Prolongation jusqu'au 14 Novembre d' "Icons", à la "Villa Empain"

écrit par YvesCalbert
le 28/09/2021

Ouverte depuis le jeudi 06 mai, à la « Villa Empain/Fondation Boghossian », vu son tout grand succès, l’exposition « Icons » est prolongée jusqu’au dimanche 14 novembre.

Venu spécialement de Paris, nous devons la qualité de cette expo, au choix des oeuvres effectué par le  commissaire Henri Loyretteancien directeur du « Musée d’Orsay »  et ancien président-directeur du « Musée du Louvre ».

A peine entrés dans la première salle, nous sommes découvrons une splendide oeuvre du couple d’artistes plasticiens français « Pierre & Gilles » (Pierre Commoy & Gilles Blanchard), « La Madone au Cœur blessé - Lio » (1991), une photographie peinte, contrecollée sur aluminium.

A son sujet, Henri Loyrette écrit :  « Lio devient, dans son épais cadre doré, une ‘Madone au Cœur blessé’, visage fragile et douloureux à l’impassibilité de cire et avec tout l’appareil d’une Vierge latine, assurément une icône que l’on verrait vénérée à la lumière des cierges. »

Dans la seconde salleWim Delvoye (°Wervicq/1965) présente plusieurs oeuvres, dont son étonant « Saint-Stephanus » (1990), devenu, en soutane, un gardien de but, tenant dans ses mains un ballon de handball, le sport  et la religion semblant, ainsi, se confondre, une création en verre colorémétal et peinture émaillée sur acier (200 x 300 x 100 cm).

Dans le second salon de cette même salle, nous découvrons une oeuvre du peintre français, d’origine chinoiseYan-Pei-Ming (°Shanghai/ 1960), faisant d’une personnalité politique – l’ancien président chinois Deng Xiaoping  (1904-1997) – une icône.

Entre ces deux salonsdevant les vitres offrant une vue sur la piscine de la « Villa Empain », nous trouvons, bien éloigné d’un Saint ou d’un président, … un « Window Washer » (« Laveur de Vitre »/1984), prêté par la  « Gagosian Gallery »de New York, une création, en bronze polychromé et en matériaux mixtes, du sculpteur  hyperréaliste américain Duane Hanson (1925-1996), qui écrivit : « Mon travail traite de gens qui vivent dans un désespoir silencieux », … de là à en faire une icône, à chacun son jugement !

Pour en revenir à l’histoire, soulignons que des premières icônes d’Europe et du Moyen-Orient, jusqu’à l’utilisation que font les artistes contemporains du langage iconographique, les icônes ont inspiré de nombreux croyants et artistes, à travers les âges. L’exposition dévoile comment les dimensions spirituelles ont été intégrées dans les œuvres d’art depuis l’Antiquité.

L’icône – particulièrement vénérée par les orthodoxesqui leur offrent des gestes de dévotion – n’est pas à considérer comme une œuvre d’art, mais elle est la représentation du divin. Elle est un medium ente Dieu et l’humain et elle obéit à une codification stricte de la représentation frontalitéhiératismecontours simplifiés.

La tradition attribue les premières icônes à Saint-Luc (1er siècle), qui, après la Pentecôte, aurait peint trois représentations de la Vierge Marie. Le règne (306-337) du 34è Empereur romainConstantin 1er (272-337) favorisa l’essor du christianisme, les icônes se multipliant, jusqu’à la crise iconoclaste, suscitée par les avancées de l’ Islam, de 726 à 843.

Par rapport aux oeuvres contemporaines, notons ce que Wim Delvoye confia au commissaireHenri Loyrette  « Lorsque j’ai présenté la série originelle (au commissaire moscovite, il) m’en a découragé. Il a simplement refusé d’exposer les oeuvres, me disant : ‘Tu es dingue, toi ! Tu ne peux faire ça et attendre que j’expose tes oeuvres. Tu veux que j’aille en prison ?’. Encore aujourd’hui, je ne comprens pas bien pourquoi c’était un tel blasphème … »  (page 26 du catalogue).

Ainsi, tout au long de notre parcours, nous vivons une confrontation, ou plutôt un dialogue, entre époquestechniques et valeursle propos étant complexe et les exemples pertinentsSpiritualité, sensualité, complexité  sont au rendez-vous, afin d’illustrer entre iconoclasme et idolâtriel’histoire de ce genre à part et combien séduisant

Notons que c’est dès la redécouverte des arts du Moyen Âge et jusqu’à la fin du XVIIIè siècle, que la référence à l’icône s’impose dans l’histoire de l’art profaneDès le XIXè siècle, des œuvres polymorphes éclorèrent, se référant à la composition frontale et sans profondeur de l’icône.

Artistes (par ordre alphabétique): Michael CraigMartin, Wim Delvoye, Mounir Fatmi, Jean Fautrier, Charles Filiger, Ellen Gallagher, Douglas  Gordon, Duane Hanson, Titus Kaphar, Octave Landuyt,
Bertrand Lavier, Lucien Levy-Dhurmer, « Marwan » (Marwan Kassab Bachi), Claude Mellan,
Annette Messager, Yan Pei-Ming, « Pierre et Gilles » (Pierre Commoy & Gilles Blanchard),
Arnulf Rainer, Georges Rouault,  Fabrice  Samyn,  « Sarkis » (Sarkis Zabunyan),
Henry  Van de  Velde, Andy Warhol & Gustave van de Woestyne.

Ouverture : jusqu’au dimanche 14 novemvre, du mardi au dimanche, de 10 à 18h. Prix d’entrée (incluant l’intéressante exposition « Trees for Memories »elle aussi prolongée) : 10€ (8€, pour les enseignants, les personnes à mobilité réduite, les seniors, les membres d’un groupe de minimum 8 personnes et pour les visiteurs déjeunant au Café de la Villa / 4€, pour les étudiants de moins de 26 ans /0€, pour les moins de 12 ans, les « Art. 27, » toute personne visitant la Villa le jour de son anniversaire et pour tous, les premiers mercredis du mois.  Réservations obligatoires : via le site web de la « Villa Empain », le 02/627.52.30 ou  info@boghossianfoundation.be. Mesures sanitaires : obligation du port d’un masque bucal et du respect d’une distanciation physique d’1m50 entre les « bulles sociales ». Important : à partir du vendredi 01 octobre, présentation obligatoire de son « Covid Safe Ticket » et de sa carte d’identitéSite web :  https://www.villaempain.com.

Catalogue : Textes : Fabrice Biasino, Irina Gorbunova-LomaxHenri LoyretteClio Rosenour & Louma Salamé/Entretiens : avec Wim DelvoyeYan Pei-Ming et « Sarkis »/Editeur Louma Salamé/2021/Trilingue :  anglaisfrançais et néerlandais/Couverture brochée/240 p./27€.

Yves Calbert.

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