Ruud van Empel et Patrick Willocq, au "Photo Art Center Hangar", du 19/05 au 18/07
Dès ce mardi 19 mai, la Culture reprendra place en Belgique et plus particulièrement, au sein de notre Capitale, notamment sur la Place du Chatelain, où le « Photo Art Center Hangar » - d’une superficie de 1.000 m2, répartie sur trois niveaux - nous attendra, afin de nous permettre d’apprécier les photographies de l’artiste néerlandais, Ruud van Empel (°Breda/1958), qui nous propose « 25 Years of Photo Works », et du photographe français Patrick Willocq (°Strasbourg), qui nous offre son exposition « Songs of the Walés ».
Ruud van Empel, diplômé, avec distinction, de l’ « Académie des Beaux Arts de Sint-Joost », à Breda, a exposé, notamment, à Rochester, aux Etats-Unis, dans la « George Eastman House », le plus ancien musée de photographies au monde, là où vécut George Eastman (1854-1932), le fondateur de « Eastman Kodak » ; au « Musée des Arts photographiques », à San Diego, en Californie ; au « Fotografiska Museum », à Stockholm ; et, plus près de nous, au « Foto Museum », à Antwerpen.
Dans son livre « Ruud van Empel Photoworks 1995-2010 », Deborah Klochko écrivit : « La virtuosité de Van Empel réside dans sa capacité à combiner dans la photographie, et cela à grande échelle, les nombreuses idées qui sont renfermées dans la peinture (des références historiques, la force d’un regard, les couleurs utilisées) et celles renfermées dans la cinématographie (une structure d’images multiples et la puissance d’un récit). Pour comprendre ses œuvres, il faut se demander : Est-ce de la science ou de l’art ? Est-ce de la réalité ou de l’imagination ? Est-ce de l’innocence ou de l’impureté ? »
Sa présente exposition se révèle être didactique, de nombreux textes accompagnant ses photographies, qui témoignent de ce que son travail a apporté à la photographie contemporaine.
Notons enfin que Ruud van Empel, l’un des pionniers des photos-montages, spécialiste des portraits d’enfants, fut le lauréat du « Prix Sint-Joost » (1981), du « Prix Charlotte Köhler » (1993), du « Prix H.N. Werkman » (2001) et du « Prix de la Culture de la Ville de Breda » (2013).
Ayant vécu sept ans de son enfance et son adolescence en Afrique, ainsi que 23 ans en Asie, fasciné par les tribus indigènes, Patrick Willocq, photographe autodidacte, nous emmène au cœur de la forêt équatoriale congolaise, afin de nous retrouver au sein de la tribu Ekonda, appartenant au peuple Mongo.
Alors que l’actualité de la République Démocratique du Congo se centre continuellement sur ses remous politiques, nous découvrons, ici, une toute autre vision de ce pays, à la rencontre de l’une de ses ethnies, et du rituel initiatique Walé, des femmes pygmées Ekonda, sachant, et c’est important de le souligner, que l’artiste rétribue aussi bien ses modèles que ses assistants indigènes, qui construisent, avec les matériaux de la jungle, un authentique décor théâtral, car, ici, il n’est pas question d’un simple reportage, ce photographe mettant en scène les Ekonda, individuellement ou en groupes.
A « Afrique in Visu », Patrick Willocq confiait : « J’ai toujours été fasciné par les tribus indigènes car j’ai l’impression qu’elles sont les dépositaires d’une forme de richesse que nous avons perdue. Le rituel des Walé est un magnifique hommage à la maternité, à la fertilité et à la féminité. C’est pourquoi j’ai proposé à des femmes pygmées Ekonda, que je connaissais depuis plus d’un an, de participer à des mises en scènes capables de témoigner d’une partie de leur histoire personnelle, chaque image étant censée représenter visuellement l’une de leurs pensées intimes, qu’elles chanteront le jour de leur libération… »
Paroles d’un chant des femmes pygmées Ekonda : « Walé lângóyàlé nkòi ng’áòpósa lûmòlá ngwá la ntábà. Bàsómi bâkìnú lobétámá ndé bìtánda. Walé, là ngóyàlé nkòi ndé bìtánda lûmólá ngwá » (« Walé est devenue comme un léopard. Quand il raude vous écartez chiens et chèvres... »
En 2018, nous retrouvions ses oeuvres aux cimèses des « Rencontres de la Photographie », à Arles, Patrick Willocq ayant aussi exposé, en 2019, au « Musée de la Photographie », à Mont-sur-Marchienne/Charleroi.
Ne manquons donc pas de nous rendre sur la Place du Chatelain, afin de découvrir de superbes photographies, au sein d’une exposition dont le vernissage aurait dû se dérouler le jeudi 19 mars, au lendemain du début du confinement...
Ouverture : du mardi 19 mai jusqu’au samedi 18 juillet, du mardi au samedi, de 12h à 18h. Entrée libre, mais accès limité à 4 personnes à la fois, pour raisons sanitaires. Réservation conseillée des visites : contact@hangar.art. Site web : http://www.hangar.art.
Notons enfin que Delphine Dumont – la directrice, depuis juillet 2017, du « Photo Art Center Hangar », fondé en 2014 – lance un appel à projets aux photographes confinés en Europe, voire comme l’an dernier, en Corée du Sud, en vue du 5è « Photo Brussels Festival », dont elle est l’initiatrice, programmé en novembre 2020. Un Jury retiendra une petite vingtaine de photographes, dont les oeuvres seront exposées au « Hangar », mais aussi en divers lieux de la Capitale européenne, Le thème, cette année, est « The World within » (« Le Monde intérieur »), se devant d’être un témoignage de notre période de confinement. L’appel est lancé, à nous d’y répondre…
Yves Calbert.