Réouverture du "Musée départemental Henri Matisse", au Cateau-Cambrésis

écrit par YvesCalbert
le 12/02/2025

Nous profitons de cet environnement reposant, en retrouvant le « Musée départemental Henri Matisse », réouvert depuis le vendredi 22 novembre 2024, après plus de 18 mois de fermeture, pour une rénovation des plus réussies  et un agrandissement de superficie de près de 1.000 mètres carrés, nous permettant de vivre une immersion totale dans l’univers du « maître de la couleur ».

Au Cateau-Cambrésis, dans le Nord, cette réouverture marque, également, un renouveau dans l’accueil des visiteurs : un espace modernisé, des ateliers interactifs, ainsi que des zones dédiées aux groupes, enrichissant notre expérience de tous, chaque visite devenant une exploration immersive du riche univers d’Henri Matisse (1869-1954), alliant art, émotion & pédagogie.

Ayant légué, en 1952, 82 de ses oeuvres à sa ville natale, cette dernière créa un premier « Musée Matisse », au sein de la « Salle des Mariages » de son Hôtel de Ville. Acheté, en 1872, par la municipalité, le « Palais Fénelon » – édifié à la fin du XVIIIè siècle, sous la conduite de l’architecte français Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813) – se mua, en 1982, en « Musée départemental Henri Matisse ».

A l’intérieur, soulignons l’existence d’une scénographie innovante, pensée pour révéler la diversité de l’œuvre d’Henri Matisse, trois salles étant, désormais, dédiées à ses techniques emblématiques, la gravure, les papiers découpés & la sculpture, une approche didactique nous permettant de nous plonger au cœur de sa création.

Issu d’une famille de tisserands, installée au Cateau-Cambrésis, une ville qui vécut pendant des années de l’industrie textile, le tissu ayant été, d’ailleurs, important dans l’œuvre de l’artiste, Sophie Le Flamanc, directrice adjointe de ce « Musée départemental Henri Matisse », nous ayant confié : « C’est vraiment un élément fondateur, Henri Matisse ayant, d’ailleurs, fréquenté une école d’arts appliqués au textile, à Saint-Quentin. C’’est donc à travers le textile qu’Henri Matisse vécut sa première approche vraiment sérieuse de l’art. »

« Au sein du musée, nous avons gardé son cabinet des dessins, dont il avait lui même déterminé l’accrochage et qui demeure être une salle presque sacrée. Il s’agit là d’un sanctuaire de l’art graphique, propre à cet artiste. En tout cas, notre intention était d’en préserver l’esprit ».

« Henri Matisse était un artiste complet et novateur. Du dessin à la mine de plomb au fusain, en passant par la lithographie, il a utilisé toutes les techniques graphiques. Il a, bien sûr, peint à l’huile, aux gouaches, ayant sculpté et réalisé des vitraux. Outre le textile, il a travaillé des objets liturgiques, mais, également, du papier, illustrant des livres, …. Artiste complet, il fut, aussi, un technicien. »

Concernant l’un de ses intérêts artistiques, en 1951, Henri Matisse déclara : « Le papier découpé me permet de dessiner dans la couleur. Il s’agit pour moi d’une simplification. Au lieu de dessiner le contour et d’y installer la couleur – l’un modifiant l’autre -, je dessine directement dans la couleur, qui est d’autant plus mesurée qu’elle n’est pas composée. Cette simplification garantit une précision dans la réunion des deux moyens, qui ne font plus qu’un. »

Après les lumières du Nord, Henri Matisse a embrassé celles du Sud, de la Côte d’Azur, voire de Tahiti, pour nous offrir du beau, du bleu, du rouge, du vert, de la joie, du vif, et du vrai.

Ainsi, soulignons que l’accrochage actuel permet, entre autres, de réunir, côte à côte, à Cateau-Cambrésis, deux oeuvres, réalisées en 1935, « Tahiti II », une huile sur toile du musée local, et « Tahiti I », habituellement présentée par le « Musée Matisse », à Nice, la ville côtière où il décéda, en 1954.

Notons que c’est par hasard qu’Henri Matisse découvrit un traité de peinture, qui l’amena, à 21 ans, à devenir peintre. Ayant troqué l’incontournable « Code civil » contre les pinceaux, tournant définitivement la page d’une carrière juridique à laquelle sa famille le destinait. Ayant suivi, dans un premier temps, des cours du soir au Cateau-Cambrésis, puis des cours l’ « Académie des Beaux-Arts », à Paris, où il fréquente assidûment le « Musée du Louvre », afin de pour réaliser des copies d’oeuvres des maîtres anciens et parfaire, ainsi, sa technique.

Outre les créations variées d’Henri Matisse, nous découvrons – grâce à l’exceptionnelle donation, en 2000, de la « Collection Tériade » – des oeuvres majeures de Marc Chagall (1887-1985), Alberto Giacometti (1901-1966),  Fernand Léger (1881-1955) & Pablo Picasso (1811-1973).

Autre importante donation, celle que fit, en 1957, l’artiste français, praticien de l’abstraction, Auguste Herbin (1882-1960), dont nombre d’oeuvres aux formes géométriques sont proposées à notre attention.

A noter, enfin, que le « Musée départemental Henri Matisse » valorise ses collections grâce au numérique, avec des dispositifs interactifs, qui enrichissent notre expérience, cette immersion unique nous permettant de découvrir les œuvres sous de nouveaux angles, tout en approfondissant la compréhension de l’univers de Matisse.

Concernant cette évolution, Sophie Matisse (°Boston/1956), une arrière-petite-fille de l’artiste, elle-même artiste-peintre, déclara : « Notre monde change énormément. C’est essentiel d’être en phase avec ces évolutions et de
s’adresser à tous les groupes d’âge. Les expériences immersives attirent et invitent davantage de gens à venir voir de quoi il s’agit … C’est merveilleux et prometteur, à condition que personne n’oublie de regarder l’œuvre originale, bien sûr. »

*** Exposition temporaire, accessible jusqu’au dimanche 13 avril : « Comment j’ai fait mes Livres »une exposition questionnant le lien entre l’écrit et l’image, entre la littérature et l’art visuel :

Que révèle la relation entre l’artiste et le livre ? Quel rôle le livre joue-t-il dans l’œuvre d’Henri Matisse ? Dans cette exposition, nous plongeons au cœur d’une facette moins connue du « maître de la couleur » : son art de l’illustration, qui nous est révélé à travers une sélection de livres illustrés, de reproductions de dessins et de  maquettes originales.

Cette exposition, questionnant le lien entre l’écrit et l’image, entre la littérature et l’art visuel, nous invite à redécouvrir un Matisse visionnaire, confronté aux grands classiques de la littérature, qui, dès les années 1920, se confronte à certains des plus grands classiques de la littérature. De Stéphane Mallarmé (1842-1898) jusqu’à James Joyce (1882-1941) en passant par Charles Baudelaire (1821-1867) et Pierre de Ronsard (1524-1585) , Henri Matisse ayant inventé un langage visuel unique, où les mots se transforment en images et où les dessins deviennent des poèmes. À travers cette quête de l’harmonie entre le texte et l’image, il repousse les frontières de la création et réinvente l’illustration.

En outre, le rôle fondamental de l’artiste-peintre française Marguerite Duthuit Faure (née Marguerite Emilienne Matisse/1894-1982), la fille aînée de l’artiste, est mis en lumière. Bien plus qu’un modèle, elle était une collaboratrice indispensable dans la réalisation de ces livres d’art, supervisant la qualité des impressions, conseillant sur les aspects artistiques et techniques, et veillant à l’harmonie entre les illustrations et les textes, incarnant, ainsi, le lien entre la création artistique d’Henri Matisse et la concrétisation matérielle de ses idées.

** Propos de Bernard Desmoulinmaître d’œuvre en charge du chantier d’extension et de la restauration du musée :

« Il était essentiel de rendre le musée plus accessible et engageant pour tous les publics. Nous avons adopté comme leitmotiv la devise implicite : ‘Du passé faisons table ouverte’. Nous avons cherché à intégrer une dimension chaleureuse et inclusive, qui invite à la découverte et à l’échange, tout en respectant l’essence de l’architecture existante. »

** Deux citations d’Henri Matisse :

“ Un tableau doit être tranquille au mur. Il ne faut pas qu’il introduise dans le spectateur un élément de trouble ou d’inquiétude, mais le conduise doucement dans un état physique tel qu’il n’éprouve pas le besoin de se dédoubler, de sortir de soi-même. Un tableau doit procurer une satisfaction profonde, le repos et le plaisir le plus pur de l’esprit comblé. ”

« J’ai compris que tout le labeur acharné de ma vie était pour la grande famille humaine, à laquelle devait être révélée un peu de la fraîche beauté du monde par mon intermédiaire … Mes concitoyens ont voulu honorer ma vie de travail par la création de ce musée. J’ai considéré cette chose comme la conséquence naturelle de ma vie. »

Au Cateau-Cambrésis, vivons donc une expérience unique, hors du commun, repensée pour nous faire vivre l’art autrement, redécouvrant Henri Matisse sous un jour nouveau.

Ouverture : le lundi & du mercredi au vendredi, de 10h à 12h30 & de 14h à 18h, le samedi & le dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée : 8€ (6€, pour les étudiants, enseignants, demanddeurs d’emploi & membre d’un groupe de minimum 25 visiteurs.teuses / 0€, pour les moins de 18 ans, toute personne en situation de handicap &, pour tous, chaque premier dimanche du mois). Contacts : 00.33/3/59.73.38.00 Site web : https://museematisse.fr/.

Yves Calbert.

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