Palmarès des 11è "Magritte du Cinéma"
Il n’était pas possible pour le Cinéma belge d’être privé, à nouveau, de ses « Magritte du Cinéma », comme ce fut le cas en 2021. Aussi l’ « Académie André Delvaux », organisatrice de l’événement, confrontée aux décisions fédérales du « CODECO », a dû se montrer très inventive, afin que leur 11ème Cérémonie puisse se dérouler, ce samedi 12 février, à Bruxelles, au « Square », en jauge réduite, avec certaines distances de sécurité …
Outre les réalisateurs et les acteurs, les vedettes de cette soirée, diffusée en direct sur « La Trois », furent des « Drag Queens », qui – après la phrase magique « Mesdames, Messieurs et les Autres » -, nous révélèrent les différents lauréats, la soirée ayant commencé par leur chorégraphie – sur « Womanizer », une chanson de Britney Spears – que ces comédiens, aux cheveux et tenues colorés, interprétèrent avec talent, la mise-en-scène de cet événement ayant été confiée à Nathalie Uffner, directrice du « Théâtre de la Toison d’Or« , avec l’assistance de Myriam Leroy et de Sébastien Ministru.
Autre particularité de ces « Magritte du Cinéma » hors du temps, les interventions, non pas d’un.e seul.e mais bien de cinq « Maître.sse.s de Cérémonie », les acteurs.trices Laurence Bibot – qui dédia cette 11è Cérémonie à tous.tes les professionnel·les de la Culture, jugée non-essentielle … alors que s’il y a un truc qui nous a aidés à ne pas devenir dingues pendant la pandémie, c’est la Culture » -, Ingrid Heiderscheit, Achille Ridolfi, Dena Vadhani et Bwanga Pilipili.
« En Wallonie, en Afrique, au Brésil, en Iran. Des terrils de son enfance à ceux du Katanga, des luttes sociales aux dérives du pouvoir, inscrivant une logique intime à chaque pas, assumant une esthétique et une éthique, il a toujours préservé ses combats », écrivait notre collègue Fabienne Bradfer pour « Le Soir », évoquant Thierry Michel, le président de la « Cérémonie des Magritte », le premier, en onze éditions, nous venant du secteur documentaire, lui-même lauréat, en 2016, pour « L’Homme qui répare les Femmes : la Colère d’Hippocrate », du « Magritte du meilleur Documentaire », un film également primé en Algérie, au Burkina Faso, au Canada, aux Etats-Unis, en Guadeloupe, aux Pays-Bas, au Portugal.
En outre, Thierry Michel était tout heureux d’annoncer la création, en 2022, d’un nouveau « Magritte », celui du « meilleur Cour Métrage documentaire », un troisième « Magritte du Court-Métrage », après ceux de l’ « animation » et « de la fiction », alors qu’à l’origine un seul format court recevait son « Magritte ».
Ce concernant, Patrick Quinet, président de l’ « Académie Delvaux », confia au « Soir » : « Le documentaire fait partie de la pédagogie de nos écoles de cinéma … On voulait marquer le coup, car on sait que les relations entre documentaristes, producteurs et chaînes de télévision sont compliquées au niveau de l’indépendance et de l’audace des sujets. »
Soulignons la présence de Jane Birkin, qui, avec émotion, évoquant Marion Hänsel, déclara « J’ai eu le bonheur de l’avoir connue. Je regrette qu’elle ne soit pas là pour savoir à quel point elle nous manque … J’ai rarement vu quelqu’un avec une telle détermination et une telle droiture … Je lui dois le fait que mon père m’avait vue sur la première page de ‘The Guardian’, en Angleterre (pour « Dust »/ndlr) … et il avait dit qu’il était fier de moi … Je suis tant heureuse ce soir de remettre ce prix à baby Jean que je n’ai pas vu depuis 40 ans. »
C’est en ses mots que l’actrice-réalisatrice franco-britannique, remis le « Magritte d’Honneur », attribué, à titre posthume, à Marion Hänsel, à son fils, Jan Ackermans, qui déclara, ce 12 février 2022 : « Elle était née un 12 février : elle aurait eu 73 ans aujourd’hui ».
De l’émotion, encore, lorsque la Carolo Maya Vanderbeque fut appelée pour recevoir, à 11 ans, le premier « Magritte » de la soirée, décerné au « meilleur Espoir féminin », pour son interprétation dans « Un Monde », de Laura Wandel, qui, appelée à son tour, déclara : « Merci à l’ ‘Académie Delvaux’ de rappeler que la Culture est essentielle.»
A souligner que les deux films qui ressortent au Palmarès des 11è « Magritte du Cinéma », chacun recevant 7 « Magritte » : « Un Monde » et « Une Vie démante », sont deux premiers longs-métrages, avec, pour une fois, les « Magritte du meilleur Film » et « de la meilleure Réalisation » attribués à deux films différents, à savoir le « Magritte du meilleur Film » décerné à Raphaël Balboni & Ann Sirot, pour « Une Vie démente » et le « Magritte de la meilleure Réalisation », à Laura Wandel, pour « Un Monde ».
Le« Magritte du meilleur Documentaire », « Petit Samedi », étant, lui aussi, un premier long-métrage, celui de Paloma Sermon-Daï, nous pouvons nous réjouir de ce vent de fraîcheur qui souffle sur le Cinéma belge !
Vent de fraîcheur, aussi, pour les acteurs.trices, avec, pour leurs interprétations dans « Une Vie démente », Jo Deseure, préférée à Virginie Efira (dans « Adieu les Cons »), d’une part, et, d’autre part, Jean Le Peltier, s’imposant face à Bouli Lanners (dans « Cette Musique ne joue pour Personne ») et Jérémie Renier (dans « Slalom »).
Notons, enfin, que le réalisatrice française Julia Ducournau remporte, cette année, son second « Magritte du meilleur Film étranger en Coproduction », après celui reçut, en 2018, pour « Grave », son premier long-métrage, ce qui lui fit s’exclamer, en riant : « Qu’est-ce que je ferais sans la Belgique ! »
Palmarès des 11è « Magritte du Cinéma » :
** Les 7 « Magritte » d’ « Une Vie démente » (Raphaël Balboni & Ann Sirot/Bel./2020/87’/« Chistera de la meilleure Réalisation », « de la meilleure Actrice » & « Prix du Jury des Jeunes », au « Festival international des jeunes Réalisateurs », à Saint-Jean-de-Luz)
*** « Magritte du meilleur Film » : Raphaël Balboni & Ann Sirot, produit par Julie Esparbes (« Hélicotronc »)
*** « Magritte du meilleur Scénario original ou Adaptation » : Raphaël Balboni & Ann Sirot
*** « Magritte de la meilleure Actrice » : Jo Deseure
*** « Magritte du meilleur Acteur » : Jean Le Peltier
*** « Magritte du meilleur Acteur dans un second Rôle » : Gilles Remiche
*** « Magritte des meilleurs Décors » : Lisa Etienne
*** « Magritte des meilleurs Costumes » : Frédérick Denis
** Les 7 « Magritte » d’ « Un Monde » (Laura Wandel/Bel./2021/72’/« Prix André Cavens » 2021 de l’ « UCC »/« Prix FIPRESCI » 2021, de la section « Un certain Regard », au « Festival de Cannes »/film lauréat de nombreux Prix, en Bosnie et Herzégovine, au Canada, en Chine, en Espagne, en Israël, au Mexique & au Royaume-Uni)
*** « Magritte du meilleur premier Film » : Laura Wandel, produit par Stéphane Lhoest (« Dragons Films »)
*** « Magritte de la meilleure Réalisation » : Laura Wandel
*** « Magritte de la meilleure Actrice dans un second Rôle » : Laura Verlinden
*** « Magritte du meilleur Espoir féminin » : Maya Vanderbeque
*** « Magritte du meilleur Espoir masculin » : Günter Duret
*** « Magritte du meilleur Son » : Mathieu Cox, Corinne Dubien, Thomas Grimm-Landsberg, David Vranken
*** « Magritte du meilleur Montage » : Nicolas Rumpl
** Les 2 « Magritte » de « Titane » (Julia Ducournau/Bel.-Fra./2021-108’/« Palme d’Or » 2021, au « Festival de Cannes) & « People’s Choice Award » 2021, dans la section « Midnight Madness », au « Festival international du Film de Toronto »)
*** « Magritte de la meilleure Image » : Ruben Impens
*** « Magritte du meilleur Film étranger en coproduction » : Julia Ducournau, film coproduit par Jean-Yves Roubin et Cassandre Warnauts (« Frakas Productions »)
** Les 7 autres « Magritte » :
*** « Magritte du meilleur Documentaire » : Paloma Sermon-Daï, pour « Petit Samedi » (Bel./2021/75’/« Bayard d’Or du meilleur Film » & « Prix Agnes » 2020, au « FIFF », à Namur), produit par Sébastien Andres et Alice Lemaire (« Michigan Films »)
*** « Magritte de la meilleure Musique originale » : Vincent Cahay, pour « Adoration » (Fabrice Du Welz/Bel.-Fra./ 2019/98’/« Prix André Cavens » 2020/« Bayard d’Or de la meilleure Interprétation » 2019, pour Fantine Harduin & Thomas Gloria, au « FIFF », à Namur/« Prix spécial du Jury » & « Prix de la meilleure Photographie » 2019, au « Festival international du Film de Catalogne », à Sitges)
« Adoration » (Fabrice Du Welz) © « Les Bookmakers »
*** « Magritte du meilleur Film flamand » : Teodora Ana Mihai, pour « La Civil » (Bel.-Rou.–Mex./2021/120’/« Prix de l’Audace » 2021, de la section « Un certain Regard », au « Festival de Cannes »), produit par Hans Everaert (« Menuetto ») et coproduit par Delphine Tomson, Jean-Pierre et Luc Dardenne (« Les Films du Fleuve »)
*** « Magritte du meilleur Court Métrage de Fiction » : Xavier Seron, pour « Sprötch » (Bel./2020/21’/« Prix du Public » 2021, au « Festival International du Film grolandais », à Toulouse), produit par Guillaume Kerbusch et Laura Petrone (« Angie Productions ») et Julie Esparbes (« Hélicotronc »)
*** « Magritte du meilleur Court Métrage documentaire » : Hippolyte Leibovici, pour « Mother’s » (Bel./2019/ 22′) produit par Laurent Gross (« INSAS »)
*** « Magritte du meilleur Court Métrage d’Animation » : Lia Bertels, pour « On est pas près d’être des super Héros » (Bel./2020/2020/12’/« Mention spéciale du Jury » 2020, au « FIFF », à Namur), produit par Thierry Zamparutti (asbl « Ambiances »).
*** « Magritte d’Honneur » : Marion Hänsel (Marion Ackermans/1949-2020), « Lion d’Argent de la meilleure Réalisation » 1985, pour « Dust », à la « Mostra de Venise » & « Mira d’Or » 2004 (attribué par l’ « Association de la presse cinématographique flamande »), remis à son fils, Jan Ackermans, par Jane Birkin, actrice de Marion Hänsel , pour « Dust ».
Pour ceux qui, malheureusement, ne connaitraient pas Marion Hänsel, notons la justification de l’ « Académie Delvaux » : « Avec près de 15 longs métrages dans sa filmographie, entre adaptations littéraires et créations originales, Marion Hänsel s’est imposée dans le paysage cinématographique belge et mondial avec une œuvre puissante, exigeante et éminemment personnelle. Au fil de sa carrière, son cinéma a croisé des Prix Nobel, transcendé des ‘Goncourt’, été sélectionné à Cannes et Venise. Du Pacifique à l’Afrique du Sud, de Djibouti à Hong Kong, sa filmographie offre un voyage à travers le temps et l’espace, aussi lettré que spectaculaire. »
Vive le Cinéma belge !
Puisse la 12è Cérémonie des « Magritte du Cinéma », en février 2023, ne plus souffrir d’aucune restriction sanitaire.
Yves Calbert.