Apprendre à écrire
Problèmes d’écriture chez les enfants : un état des lieux
Près d’1 enfant sur 3 connaît des problèmes d’écriture
Apprendre à écrire – un phénomène moteur complexe
L’écriture est un important moyen de communication. L’enfant qui n’est pas à même de produire une écriture lisible voit ses possibilités de communication sérieusement entravées, tant à l’école que dans la vie sociale, et plus tard en société. Avoir une écriture fluide est indispensable pour pouvoir bien travailler à l’école, surtout aux étapes supérieures (enseignement secondaire, supérieur ou universitaire), où l’enfant prend lui-même note pendant les cours.
Malgré le développement croissant en matière d’automatisation et de communication, l’écriture reste une habileté primordiale/cruciale dans notre vie. Alors que nous vivons à l’ère de l’informatique et du multimédia, nous nous demandons parfois s’il est encore bien nécessaire d’écrire. Que nous le voulions ou pas, l’écriture ne pourra jamais être complètement bannie. Il faudra toujours écrire, que ce soit pour un mémo, une lettre de candidature, une liste de courses, une lettre d’amour ou un poème. Mais l’écriture est une aptitude essentielle lorsqu’il s’agit d’étudier, et de surtout mémoriser.
On entend souvent dans les médias que les enfants bougent moins, qu’ils regardent trop la télévision ou restent trop longtemps assis devant leur ordinateur. Il est donc de notoriété publique que nos enfants pratiquent moins de mouvements. La motricité d’un enfant ne se développe pas seulement avec le mûrissement (âge) et il est nécessaire de pratiquer des exercices en suffisance. Force est de constater également que l’on dessine et bricole moins qu’auparavant à la maison. Souvent, cela est attribué au manque de temps, lorsque les deux parents travaillent à temps plein. Les écoles elles-mêmes travaillent plus qu’avant avec des formulaires pré imprimés, ce qui entraîne comme conséquence que les enfants doivent moins écrire qu’avant. Dès lors, est-il encore si étonnant que nos enfants rencontrent de plus en plus souvent des problèmes d’écriture ?
L’écriture n’est pas vraiment définie de façon univoque et, tant dans la littérature que dans la pratique, chacun (parents, enseignants et thérapeutes) y va de sa propre conception de l’écriture. Un enseignant insistera avant tout sur la reproduction sans fautes de la langue, alors qu’un thérapeute de la psychomotricité envisagera le plus souvent l’aspect moteur de l’écriture, à savoir le processus d’écriture. Les parents, quant à eux, observent plutôt comment leurs enfants écrivent, s’ils ont une belle écriture ou pas, s’ils écrivent lisiblement ou s’il y a des fautes.
Une chose est sûre, c’est que les adultes ne s’attardent pas suffisamment sur les difficultés de l’apprentissage de l’écriture. Apprendre à écrire est une étape cruciale pour laquelle toute nouveauté est synonyme de difficulté. Voilà pourquoi il est indispensable d’accompagner correctement les enfants tout au long du processus et de prendre au sérieux la complexité de cet apprentissage.
Méthodologie
En tant que fabriquant de matériel d’écriture et de bricolage de qualité, Pelikan a voulu obtenir un meilleur aperçu de la situation actuelle en Belgique. A l’issue de nombreux échanges dans le secteur, des questions et des remarques sont régulièrement survenues sur les problèmes rencontrés lors de l’apprentissage de l’écriture. Jusqu’à présent, peu d’études scientifiques ont été réalisées sur les problèmes liés à l’écriture, d’où la décision de Pelikan de prendre les choses en main et de mettre sur pied sa propre étude.
A travers les sites d’information et de sensibilisation , www.ikleerschrijven.be et www.japprendsaecrire.be, Pelikan a organisé une table ronde sur la motricité fine et l’apprentissage de l’écriture, à laquelle étaient conviés les instituteurs de la maternelle et du fondamental, les coordinateurs de soins, les thérapeutes et les parents. L’étude s’est déroulée sur une période de 6 mois et a permis d’obtenir des informations portant sur 38 635 enfants de Bruxelles, de Flandres et de Wallonie. Afin de préserver l’objectivité des résultats, les enfants bénéficiant d’un accompagnement thérapeutique pour des problèmes d’écriture n’ont pas été comptabilisés.
L’intérêt de cette étude
Les conclusions les plus déconcertantes que cette étude a permis de tirer sont les suivantes : 1 enfant sur 3 rencontre des problèmes, légers ou graves, lors de l’apprentissage de l’écriture et pas moins d’1 enfant sur 10 connaît de graves problèmes d’écriture.
Ces chiffres sont alarmants car les problèmes d’écriture que rencontrent ces enfants ont souvent une influence sur leur développement émotionnel. Les enfants perdent confiance et leur attitude face au travail et à l’étude régresse : ils ont beau faire tout leur possible, ils ne réussissent pas à satisfaire aux exigences pointues, ils se démotivent et perdent le plaisir d’apprendre à écrire. Ils commenceront par chercher des subterfuges pour éviter tel ou tel exercice et, dans les cas extrêmes, ils voudront simplement ne plus aller à l’école. Lorsqu’ils passent dans l’enseignement secondaire, le rythme est encore plus soutenu et ils ne peuvent pratiquement plus suivre. Ils accumulent dès lors un sérieux retard. Les enfants souffrant de problèmes graphomoteurs sont souvent, et injustement, décrits comme paresseux et négligents : « Il ne fait pas de son mieux », « Il est simplement un peu en retard sur les autres », etc. La peur de l’échec est également un problème récurrent chez les enfants.
L’étude a clairement montré que les problèmes d’écriture sont à l’origine d’autres problèmes, qui, à terme, ont des répercussions négatives sur le développement de l’enfant : douleurs à la main, au bras, à l’épaule lorsqu’ils écrivent. L’enfant ne parvient pas à suivre le rythme de la prise de notes pendant la leçon et certaines parties de la matière ne sont pas notées ; il risque de développer une écriture illisible qui rend impossible l’étude des notes en période d’examen et aboutit inévitablement à de mauvais résultats scolaires. La peur de l’échec, les comportements perturbateurs en classe, le manque de confiance par rapport aux élèves qui ont une belle écriture régulière, un complexe d’infériorité, un comportement difficile à la maison comme à l’école sont autant de problèmes découlant de la problématique qui nous occupe.
Leo C., papa du petit Dries (9 ans) nous explique : « Avant, Dries était un enfant très sociable. Il recevait beaucoup d’invitations pour aller à des petites fêtes organisées par ses amis. C’était un enfant drôle et joueur. Maintenant, il éprouve visiblement plus de difficultés à nouer contact. Souvent, il ne se sent pas bien et adopte un comportement difficile. Il se plaint bien plus qu’avant, il s’éveille de mauvaise humeur le matin, il dit souvent qu’il se sent malheureux, il se dispute aussi plus souvent avec ses petits frères. Nous allons suivre ça de très près. »
Un fait est certain : ces problèmes d’écriture ne disparaîtront pas d’eux-mêmes. Loin de là: l’enquête révèle que 58% des thérapeutes affirment avoir assisté, au cours des dernières années, à une croissance de la problématique. Marijke T. (Ursel), enseignante, constate aussi une augmentation des problèmes graphomoteurs. “Peut-être est-ce une conséquence de la société actuelle? Combien d’enfants aujourd’hui peuvent encore faire du bricolage à la maison, du découpage ou enfiler des perles ? Pour de nombreux parents, la télévision et l’ordinateur sont un bon moyen de les occuper et, en plus, ils ne doivent même pas ranger après” explique-t-elle. De même, Ingrid VdH, travaillant depuis 30 ans dans l’enseignement et actuellement éducatrice en 1ère, 2ème et 3ème années d’apprentissage du programme pour l’égalité des chances en éducation , est formelle : “Les enfants ont en effet de plus en plus de problèmes avec l’écriture. Ils écrivent avec un mauvais matériel, tant qu’ils le trouvent amusant. Les parents sont de moins en moins conscients du fait qu’ils doivent prêter attention à la motricité fine de leurs enfants. J’ai aussi l’impression que dans certaines écoles, on y accorde moins attention. De nombreux enfants arrivent chez nous avec une mauvaise préhension. Avant, tous les petits étaient capables d’écrire leur nom en lettres majuscules. Aujourd’hui, c’est de moins en moins le cas. Plusieurs enfants n’ont aucune prévalence avérée. Parfois, il faut même encore mettre les points sur les i en ce qui concerne grande motricité ! Il existe aussi des problèmes quant à la coordination main-œil.”
“Il est fortement conseillé de faire plus d’exercices mais ce qui importe c’est la manière. Il n’est pas question de faire recopier plus de texte, et certainement pas par des enfants qui ont des problèmes d’écriture. Ce qu’il faut c’est revenir bien en arrière (3) et de reprendre les exercices préparatoires. La grande motricité et la coordination sont également plus faibles chez les enfants, et cela se traduit par des conséquences sur l’écriture. Le processus d’écriture ne se limite pas à la motricité fine, mais va bien au-delà. Il y a aussi des répercussions sur le bien-être de l’enfant et sur la façon dont il se tient dans la cour de récréation, pendant les cours de gym, au club de sport,” ajoute le graphothérapeute Marc Litière.
Grâce à cette étude, Pelikan veut sensibiliser tant les parents que le personnel enseignant aux problèmes qui peuvent survenir lors de l’apprentissage de l’écriture et les conséquences qui peuvent en découler. Il arrive d’ailleurs souvent que ces problèmes ne soient pas identifiés, ou alors trop tard, et qu’ils entraînent d’autres problèmes. Il est donc aussi très important d’intervenir rapidement.
À quel âge les problèmes apparaissent-ils ?
Les éducateurs interrogés affirment que 60 % des problèmes d’écriture apparaissent chez les enfants de 4 à 8 ans. Un quart des problèmes de cette tranche d’âges surviennent entre 6 et 7 ans, soit pendant la première année d’apprentissage.
Étrangement, les thérapeutes interrogés indiquent que 36% des enfants en thérapie ont plus de 8 ans, ce qui laisse entendre que la gravité des problèmes d'écriture est décelée relativement tard et que tous les parents ne sollicitent pas immédiatement de l’aide.
Dès le plus jeune âge, on peut déjà parfois voir qu’un élève montre des signes de faiblesse par rapport à ses camarades de classe dans des activités faisant appel à la grande motricité, la motricité fine mais aussi pour le dessin et le coloriage. Les chiffres le confirment : 7% des enfants qui suivent un traitement chez un thérapeute, ont à peine 4 à 5 ans et 11% de 5 à 6 ans. Il s’agit de la petite enfance, d’enfants qui n’ont pas encore commencé à écrire.
Plus tôt un soupçon de retard apparaît, plus tôt on peut y remédier. Plus l’enfant est âgé, plus il est difficile de désapprendre les habitudes acquises.
D’après Sylvie Tramasure, les garçons sont plus sujets que les filles à rencontrer des problèmes d'écriture. “J’accompagne pour l’instant 28 garçons et 2 filles. Ca nous fait une proportion de 90% contre 10%”, explique-t-elle.
Aurélien D. a 12 ans et entamera cette année, la deuxième secondaire. “Mes problèmes d’écriture sont apparus alors que j’étais en quatrième primaire. J’ai remarqué que j’écrivais beaucoup plus lentement que les autres en classe. Je me sentais vraiment mal à l’aise. Mes résultats scolaires ont chuté parce que je ne parvenais pas à relire mes notes. J’étais gêné de participer aux travaux de groupe, de peur que mes copains de classe ne se moquent de mon écriture et qu'ils pensent que j'étais bête. Finalement, je n'avais vraiment plus envie d'écrire donc je n'écrivais plus. Toutes ces années, je me suis senti mal et frustré. Je suis convaincu que j’aurais pu obtenir de meilleurs résultats si mes problèmes d’écriture avaient résolus plus tôt,” explique Aurélien. Fin juin, il a commencé une graphothérapie auprès de Sylvie Tramasure, soit quatre ans après que les premiers signes se soient manifestés. Il a fait des exercices pendant tout l’été et son écriture est maintenant beaucoup plus fluide. Écrire n’est plus une corvée pour lui, il y reprend même goût. Il espère ne plus rencontrer de problèmes à l’avenir.
Nancy C. nous raconte une histoire semblable. “Mon fils Lorenzo a 13 ans et entre cette année en deuxième secondaire. Les premiers problèmes se sont manifestés lorsqu’il se trouvait en quatrième primaire : la qualité de l’écriture s'est détériorée, il y apportait peu de soin et les fautes d'orthographe se multipliaient. En cinquième et en sixième, les problèmes se sont aggravés, au point qu'à la longue, Lorenzo ne prenait même plus la peine de remplir son journal de classe. En tant que parent, je n’ai plus pu suivre son travail scolaire. Parfois, il le faisait remplir son journal de classe par ses camarades. En première secondaire, lorsque le rythme de l’écriture s’est accéléré, la situation s’est encore empirée. Quand j’ai voulu aider Lorenzo pour ses examens en juin dernier, j’ai remarqué que des parties entières de ses livres d'écoles et d’exercices n’étaient tout simplement pas complétées. Les parties qui avaient été remplies semblaient parfaitement illisibles. Lui-même ne pouvait plus relire sa propre écriture,” affirme Nancy C. “Au vu de cette expérience, j’ai commencé aussi à tenir à l’œil mon fils de neuf ans, Matteo. Il commence maintenant sa quatrième année primaire. J’ai remarqué chez lui aussi une diminution de la qualité de l’écriture : il tient mal son stylo en main, qui est totalement penchée. Mes deux fils sont actuellement accompagnés par Sylvie Tramasure.”
Madame Remacle avait déjà remarqué, lorsqu’il était à la maternelle, que son fils de sept ans, Akira, tenait mal ses feutres. « Akira ne mettait pas bien ses doigts autour des marqueurs et il appuyait beaucoup dessus. En première année, quand il a appris à écrire, il se plaignait de fatigue et de crampes. Son écriture était de plus en plus laide. Il a aussi commencé à écrire de plus en plus grand. À la longue, il était complètement démotivé et ne voulait plus écrire, » témoigne Madame Remacle. Après un mois et demi de thérapie, Akira écrit de nouveau avec fluidité.
Ces trois témoignages démontrent que les problèmes d’écriture ne naissent pas du jour au lendemain. Il y a une évolution qui détériore l'écriture. La plupart du temps, il s'écoule plusieurs mois, voire plusieurs années, entre l'apparition des premiers problèmes et la thérapie au bout du compte.
Pourquoi faut-il parfois longtemps avant que les parents n’emmènent leurs enfants voir un thérapeute ?
Deux raisons à cela : d'une part, la question des problèmes d'écriture est beaucoup trop méconnue. D’une part, il faut parfois longtemps avant que le problème d'écriture ne soit identifié et, d'autre part, les parents savent rarement vers qui se tourner pour demander de l'aide.
« Les professeurs m’avaient informée sur les problèmes d’écriture d’Akira mais n’avaient pas offert d’aide supplémentaire. Ils avaient relégué le problème au second plan et ils m’avaient dit que « ça se rétablirait tout seul », qu'il « avait simplement besoin de plus de temps que les autres » et que « ça s’améliorerait quand il aurait 8 ou 9 ans ». Pour eux, c’était comme si de rien n’était. Pendant un an j’ai cherché le bon thérapeute. C’est une autre mère, dont l’enfant a également rencontré des problèmes d’écriture, qui m’a donné les coordonnées de Sylvie Tramasure. Si je ne l’avais pas connue, je serais probablement toujours en train de chercher de l’aide », explique Madame Remacle.
“Lorenzo est un enfant dissipé. Il se laisse facilement distraire. Au départ, nous pensions qu'il était trop lent pour envisager un haut niveau de scolarité. Je pense que de nombreux parents font la même erreur et croient, à tort, que leur enfant est « lent ». Les enseignants ne m’ont été d’aucun conseil. La seule chose qu’ils ont fait c’est noter sur ses devoirs ou ses interros « attention à l’écriture ». Il est ressorti clairement des entretiens avec les professeurs qu'une écriture soignée n’était pas une priorité. Un professeur m’a même répondu « Madame, si nous devons enlever des points pour une laide écriture ou pour les fautes d’orthographe, alors pratiquement plus aucun élève ne réussit». Je trouve cette situation particulièrement alarmante. Il existe une certaine nonchalance sur ce sujet dans la région de Mons-Borinage. L’école n’accorde plus d’attention à l’écriture et à l’orthographe. Le niveau des jeunes a considérablement chuté au cours des dernières années. Avec l'avènement de l'ordinateur et du traitement de texte, on pratique encore moins l'écriture. Je suis persuadée que mon fils aurait pu récolter de meilleurs résultats si le problème avait été solutionné plus tôt. En premier lieu, je me suis adressée à un thérapeute de Tournai spécialisé en psychomotricité, mais elle ne semblait pas corriger la mauvaise prise en main. Finalement, j’ai cherché moi-même de l’aide sur Internet et je suis tombée sur le site de Sylvie Tramasure, » explique Nancy C. « C’est vraiment dommage qu'il y ait si peu de spécialistes qui traitent les problèmes d’écriture, parce que la demande est élevée.”
Sylvie Tramasure confirme cette information : « Il existe en effet très peu de graphothérapeutes. Je pense qu’il doit y en avoir une quinzaine en tout pour Bruxelles et la Wallonie. C’est très peu. La première formation en graphothérapie a été organisée en 1998, et la première promotion a été diplômée en 2000. Tout d’abord, il faut étudier la graphologie, puis la graphothérapie. Lorsque je me suis lancée en tant que graphothérapeute en 2000, j’avais très peu d'élèves. Depuis lors, je suis surchargée. Certains élèves en accompagnement habitent même à la frontière française, pour la simple raison qu’il n’y a aucun spécialiste dans la région. En huit années, j’ai traité plus de 400 élèves. Il est un fait que la profession est méconnue, tout comme les problèmes d’écriture sont fortement mésestimés. Les parents se rendent souvent compte qu’il y a un problème, mais ils ne savent pas vers qui se tourner. Des neurologues ou des enseignants envoient parfois des enfants mais, au cours des dernières années, c’est principalement grâce au bouche à oreille que les parents trouvent leur chemin jusqu’à chez moi. Il arrive souvent que les parents fassent un détour : il est déjà arrivé à plusieurs reprises que les parents aient consulté un logopède. J’ai même déjà entendu que certains logopèdes laissent les enfants écrire pendant une heure et demie sans même les aiguiller ou les corriger. C’est naturellement impensable. Un logopède travaille sur le langage alors qu’un graphothérapeute travaille l’écriture. Ce sont deux choses totalement différentes, qui requièrent une toute autre formation et une toute autre approche. »
Christine B. a travaillé pendant 10 ans en tant que logopède avant de se reconvertir dans l'enseignement. « De nombreux logopèdes prennent à cœur de traiter les problèmes d’écriture mais, personnellement, je trouve que ce n’est pas à eux qu’il appartient de le faire. »
Le petit Dries C. de 9 ans était d’abord passé par un logopède, avant d’atterrir chez le graphothérapeute Marc Litière. « Il y a un an, la dyslexie a été diagnostiquée chez notre fils » explique le père, Leo C.. “Dries était en retard pour la lecture et, concernant l’écriture, il avait des problèmes d’orientation. Il éprouvait des difficultés à distinguer la droite de la gauche, il confondait les lettres b et d, il inversait 36 et 63 par exemple. Nous avons consulté une logopède pendant un an. Elle nous a encouragés à pousser plus loin l’examen des problèmes d’écriture. Nous nous sommes arrangés avec l’école et nous avons reçu un très bon encadrement de la maîtresse de Dries. Finalement, il y a cinq mois, nous avons consulté Marc Litière, auprès de qui Dries bénéficie d’un soutien de graphomotricité deux fois par semaine. »
Deux mains gauches ?
Tout le monde connaît l’expression « Avoir deux mains gauches », qui signifie être exceptionnellement maladroit. Il n’y a pas si longtemps de ça, on obligeait les gauchers à écrire de la main droite. Heureusement, ces préjugés font partie du passé : l’étude révèle que pas moins de 15 % des enfants sont gauchers.
La prévalence se manifeste chez de nombreux enfants à un des premiers stades de développement moteur chez l’enfant, mais il est possible qu’une certaine instabilité subsiste jusqu’à 6 ou 7 ans. Il est donc crucial de surveiller quelle main l’enfant préfère utiliser, avant même d'entamer l'apprentissage de l'écriture. Cela peut se faire en observant, par exemple, avec quelle main l'enfant prend spontanément un objet.
Un gaucher a l’air maladroit car il doit souvent utiliser des instruments conçus pour être utilisés par des droitiers. La main gauche est le reflet de la main droite dans un miroir. En d’autres termes, les articles pour gauchers doivent être le reflet pur et simple des articles pour droitiers. Ainsi, une paire de ciseaux pour gauchers, par exemple, s’adapte à la main gauche, offre une préhension confortable et un contrôle de la paire de ciseaux, avec la tension adéquate et une bonne vue des ciseaux pendant le découpage. Un instrument d’écriture pédagogique avec un profil de préhension spécial doit également être adapté à la main gauche. Sur un stylo à plume par exemple, la pointe de la plume doit être taillée de l'autre côté.
Souvent, les gauchers semblent avoir une écriture moins précise et moins nette. Cela n’est pas une question de maladresse mais plutôt une question d’encadrement inadéquat lors de l’apprentissage.
« Ce n’est pas la main gauche qui pose problème chez l’enfant ! Le problème vient souvent du fait que l’enfant ne reçoit pas les bonnes instructions. Il ne suffit pas de permettre à l'enfant gaucher d'écrire de la main gauche pour qu’il écrive. Il faut vraiment qu’il en acquiert l’apprentissage, qu’il soit encadré. Différents facteurs entrent ici en jeu. En cas de doute, l’enfant doit toujours être dirigé vers de nouveaux examens et l’observation ne suffit pas. Dans ce cas, il devient nécessaire d’effectuer des examens permettant de déterminer la prévalence, l’orientation et l’habileté,” explique Marc Litière.
Comme expliqué ci-dessus, la main gauche est l’image spéculaire de la main droite. La position correcte d’un droitier pour écrire, peut être décrite comme suit :
- la feuille est tournée à env. 20° vers la gauche ;
- la main libre maintient la feuille de papier en place ;
- la main qui écrit se trouve sous la ligne d’écriture et la pointe du crayon sur la ligne ;
- les lettres penchent vers la droite du fait du mouvement de charnière effectué par le poignet.
Les gauchers se plaignent souvent de balayer l’encre lorsqu’ils écrivent. Pour éviter cela, ils adoptent toutes sortes de positions fatigantes. La position d’écriture d’un gaucher ne doit pas pour autant être plus compliquée que celle d’un droitier :
- la feuille est tournée à env. 20° vers la droite
- la main libre maintient la feuille de papier en place
- la main qui écrit se trouve sous la ligne d’écriture et la pointe du crayon sur la ligne
- les lettres penchent vers la gauche du fait du mouvement de charnière effectué par le poignet
La seule difficulté qui ne puisse être évitée, c’est qu’un gaucher écrira plus facilement de la droite vers la gauche. Cette contrainte est d’ordre culturel.
Pour les enfants gauchers qui apprennent à écrire, il est donc crucial qu’ils bénéficient de l’encadrement idéal dès le départ afin qu’ils adoptent la position d’écriture correcte. En plus, il convient toujours de le faire asseoir sur la gauche du pupitre, de sorte qu’il ne se heurte pas à son voisin droitier. Idéalement, les feuilles d’exercices devraient être aussi adaptées : l’exemple doit être situé sur le côté droit de la page afin de la main qui écrit ne le couvre pas. Pour la facilité, on peut indiquer un point de départ du côté gauche de la feuille de manière à lui montrer qu’il doit commencer à gauche et écrire vers la droite. Enfin, il est également important que l’enfant gaucher s’assoit aussi près que possible de la fenêtre. Ainsi, il profite d’une lumière optimale et l’ombre du bras et de la main est aussi petite que possible.
Il est communément répandu que les gauchers sont souvent plus créatifs. “La main gauche est en effet reliée à l’hémisphère droit du cerveau, qui intervient pour la créativité,” explique le graphothérapeute Marc Litière. Pensez-vous aussi que Léonard De Vinci était aussi maladroit ?
Quels sont les problèmes les plus récurrents ?
Tant les parents, que les éducateurs, les enseignants et les thérapeutes signalent les problèmes suivants : écriture spéculaire, très lente, très petite, tendue et crispée, taille et orientation des lettres irrégulières, illisibilité, mauvaise préhension, manque de concentration, distraction, peur de l’échec, difficultés d’apprentissage, etc.
L’étude révèle que les 5 des problèmes d’écriture les plus souvent mentionnés par les enseignants, les parents et les enfants sont :
1. Position tendue ou crispée pour écrire
2. Mauvaise préhension
3. Irrégularité de la taille des lettres
4. Écriture très lente
5. Problèmes de concentration
Il est possible de remédier à bon nombre de ces problèmes en apprenant une bonne prise en main, une bonne position et en disposant la feuille de papier correctement.
La « bonne prise main » doit :
- Permettre d’exécuter un mouvement d’écriture souple et fluide, et avec très peu d’effort
- Permettre d’exécuter les trois mouvements partiels(1) qui constituent l’écriture.
Il n’existe qu’une seule prise en main qui répond correctement à ces deux conditions : la prise tripode.
On peut naturellement saisir le stylo d’une autre façon pour écrire mais ce n’est tout simplement pas la meilleure manière, ni la plus rapide. On peut comparer cela aux techniques sportives. On peut toujours frapper dans un ballon de football avec les orteils mais ce n’est pas la meilleure technique et les résultats ne sont pas optimaux non plus.
L’instrument d’écriture repose sur la première phalange du majeur et est soutenu par la partie latérale du pouce. L’index se dépose en toute légèreté, un peu recourbé sur l’instrument. Le majeur et l’annulaire sont accolés à l’auriculaire, l’annulaire et l’auriculaire forment un support dynamique pour les mouvements de flexion et d’extension des trois autres doigts. La répartition du soutien sur les points superposés est ici l’élément essentiel garantissant une bonne intégration des trois mouvements partiels de l’écriture.
De nombreux enseignants travaillant dans l’enseignement fondamental reconnaissent l’importance de la prise tripode. Selon toute vraisemblance, il semble que ce soit pourtant le problème le plus récurrent.
Le plus gros problème semble venir des mauvaises habitudes : à la maternelle, on ne prête aucune attention à la manière dont l'enfant prend le stylo en main. De ce fait, avant même que l'apprentissage de l’écriture ne débute, l’enfant prend de mauvaises habitudes et, il est beaucoup plus difficile de désapprendre une mauvaise habitude que d’en inculquer une bonne dès le départ. À cet effet, de nombreux enseignants plaident pour que dès la première maternelle, on veille à ce que l'enfant adopte une préhension correcte. Ceci dit, avant même que les enfants n'aillent à l'école, les parents, les grands-parents et la crèche peuvent jouer un rôle crucial.
Marc Litière s’insurge : « Je ne suis absolument pas d’accord avec l'idée selon laquelle la prise en main du crayon doit être inculquée dès la première maternelle, ni même que les parents, les grands-parents et la crèche doivent y faire attention avant la scolarisation de l’enfant. C’est tout à fait faux et cela va même à l’encontre du développement normal de la proximo-distale (2) et pour lequel la prise en pince et la taille des mains jouent un rôle. La prise en main non, mais on peut stimuler, dès le plus jeune âge, l’intérêt que l’enfant porte au papier et au crayon (dessin, coloriage). »
Quelques réactions spontanées des participants :
« Enseignant : la préhension est le problème le plus récurrent à l’école. Selon moi, on peut attribuer cela au fait que les enfants ne reçoivent aucune instruction quant à la bonne manière de prendre en main un crayon ou un feutre. On devrait déjà leur apprendre, dès le jardin d’enfants, comment saisir correctement le crayon et leur faire faire des exercices. Les parents doivent également être informés sur la bonne préhension, à l’aide d’une brochure, par exemple. »
« Enseignant : la préhension est très importante pour l’écriture mais l’expérience m’a appris qu’il était encore plus difficile de rectifier le tir en première année primaire. C’est pourquoi il est important d’y accorder suffisamment d’attention dès la maternelle. Dès que possible. Je pense même que la première maternelle est déjà déterminante (suite à l’expérience avec mes propres enfants). Donc, le matériel pédagogique d’écriture et de dessin pour les petits enfants est très important. »
« Enseignant : Les parents, eux-mêmes, n’écrivent pas toujours correctement au regard de la position, de la préhension, du matériel, de la formation des lettres... Eux-mêmes ne sont parfois pas conscients de l’importance que revêt l’écriture et pas seulement pour la forme, la position, etc., mais aussi le fait d'avoir une bonne orthographe ainsi que le soin apporté à un devoir. »
Combien d’enfants rencontrent des problèmes d’écriture ?
L’étude révèle que près d’1 enfant sur 3 rencontre des problèmes d’écriture. C’est énorme.
Plus d’1 enfant sur 10 souffre même de graves problèmes d’écriture, qui à leur tour mènent à d’autres problèmes.
En y regardant de plus près, les résultats s’expriment comme suit : 71 % des enfants ne rencontrent aucun problème d’écriture, 18 % connaissent de légers problèmes et 11 % se trouvent confrontés à de graves problèmes.
« Nous avions perçu qu’il existait des problèmes quant à l'apprentissage de l'écriture, mais nous ne nous attendions pas à ce que ces problèmes touchent autant de milliers d'enfants" réagit Sven Vergauwen, Managing Director de Pelikan Belgique. “Ce sont précisément ces chiffres alarmants qui nous ont poussés, en tant qu’entreprise, à partager ces informations avec autant de personnes que possible, de manière à sensibiliser toutes les parties impliquées à cette problématique. »
“Cela revient à dire que 7 à 10 enfants par classe sont concernés. On parle ainsi facilement de 2 à 3 enfants par classe qui souffrent de graves problèmes. Ceux-ci doivent, en fait, être renvoyés vers des examens approfondis afin qu’un diagnostic puisse établir quelles sont précisément les causes de ces problèmes d’écriture. C’est énorme,” déclare Marc Litière, graphothérapeute.
Sylvie Tramasure, graphothérapeute, ne s’étonne pas de ces chiffres : « Cela fait huit ans déjà que je suis confrontée aux problèmes d’écriture. Selon moi, il n'y a pas d'augmentation, mais les parents cernent le problème plus rapidement qu’avant. Je remarque que de nombreux parents discutent entre eux. J’ai aussi l’impression que la nouvelle génération de parents suit mieux le processus d’apprentissage. » Sylvie s’interroge sur le temps que consacre l’école au processus d’écriture: « J’ai le sentiment que les enseignants n’apprennent plus aux enfants à écrire. Souvent, les enfants doivent simplement recopier ce qui est inscrit au tableau, sans encadrement supplémentaire. Apprendre à écrire n'est purement et simplement plus une priorité. Certains parents qui viennent en thérapie avec leurs enfants me racontent que ceux-ci, en première primaire, n’ont pas encore rempli un demi-cahier d’écriture, et ce sur toute l’année scolaire. Comment est-ce possible, sachant que l'écriture est surtout une question de répétition et d'exercice ? »
Judith L. est chef de formation pour l’enseignement fondamental à la Erasmushogeschool de Bruxelles. Elle se charge entre autres du planning, de la coordination des stages, le contenu de la formation des enseignants de l’enseignement fondamental et enseigne elle-même en deuxième et troisième année. « Je ne suis absolument pas surprise de ces résultats, que du contraire. Par ma fonction, je suis régulièrement en contact avec les écoles et je reçois beaucoup d'informations sur le processus d'écriture. Pour moi, le principal problème est évident : la cadence dans les écoles est bien trop élevée, tant pour la lecture que l'écriture. Les enseignants avancent très vite. On voit la classe comme un groupe et on oublie souvent qu’elle est constituée d’enfants individuels, qui apprennent chacun à leur rythme. En première primaire, une leçon dure 25 minutes. C’est sur ce court laps de temps que l’on explique comment on doit écrire. La maîtresse écrit une lettre au tableau et les enfants la redessinent dans l’air. Ensuite, ils écrivent la lettre dans leur cahier. L’étape du cahier survient beaucoup trop tôt. Les enfants devraient pouvoir d'abord prendre une grande feuille et avoir la possibilité de regarder attentivement plusieurs fois avant d'essayer d'écrire : premièrement, en grand, puis en petit dans le cahier. Est-ce que cela signifie pour autant qu'un enfant ne peut apprendre à écrire en 25 minutes ? Lorsque je dois évaluer des stages, je remarque à chaque fois que les enfants doivent écrire trop vite dans leur cahier. Les enfants n’ont simplement pas la chance de traiter l'information et de l'exercer. Lors de leur formation, les stagiaires apprennent une méthode d’écriture correcte. Dans la pratique, il arrive souvent que les enseignants titulaires de la classe dans laquelle ils font leur stage ne leur laissent pas l’occasion d’adapter la méthode d’écriture. Il leur est conseillé de ne pas y consacrer « beaucoup de temps ». Les apprentis enseignants, vu leur position de stagiaire, ne parviennent pas à s’imposer. Ils essaient de compenser cet état de choses en accordant davantage d'attention individuelle aux enfants, tout en essayant de respecter le système scolaire existant. Le passage de la visualisation à l’acte se fait beaucoup trop rapidement. Il est donc logique qu'autant d'enfants rencontrent des problèmes d'écriture. Il ne peut pas en être autrement. Cela m'étonne tout aussi peu que des enfants plus âgés présentent également des problèmes. En troisième, quatrième et cinquième années, ils n'écrivent que trop peu. Il y a beaucoup trop peu d'exercices. Il y a beaucoup trop de feuilles préremplies. Avant, on écrivait beaucoup plus qu'aujourd'hui. L'écriture est et reste une question d'exercice. En plus, il existe aussi une fausse croyance selon laquelle il n'est pas encore besoin de différencier les élèves pendant la première année. De nombreux enseignants pensent que la différenciation est encore inutile à ce stade car les enfants « sont tous débutants ». Cela n’est pas juste car les différences entre les élèves de première année sont déjà grandes et on n’en tient pas assez compte. Une chose qui m’exaspère, par exemple, ce sont les enseignants qui obligent les élèves à aller écrire au tableau. C'est encore beaucoup plus difficile que d'écrire dans un cahier. Il est vraiment irresponsable de leur part de laisser un enfant écrire au tableau. Cela ne leur apprend rien, bien au contraire. Je remarque souvent aussi que les enseignants se montrent très répressifs. Ils soulignent en rouge dans les exercices lorsque l’écriture n’est pas assez belle. C’est vraiment démotivant pour l'enfant. Il n'a pas l'occasion d'intégrer l'information et de pratiquer, et lorsqu'il fait de son mieux pour écrire quelque chose malgré tout dans son cahier, il est puni par une ligne rouge. »
Ces chiffres sont d’autant plus alarmants que 93% des enseignants/éducateurs affirment qu’ils sont toujours/la plupart du temps attentifs au processus d’écriture. De même, 82 % des parents interrogés déclarent être toujours/la plupart du temps attentifs au développement de l'écriture chez leur enfant. À la lumière de ces chiffres, comment est-il possible que, tant les parents que les enseignants, se déclarent aussi soucieux de l'écriture et que des problèmes soient cependant constatés chez autant d’enfants ?
Hilde B., mère de quatre enfants, donne sa vision des choses. « Il n’est pas suffisant que les enseignants expliquent aux enfants de première année, en début d’année scolaire, comment bien écrire. Les enseignants doivent assurer le suivi des élèves tout au long de l’année et ce, aussi dans les années ultérieures. Je constate, par exemple, que ma fille de neuf ans ne tient pas correctement son stylo en main. Lorsqu’elle fait ses devoirs à la maison, je lui fais la remarque et elle me répond « Oui mais la maîtresse ne dit pas ça ». En tant que parent, il est très difficile de rectifier le tir soi-même à la maison lorsque le professeur n’insiste pas fréquemment sur la bonne prise en main auprès de l’enfant. À ce très jeune âge, la maîtresse est une sainte. La bonne préhension doit devenir un automatisme. L'école est la première source d'informations et se doit de favoriser une prise en main correcte. Je trouve que ce serait une bonne idée d’indiquer une évaluation supplémentaire, un message sur le rapport d’écriture, par exemple. Chez les enfants qui font leurs devoirs à la garderie, lorsque les deux parents travaillent à l’extérieur, il n'est pas possible de corriger la préhension. C'est pourquoi, il revient en premier lieu à l'école d'inculquer la préhension correcte. Et les devoirs à la maison doivent en assurer la continuation. Avant, ma fille se plaignait régulièrement d'avoir mal à la main. Après que son professeur l’a convaincue de faire plus attention à la façon dont elle prenait son stylo en main, l'écriture de ma fille est devenue plus nette et plus belle, et les douleurs à la main ont disparu. »
Le graphothérapeute Marc Litière poursuit les remarques de Hilde B. « Je me pose une question sérieuse : 93% des enseignants affirment être toujours/la plupart de temps attentifs au processus d’écriture. Cela ne colle pas vraiment à ce que nous constatons dans la réalité. La question à se poser ici est : Que signifie « faire attention »? Expliquent-ils une fois comment faire ou le répètent-ils tout au long de l'année ? Affichent-ils des pictogrammes clairs ? Y a-t-il des régressions(3), des exercices spécifiques sont-ils prévus ? Des outils d’aide sont-ils utilisés ? Si oui, ceux-ci sont-ils adaptés et correctement utilisés ? 30 à 40% des adultes, et même des enseignants, adoptent une mauvaise préhension !”
L’intérêt d’un instrument d’écriture pédagogique
Plusieurs éléments sont déterminants dans le processus d’écriture : la disposition de la feuille, la position pour écrire mais c'est surtout la préhension qui joue un rôle important.
Par conséquent, le choix d’un instrument d’écriture pédagogique responsable est essentiel. Un instrument d’écriture pédagogique responsable stimule la prise tripode. « Il est clair comme de l’eau de roche qu'il est essentiel d'avoir un bon instrument d’écriture. On n’apprend pas à écrire avec n’importe quoi » confirme Sylvie Tramasure. “J’ai chez moi des dizaines d’instruments d’écriture différents que j’utilise pour mes séances. L’enfant peut tout essayer et finit par travailler avec tel crayon ou tel stylo qui lui convient le mieux, de sorte qu'apprendre à écrire reste une activité plaisante. Je fais attention à ce que les instruments d’écriture favorisent la prise tripode, voire qu’ils l’imposent, pour que les enfants aient toujours les trois supports.”
“Nous devons tenir compte des différents facteurs qui interviennent dans le choix de l'instrument d’écriture : le stylo à bille est bon marché et rapidement remplaçable, le stylo à plume confère une certaine promotion sociale, écrire avec un crayon est souvent considéré comme primitif et, aux yeux de nombreuses personnes, il est destiné aux petits enfants peu expérimentés car on peut toujours gommer vu les nombreuses fautes qui peuvent être faites » ajoute Marc Litière.
95% des thérapeutes interrogés, 89% des enseignants et 84% des parents déclarent toujours/souvent accorder de l’importance à l’instrument d’écriture que l’enfant utilise pour faire les exercices (préparatoires). 90 % des enseignants ajoutent que l’instrument d’écriture utilisé est de qualité pédagogique.
On retrouve toutefois le stylo à bille en 2ème ou 3ème position dans le top 3 des instruments les plus utilisés pour les trois groupes. Le stylo à bille n’est pas un instrument d’écriture pédagogique pour la simple raison que la pointe est constituée d'une bille. Cette bille roule et tourne pendant l’écriture, et ne suscite pas la constance de l’écriture chez l'enfant. En outre, le stylo à bille n’a pratiquement aucune résistance sur le papier et, par conséquent, l’enfant ne peut pas sentir ce qu’il écrit.
Le choix de l’instrument d’écriture constitue un aspect important de l’apprentissage de l’écriture car chaque phase du processus réclame une approche différente. Pour cela, il est important que, durant les premières phases par exemple, l’enfant utilise un crayon à mine ou un crayon de cire. Ceux-ci opposent une bonne résistance au papier et assurent que l’enfant grave pour ainsi dire les mouvements dans sa mémoire. Une fois les mouvements acquis, on peut passer à une technique d'écriture plus fluide, par exemple à l'aide d'un feutre qui favorise une écriture régulière et fluide. Ensuite, l’enfant peut passer au stylo à plume pour une écriture constante et personnelle. Ce qui importe c'est que le profil de l'instrument pousse l'enfant à toujours adopter la prise tripode. Ainsi, à la fin du processus d'apprentissage, la prise tripode est devenue spontanée.
Outre le choix de l’instrument, la qualité joue aussi un rôle important. Les instruments de mauvaise qualité peuvent rapidement gêner les scripteurs en herbe. Pensez simplement à la mine de crayon qui se casse continuellement ou à la pointe du stylo à plume qui crisse ou qui coule sur le papier…
Lorsque les enfants peuvent choisir eux-mêmes leur instrument d’écriture, ils se laissent facilement attirer par les produits de marque qui disposent, rarement ou jamais, de qualités pédagogiques et ne répondent en aucun cas à ce dont les enfants ont besoin pour commencer à écrire. « Le look d’un stylo est en effet très important aux yeux d’un enfant. Il doit être flashy et attrayant. Plus il y a de couleurs et de dessins, mieux c’est » confirme Sylvie Tramasure. « Un chouette stylo motive l’enfant à écrire, et un enfant motivé fera toujours de son mieux pour bien écrire. Toutefois, le plus important reste la prise tripode. C’est aussi pourquoi je travaille volontiers avec griffix : ces quatre instruments d’écriture sont destinés à des âges différents, ils sont pédagogiquement responsables et, pour couronner le tout, ils ont l'air chouette. »
« Mon fils Matteo a besoin de son instrument griffix, » témoigne Nancy C. “L’aspect sympathique des stylos motive Matteo à écrire. Grâce à griffix, l’écriture est devenue un jeu pour lui. Sans griffix, nous aurions dû, mon mari et moi, garder Matteo continuellement à l’œil, pour s’assurer qu’il tienne correctement son stylo. Grâce à la prise tripode ergonomique de griffix, Matteo ne peut que prendre son stylo correctement en main. »
Le système d’apprentissage de l’écriture griffix ® est le premier concept global qui accompagne la progression de l’apprentissage depuis le début et tout au long de quatre phases successives. Lors de la première phase, l’enfant apprend à tenir correctement le crayon de cire et à contrôler la pression sur le papier. Il a été spécialement conçu pour apprendre aux droitiers, comme aux gauchers, la bonne prise dès le départ. À un très jeune âge, les enfants n’ont pas toujours de préférence quant à la main à utiliser, et ils peuvent essayer de tenir le crayon de cire dans les deux mains. Le crayon à mine est utilisé au début de la scolarité et entame le processus d'apprentissage de l'écriture à proprement parler. À cet âge, l’enfant a déjà une main de préférence. Un élément dont griffix ® a tenu compte en proposant une version pour les droitiers et une pour les gauchers. En guise de préparation à l’utilisation du stylo à plume, griffix ® propose une troisième étape au cours de laquelle l’enfant acquiert un mouvement d'écriture fluide à l'aide d'un stylo à encre. Le niveau supérieur de l’apprentissage est l’écriture avec un stylo à plume et permet à l’enfant de développer un style d’écriture fixe et personnel. Le crayon de cire, le crayon à mine, le stylo à encre et le stylo à plume disposent tous de la prise tripode unique.
Une histoire semblable se répète chez Madame R.: “Akira ne veut écrire qu'avec ses stylos griffix®. Il ne veut plus rien d’autre, c’est bien simple. Il utilise griffix® non seulement pour écrire mais aussi pour colorier. Puisque les instruments griffix® sont amusants, Akira considère l'écriture comme un jeu. Il regarde attentivement les visages qui sont sur le stylo griffix®: lorsqu’un visage souriant apparaît, il sait qu’il tient le stylo correctement et ça le motive à continuer. Grâce à griffix®, Akira est bien plus attentif lorsqu'il écrit. Avant, il s’escrimait vraiment à écrire, cela lui demandait beaucoup d’efforts. Maintenant, il écrit sans problème une page entière, et avec le sourire. Même mon mari s’est acheté un set griffix® pour lui ! »
Dans le cadre de la gratuité de l’enseignement fondamental flamand, une inquiétude a vu le jour auprès de certains enseignants : la tendance à l’achat collectif de fournitures, de préférence, meilleures marché et de moindre qualité. À ce sujet, reportez-vous à l’article de P & B, édition de septembre 2008, auquel des informations complémentaires ont été annexées. Vous trouverez déjà ci-dessous quelques réactions spontanées d'enseignants :
« Dans la mesure où l’enseignement doit être gratuit et que nous ne pouvons pas demander aux parents d’acheter du matériel, les écoles achètent souvent du matériel « bon marché ». Donc la leçon faite quant à « la belle écriture élémentaire » tourne un peu court. »
« De nombreux enfants utilisent des fournitures qui sont « à la mode » ou qu'ils ont vus dans des publicités. Ce genre de matériel n’est pas spécialement conçu pour améliorer la motricité de l'écriture. »
« Les médias influencent souvent les achats de matériel scolaire. Plus c'est coloré, plus ça attire l’œil, mieux ça se vend. L’aspect commercial est souvent bien plus important que l’aspect pédagogique. »
Hilde B. estime que « l'enseignement gratuit » est une notion toute relative : « le fait de recevoir gratuitement des fournitures scolaires sonne bien et je soutiens tout à fait l'idée de garantir à tous les enfants les mêmes chances et de ne pas leur faire porter un lourd cartable. Mais, en fait, les enfants ont aussi besoin de matériel à la maison et tout le monde sait comment ça se passe avec les enfants : ils perdent tout, ou il manque toujours quelque chose. Donc, je ne crois pas tant que ça en l’enseignement gratuit. »
Els B., titulaire de classe en première primaire depuis 1997, affirme que l'aspect financier est un facteur non négligeable. « L’acquisition de fournitures scolaires relève de la comptabilité et de la direction de l’école. J’utilise toujours les instruments d’écriture qui ont été commandés avant ma désignation. Le prix est prioritaire. Selon moi, il faut chercher l'origine de la mauvaise préhension récurrente dans le fait que certains instruments n'indiquent pas clairement où placer les doigts. Certains instruments sont trop lourds. Pour d'autres, la pointe n'est pas rigide et elle peut être facilement pliée. Les enfants utilisent ce stylo jusqu'à ce que l'encre commence à couler, » explique Els B.
À quel point les parents et les enseignants/éducateurs en sont-ils (in)conscients ?
Le moment est venu pour les parents et les enseignants/éducateurs d’évaluer eux-mêmes leur connaissance de la motricité fine et de la motricité d’écriture ainsi que leur conscience des problèmes d’écriture.
63 % des parents estiment que leur connaissance de la motricité fine et de la motricité de l’écriture est de raisonnable à très approfondie. Un tiers admet que cette connaissance est neutre, voire nulle. Il s’agit d’un groupe considérable de personnes qui, par conséquent, ne seront pas à même d’évaluer correctement les problèmes d’écriture de leur(s) enfant(s). 3 % des parents estiment qu'il est inutile de connaître la motricité d’écriture.
Les parents semblent se surestimer aux dires du corps enseignant : en effet, 70 % des enseignants et éducateurs pensent que les parents d’enfants souffrant de problèmes d’écriture ne sont pas suffisamment conscients desdits problèmes. En d'autres termes, plus d'un tiers des parents pensent en savoir plus qu’assez à propos des problèmes de leurs enfants, alors que les professeurs pensent le contraire.
On constate souvent le manque d'intérêt chez les parents pour les problèmes d'écriture de leurs enfants. « Les parents sont informés et impliqués lorsque des problèmes se manifestent, mais j’ai l’impression que la plupart des parents n'y accordent pas d'importance, » raconte Marijke T., enseignante en deuxième primaire. « De nombreux collègues ne prennent pas la peine d'informer les parents sur les problèmes d’écriture car ils réagissent à peine. Le renvoi ne se fait que vers un Centre d’encadrement pour élèves. De ce que je sais, personne dans l'école ne dispose des coordonnées d'un graphothérapeute ou d'un graphologue. »
Cela fait 23 ans que Lisbeth D. est maîtresse à l’école maternelle. « Mon rôle consiste à préparer les enfants à entrer en première primaire, à travers des petits jeux de motricité et d'exercices d'écriture. Je constate souvent une mauvaise préhension et, l’an dernier, j’ai remarqué que la motricité fine chez les enfants était faible et imprécise. Selon moi, cela est principalement dû à l'attitude des enfants. Certains s’investissent mais d’autres estiment que c’est inutile, ça marche comme ça. Dans notre école, nous disposons des moyens suffisants pour pouvoir acheter tout ce dont nous avons besoin et nous accordons beaucoup d’importance à ce facteur. Souvent j’entends les parents demander « Pourquoi au juste ? ». À chaque contact avec les parents, je les informe quant à l’évolution de leur(s) enfant(s), mais tous les parents ne sont pas ouverts aux commentaires. Il faut leur donner des renseignements clairs, donner des exemples précis pour leur expliquer pourquoi il est indispensable d'acquérir une préhension correcte et pourquoi l’écriture doit être belle. Par exemple : bien colorier est important pour apprendre à compter. Dans un livre, les enfants doivent colorier des petits blocs et ensuite les compter ; et si ce n'est pas juste, ils doivent recompter à l'envers. J'ai l'impression que l'explication devient trop compliquée pour les parents, » explique Lisbeth D. « Je suis pour les brochures explicatives à l’attention des parents, des brochures qui expliquent la problématique d’une manière simple, avec de nombreuses illustrations et des exemples. »
« La plupart des parents que je rencontre à travers ma fonction de coordinatrice de soins se mettent dans une position d’attente. Certains réagissent directement et recourent à des examens complémentaires ou consultent un kinésiste. Les réactions diffèrent, » raconte Christine B.
« Lorsque des problèmes d’écriture se manifestent, nous en informons toujours les parents. Certains réagissent avec fatalisme et d’autres prennent directement le train en marche. Si nécessaire, les parents sont orientés. Nous disposons d’adresses dans notre programme de soins et nous cherchons toujours, de concert avec les parents, l'aide la plus adaptée, » déclare Ingrid VdH, coordinatrice de soins. « Les enfants qui bénéficient d’un encadrement supplémentaire évoluent sans aucun doute, mais un certain nombre d'enfants doivent chaque année, après les grandes vacances, suivre à nouveau un accompagnement complémentaire, pas toujours de la même durée. L'encadrement dont les enfants bénéficient à la maison de la part de leurs parents est vraiment très important. Il est vraiment difficile de déshabituer les enfants qui entrent en deuxième primaire avec une mauvaise préhension, même à l’aide d’un matériel d’écriture adapté. Le délai pour développer une écriture correcte est étroitement lié à l'enfant et dépend également de nombreux facteurs, dont principalement le soutien des parents. »
« Le problème avec les parents est, et reste (surtout pour les questions d’ordre scolaire), qu'on ne peut uniquement toucher que les parents intéressés. Souvent, les parents d'enfants à problèmes ne viennent pas à l'école ou ne sont pas ouverts à la discussion. Dans notre école, nous disposons d’un enseignant qui s’occupe à plein-temps de toutes sortes de problèmes d’écriture, qu’il s’agisse d’orthographe ou de motricité. Les parents sont avertis lorsque leur enfant assiste aux leçons spéciales de développement de l’écriture avec cette enseignante. Encore aucun parent ne s’est montré récalcitrant à ce propos, » raconte Els B.
82 % des enseignants/éducateurs déclarent avoir une connaissance raisonnable à très approfondie de la motricité fine et de la motricité d'écriture. Il est préoccupant que près d’un cinquième des enseignants avouent n’en avoir aucune connaissance ! Comment peuvent-ils inculquer aux enfants une bonne position et une bonne préhension s'ils n'ont aucune connaissance en la matière ?
Marijke T. enseigne depuis 1983 en deuxième primaire. « Je suis moi-même enseignante et je ne crois pas sincèrement que tous les enseignants qui prétendent prêter beaucoup d'attention au processus d'écriture, le font réellement dans la pratique. Dans notre école, par exemple, il y a deux institutrices en première année primaire. L’une d’elles est très attentive au processus d’écriture, alors que l’autre, pas du tout. Ma collègue de la seconde classe de deuxième année, n’y accorde pas plus d'attention. Cela se remarque immédiatement lorsqu’on doit faire un remplacement dans l’autre classe. Lorsque vous dites à un élève qu’il tient mal son stylo, que vous lui demandez si sa maîtresse ne lui a pas dit, et que la réponse est non, il ne faut pas chercher plus loin. Le problème c’est que cela arrive fréquemment. Si on n'y prête aucune attention pendant la première année primaire, il est difficile de rectifier la préhension en deuxième année, » témoigne Marijke T. « D’après moi, il y a encore beaucoup de pain sur la planche , même à la maternelle. L'institutrice de la troisième maternelle a une mauvaise prise en main et certains enfants l'imitent simplement. Les directeurs doivent, selon moi, s’assurer que tous les enseignants font suffisamment attention à une préhension adéquate. »
Plus de deux-tiers des parents estiment qu'on doit faire plus attention au processus d’écriture dans les écoles. Autrement dit, aujourd'hui, les parents ont l’impression qu’on y accorde trop peu d’attention. Les thérapeutes vont encore plus loin et tirent la sonnette d’alarme : presqu’à l’unanimité (92%), ils estiment que les écoles doivent accorder davantage d’attention au processus d’écriture.
Ensuite, 70% des thérapeutes sont d’avis que les parents d’enfant(s) à problèmes d'écriture ne sont pas suffisamment conscients de ceux-ci. Ce résultat correspond au chiffre obtenu chez les enseignants. On peut donc en déduire qu’effectivement les parents mésestiment la gravité des problèmes d’écriture. Voici quelques réactions spontanées :
Enseignant : « Les parents laissent très souvent leur enfant adopter une mauvaise position, simplement parce que c'est plus facile. Lorsque vous leur en parlez, en tant qu’enseignant, ils trouvent la plupart du temps que c’est tout à fait inutile ! »
Enseignant : « La plupart du temps, les parents ne se rendent pas compte de l'intérêt d'un bon matériel d'écriture. »
Enseignant : « Les parents n’accordent pas ou pas suffisamment d'attention à la qualité du matériel d'écriture... tant que c'est beau.”
Enseignant : « Les parents attendent parfois tellement de leurs enfants qu'ils sautent une étape importante, ils veulent que leur enfant apprenne directement à écrire les chiffres et les lettres. L'étape préparatoire aux mouvements commence par le corps (grands mouvements), ensuite ces mouvements s'affinent. C’est TRÈS important et les enfants DOIVENT les avoir acquis correctement avant de prendre une feuille et pouvoir écrire !!”
80 % des thérapeutes estiment que les parents ne sont pas suffisamment au courant des solutions possibles aux problèmes d’écriture. D’après les thérapeutes, les enseignants sont mieux renseignés. Toutefois, 43% d'entre eux pensent que les enseignants ne sont pas suffisamment conscients des problèmes d'écriture et 62% pensent que les enseignants ne sont pas suffisamment au courant des solutions existantes pour contrer ces problèmes d’écriture.
Ci-dessous, quelques réactions spontanées qui sont survenues pendant l’enquête :
Thérapeute : « Avant tout, les enseignants ne sont pas assez conscients de l’influence du matériel utilisé sur le processus. »
Thérapeute : « Les enseignants devraient être mieux formés pour inculquer la motricité de l’écriture et détecter à temps les problèmes, encadrer les enfants et/ou les orienter. »
Enseignant : « Dans notre école, nous envoyons souvent des enfants consulter des kinésistes qui les font travailler de façon appropriée, en partant des mouvements de l’épaule pour arriver à une bonne préhension. Je remarque toutefois que l’on travaille souvent côte à côte : ils (les thérapeutes) conseillent parfois aux enseignants de très bons exercices qui permettent d'améliorer et pratiquer la motricité fine. Hélas, ce travail se fait complètement en parallèle (école / thérapeutes) »
Enseignant : « La sensation du papier est très importante. L'instrument d'écriture utilisé ne doit surtout pas glisser. C'est pour cela qu'on les fait écrire au crayon pendant les deux premières années et qu’on attend la troisième pour passer au stylo à plume. Cela donne de très bons résultats. Moi-même, j’ai donné cours pendant un an en première année et j’ai suivi un cours très approfondi sur la motricité de l'écriture avec Marc Litière. »
Enseignant/Logopède: « En tant qu'instituteur, on n'a qu'un trop léger aperçu du processus de développement de la latéralisation(4) et des problèmes qui surviennent lorsque ce processus ne se déroule par « normalement ». En tant que logopède et coordinateur de soins complémentaire, je constate qu’il est possible d’y contribuer en y travaillant de façon constructive dès l’école maternelle. Dès lors, la troisième maternelle est une année pivot. Notre école distribue une liste de matériel aux parents en indiquant notre préférence et quelques conseils pour le choix d’un bon matériel d’écriture. »
Marc Litière, graphothérapeute, nuance : « Ce n’est pas vrai que les enseignants ne sont pas suffisamment conscients des problèmes d’écriture mais ils s’y attardent trop peu, ils y consacrent trop peu de temps, ou encore, ils n’ont pas le temps ou l’expertise nécessaires pour ce faire. Leur formation est lacunaire en ce qui concerne la motricité de l’écriture et il n’existe absolument aucune uniformité (inter et intrascolaire).”
Ce qui est certain, c’est que de nombreux enseignants sont intéressés par un complément d’informations et de moyens. Ils ne se contentent pas de ce qu’ils savent déjà et sont constamment à la recherche d'informations complémentaires, de meilleure qualité, afin de pouvoir encadrer au mieux les élèves. 87 % des enseignants/ éducateurs trouvent que les informations reçues à l'école ne sont pas suffisantes mais aimeraient volontiers en savoir plus, et avoir davantage de moyens à leur disposition. Ca, Pelikan l’avait bien compris vu le succès récolté par le site www.japprendsaecrire.be et des milliers de demandes de sous-mains.
Thérapeute : « Nous pourrions améliorer les choses si nous, en tant que kinésithérapeutes et plus spécifiquement thérapeutes en psychomotricité, avions l’occasion de donner quelques leçons sur la bonne préhension, la position et les mouvements de l’écriture aux enseignants de 2ème et 3ème maternelle et de 1ère primaire. »
Didactique de l’écriture et formation pédagogique ?
Les enseignants n’y vont pas avec le dos de la cuillère lorsqu’ils parlent de la qualité de leur formation, en ce qui concerne l’écriture : 71% des enseignants/éducateurs interrogés estiment que les informations reçues pendant leur formation était neutre, voir nulle. La plupart des enseignants ont le sentiment qu'il leur manque beaucoup d’éléments en la matière.
Les thérapeutes insistent également sur une formation de meilleure qualité.
Thérapeute : « La didactique de l'écriture n'est pas suffisamment approfondie dans la formation de l'enseignement fondamental. Le processus doit céder la place à la rapidité. Il faut faire quelque chose de toute urgence pour y remédier. »
Thérapeute : “Je verrais d'un bon œil que les enseignants s'accrochent un peu moins à une méthode déterminée. Pour cela, il faudrait que leur formation s’attarde davantage à l’apprentissage de l’écriture. D’un point de vue thérapeutique, l’idéal est de rencontrer les enfants dès la maternelle et les enseignants doivent être à même de reconnaître les signaux.”
Sylvie Tramasure est également d’avis qu’il y a fort à faire sur le plan de la formation des enseignants. “J’ai vraiment l’impression que les enseignants doivent être encouragés à apprécier la motricité de l’écriture à sa juste valeur. Les enseignants doivent également être capables d’identifier les symptômes de problèmes d’écriture : un enfant qui écrit plus lentement que les autres, les efforts consentis par l’enfant ne sont pas en adéquation avec le résultat obtenu, les enfants qui refusent purement et simplement de continuer à écrire... Les enseignants doivent savoir comment ils doivent s’y prendre, ils doivent également tenir les parents mieux informés. Ils ne doivent pas non plus perdre de vue le facteur « motivation ». Écrire ne peut représenter une corvée pour les enfants. Ils apprennent plus vite lorsque l’apprentissage de l’écriture est perçu comme un jeu. Il est tout aussi important d'encourager les enfants. Chaque enfant reçoit-il le soutien nécessaire ? L’aspect psychologique ne doit pas non plus être sous-estimé : certains enfants développent un complexe d’infériorité lorsqu’ils ne savent pas écrire correctement. Cet élément doit aussi être mis en évidence lors de la formation. Le principal problème se situe, selon moi, au niveau de la formation. Les enseignants n’apprennent plus comment ils doivent enseigner l’écriture aux enfants. Ils doivent le découvrir par eux-mêmes, » déclare Sylvie Tramasure. « Il y a du pain sur la planche dans l’enseignement maternel aussi. Les institutrices doivent veiller davantage à ce que l’enfant tienne correctement un feutre ou un crayon de cire. Le jardin d’enfants jette les bases de l’apprentissage de l’écriture. Cette phase ne doit pas être sous-estimée.”
Judith Langenaeken nuance ces propos : “Pendant la deuxième année de formation d'enseignant, on étudie la motricité de l'écriture. Cette partie de la formation met en avant différents points, comme les avantages et les inconvénients de différents instruments d’écriture, le choix du matériel le mieux adapté, comment présenter au mieux l’écriture au tableau, comment disposer le plan de travail pour les droitiers et les gauchers, comment apprendre aux enfants à être correctement assis, comment bien disposer la feuille de papier, comment structurer une leçon d'écriture, etc. Ces sujets sont abordés au fur et à mesure et le paquet comprend au total 6 heures de cours. En outre, les candidats instituteurs exercent l'écriture à la maison et ils doivent réussir un examen d'écriture. »
Marijke T., institutrice en deuxième année, semble ne pas partager cet avis. « J’ai l’impression qu'on n'aborde plus du tout la motricité de l’écriture pendant la formation. Les stagiaires que j’ai reçus ces dernières années sont tombés des nues lorsque je leur ai dit qu’ils étaient des modèles aux yeux des enfants et qu'ils devaient donc adopter une préhension adéquate. Figurez-vous que la plupart des stagiaires ne connaissent même pas la bonne manière d’écrire des lettres, » réagit-elle avec déception. « Je ne sais pas combien de temps a été consacré à la motricité de l’écriture pendant ma formation mais je me souviens que chaque de leçon d’éducation plastique commençait par de la calligraphie au tableau ou entre deux lignes. Cela ne représentait qu’une petite partie de la leçon mais le fait de répéter les mouvements systématiquement m'a beaucoup apporté. »
Christine B. a travaillé pendant 10 ans comme logopède et s’est reconvertie à l’enseignement il y a de cela 5 ans. Cela fait maintenant deux ans qu’elle est coordinatrice de soins à mi-temps. “En tant que coordinatrice de soins, j’encourage les puéricultrices à inculquer la bonne préhension aux enfants et ce, dès la deuxième maternelle. Ensemble nous regardons les exercices préparatoires et élaborons les leçons plus en avant. En tant qu'institutrice de première année, il est de mon devoir de veiller à ce que les élèves adoptent une bonne position pour écrire, la bonne préhension, la disposition correcte de la feuille de papier, de leur inculquer la formation des chiffres et des lettres et, après un certain temps, l'assemblage des lettres et les signes de ponctuation. Je pense qu’en matière de formation, il faut surtout insister auprès des puéricultrices car c'est à elles qu'il appartient d'apprendre les bases de l'écriture. L’un dans l’autre, le programme d’écriture dans l’enseignement fondamental est plutôt bon et les enseignants de la première année sont, selon moi, suffisamment bien formés pour déceler les cas à problèmes et pouvoir les orienter correctement, » affirme Christine B. « Lors de ma formation en logopédie, j’ai suivi un cours de psychomotricité dont une partie portait sur la motricité de l’écriture. J’ai suivi ma formation d’enseignante via la Commission d’examen. Pendant l'examen, on vérifie surtout que l’écriture est claire, mais pas la disposition de la feuille, la préhension, ni la position pour écrire. »
« Ma formation a peu insisté sur le processus d'écriture. Naturellement, on attendait de nous que nos préparations de cours soient "parfaitement" écrites et que notre écriture au tableau soit adaptée à la méthode de l'école, » ajoute Ingrid VdH.
« Les enseignants devraient recevoir davantage d’informations et une meilleure formation. J'ai reçu très peu d’instructions sur le sujet. J'ai donc cherché moi-même à m’informer "explique Els B.. « Le temps consacré au processus d’écriture pendant ma formation était très limité. Nous avons eu quatre cours, soit le temps recommandé par Schneider pour s’exercer à écrire sur le tableau d’école et c’est tout. La position de la feuille, la position pour écrire, les exercices préparatoires et la gymnastique des doigts n'ont absolument pas été abordés ! Pendant l’examen, le professeur concerné était absent pour cause de « maladie »… »
D’après Marc Litière, graphothérapeute, il convient d’insister davantage pendant la formation sur l'orientation des élèves si des problèmes d'écriture apparaissent. « Les enseignants doivent orienter les enfants plus rapidement vers des examens complémentaires. » Il est essentiel de communiquer, de collaborer, de faire confiance et d’avoir un bon diagnostic. Il faut travailler davantage sur le processus que sur le résultat. Travailler à l’uniformité de la méthode d’écriture, du matériel, des explications et du processus et ce, à travers les années, et si possible entre les écoles. Une utopie ? Ensuite, il convient de diffuser davantage d’informations sur le bon matériel d’écriture et de développement, sur les méthodes, bonnes ou moins bonnes, sur les critères d'une belle écriture et les argumenter. On ne doit pas oublier l'élément le plus important de cette problématique : l’enfant, son bien-être et l’engagement. Ce n’est pas le plan d’apprentissage, ni la finalité, ni l’application de telle ou telle méthode mais bien l'enfant, qui se développe et se meut, qui nous dit ce que nous devons faire et comment nous devons le faire, » ajoute encore Marc Litière.
En revanche, il ne faut pas perdre de vue qu’un enseignant est tenu de s’adapter à la méthode d'écriture choisie par l’école. “Ce n’est pas l’instituteur qui choisit la méthode, mais l’école. Au sein d'une seule école, c'est la même méthode qui est appliquée à travers toutes les années. Il existe aujourd’hui différentes méthodes d’écriture simplifiées visant à apprendre aux enfants à écrire avec moins de boucle,” affirme Judith Langenaeken. “Dans la réalité, de nombreuses écoles restent accrochées à d’anciennes méthodes d’apprentissage avec des formes de lettre classiques. Ce sont surtout les lettres majuscules qui sont difficiles à apprendre dans cette méthode. Il me semble que certains enseignants et certaines écoles sont trop peu informés. D’autre part, le budget disponible pour l’achat de matériel est limité dans certaines écoles. On ne doit pas non plus oublier que, lorsqu’on change de méthode en première année, toute l’école doit passer à cette méthode car l'apprentissage de la première année se prolonge en deuxième, troisième années, etc. Les nouvelles méthodes simplifiées sont, selon moi, suffisamment bien élaborées. En principe, elles peuvent parfaitement être appliquées mais on constate parfois une certaine forme d'entêtement : certaines écoles ne veulent pas embarrasser outre-mesure leurs enseignants, refusent de leur donner du travail supplémentaire et ne réussissent pas à imposer le nouveau système d’écriture. D’un autre côté, certains enseignants refusent de faire des efforts pour abandonner la méthode à laquelle ils font confiance. Une chose est sûre : il n’existe aucune uniformité en Belgique, et ce n'est pas dû à la formation des enseignants mais à la structure de notre système d'enseignement. Il peut arriver, par exemple, qu'un instituteur ayant, pendant sa formation, étudié et pratiqué une écriture donnée et qu’il la maitrise à la perfection, doive adopter une nouvelle écriture ou un nouveau système après avoir été embauché dans une école. Cela requiert une capacité d’adaptation et nous ne pouvons pas aborder et pratiquer toutes les méthodes existantes dans notre formation. Le temps nous manque tout simplement.”
Rebondissant sur ces propos, nous laissons la parole à Ann Berteele des Éditions Zwijsen. « Nous avons mis au point la nouvelle méthode ‘ik pen!’ sur la base de la pratique en classe, précisément pour aider les débutants qui rencontrent des problèmes d’écriture. Ainsi, cette nouvelle méthode d’écriture repose, par exemple, sur l’utilisation de lettres distinctes, abandonnant toutes les boucles superflues, tant pour les minuscules que pour les majuscules. L’écriture est sobre mais soignée, ce qui lui permet de convenir aussi aux enfants présentant des faiblesses motrices. Il est important que la méthode respecte l’enfant et qu’elle invite, de façon ludique, les enfants à pratiquer la technique de l'écriture. Nous constatons que l'idée, selon laquelle il faut accorder davantage d’attention à l’enseignement de l’écriture, se répand, aussi dans les degrés supérieurs de l’enseignement fondamental. »
Le rôle des autorités compétentes
Les autorités compétentes peuvent largement contribuer à la problématique et aux solutions possibles.
« En premier lieu, il semble primordial que les autorités compétentes en la matière informent toutes les parties concernées, directement ou indirectement liées à l’apprentissage de l’écriture, sur les symptômes des problèmes d’écriture, les conséquences possibles et les solutions. Il est surtout important que les parents sachent vers qui se tourner en cas de problème. Les brochures destinées aux parents et aux enseignants/éducateurs constitueraient une possibilité, » déclare Sven Vergauwen.
« Le rôle des institutions est limité », estime Judith Langenaeken. « L’apprentissage de l’écriture est sérieusement ancré dans le programme d’apprentissage de l’enseignement fondamental mais il y est décrit de façon relativement vague. Chaque école peut choisir librement de la manière dont elle dispense l'enseignement, tant que l'objectif, apprendre à écrire, est atteint. Il m’est d’avis qu’il n’appartient pas aux autorités d'intervenir là-dessus. En outre, différentes méthodes d'apprentissage ont été développées par différentes sociétés et, en choisir une pour l’imposer à toutes les écoles, irait à l’encontre des règles de la libre concurrence. Je continue de penser qu’apprendre à écrire correctement aux enfants relève de la responsabilité individuelle des enseignants. »
« Je pense qu’il appartient aux institutions compétentes d’investir dans le perfectionnement des enseignants. Je pense aussi qu'elles doivent promouvoir l’achat d'instruments d'écriture de qualité, » affirme Marijke T., institutrice en deuxième primaire.
« Des mesures doivent être prises par les autorités compétentes afin de réduire le nombre d’élèves par classe, » affirme Lisbeth D. « Elles devraient imposer moins d’exigences et se pencher davantage sur les enfants. Pour moi, la solution aux problèmes d'écriture consiste à prendre du temps, laisser libre cours à la créativité, permettre l'expérimentation, et en un allègement de la pression émanant des objectifs de développement. Si nous avions de plus petites classes, nous aurions plus de temps à consacrer à chaque enfant et nous pourrions travailler plus précisément et prêter davantage attention aux problèmes. Nous ne devons pas pressuriser l’enfant à résoudre le problème mais adopter une approche ludique, ce qui est impossible actuellement. Avant, ce n'était pas possible non plus mais aujourd'hui les exigences sont autres et nous ne savons pas ce qu'il faut faire pour bien faire. Les autorités doivent aussi stimuler la concertation entre différents spécialistes et les écoles. »
“Je vois évidemment l’intérêt d’une brochure pour les institutrices, abordant les différentes aptitudes à développer au cours des phases de latéralisation et des phases préparatoires à l’écriture, avec des illustrations de différents exercices et instruments. Une brochure pour les institutrices de première année serait, selon moi, aussi utile, avec des informations relatives à un éventuel renvoi,” déclare Christine B.
« Les autorités compétentes ont certainement un rôle important à jouer dans cette problématique,” confirme Ingrid VdH. “Une meilleure formation des futurs enseignants est un must. Ensuite, les institutions compétences doivent établir un programme d’apprentissage simple et surtout univoque. Il faut également déterminer une méthode d’écriture unique qui sera utilisée dans toutes les écoles. »
“Les autorités devraient subventionner la formation continue. Un budget supplémentaire devrait également être alloué à l’achat de mobilier scolaire approprié, cela me paraît essentiel,” affirme Els B.
Christian Dupont, Ministre de l’Enseignement de la Communauté française, reconnaît l’importance de l'apprentissage de l'écriture et nous donne sa réaction :
« L’apprentissage de la lecture et de l’écriture sont des priorités pour le Ministre Christian Dupont et la Communauté française. Une problématique que la Communauté française prend à bras le corps. Une réunion est d’ailleurs prévue avant la rentrée scolaire avec différents partenaires concernés par l’apprentissage de l’écriture (inspecteurs et professeurs chargés de la formation de l’enseignant).
Ces deux compétences s’apprennent d’ailleurs en relation l’une avec l’autre. Le graphisme est une des composantes de l’apprentissage de l’écriture mais pas la seule.
La Communauté française a mis en place un système d’évaluation externe des compétences de l’écriture en 2ème et 5ème primaire et en 2ème secondaire. Des pistes sont ensuite proposées aux écoles pour améliorer leurs résultats. Il y a en outre un service d’inspection dans les écoles et un conseil pédagogique qui accompagne les écoles.
La Communauté française compte par ailleurs augmenter la gratuité dans les écoles : il faut savoir que plus la CF donne des moyens à une école, plus elle est exigeante au niveau de la gratuité.
Concernant la télévision et l’informatique, il y a certes une modification de comportement. Les PC et la télévision doivent être une source de progrès, mais certainement pas au détriment de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Quant au recours aux thérapeutes, le problème est la plupart du temps un problème de pédagogie et de didactique qui doit être traité au sein de l’école. La médicalisation doit être l’étape ultime (cas plus graves, …)
Il faut enfin souligner que dans l’apprentissage du geste graphique, il est important que l’élève utilise divers « outils » (bics, marqueurs, feutres, crayons, stylos, …).
L’élève doit acquérir une graphie socialement acceptable (c’est-à-dire qu’il doit écrire pour être compris). »
Conclusion
Les problèmes de graphie en Belgique sont plus graves qu'on ne le pensait au départ : près d'1 enfant sur 3 rencontre des problèmes d'écriture, et plus d'1 sur 10 connaît même de graves problèmes.
Différentes causes sont à l’origine de cette problématique, tant à domicile qu’à l’école, et s’étalent dans le temps. La problématique est complexe et présente de multiples facettes, aussi parce que l'apprentissage de l'écriture doit être suivi à l'école comme à la maison. Les enfants jouent et bricolent moins, ils ont des activités moins créatives et le développement de la motricité fine est en général sur le déclin. L'apparition de la télévision et de l'ordinateur ont certainement une influence sur cette tendance. Les parents ont moins de temps à consacrer à leurs enfants pour jouer ou bricoler. Le temps est de plus en plus une denrée rare pour suivre les devoirs, l'évolution de l'enfant et du processus d'écriture.
De nombreux parents (et enseignants) ne sont pas conscients des causes et des conséquences des problèmes d'écriture et sous-estiment les répercussions à long terme. Du côté des enseignants aussi, on peut mieux faire. Ils sont eux bien conscients de l’importance de l’apprentissage de l’écriture mais, souvent, ne disposent pas informations nécessaires, ni de l'expertise en la matière, ni des moyens, ni du temps pour apprendre aux enfants à écrire correctement. Ceci est valable tant pour la maternelle que pour le fondamental.
L'intérêt et la motivation pour une meilleure lutte contre les problèmes de graphie existent bel et bien. En maternelle, il est urgent d’accorder davantage d’importance à la motricité fine et à la bonne préhension. L’attention portée au processus d’écriture est fortement lié aux personnes, tant du côté des parents que de celui des enseignants. Trop peu d'attention est consacrée au processus d'écriture pendant la formation des enseignants. Même la formation continue en la matière semble inappropriée.
Il n’existe aucune uniformité concernant la méthode d’écriture à utiliser, chaque école agit à sa guide. Les méthodes les plus utilisées sont cependant les plus anciennes, les nouvelles méthodes étant lentes à s’imposer.
Les enseignants sont soumis à la pression du temps et le rythme d’apprentissage est très élevé. Les enfants n’ont ni le temps ni la chance de bien apprendre à écrire. Souvent, ils utilisent un mauvais matériel scolaire pendant l’apprentissage de la graphie; l’ignorance et le prix étant les principaux responsables. Les nouvelles mesures du Ministre Vandenbroucke, portant sur la gratuité de l’enseignement fondamental en Flandres, constitue un risque potentiel supplémentaire. Toutes les parties admettent qu’il y a un problème mais personne n’en prend la responsabilité. En outre, on accorde trop peu d’intérêt à un apprentissage correct de la graphie ; l’écriture est sous-évaluée.
Les problèmes les plus fréquents sont : une mauvaise préhension, une position tendue ou crispée pour écrire, l'irrégularité de la taille des lettres, la lenteur, des problèmes de concentration. Le matériel pédagogique responsable, qui stimule la prise tripode, permet de résoudre la plupart des problèmes d'écriture. L'intervention de graphothérapeutes peut aider à solutionner ces problèmes, mais la plupart des parents et des enseignants ne savent pas à qui s’adresser. Les parents wallons se sentent davantage abandonnés par l’école que les parents flamands. Il y existe trop peu de graphothérapeutes spécialisés. Tant les enseignants que les parents laissent entendre qu'ils veulent mieux collaborer. Les problèmes se manifestent davantage chez les garçons que chez les filles, et il faut souvent plusieurs mois, voire plusieurs années, pour que le problème soit décelé et traité.
Différentes solutions peuvent être apportées afin de limiter les problèmes d’écriture à l’avenir :
1) Une meilleure formation des enseignants
2) Une sensibilisation des parents et des enseignants, une meilleure canalisation des informations, notamment à propos des renvois, une meilleure collaboration entre les parents, les enseignants et les thérapeutes, et des informations plus correctes quant à l’apprentissage de l’écriture sont indispensables
3) L’implantation d’une méthode d’écriture uniforme et simple, la mise en œuvre d’une structure orientée sur le processus ; mais là se pose le problème de la « libre concurrence ».
4) L’utilisation de matériel d’écriture pédagogique stimulant la prise tripode
5) Favoriser une approche orientée enfants de la part des autorités (au lieu des programmes d’apprentissage et des objectifs finaux) et des écoles (celles-ci doivent oser remettre en question leur approche, et tous les enseignants doivent être mis sur un pied d'égalité)
6) Réponse rapide au besoin urgent d’exercices et de répétitions
7) Déceler à temps les problèmes d’écriture (diagnostic pour recours à la thérapie) et arrêter de repousser indéfiniment le problème !
Merci à toutes les personnes qui ont participé à cette enquête et s’investissent gracieusement pour une prise de conscience des problèmes d’écriture.