Des crétins mal élevés

écrit par ReneDislaire
le 16/12/2017
"Cretin des Alpes" (type de l'Ariege)

Une petite ville touristique avec un groupe facebook local fermé, bien fourni par les souchiens et la diaspora.
Il ne s’y passe jamais rien à partir d’octobre.
Alors, quand par chance il y en a, on parle du vandalisme à qui mieux mieux.

Voici la saison des champignons des bois.
Ah ! 2017 ! Super : facebook fait la relation d’une light party dans la forêt ; enfin, la description des restes : cannettes sans doute, papiers et, forcément, des bougies ad hoc.
Aussitôt, il y a déferlement de commentaires sous l’annonce du délit perpétré, clame la vox populi , par "des jeunes".
Quatre ou cinq mots maximum, tant du who is who que des gens qui ne sont rien.

Le vocabulaire de certains à l’adresse de concitoyens inconnus, quel patrimoine !
À croire qu’à l’école on donne des cours de gros mots, et que les premiers de classe reçoivent un dictionnaire des insultes et injures.
« Nous font chier, il reste des places en prison, c’est des gros tas de merde, des minables, c’est des barakîs, encore des enculés, bande de trous du cul …».

Et que dit le plus sage peut-être d’entre tous ?
Pas loin de 80 ans, une brillante carrière professionnelle et politique, psychologue, pédagogue, visionnaire, irréprochable.
Ça tient en six mots : ce sont des crétins mal élevés.

Des crétins
Curieux ce terme, peut-être pas si soft dans la bouche d’un homme qui avait 10 ans dans les année 40.
Crétin, c’est un débile mental qui pousse dans les zones montagneuses éloignées de la mer. La pire insulte à l’école était « crétin des Alpes ». Qu’on ne pouvait pas dire, s’agissant d’handicapés, et que… l'on manquait tous d’iode.

Mal élevés
Élever un enfant, l’éduquer, est en général de la responsabilité des enseignants, éducateurs, et des parents (oublions les prêtres de jadis).
Quel est le parent ou le professeur qui pourrait se vanter, avec un certain recul, d’avoir été irréprochable dans l’éducation qu’il a donnée aux enfants sous sa responsabilité ?

Des vandales, des tas de merde ?
Et si, dans la bande de la light party, il y avait un fils de bonne famille (donc pas si mal élevé que ça), peut-être votre fils à vous, le fils d’un notable, l’infirmier irréprochable qui vous fera une piqûre à la clinique demain, un employé modèle d’un service public, qui fêtait joyeusement avec quelques copains le retour de Maastricht de l’un des leurs ?
Et si dans la bande il y avait un Roméo de mauvaise et une Juliette de bonne famille, laquelle encourrait la pire sanction de ses parents au courant d’une rencontre clandestine ?
Et que ce petit groupe, paniqué, ait déguerpi surpris par l’arrivée d’une voiture, peut-être d’un garde, ou simplement d’un couple qui cherchait un endroit tranquille où passer quelque bon moment ?
Et que la fuite était le prix, pour ces « jeunes », de laisser intact l’honneur familial, le vôtre peut-être ?
Dans ce cas, le terme de vandalisme est-il approprié ? Ainsi que l’affirmation péremptoire de crétins mal élevés ?

S’il existe en tout homme un cochon qui sommeille, pourquoi pas aussi un barakî ?

René Dislaire © Houffalize, le 16 décembre 2017
(À partir d’un fait réel)

Présentation. Des restes d’un repas dans les bois. On crie au vandalisme. C’est la surenchère des insultes. En prison les barakîs…

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