Pas de «Nut du May» à Malmedy ce 30 avril

écrit par francois.detry
le 16/04/2020
Olivier LEBIERRE

Covid-19 oblige: pas de «Nut du May» à Malmedy ce 30 avril. Les amoureuses resteront seules derrière leur fenêtre.

Depuis longtemps, «Lu Nut du May» composée par Florent Lebierre et mise en musique par son frère Olivier est devenue un chant parmi les plus populaires dans la Wallonie malmédienne. Le poète local donna son œuvre à la société des «Binvèyous» qui la chantèrent pour la première fois dans leur «rôle» du carnaval en 1868. Si ce groupe a été éphémère, grâce au manuscrit découvert en 1983 par Freddy Lecoq, on sait, avec certitude que la chanson a été écrite à Liège, le 4 février 1868, jour du 17e anniversaire de son auteur. En 1932, Alphonse Lerho écrit ces lignes. «Parmi tant d’œuvrettes nées de son inspiration aisée, il en est une qui lui vaut l’admiration de tous les Wallons, c’est cette sérénade qui est devenue le chant local des Malmédiens. Pour jouir de toute sa beauté, c’est la nuit qu’il faut l’écouter quand au tournant de la rue, quelques gars entonnent en sourdine ce chant d’amour. Ils ne veulent pas être vus, pas plus que la dulcinée. Pour un ami, on traînait derrière soi parfois un grand «mai», régulièrement volé dans un taillis du voisinage et tous ensemble, on chantait bien expressivement ces paroles éternelles «O quéle belle nutte…» Et puis, ô volage jeunesse, on se transportait dans une rue voisine proclamer les mêmes serments sous une autre fenêtre…»

Évoquée par le regretté Sylvain Michel ( décédé en février 2020 )

Plus tard, Sylvain Michel évoquera cette soirée particulière. «Après 1946, 4 sociétés interprétaient les aubades puis d’autres groupes ou associations s’y ajoutèrent. Tout le monde allait à pied et en silence, jamais avant 11 h du soir, et à l’approche de la maison, c’était le calme total jusqu’au moment où la belle mélodie serrait la gorge des curieux rassemblés pour l’écouter. On interprétait un deuxième petit morceau avant de faire l’annonce, autrement dit la dédicace.»

En 1996, le folkloriste regrettait que la tradition originale ait été détournée «Vint la mode d’aller chanter chez les Présidents, les donateurs… d’aller sur les kiosques, de «défigurer» la chanson, d’oublier le «may qu’on plantait avec une signification précise, d’aller en voiture ou en car…»

Quoi qu’en pensait l’auteur à l’époque, l’évolution est inéluctable et la majorité des folkloristes respectent la chanson des Frères Lebierre. Le regretté Sylvain Michel n’aurait pourtant jamais imaginé qu’en 2020, elle ne soit pas interprétée à cause d’un virus venu de Chine.

© Dany NOEL

La Nuit de Mai à Malmedy, c’est une vieille tradition, mise en musique par les deux chorales d’hommes, La Royale Malmédienne et la Royale Union Wallonne. Avec de jolies sérénades chantées à l’adresse des dames et des fiancées, mais aussi pour rendre hommage aux présidents d’honneur des sociétés. En wallon, comme il se doit dans la Cité du Cwarmê. Avant d’y planter l’arbre de « May », représenté actuellement par une branche de hêtre. Une tradition respectée  jusqu’au bout de la nuit... 

https://www.youtube.com/watch?v=G1JpSFy1Jjw  ( Téléfiesse )

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