"Habib la grande Aventure" (Benoît Mariage) et Présentation du 38è "Festival Interational du Film Francophone", au "Caméo", à Namur, le 06 Juin
La déléguée générale du « Festival International du Film Francophone » (« FIFF »), Nicole Gillet, nous attendra, à Namur, au « Caméo », ce mardi 06 juin, à 20h15, pour sa présentation de la 38è édition de ce réputé Festival, qui prendra place, dans la capitale wallonne, du vendredi 29 septembre jusqu’au vendredi 06 octobre 2023.
Nous assisterons, ensuite en présence de son réalisateur namurois, Benoît Mariage (°Virton/1961) et de membres de l’équipe de son dernier film, « Habib la grande Aventure » (Fra.-Bel.Sui./2022/88’/avec Catherine Deneuve & Bastien Ughetto), qui nous sera présenté en avant-première namuroise.
Synopsis : « Fils de parents immigrés marocains venus s’installer à Molenbeek, Habib (Bastien Ughetto), un jeune comédien qui rêve de théâtre et de cinéma, ne décroche que des rôles de peu d’importance, jusqu’au jour où il est choisi pour incarner un personnage de gigolo aux côtés de l’iconique Catherine Deneuve. Pour lui, c’est le début d’un rêve devenu réalité, mais c’est aussi le commencement des vrais ennuis avec sa famille … »
Critiques de la Presse :
** par Xavier Leherpeur, pour « L’Obs » : « Autour de cet acteur (excellent Bastien Ughetto) au carrefour de crises spirituelle, professionnelle et existentielle, le réalisateur des « Convoyeurs attendent » signe une comédie pleine de digressions savoureuses et de détails saugrenus … »
** par V. Cau, pour « Le Monde » : « Ce joyeux et parfois cruel tohu-bohu s’orchestre dans le film en une succession de saynètes où le réalisme se dispute à l’absurde, l’esprit comique si cher au réalisateur s’insinuant dans les moindres recoins … »
** par Thierry Chèze, pour « Première » : « Découvrir un nouveau Benoît Mariage, le réalisateur des « Convoyeurs attendent », c’est la promesse d’un regard poétique et espiègle sur la réalité. Ce réalisateur n’a pas perdu la main avec une ‘fable’ tout en subtilité autour de l’identité, à rebours de notre époque. Benoît Mariage sait trouver la part d’absurde dans notre quotidien et en user pour écrire des situations et des personnages (dont une Deneuve géniale dans son propre rôle) aussi attachants que profonds … »
** par Christophe Caron, pour « La Voix du Nord » : « Il n’est pas dénué de charme, ce film aux personnages singuliers qui égratigne gentiment le milieu du cinéma et du théâtre tout en appréhendant la question identitaire avec un art du décalage à la belgitude prononcée … »
** par la Rédaction pour « Le Parisien » : « Va-t-elle vraiment venir ? Oui, son nom est bien au générique. Et l’arrivée d’une icône met en émoi tout ce quartier belge déshérité, jusqu’au bourgmestre. Mais le vrai sujet du film, c’est la famille de Habib, dysfonctionnelle, attachante et loufoque, qui témoigne d’un regard bourré d’humanité, de tendresse et de l’humour flirtant avec le surréalisme du cinéaste belge … »
** par la Rédaction, pour « Le Journal des Grignoux » : « Au travers de cette fable surréaliste qui sent bon le cinéma belge, Benoît Mariage dessine le portrait fugace d’un jeune comédien qui tente de trouver sa voie entre les exigences du milieu professionnel qu’il souhaite intégrer et celles de sa communauté. Sa rencontre avec la grande Catherine Deneuve va tout bouleverser. Bienvenue en absurdie ! »
« Habib est dans le rôle, et peut-être un peu plus encore. Il s’apprête à endosser le costume de François d’Assise pour une pièce au ‘Théâtre National’. Un costume de Saint, donc, ce qui n’est pas sans poser quelques questions quant à son engagement. Comment annoncer à sa famille, certes pieuse, mais mue par une autre foi, qu’il va incarner ce héros ? »
« Entre les petits rôles d’Arabes de service qui parcourent sa brève filmographie et ce rôle-titre ancré dans la religion catholique, difficile de faire passer son choix professionnel auprès de ses parents, représentants des traditions. Jusqu’au jour où, au hasard d’un casting, il décroche une apparition un peu particulière : quelques minutes aux côtés du Cinéma lui-même, une étreinte avec Catherine Deneuve. De quoi peut-être réconcilier sa famille, voire sa communauté, avec son métier … »
« À travers ce portrait d’artiste singulier, c’est aussi le portrait d’une époque que Benoît Mariage dresse sans en avoir l’air, illustrant la quête identitaire d’un jeune homme perdu entre ses origines et ses aspirations, tenté par la puissance d’une foi qui n’est a priori pas la sienne, et qui se choisit un modèle ancestral, figure d’une décroissance ultra moderne, chantre d’un dénuement heureux. »
Licencié en droit, de l’ « UCL » (« Uiversité Catholique de Louvain »), Benoît Mariage réalisa plusieurs reportages pour le réputé magazine télévisuel « Strip Tease », à la « RTBF », avant de créer sa propre maison de production, « TRAM 33 », dans le cadre de laquelle il réalisa de nombreux documentaires à l’étranger.
Depuis la réalisation de son long-métrage « Les Rayures du Zèbre » (Bel.Fra.-Sui.-Côte d’Ivoire/2014/80’/ce film ayant offert, en 2015, à Marc Zinga, le « Magritte du meilleur Espoir »), neuf années viennent de s’écouler, … sans la moindre nouvelle cinématographique de Benoît Mariage.
Si à cette occasion, il offrit, pour la quatrième fois, un rôle à son ami namurois Benoît Poelvoorde, il n’a, cette fois, pas fait appel à lui, mais il a accueilli Catherine Deneuve, pour la première fois, au sein de son ‘casting’.
Son premier long-métrage, « Les Convoyeurs attendent » (Bel./1999/94’/avec Bouli Lanners & Benoît Poelvoorde/film sélectionné, en 2000, à la « Quinzaine des Réalisateurs », au « Festival de Cannes » et cité aux « Césars », lauréat, en 1999, du « Grand Prix », au « Festival international du Film de Stockholm ») fut un succès, quoique tourné en noir-et-banc, selon sa volonté, un journaliste de « Télérama » ayant écrit : « Réalisé dans un noir-et-blanc qui tient à distance le plat naturalisme, ce film, construit sur un enchaînement de figures libres, est une bonne surprise; »
Deux ans plus tôt, il avait réalisé, également en noir-et-blanc, son second court-métrage, « Le Signaleur » (1997/ 18’/ avec Bouli Lanners, Olivier Gourmet & Benoît Poelvoorde), un film qui le révéla aux yeux du grand public et de la critique internationale, le Jury de la « Semaine internationale de la Critique », lui ayant décerné son « Grand Prix », en 1997, au « Festival de Cannes« , avant de recevoir, en 1998, le « Prix du Jury international », au « Festival du Court-Métrage de Clermont-Ferrand ».
Evoquant ce film, l’acteur-réalisateur belge, multi récompensé aux « Magritte du Cinéma », Bouli Lanners, écrivit : « ‘Le Signaleur’, c’est un chef-d’œuvre ! Le film est parfait : le format, les axes, les personnages, la narration… C’est dur de partir d’un court-métrage parfait et de faire des longs après. »
Reporter-photographe, pendant une dizaine ‘années, pour le quotiqien « Vers l’Avenir », sur sa moto, il avait photographié, lors d’une course cycliste, un signaleur âgé, Louis Koscielniak. Ainsi naquit, en lui, l’idée de réaliser ce court-métrage.
De même, concernant « Habib la grande Aventure », Benoît Mariage confiait, fin du mois dernier, à nos collègues Grégory Cavinato et Vinnie Ky-Maka : « Le début de l’écriture est venu d’une anecdote personnelle. Je dirige les travaux de réalisation à l’ ‘IAD’ (‘Institut des Arts de Diffusion’, à Louvain-la-Neuve, où il enseigne/ndlr). Nous tournions à Namur et un jeune gars de 15 ans de la communauté belgo-marocaine, Bilal Aya, jouait dans le film, parce qu’il habitait dans le quartier dans lequel nous tournions … Je lui dis : ‘Bravo, ta famille doit être aux anges !’ Il me répond : ‘Ne me parle pas de ma famille, je n’ai pas dit à mes parents ce que je faisais. J’ai dit à mon père que j’allais aider une femme à faire ses courses au Carrefour‘. »
(Ce film) « est une réflexion sur l’identité, sur la honte aussi, la difficulté d’être un transfuge. J’ai mis énormément d’émotions personnelles dans cette arène. Je parle d’une communauté qui n’est pas la mienne, mais tout le substrat émotionnel, c’est le mien. Je viens d’une bourgeoisie provinciale namuroise, j’ai fait l’ ‘INSAS’ (’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle’, à Saint-Gilles, dont il est diplômé en 1987/ndlr), une école éminemment à gauche, militante. Je suis passé d’un monde à l’autre et je me suis demandé ce que j’allais garder de mon milieu culturel d’origine. »
« Ce côté ‘transfuge’, beaucoup de gens le vivent, donc ‘Habib’ va bien au-delà d’un film communautariste. C’est un film qui parle de la façon dont on façonne son identité : qu’est-ce qu’on garde du sérail dont on vient et qu’est-ce qu’on prend dans ce milieu d’adoption auquel on a envie d’adhérer, en l’occurrence le milieu artistique ? Quand on est habité par la honte, on a du mal à ne pas répondre aux injonctions des milieux qui nous composent. Le problème, c’est : où se situer quand ces milieux sont si différents l’un de l’autre ? Je suis allé chercher cette schizophrénie permanente dans ma propre histoire. »
Grâce au « FIFF », venons donc assister, ce mardi 06 juin, à 20h15, au « Caméo », à Namur, à ce retour en force d’un cinéaste trop rare.
Soulignons qu’au « Caméo », nous sommes toujours accueillis par une souriante équipe de collaborateurs de l’asbl liégeoise « Les Grignoux », qui, fort heureusement, résiste aux machines, distributices de bllets d’accès aux séances, ainsi qu’aux boutiques de pop corn et autres, préservant, ainsi, tant la qualité des projections, nul ne mangeant en salles, que le côté humain des rencontres avec les sympathques préposés à l’accueil, un contact qui a, fort malheureusement, totalement disparu des grands complees ciématographiques …
A noter qu’ « Habib la grande Aventure », demeurera, du mercredi 07 jusqu’au mardi 27 juin, dans la programmation ordinaire du « Caméo », à Namur, et du « Churchill », à Liège.
Yves Calbert.