Changements de Direction et Expositions temporaires à "La Piscine", à Roubaix

écrit par YvesCalbert
le 10/09/2024

Grand changement à « La Piscine », le « Musée d’Art & d’Industrie André Diligent »à Roubaix, les présentes expositions étant les dernières qui nous furent présentées, à l’occasion de la visite de presse du vendredi 21 juin,  par Bruno Gaudichon (°1956), à la tête de ce musée durant 35 ans, … avant même qu’il ne s’implante, en 2000,  au sein de l’ancienne piscine roubaisienne de la rue des Champs, cette dernière ayant été édifiée en 1932.

C’est d’ailleurs à Bruno Gaudichon, ancien conservateur du « Musée Sainte-Croix », à Poitiers, que revint le choix de cette piscine municipale pour devenir le cadre du « Musée d’Art & d’Industrie André Diligent », ce dernier (1919-2002) ayant été, de 1983 à 1994, le maire de la Ville de Roubaix.

Ainsi, Bruno Gaudichon confia à notre collègue français  Julien Damien, pour le média « LM Magazine » : « La dernière équipe à avoir dirigé ce lieu (la piscine municipale/ndlr) était présente. Ces gens lui redonnaient vie et manifestaient un attachement qui, plus encore que l’architecture Art Déco, m’a enthousiasmé. Enfin, le soir nous dînions à Poitiers , chez des amis, et l’un d’eux m’a dit qu’il était né à Roubaix … et qu’il ne se souvenait que d’un seul endroit ici : la piscine. La messe était dite. »

Sous sa direction, nous avons assistés, en octobre 2018, après 18 mois de travaux, dont 6 mois de fermeture, à la ré-ouverture – avec 2.000 m2 de plus – de ce prestigieux musée, un second agrandissement devant prendre place dans les prochaines années.

Grâce à une politique active de valorisation des donations, de mécénat d’entreprises de proximité et de médiation proche des publics locaux, « La Piscine » accueille, aujourd’hui, une moyenne annuelle de 270.000 visiteurs, attirés par des expositions d’envergure (Chagall, Picasso, …), ce qui est à souligner pour une ville du Nord, ne comptant que 96.000 habitants.

Depuis le dimanche 01 septembre, c’est l’historienne de l’art franco-autrichienne Hélène Duret (°1991) qui a été nommée conservatrice de « La Piscine », après avoir été, depuis 2020, directrice adjointe du « Musée des Beaux-Arts », à Valenciennes, où elle contribua à la formulation d’un vaste projet de rénovation et de repositionnement scientifique, culturel et territorial.

Diplômée, à Paris, de la « Sorbonne », de l’ « École du Louvre » et de l’ « ENS » (« Ecole Normale Supérieure »),  en histoire et histoire de l’art, elle débuta sa carrière, dans les années 2010, dans des institutions internationales telles le « Bymuseet i Bergen » (« Musée de la Ville de Bergen », en Norvège), la « Berlinische Galerie » (« Musée d’Art moderne », dans la capitale allemande) et à Paris, au « Louvre » et au « Musée Carnavalet », avant de devenir la conservatrice du « LaM » (« Lille Métropole »), musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, à  Villeneuve-d’Ascq, ayant également travaillé au « Musée Léopold », à Vienne, et à l’ « INP » (« Institut National du Patrimoine »), à Paris.

A l'occasion de sa nomination à Roubaix, Hélène Duret déclara : « J’adhère complétement à l’ADN du musée construit par Bruno Gaudichon. Ses valeurs sont les miennes, comme celle du musée solidaire et je compte bien remettre au centre de la programmation le volet 'art et industrie'. Le dialogue entre art et industrie m’intéresse beaucoup. Aux côtés de l'équipe du musée et de la Ville, j'espère porter un projet créatif et généreux, au service d'un territoire jeune et dynamique. C'est notamment par son rapport privilégié avec les publics que s'est construit l'incroyable succès de 'La Piscine', un lien que je souhaite amplifier afin que le musée incarne un lieu vivant, ouvert à tous les publics. »

- Expositions temporaires en cours :

*** « Mado Jolain (1921-2019), céramiste. Côté Maison, Côté Jardin », jusqu’au dimanche 12 janvier 2025 :

Dans le paysage de la céramique des années 1950, l’œuvre de Mado Jolain (1921-2019) séduit par sa modernité et les jeux formels, que l’artiste a multipliés. Cette céramiste française, née à Paris et décédée à Avignon, manifeste très tôt une préférence pour les volumes simples, architecturés et travaillés, de telle sorte que l’articulation subtile de l’ombre et de la lumière puisse s’y épanouir.

Au début des années 40, Mado Jolain s’initie à la céramique à l’ « École nationale des Arts décoratifs », à Paris, et fréquente, parallèlement, les ateliers de dessins et de sculptures de la « Grande Chaumière », où elle fit la connaissance de son futur mari, le peintre René Legrand (1923-1996). Sa production reflète alors le goût de l’époque pour l’imagerie populaire. Epis de faîtage et coqs stylisés côtoient des scènes religieuses, ensembles régulièrement présentés, à Paris, au « Salon de l’Imagerie » et au « Salon des Artistes Décorateurs ». »

L’élaboration et la construction de l’objet l’intéressent davantage que le décor qui va désormais tendre vers l’abstraction. Ses formes toujours utilitaires sont inédites, en témoignent ces grands plats au col pincé ou le  « Vase Pichet à Poignée » (1955), qui fait mouche avec son habillage moucheté, un don de sa famille à « La Piscine »,

Mado Jolain a créé un univers reconnaissable avec ses cols pincés, ses panses drapées, ses anses protubérantes  ou trouées. Une même attention soignée est portée aux décors, l’artiste incisant ses œuvres de  scarifications  ondulantes, apposant des motifs mouchetés, proches d’une gestuelle d’action « painting » ou  esquissant, à grands traits, des portraits stylisés.

À la fin des années 1950, Mado Jolain s’installe avec sa famille sur les bords de la Marne, à Champigny, quittant alors le monde de la maison pour celui des jardins, créant des “capteurs de lumière” qui enrichissent le monde végétal. Ce sont, d’abord, des jardinières et des cache-pots, enrobés d’un émail monochrome jaune ou vert anisé,  puis des engrenages et des fleurs. Les formes s’épurent, gagnent en force, les stries et perforations devenant les seuls décors s’articulant autour des pleins et des vides, pour l’accroche de la lumière.

Lisons ce qu’a écrit Karine Lacquemant, conservatrice en charge des arts appliqués : « Mado Jolain vibre de son humilité mais aussi de sa rigueur et de son exigence ».

Catalogue : Ed. « Snoeck »/2024/96 pages : 20€.

*** « Anouk Desury, les Poings ouverts », jusqu’au dimanche 29 septembre :

« La photographie est pour moi une manière de mieux comprendre le monde qui m’entoure. Très attachée à témoigner des histoires et des combats personnels, j’ai cette volonté forte de mettre en lumière ceux à qui on laisse trop peu la parole. C’est l’attachement au territoire de Roubaix et à chacune des personnes que je rencontre qui guide ma photographie », écrivit Anouk Desury

Jeune photographe de 28 ans, Anouk Desury découvrit la Ville de Roubaix pendant se études en photographie.  Passionnée, elle complèta sa formation à Carcassonne, où elle obtint son diplôme universitaire en « Photographie Documentaire ». Revenue s’installer à Roubaix, sa ville « de cœur et d’adoption », elle s’attache aux gens, avec, pour toile de fond, ce territoire si singulier qu’est l’ancienne capitale textile, son travail s’inscrivant dans la lignée des photographes humanistes.

Plusieurs sujets vont capter son attention. En 2017, la photographe entame un travail de mémoire auprès des habitants d’un quartier populaire, en cours de rénovation, sujet qu’elle exposa plusieurs fois dans la cité roubaisienne. Elle poursuivit cette quête du quotidien en s’attachant à suivre, pendant deux ans, le combat d’une  famille d’immigrés venue guérir un père, ancien champion de boxe, devenu hémiplégique.

En 2020, lorsque la crise sanitaire éclata, Anouk Desury capta, avec empathie, la pandémie, à l’échelle du territoire  roubaisien, mais aussi au « CHU », à Lille. Ce reportage fit l’objet d’un ouvrage « Une Evidence, malgré tout »,  publié par l’agence photographique et maison d’édition « Light Motiv ».

Egalement, avec le concours de « Light Motiv », ainsi qu’avec l’association « SOLFA » (« Solidarité Femmes Accueil »), à Lille, en 2023, Anouk Desury porta un regard bienveillant sur les parcours de six femmes, victimes de violences. Ses photos saisies sur le vif sont publiées sous forme de recueil d’images et de textes, écrits par Samira El Ayachi : « Ce Soir je prendrai Soin de moi », ouvrage qui  témoigne avec force d’une forme de résilience. 

Entretemps, en 2021, Anouk Desury bénéficia de la plus grande commande publique photographique, en Europe,  pour son reportage intime sur trois jeunes boxeurs (Aziz, Djamal & Moustapha) et une jeune boxeuse (Shaïna),  de  Roubaix, saisis dans leur environnement immédiat, leurs entrainements, mais aussi leur lieu de vie.

L’image en couleur est un outil et un moyen pour appréhender, au-delà du ring, les aspirations des jeunes boxeurs  et l’importance que revêt, pour eux, cette discipline rigoureuse. Cette complicité nouée avec ces jeunes sportifs où l’humain transparaît est, aujourd’hui, présentée à la « BNF » (« Bibliothèque Nationale de France »), dans son exposition « La France sous leurs Yeux ».

Ce projet, labellisé par « Paris 2024 », dans le cadre de l’ « Olympiade Culturelle », a permis la réalisation de cette exposition de 28 portraits de ces sportifs roubaisiens (présentée dans ses cabines du premier étage et dans la salle consacrée à l’Histoire de Roubaix), qui s’inscrivait dans la programmation de la troisième édition du « Festival URBX » (« Festival des Cultures urbaines »), qui fut organisé à Roubaix et dans la métropole lilloise, du mardi 11 jusqu’au dimanche 23 juin.

Ces photographies furent produites dans le cadre de la grande commande nationale « Radioscopie de la France : Regards sur un Pays traversé par la Crise sanitaire » financée par le Ministère de la Culture et pilotée par la  « BNF ».

- Nouvel espace du parcours permanent :

*** « L’Art dans Tout » :

© Photo : Alain Leprince/« La Piscine »

En 1902, l’influent critique d’art et directeur de « La Revue des Arts décoratifs », Victor Champier (1851 – 1929) prenait la direction de la toute nouvelle « Ecole Nationale d’Arts Industriels » (« ENAI », la future « ENSAIT » {« Ecole Nationale Supérieure des Arts & Industries Textiles »}), à Roubaix, contribuant à la constitution des collections, encore très limitées, du « Musée National de Roubaix », … à l’origine de « La Piscine ».

Depuis sa préfiguration, en 1990, dans l’ Hôtel-de-Ville roubaisien, puis dans son développement sur le site de « La Piscine », le « Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix » s’est efforcé de rester fidèle à ces convictions fondatrices.

Imaginée sur un modèle plus anglo-saxon que français, particulièrement bien illustré, à l’automne 2022, dans une importante et inédite exposition « William Morris », « La Piscine » multiplie, dans sa programmation, dans la présentation et l’enrichissement de ses fonds, ce jeu d’aller-et-retour entre ses collections décloisonnées : art décoratif, design, mode, peinture, sculpture, textile, …

Armoire créée avec la contribution d’A. Rodin & Bar d’A. Noll, sculpté dans une bille de hêtre © Photos : Alain Leprince/« La Piscine »

Accompagné d’un important soutien du « Cercle des Entreprises Mécènes » de « La Piscine », aidé par le Ministère de la Culture, via le « Fonds du Patrimoine » et par la Région Hauts-de-France, grâce au voyagiste français, fondé en 1949,« FRAM« , l’achat, en 2023, d’une exceptionnelle armoire-vitrine – en noyer massif, avec inclusions de marbre rouge – conçue par le dessinateur du modèle, Charles Olinger (1825-1876), fabriquée par l’ébéniste Mathias Ginsbach (1854-1947), exécutée par Ernest-Eugène Hiolle (1834 – 1886), avec une contribution remarquable d’Auguste Rodin (1840 – 1917), est un nouveau signe fort d’affirmation de cette singularité dans le paysage muséal français.

C’est pour affirmer cet engagement que cet espace – fort bien scénographié par Cédric Guerlus, fondateur, en 2006, à Lille, de « Going Design » – est, désormais, dédié à la présentation d’éléments des collections roubaisiennes, relevant du principe des arts appliqués, en associant, à chaque exemple révélé, le nom d’un artiste relevant des beaux-arts à celui d’un artisan, d’un atelier ou d’une entreprise, connus pour leurs mises en œuvre de projets « utilitaires ».

Cette nouvelle séquence, dans le parcours offert par « La Piscine », est appelée à évoluer au gré de nouvelles acquisitions ou de restaurations, afin de préparer l’avènement d’un second agrandissement de ce musée, en lien avec le projet de quartier créatif initié par la Ville de Roubaix.

Cette ambition municipale, prévue autour du site du musée, tient à s’appuyer sur « La Piscine », comme étant porteuse d’un patrimoine et d’une tradition d’industriels textiles exceptionnels, à Roubaix, pour promouvoir un véritable mouvement de rayonnement, résolument contemporain et solidaire, dans la belle utopie de mettre de « L’Art dans Tout ».

… Et tous nos remerciements et nos félicitations, lui souhaitant une heureuse retraite, bien méritée, à Bruno Gaudichon, l’homme qui a eu l’excellente idée de proposer à la Ville de Roubaix d’implanter son « Musée d’Art & d’Industrie André Diligent » au sein de l’ancienne piscine roubaisienne de la rue des Champs, créant ainsi un lieu de haute référence artistique, « La Piscine ».

Ouverture : du mardi au jeudi, de 11h à 18h, le vendredi, de 11h à 20h, le samedi & le dimanche, de 13h à 18h. Fermeture : le vendredi 01 novembre, ainsi que les mercredis 25 décembre 2024 & 01 janvier 2025. Prix d’entrée : 11€ (9€, en prix réduit / 0€, pour les moins de 18 ans, pour une personne porteuse d’un handicap et son accompagnant.e, ainsi que, pour tous, tous les vendredis, de 18h à 20h). Ouverture du restaurant-salon de thé « Meert » : du mardi au dimanche, de 12h à 17h30. Contacts : lapiscine.musee@ville-roubaix.fr & 00.33/3/20.69.23.60. Site web : http://www.roubaix-lapiscine.com.

« Palais des Beaux-Arts », à Lille :

*** « Monet à Vétheuil, les Saisons d’une Vie » :

Rappelons qu’au « Palais des Beaux-Arts », à Lille, grâce aux prêts du « Musée d’Orsay », nous pouvons découvrir une dernière exposition célébrant les 150 ans de l’impressionnisme : « Monet à Vétheuil, les Saisons d’une Vie »,  est accessible jusqu’au lundi 23 septembre.

Yves Calbert. 

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