Les chars de Wibrin et Houffalize: un fake news démasqué

écrit par ReneDislaire
le 05/02/2022
L'image avec le Sherman et le fake news, comme un poster.

Imaginez. Fin janvier 2022... Nous sommes dans facebook, un des groupes sociaux délétères les plus virulents du monde. Quelqu’un a une photo du  Sherman détruit à Wibrin le 14 janvier 1945. Il va la publier.

À Wibrin, le tank Sherman (char américain) est le monument relique vénéré de l’Offensive.
À Houffalize, ville chef-lieu de 1500 habitants de la commune où se situe Wibrin, il y a un Panzer (char allemand), le « 111 », l’alter ego du Sherman.
« Tout le monde sait », en tout cas quiconque s’intéresse à l’Offensive locale, qu’à la bataille de Wibrin le Sherman a été détruit par un des blindés de la Wehrmacht dont le 111 faisait partie ( une blindés: soit un Panzer, soit un StuG. Mais il n’a jamais pu être établi si le tir fatal est le fait de ce Panzer 111.
Ce n’est pas un détail, c’est très symbolique. Si vous êtes dans un peloton d’exécution, vous êtes soulagé qu’une des armes est chargée à blanc.
Alors, qu’est-il arrivé à un membre présumé d’un groupe facebook houffalois de mettre en ligne la photo du char insérée dans un montage de pair avec la légende : « Le tank de Wibrin détruit officiellement par le Panzer 111 de Houffalize (Si vous ne le saviez pas) ». L’auteur du montage, qui va le mettre en ligne, se dissimule sous le pseudo bien affiché et indissociable de Dimitri de McLeod.

Voilà donc le scoop que tout le monde attend depuis plus de 70 ans : c’est le Panzerkampfwagen V Panther de Houffalize qui a abattu le Sherman de Wibrin. Le Sherman, débarqué pour son baptême du feu en Normandie, char d’opérette comparé au mastodonte Panzerkampfwagen qui, lui, n’était pas un perdreau de l’année et restera le monstre d’acier le plus puissant du conflit mondial : terreur des Russes à Stalingrad (Koursk), héros héraut de la suprématie du Reich dans le désert d’Afrique, manœuvré par les équipages les plus aguerris du monde.
(Si vous ne le saviez pas). Ainsi se conclut la publication. Soit: "tout le monde sait que le Sherman a été détruit par le 111, mais au cas où vous seriez benêt au point de l’ignorer, mon devoir est de vous l'apprendre". Un comble que cet argument pour tomber dans le piège.

Sous prétexte du rappel d'un élément historique, c'est donc un fake news qui vient d'être mis en route urbi et orbi.

Identifier les fake news
Petit rappel de la théorie pour débusquer les fake-news, appliqué, à ce cas d’espèce.
1. La première chose, c’est de toujours s‘enquérir de l’identité de l’auteur de la publication. Est-ce quelqu’un qu’on connaît personnellement ou dont la notoriété est établie, est-il digne de confiance? Parle-il de ce à quoi il est habilité par ses connaissances. ? S’il vous est inconnu, quels sont ses titres, ses références : on va voir sur Google ce qui l’en est.
Ce qui saute aux yeux ici : ce pseudo qui sent l’Irlande n’est pas courant dans nos sillons, et ne fait pas partie de la cohorte des auteurs de contributions à l’histoire de l’offensive de l’Ardenne.
2. La deuxième chose. Un fake news contient toujours des vérités bien connues du lecteur, des idées partagées. Oui, il y a bien eu une bataille de chars à Wibrin, oui le Sherman… oui le Panzer…
Dès lors la victime que vise le fake news a ses repères, elle est mise en confiance.
Le fake est que le tank de Wibrin a été détruit par celui de Houffalize. Au milieu de tout ce vrai, on ne se méfie plus, on va considérer ce petit faux (que le tank de Houffalize ait détruit celui de Wibrin) comme également du vrai.
3. Troisièmement, un faux pas de l’auteur du fake
C’est souvent une faute d’orthographe, un mot non approprié.
Un seul mot inattendu sera déconcertant. Ici : « officiellement » n’est pas une pierre d’achoppement, c’est un coup de poing dans l'œil.
Les mots ont un sens, une faute de vocabulaire le démasquera aussitôt l'auteur du fake. Un banquier n’utilisera pas tel mot, les services judiciaires, un scientifique tel autre.
« Officiellement », qui cherche à accréditer le fake news, est tellement déroutant qu’il produit l’effet contraire à celui recherché.
Les propos d’un journaliste ne sont jamais à considérer comme officiels : combien de faux décès de célébrités avons-nous déjà vécus ! Les mesures anticovid annoncées par le Premier ministre ne seront officielles que quand elles seront publiées au Moniteur Belge…
La banalisation du mot « officiel » en l’occurrence relève de la culture galopante où on utilise un mot pour l’autre, où leur sens spécifique est atténué.
Écrire est une responsabilité sociale. Que le mot « officiel » se galvaude et on aura une génération d’agents administratifs, de policiers, d’employés de banque et dans tout le privé inaptes à établir ou collationner des documents fiables.

Le pouvoir des cagoulés sous pseudos à Houffalize
La sociologie de la population houffaloise que révèlent les groupes sociaux est bien étrange. Mieux : Singulière. Tout peut être admis venant de gens qui dissimulent leur identité.
1. Au fil des ans, nous avons pu observer que c’est sous un pseudo qu’on vous a invité à ne pas observer la loi, les règles anticovid qui ont force de loi, parce que, vis-à-vis de nos enfants, elles sont pires, édictées par nos ministres, que celles des bourreaux nazis ayant conçu et appliqué « le gazage » d’enfants innocents.
2. C’est sous un pseudo qu’on vous a conseillé, sous peine de passer pour un misérable indifférent au sort des pauvres gens, de donner à une association relativement confidentielle vos bons d’achats communaux en soutien aux commerçants durant la pandémie. De quoi ficher les gens en deux colonnes, les altruistes et ceux qui ne le sont pas.
3. C’est sous un pseudo qu’on enfiévra les Houffalois pour que ne soient pas applicables les droits acquis, en matière d’urbanisme par le Spar, pour  ne pas le citer. Illustrations: photos prises par quelque Cassandre arrangées, plans alternatifs sortis de la cuisse de Jupiter.
Oui, on a assisté à un clivage aux relents de la haine qui opposa les Dreyfusards et leurs adversaires, au risque d’une catastrophe économique, commerciale et sociale dans la cité de l'Ourthe.
4. C’est sous un pseudo… Non, tabou, l’affaire à laquelle vous pensez.

Il n’a jamais pu être établi si le tir fatal est le fait de ce Panzer 111. Cette ambiguïté est bénéfique aux relations entre les Bordjeûs et les plus associatifs des villageois.  Pourquoi intoxiquer la population de la commune fusionnée par une affirmation de ce que le mastodonte houffalois a terrassé le  wibrinois d’une plus faible constitution ? Les chars agissant, dans le subconscient, par transfert. Qu'on le veuille ou non, qu'on le sache ou non, c'est une provocation: l'hégémonie d'Athènes sur la Béotie.

Les individus (car Dimitri n'est-il pas une femme?) sous pseudo, du fait qu’ils dissimulent leur vrai nom, offrent quand même un avantage : étudier la sociologie d'une population sans vexer personne.

À partir d’un fake news sur un minuscule fait dans l’Offensive, notre analyse aura révélé, sur certains fondements objectifs, l'importance et l’accréditement des faiseurs d’opinion contre-vérités anonymes différents d’ailleurs entre les Cheras et la Charmille.

René Dislaire  © Houffalize, le 5 février 2022.

Présentation : un fake news démontré et démonté, sur un élément de la bataille de Wibrin (Houffalize). Et à partir de là, une réflexion sur le pouvoir et l’audace des auteurs anonymes de publications dans les groupes sociaux sur internet.

Post scriptum. Un commentaire nous vient d'un certain Von James:
"Il semble y avoir un autre « coup » de regard juste à droite de la monture MG de la coque. Semble plus petit que les autres. Peut-être que la Stug n’a pas pu obtenir une pénétration, alors la Panthère l’a terminée?"

Du même auteur, articles sur l'Offensive à Houffalize
e. a.

* L’équipage du Panzer 111 – Recherches 
* Ardennenoffensive - Besatzung des Panzers 111 ...
* L’Offensive dite des Ardennes (Houffalize, Bastogne, Baraque de Fraiture…).
* Houffalize. Le poème de Jean Kobs sur l'Offensive. Janvier 2019
* Houffalize. Liste des victimes décédées aux bombardements (+démographie) Janvier 2019 "> *
* Les Gi’s hiver 45. Camouflage dans la dentelle. Janvier 2018
* Houffalize, le tank et Koursk 
* Houffalize, son char, son tank, son Panzer, son Panther
* Au pont de Suhet à Houffalize, de la neige comme en 1945
* Schaerbeek : c’est les Allemands qui ont bombardé Houffalize
* 15 DÉCEMBRE : LA MARCHE DU PÉRIMÈTRE DE BASTOGNE A EU LIEU SOUS LE SOLEIL
* Présentation de la Marche du souvenir et de l’Amitié
* Houffalize, le monument aux morts de la guerre guère photographiable
* Houffalize, ground zero (impacts des bombardements) 
* La grande gueule de Patton (peinture de Marie-Élise) 
* Bastogne, ses vainqueurs et ses artistes (de Fernand Léger à Marie-Élise)
* Bastogne. Le testament de l’officier allemand 
* Le Kamfgruppe de Peiper (présentation d’un livre, en français) 
* Inauguration du monument érigé par le C.R.I.B.A. à la Baraque de Fraiture (2007) 
* Battle of the Bulge memories - 2007 Inauguration at the Baraque de Fraiture
* Les mots allemands rescapés de guerre en Ardenne 
* Houffalize en janvier 1945. Poème en wallon de M. Léonard, traduction R. Dislaire 
* Interview (2010) : Paul Delsemme, le plus jeune prisonnier de guerre houffalois 
* Paul Delsemme, le dernier ancien prisonnier de guerre houffalois, est mort (2017) 
* Conte. La petite histoire de Hans et Perpétue à Houffalize (Noël 1945). Onze chapitres

  • L'image avec le Sherman et le fake news, comme un poster.
  • L'image avec le Sherman et le fake news, comme un poster.
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