Nous sommes tous des Surréalistes
Dans le cadre du 50ème anniversaire du décès de René Magritte, le Malmundarium propose une exposition " Nous sommes tous des surréalistes " depuis ce 2 avril et jusqu’au 17 septembre 2017. Si l'on parle de René Magritte, on ne peut s'empêcher de parler du surréalisme, ce mouvement artistique qui a vu le jour en 1924 après la Première Guerre mondiale et qui a connu son apogée à l'entre-deux-guerres. Le surréalisme est un mouvement collectif résolument tourné contre les conventions, les idéologies bourgeoises et les codes d'une société considérée comme la source du conflit mondial et des horreurs qu'il a engendrées. Il se traduit aussi bien par l' écriture, la photographie, le cinéma ou tout autre moyen d'expression artistique. A côté de Breton, comme chef de file en France, René Magritte et Paul Nougé seront les deux figures marquantes du surréalisme belge. Les tensions entre les groupes français et belges seront fréquentes, les Belges plus ironiques avec un sens de l'autodérision plus marqué ne souhaitant pas se soumettre au diktat des Français. Le contenu de toutes ces œuvres exposées aux cimaises traite de la révolution surréaliste ( sa définition, ses précurseurs, ses techniques picturales ). Les quatre artistes sont belges avec René Magritte, Raoul Ubac ( un artiste malmédien dont un rond - point de la ville porte le nom) et Marcel Lefrancq ( un artiste hennuyer ). Une exposition haute en couleur qui pose un regard parallèle sur les réalisations de chacun. Par touches successives, le visiteur entre dans le monde du surréalisme, comme une promenade rythmée par des lithographies, des photographies, des documents et des reproductions.
René MAGRITTE ( 1898 - 1967 )
Quand on parle de surréalisme, le nom de Magritte paraît évident autant cet artiste a bouleversé le monde de l’art du XXe siècle par son style révolutionnaire et personnel.
Avec Camille Goemans, Marcel Lecomte, Paul Nougé, Louis Scutenaire et Irène Hamoir, Magritte formera le groupe surréaliste bruxellois.
C’est en 1927 qu’il s’installe dans la banlieue parisienne et y fréquente les surréalistes français, toutefois les tensions seront vives. Alors que pour Breton la peinture est incapable de rendre compte du flux de la pensée, pour Magritte, elle permet au contraire de rendre visible la pensée et ne se limite pas à un simple acte d’imitation. L’acte de peindre est une forme d’expression de l’esprit au même titre que l’écriture. Démontrer cette équivalence entre les mots et les images sera le fil conducteur de sa démarche artistique.
Aux associations hasardeuses d’éléments familiers comme une pomme, un nuage ou des chapeaux du premier surréalisme succédera au début des années trente la phase raisonnante de l’œuvre de Magritte où chaque tableau est construit comme une solution à un problème selon l’équation : l’objet, la chose qui lui est attachée dans l'ombre de la conscience et la lumière où elle devrait parvenir.
Mais à côté du Magritte, philosophe, écrivain et peintre, il y avait aussi un homme à l’apparence simple qui n’hésitait pas à faire des blagues et des canulars et se mettre en scène de façon décalée.
Raoul UBAC ( 1910 – 1985 )
Si nous parlons de Magritte et du surréalisme, il était impossible de ne pas présenter l’œuvre de Raoul Ubac, un artiste qui a passé sa jeunesse à Malmedy et qui s’est hissé sur la scène internationale du monde de l’art. Si l’œuvre d’Ubac est connue pour ses ardoises sculptées, son œuvre photographique surréaliste n’en demeure pas moins intéressante et importante. Après avoir découvert le Manifeste du Surréalisme de Breton, Ubac s’inscrit en 1930 à la Sorbonne à Paris et y fréquente le groupe surréaliste français. Déjà la photographie le fascine et il continuera à l’explorer après son retour en Belgique. Ubac deviendra l’un des photographes les plus ingénieux de sa génération. Dans sa quête de révéler une réalité autre que celle des apparences, la photographie deviendra pour cet artiste un véritable laboratoire de nouvelles technologies où il s’adonnera au photocollage, photomontage, association des négatifs, surimpression et solarisation, superposition ou décalage du négatif et du positif, qui donne une impression de pétrification, soufflage, fumage, brûlage ou voilage du cliché …
L’artiste participera à de nombreuses revues et expositions à Paris, Bruxelles et Amsterdam.
Ubac côtoiera les plus grands : Eluard, Queneau, Bazaine, Breton, Man Ray, Scutenaire. Avec René Magritte, il fondera en 1940 la revue « L’invention Collective » qui ne connaîtra que deux numéros.
En 1945, il est arrivé au terme de sa quête surréaliste, il participe alors pour la dernière fois à une exposition surréaliste à la galerie de la Boétie à Bruxelles et transfère son talent vers le dessin et la peinture.
En hommage à son passage à Malmedy, la Ville lui a dédié un rond-point situé à l'entrée de la localité et inauguré en juin 2016.
Marcel G. LEFRANCQ ( 1916 -1974 )
Cette exposition n’aurait pas été complète si nous n’avions pas présenté le second groupe surréaliste belge par l’intermédiaire du photographe Marcel Lefrancq.
Le groupe Rupture voit le jour en1934 à La Louvière autour d’Achille Chavée, Fernand Dumont, Marcel Havrenne, Christian Dotremont. Son engagement social sera profond, il prendra part aux luttes sociales dans une région durement frappée par la récession économique dans les années 30. Marcel Lefrancq découvre le surréalisme en 1938, il deviendra le photographe attitré du groupe hennuyer au même titre que Raoul Ubac l’est depuis 1935 pour le groupe bruxellois.
L’œuvre de Marcel Lefrancq se traduit par des prises de vues de sa ville natale Mons, de ses manifestations populaires, la guerre alimentera également une partie de son art. À partir des années 50, il réalisera avec beaucoup de talent des portraits lesquels découleront sur l’étude du nu féminin, des photographies intimes baignées dans une sensualité tout en nuance. ( En collaboration avec le musée de la photographie à Charleroi )
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Dans une autre aile du cloître, un quatrième artiste, local celui-ci, expose ses nombreuses aquarelles du 1er avril au 16 avril 2017. Originaire de Bruxelles, Pierre Boulengier ( 1940 ) est venu chercher le calme de l’Ardenne à Malmedy. Il se consacre tantôt à des activités artistiques, comme aquarelliste et graveur – actuellement au sein du Groupe U –, tantôt à l’écriture, comme poète. ( Il a déjà publié L’âme à table, poèmes aux Editions Dricot, à Liège, en 1999 et est l'auteur du recueil de poèmes Les Chemins de NULLE PART édité aux éditions Memory )
François DETRY
© François DETRY
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