Houffalize. Le virus au pied du mur de Saint-Roch
Houffalize. C’était à midi le 25 avril 2021 pour le passage de Liège-Bastogne-Liège.
Au pied de Saint-Roch l’antipesteux un agglomérat estimé de 150 à 200 personnes.
Oh ! Il n’y a pas eu un flashmob, et il n’était pas question de dénigrer ceux qui portent des masques et se font vacciner.
Non, des Bordjeûs qui accomplissaient le rite de saluer la Doyenne.
Des Ardennais qui exprimaient leur respect devant le Monument. Des gens du cru qui vivent le confinement sans bêler « je suis en manque de contacts sociaux, je souffre d'un déficit culturel » et autres envies comme en ont de fraises de Wépion les femmes enceintes.
Chacun individuellement respectait les mesures anticovid. Loin de quiconque d'avoir eu l’intention de rejoindre un groupe de hors-la-loi.
Mais l’infraction était là. Et les risques.
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Avril est passé. À lire les médias, on ne peut que constater que face au mesures anti-covid les Houffalois, le plus souvent à leur insu, ont fameusement baissé la garde ces quatre dernières semaines.
Les offices de Pâques réunissant un significatif excès de fidèles non masqués, a-t-il été rapporté, ainsi qu’une manif au centre-ville un samedi en soirée. Puis ce Liège-Bastogne-Liège. Enfin, selon ce qu’un organe de presse de haute pénétration provinciale a titré, citant le témoignage public d’un officiel notoire, de fréquents conciliabules nocturnes dans l’espace vert public près du golf où il n’y a pas que les barrières anti-virus qui sont transgressées.
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La liberté enfin recouvrée ! Y a d'la joie chez les bolsonaristes invétérés triomphants, qui ont été jusqu’à s’excuser, motif à l’appui, de leur absence au pied de St-Roch à encourager non pas les valeureux cyclistes, mais ce qu’ils ont veillé à faire comprendre comme une fronde antigouvernementale.
« Vous nous avez compris ».
Des agents qui à petits pas populistes à petits pas populistes se font une voie vers la bourgmestrabilité.
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Les spectateurs s’en sont allés sans se rendre compte de la portée symbolique dont leur aération sanitaire dominicale serait gratifiée.
C’est à partir du lendemain et dans les réseaux sociaux que de dociles militants embringués par des premiers de cordée ont fait entendre des cris d’orfraie contre les autorités publiques, dont cette perle d’éloquence : « qu’on arrête de nous faire chier tout court » vagi par une personne de loin réputée parmi les moins rustaudes.
Avec plus d’urbanité : « on vit dans un monde de trous du cul ».
Enfin les sans imagination, des : « c’est honteux » en veux-tu en voilà.
Quelle différence avec les commentaires réprobateurs et pondérés exprimés en réaction, ailleurs, aux épisodes du boulevard d’Avroy : « tant qu'ils ne sont pas confrontés à des personnes accablées par cette maladie, ils (les infractionnaires) ne se rendent pas compte ».
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En avril Houffalize s’est distinguée comme la plus disgraciée des communes de la province.
Tous ces petits écarts apparemment anodins n’y sont-ils pour rien ?
Où peut conduire l’insouciance progressive encadrée par des gausseries capiteuses et des réprobations simplistes orientées vers les politiques et sommités concertés de tous pays, et réduisant à néant bien des efforts de nos voisines et voisins du commun?
Après quatorze mois nous voici à espérer que ce phénix de virus ne reprenne une quatrième fois vigueur.
René Dislaire © Houffalize, le 2 mai 2021