"Lucy + Jorge Orta", à la "Patinoire royale-Galerie Valérie Bach", à Saint-Gilles, jusqu'au 27 novembre
A Saint-Gilles, la « Patinoire Royale-Galerie Valéry Bach » accueille, jusqu’au dimanche 27 novembre, l’exposition « Vita Extremis : 1992-2022 », mettant en valeur les trente dernières années de créations de la styliste britannique Lucy Orta (°1966) et de l’artiste argentin Jorge Orta (°1953), qui s’emparent d’enjeux écologiques, pour créer des œuvres esthétiques et symboliques, de nature à nous alerter, Jorge Orta nous ayant confié : « Nous avons un rôle majeur à jouer, l’art étant un vecteur de changement social ».
Présents à Saint-Gilles, le jeudi 08 septembre, à l’occasion de la visite de presse et du vernissage de leur exposition, ils purent nous expliquer leur démarche artistique, mettant en lumière les grands défis de la société, au XXIè siècle, à savoir l’alimentation, la biodiversité, le climat, l’eau & les migrations, leur œuvre collaborative explorant les sujets écologiques et sociaux, à travers une grande variété de supports : dessin, couture, peinture, performance, photographie, sculpture, vidéo, …
Ayant fondé le « Studio Orta-Les Moulins », en 1992, ils travaillent entre ce lieu – sis à Boissy-le-Châtel, en Seine-et-Marne -, Paris et Londres, ayant présenter différentes séries de leur créations, à l’occasion d’expositions individuelles, au Canada (2015), en Chine (2012), en France (2014 & 2020), en Italie (2019), au Royaume-Uni (2013, 2017 & 2018), ainsi qu’au sein, notamment, de deux expositions collectives, à New York (2018 & 2019).
En 2007, ces deux artistes reçurent, au « Nobel Peace Center », à Oslo, le « Green Leaf Award » – offert par le « Programme Environnemental des Nations Unies », en partenariat avec le « Natural World Museum » -, pour leur excellence artistique et leur message environnemental.
En 2013, « Lucy + Jorge Orta » remportèrent la commande publique inaugurale « Terrace Wires », pour la gare « St.-Pancras International », à Londres, et pour laquelle ils créèrent « Cloud Meteoros », une installation monumentale.
Ce duo mêle le terrain à sa pratique, ayant participé à de nombreuses expéditions en Antarctique et, plus récemment , en Amazonie, ayant collaboré avec nombre de biologistes, chercheurs, chimistes, designers, économistes, étudiants ou théoriciens de la cause écologique. Son répertoire est constitué d’objets-interventions (brancards, combinaisons, gilets de sauvetage, parachutes, tentes-refuges, …), lors d’évènements mondiaux, comme la « COP26 », en 2021, évoquant, ainsi, un monde sous tension.
Dès 1996, notre duo d’artistes, éclaireurs, passeurs et précurseurs, éveillaient, avec leurs créations, notre attention sur le gaspillage alimentaire, avec leur série « Food ».
En 1995, « Lucy + Jorge Orta » présentèrent, à la 46è »Biennale de Venise », leur concept de l’ « Antarctica World Passport », avant douze ans plus tard, en 2007, de se lancer dans une expédition sur le continent Antarctique, afin d’y installer leur œuvre éphémère « Antarctic Village – No Borders », composée, essentiellement, d’un parachute et de dômes-tentes, faisant écho à un nomadisme forcé, aux migrations climatiques.
« Nous espérons transmettre, à travers nos œuvres, une prise de conscience. Que chacun prenne ses responsabilités … « Ensemble, on peut modifier les comportements. L’autre est capable d’enclencher un processus », nous confiait Lucy Orta.
En emblème supranational des Droits de l’Homme, il posèrent leur drapeau de l’Antarctique (qui ne possède aucun drapeau officiel, ne relevant d’aucune souveraineté nationale, étant considéré, depuis 1959, comme « réserve naturelle, consacrée à la paix et à la science ») reprenant sur sa surface de très nombreux drapeaux nationaux, incluant ceux de pays en guerre. … Ah, si tous les êtres humains voulaient bien se donner la main …
A la « Patinoire Royale-Galerie Valéry Bach », nous trouvons, outre ce drapeau, différentes installations, comme dans leur série « Cloud », leur « Miu Tricycle » (2011-2014), qui reprend le thème de l’eau et de sa pollution, des bouteilles d’eau en plastique étant assemblées, sous la forme d’un nuage bleu, mu par un tricycle asiatique, la fabrication de ce nuage mettant en exergue, sous une forme poétique, la préciosité de l’eau et les perturbations liées au changement climatique, tout en évoquant l’abominable pollution plastique.
Nous offrant, aussi, une réflexion sur la problématique de l’eau, leur installation « Ortawater-Life Line » (2005-2008) peut se regarder comme étant une sculpture, un objet de design fonctionnel.
Ce dispositif comprend notamment des unités industrielles de filtrage de l’eau, propres au Grand Canal, à Venise, au port, à Rotterdam, au canal de l’Ourcq, à Paris ou encore celle du fleuve Huangpu, à Shangaï, toutes réputées parmi les plus polluées au monde.
Autre fleuve important, l’Amazone traverse l’Amazonie (6,7 millions de km2 de superficie), dont la forêt et sa flore a inspiré, en 2010, leur série « Amazonia », par laquelle ils ont été à la rencontre de la biodiversité, là où elle est la plus dense, au point de ne pas en voir ses détails, d’où leur choix de créer des répliques des fleurs de l’Amazonie, dans une variété de tissus, en agrandissant leur tailles, l’infinie beauté de leurs formes colorées étant, ainsi, soulignée, Jorge Orta nous ayant confié : « La sensibilisation passe par l’émerveillement, moteur de notre créativité. Quant au langage polysémique de l’art, il nous permet d’aborder des sujets complexes ».
Ainsi, pour évoquer un problème aussi grave et anxiogène que la déforestation en Amazonie, les Orta ont préconisé de parer leurs évocations des couleurs vives de l’optimisme, tous deux ayant la conviction profonde que le changement est toujours possible.
Néanmoins réaliste, Jorge Orta déclara : « « Un arbre amazonien possède 150 espèces de fourmis et chacune joue un rôle précis. Bien souvent, nous ne sommes pas véritablement conscients du drame que la déforestation peut engendrer. Nos œuvres tentent de le montrer. Nous avons un rôle majeur à jouer, l’art peut être un vecteur de changement social. »
Et de nous montrer leurs dessins d’insectes, sur un moulage, en porcelaine royale de Limoges, du fossile d’un œuf d’oiseau éléphant, trouvé à Madagascar, introduisant, ainsi, tout en délicatesse, les thèmes du cycle de la vie et de la disparition des espèces.
Parmi leurs autres séries, relevons : « Refuge Wear Body Architecture », des habitats portatifs minimums, à mi-chemin entre architecture et habillement ; « Horti Recycling », qui explore la chaîne alimentaire, dans des contextes globaux et locaux ; & « Nexus Architecture », qui imagine des modes opératoires alternatifs pour établir du lien social.
Ouverture : jusqu’au dimanche 27 novembre, le mardi et le mercredi, de 14h à 18h, le jeudi et le samedi, de 11h à 19h. Entrée libre. Contacts : 02/533.03.90. Site web : https://www.prvbgallery.com/.
A souligner que la « Patinoire royale-Galerie Valérie Bach » nous invite à un double vernissage, ce jeudi 17 novembre, entre 17h & 20h :
- « Luzia Simons, récits en Fleur », expo ouverte jusqu’au samedi 14 janvier 2023.
- « Luc Praet, several Heads », exposition accessible jusqu’au samedi 07 janvier 2023.
Yves Calbert.