Bilan des "Médiévales de la Citadelle", à Namur, et Carte blanche à Murielle Lecocq
« Le Moyen Âge est un monde merveilleux, c’est notre western, et en cela il répond à la demande croissante d’évasion et d’exotisme de nos contemporains », écrivit l’historien parisien Georges Duby (1919-1996).
Après quatre ans d’absence, en raison de la pandémie, ce Moyen Âge était bien présent en différents lieux de la Citadelle de Namur, entre l’esplanade, historiquement nommée « Stade des Jeux », et « Terra Nova », ayant régalé plus de 10.000 personnes, de tous âges, durant deux journées, de 11h à 20h, les samedi 02 et dimanche 03 juillet.
Cette édition des « Médiévales de la Citadelle », tant attendue, fut un réel succès, grâce aux 500 artistes et reconstitueurs, venus non seulement de notre pays, mais aussi des quatre coins de l’Europe. Tous furent hautement appréciés par un public multilingue, l’anglais, l’espagnol et le nérlandais étant entendus au sein de différents espaces, dont celui appelé « Le Bourg », où s’était dressé le village de reconstitutions, organisé par la « Compagnie de la Licorne », dont le siège se situe au sein de la Province de Namur, à Walcourt.
Si nous pouvions y découvrir comment l’on écrivait ou ce que l’on mangeait à l’époque, quelques reconstituteurs intéressèrent nombre de visiteurs en présentant, d’une manière à la fois didactique et originale, les différentes horribles tortures utilisées au Moyen-Âge, l’une d’elles, ayant encore été d’actualité au XXè siècle, en Espagne, sous les ordres d’un dictateur répondant au nom de Francisco Franco (1892-1975).
Plus réjouissant l’un des acteurs-reconstituteurs, à la barbe généreuse, nous apprit d’où venait l’expression« les bêtes à bon Dieu », nom vernaculaire donné à nos jolies petites coccinelles. Alors qu’un condamné à mort allait avoir la tête tranchée, à trois reprises le bourreau dût écarter une coccinelle, qui aimait se poser sur la nuque de cet homme, qui fut ainsi gracié par le Souverain, estimant que si, à trois reprises, une coccinelle avait empêché l’exécution, c’était un signe de Dieu, comme quoi il était innocent … Ce qui aurait été prouvé peu après, le vrai coupable ayant avoué son forfait …
… Pas d’exécution, heureusement, à Namur, au XXIè siècle, mais à une centaine de mètres de ce village reconstitué, nous trouvions une surface de sable, entourée de gradins, remplis à souhait par des spectateurs enthousiastes, venus assister à deux tournois équestres, donnés – en présence de Blanche de Namur (vers 1320-1363), née à Namur, étant devenue la Reine consort de Norvège (1335-1343)et de Suède (1335-1364), ainsi que de Gui de Dampierre (vers 1226-1305), Comte de Namur, de 1264 à 1305 -, par les companies françaises « Unicorn Legends » et « Les Centaures du Temps », l’un ou l’autre jongleur ou cracheur de feu assurant les intermèdes, certains cavaliers exécutant d’exceptionnelles prestations équestres, se couchant sur leur monture, ou mettant pied à terre, en plein galop, avant de se retrouver assis sur leur selle. Chapeau bas, messieurs !
« Etre heureux à cheval, c’est être entre ciel et terre, à une hauteur qui n’existe pas » , écrivit notre collègue de « France Inter » et du « Nouvel Oservateur », Jérôme Garcin (°Paris/1956).
A pied, revêtus d’armures, d’autres chevaliers, de l’association « Le Pas d’Armes », reconstituèrent des combats à pied, alors que la « Compagnie Scaramouche » reconstitua, au cours d’une comédie romantique, des échanges de cap et d’épée, qu’un acteur mythique – des films « Le Capitaine Fracasse » (Pierre Gaspard/1961), « Le Capitan » (André Hunebelle/1960) et « Le Miracle des Loups » (André Hunebelle/1961) -, Jean Marais (1913-1998), n’aurait pas désavoué.
Plus pacifiques, pour terminer les deux journées, à l’entrée du village du « Bourg », les membres des « Bateleurs de Saint-Jean » jonglèrent avec le feu, accompagné par les musiques médiévales de « Rhésus positif », une danseuse du ventre ajoutant une touche gracieuse à ce monde quelque peu machiste, propre au Moyen Âge.
D’autres sites étaient proposés, en contrebas du « Bourg », et à l’arrière tant de la « Parfumerie Delforge », que de l’ancienne caserne hollandaise de « Terra Nova ».
Parmi les compagnies et artistes qui animèrent ces lieux – intitulés « La Place de l’Art », « Le Parc à Chariotes », « Le Parc aux Senteurs » et « La Forêt de Brocéliande ») -, notons la musicienne Marina Lys, « Féminor, le Conteur », « La Maisnie Hellequin », « Les Baladins de Meliador », « La Sembadelle », « Les Baladins de la Vallée d’Argent », « La Confrérie des Flammes », « La Fox Compagnie », ou encore« La Compagnie Aouta ».
Mais les « Médiévales de la Citadelle » ne sont pas uniquement synonyme d’action, voire de musique, ce sont aussi et avant tout des femmes et des hommes aux visages expressifs qui ne peuvent qu’attirer notre attention.
“Un portrait porte absence et présence, plaisir et déplaisir. La réalité exclut absence et déplaisir”, écrivit le philosophe auvergnat Blaise Pascal (1623-1662).
Outre la prise de tels portraits, les photographes s’en donnèrent à coeur joie, leurs clichés confrontant parfois deux époques, comme ces preux Chevaliers combattant en avant plan de trois cabines de téléphérique, assurément absentes au Moyen Âge …
… Et pour revivre un tel week-end immersif au coeur du Moyen Âge, Anne Barzin, échevine de la Citadelle et des Fêtes, Christine Laverdure, directrice du « CAC » (« Comité Animation Citadelle ») et toute son équipe nous fixent rendez-vous les samedi 06 et dimanche 07 juillet 2024.
“Le bonheur consiste sans doute à jongler efficacement avec les multiples réalités qui nous atteignent”, écrivit le romancier canadien Jean François Somain (Jean-François Somcynsky/1943-2011).
Yves Calbert, avec des citations recueillies par Murielle Lecocq.
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