Historique de la randonnée et des sentiers de grande randonnée ( suites 4 et 5 )
4. Trekking léger – Chasse au gramme
Les années d’expérience de Loiseau dans l’essai et le perfectionnement de son propre équipement sont utiles pour les Compagnons Voyageurs. Un bon choix de matériaux pour les articles de randonnée dont le poids total doit peser jusqu’à 13 à 15 kilos est essentiel pour lui. Le secret pour économiser du poids sur le sac à dos réside également dans la répartition des objets courants, ce qui permet d’économiser facilement un kilo et demi supplémentaire par personne. Dans les articles et les guides, Loiseau fait des listes avec grammage de tous les éléments nécessaires pour la route. Trekking léger et camping avant la lettre. Tout cela était encore très innovant pour l’époque, mais selon Loiseau, c’était essentiel pour une meilleure expérience de camping itinérant.
Aujourd’hui, les gens peuvent regarder avec nostalgie ou pitié le type et le poids des objets qui ont été pris à l’époque (voir images). D’autre part, vous pouviez toujours trouver des magasins de village et des fermes le long du chemin qui vendaient directement des produits de la ferme (approvisionnement facile) et les bagages n’étaient pas alourdis par un appareil photo + objectifs, un équipement de charge, un smartphone ou une tablette. Afin d’obtenir le poids le plus léger possible par sac à dos, le matériel a également été réparti pour 2 à 3 personnes, par exemple pour la tente et le matériel de cuisine. Jean Loiseau affirme qu’après 15 à 20 ans d’expérience dans le perfectionnement du matériel de camping, les participants aux voyages des Compagnons Voyageurs sont bien équipés pour camper en toute sécurité, au chaud et au sec même dans des conditions météorologiques difficiles. La connaissance des matériaux et l’expérience de Loiseau lui ont également valu d’être nommé directeur technique du Camping Club de France (CCDF).
5. Des centaines de milliers de brochures d’extérieur
Par analogie avec le réseau routier français, un plan est établi pour le futur réseau de sentiers pédestres avec tronçons numérotés, les grands chemins français seront numérotés G.R. 1 à G.R. 10 + l’île de Corse avec le numéro G.R. 20. Les bifurcations ou les correspondances avec ces routes principales sont des « routes secondaires », par exemple G.R. 11, 12, 13. À partir de cette « route à deux chiffres », on trouve alors des « routes à trois chiffres ». Chaque route principale G.R. se voit également attribuer un « directeur », qui sont souvent des représentants régionaux de TCF chargés de coordonner et de rendre compte des projets.
Le nom de « Sentiers de Grande Randonnée », utilisé par Loiseau aussi souvent que « Routes du Marchandeur » depuis plusieurs années et aussi le nom de l’exposition à Paris, est désormais également officiel. Le 4 novembre 1946, le groupe de travail « Commission des sentiers de tourisme pédestre » se transforme en une association à but non lucratif, le « Comité National des Sentiers de Grande Randonnée » (C.N.S.G.R.). Une décision consciente est prise de centraliser la politique et de ne pas faire proliférer des comités locaux plus difficiles à contrôler. Les statuts de l’association ont été déposés le 22 août 1947. Le Secrétaire Général sera Jean-Laurent Ballereau (également Président de TCF), le Président sera Raymond Siroux (de l’opération auberge de jeunesse). Jean Loiseau est également membre du groupe de direction.
Une autre raison importante de transformer l’exploitation du sentier en une organisation à but non lucratif est le besoin de ressources financières. Le Touring Club de France (TCF) apporte le premier soutien financier ainsi qu’un soutien logistique sous forme de secrétariat, de coordination des initiatives, d’assistance des délégués régionaux du TCF et de salles de réunion. Cependant, TCF se rend également compte qu’un tel « projet d’importance nationale » absorbera beaucoup d’argent et nécessitera une collecte de fonds importante. Au printemps 1947, Jean-Laurent Ballereau déclare :
« En 1947 nous n’aurons pas de chemins. La raison est évidente : peinture, planches de bois, clous, marteaux, haches, pioches,... On ne les cueille pas dans la forêt comme des fraises des bois. Un budget initial de 5 millions de francs (= aujourd’hui environ 200 000 €) est nécessaire pour démarrer les premiers projets.
Cependant, le gouvernement français n’a pas l’intention d’aider financièrement, les priorités après la période difficile de la guerre sont de reconstruire et de remettre l’économie sur les rails. La création d’un réseau pédestre français n’est pas considérée comme une priorité, même si la C.N.S.G.R. rétorque que « l’État doit comprendre l’immense importance du projet, qui peut avoir un double avantage : d’une part, des infrastructures pour l’enrichissement du patrimoine touristique, se traduisant par un afflux de devises touristiques étrangères et un stimulus pour le commerce français. D’autre part, pour les jeunes, le développement et la stimulation d’une forme saine d’activités de loisirs. Le gouvernement français n’écoute pas.
Il faut chercher des alternatives. Avec l’idée que les jeunes urbains ne fuient pas les publicités sur les murs du métro, à la radio et dans les journaux pour tomber sur des publicités pour des pilules ou des bas de compression en pleine nature, ils ne sont pas non plus enclins à chercher des sponsors publicitaires. Cependant, quelques années plus tard, il y aura une dépendance (limitée) à l’égard du parrainage publicitaire et, indirectement, des fonds publics, par exemple par le biais des services touristiques concernés. Cependant, dans de nombreux cas, les responsables des coûts sont les bénévoles/baliseurs de sentiers ou leur association locale. Entre-temps, il y a une certaine impatience dans la presse quant au moment où le public pourra enfin parcourir les sentiers G.R.
Marche, camping, orientation, navigation, exploration, observation, interprétation et vie ludique en plein air en compagnie de camarades : Loiseau a écrit et dessiné une quinzaine de manuels de 1935 à la fin des années 1940. Grâce à l’attaché de presse passionné de la revue de plein air Camping / Camping Plein Air et aux guides de plein air, Jean Susse, les livres de Loiseau sont très demandés à partir de la fin des années 1930. Jusque dans les années 1980, ils ont été réimprimés de nombreuses fois, donc peut-être que des centaines de milliers ont été vendus. Avec ses propres dessins et croquis, il anime ces livres plutôt pédants mais ô combien pratiques et populaires.
Dans les années 1930, 1940 et 1950, ces manuels de plein air ont inspiré un grand nombre de jeunes en France, en particulier ceux dirigés par des groupes de jeunes. Certains de ces livrets étaient remplis de jeux d’orientation, d’observation et d’exploration, de jeux de balle, etc. D’autres étaient concrets et très pratiques pour installer un campement avec toutes sortes de techniques autour des matériaux, de la cuisine en plein air, de la planification de visites, du contenu du sac à dos, etc.
Dans les années 1930 et 1940, Jean Loiseau est également un auteur respecté d’articles de magazines populaires tels que Regards, Je Sais Tout, La Vie au Grand Air, Camping Plein Air et plusieurs journaux. Là encore, les sujets sont les techniques de camping, les idées de trekking pour les week-ends ou les vacances, etc.
Par ailleurs, Jean Loiseau a également publié des guides pratiques de voyage et de randonnée pour certaines destinations, comme la Corse (1938) ou l’Ile de France (1947), par l’intermédiaire de la maison d’édition parisienne Vigot. Il dédie un livre sur la Bourgogne et le Morvan (1945) à son père Georges Loiseau-Bailly, originaire de là-bas.
( Recherche de Jean-Pierre ENGLEBERT )