas. Je revisse le bouchon. Je vous fais reculer à trois mètres. J’enfonce le fil de façon que les Mentos plongent dans la limonade. » Gicle alors le Coca dans un jet fulgurant de trois à quatre mètres.
L’explication ? La voilà.
« Il n’y a eu aucune réaction chimique. Les micro aspérités du Mentos ont rencontré les petites bulles de gaz carbonique contenues dans le Coca. Tout va s’échapper avec un effet auto entraînant, proportionnel au rétrécissement du goulot. Toute boisson gazeuse peut produire le même effet : eau minérale, champagne… Mais le Coca est le plus spectaculaire, car la pression du CO2 est de 6 bars, contre 3 ou 4 dans la plupart des boissons pétillantes."
« Y m’énerve »
m’inspira encore Garcimore, de voir le bateleur savant opérer des gestes simples aux effets aussi spectaculaires qu’a priori incompréhensibles, mais que je suis enfin capable de comprendre. Un émerveillement amusant et vexant à la fois…
René Dislaire