Ouverture du « Salon Betty Duesberg », pour les 30 ans du « Musée François Duesberg », à Mon
« Le beau appartient à tous. Il nous élève, nous grandit », nous confie le baron Elie-François Duesberg.
Le mercredi 11 septembre, sur la Grand’ Place de Mons, sis entre l'Hôtel de Ville et le "Théâtre royal", les journalistes découvraient – en présence du bourgmestre, Nicolas Martin, et de l’échevine de la culture, bourgmestre ff, Catherine Houdart – un nouvel espace artistique montois, le « Salon Betty Duesberg », installé au sein de la « Maison de la Toison dOr », édifice Renaissance, édifié au début du XVIIè siècle, qui abrita, durant de nombreuses années, l’ « Office de Tourisme » de la Ville de Mons, fêtant ainsi de belle manière les 30 ans du « Musée François Duesberg », sis à proximité de la collégiale Sainte-Waudru.
L’émotion du baron Elie-François Duesberg (°Liège/1934) était immense, heureux que ce « Salon » soit dédié à son épouse, la baronne Betty Duesberg (1932-2021), fille d’un mineur du bassin liégeois, passionnée par les porcelaines et l’orfèvrerie, plus particulièrement dédiées à l’art de la table.
Arrivant, sous les applaudissements, devant la façade du « Salon Betty Duesberg », le baron Elie-François Duisberg fut invité à dévoiler, lui-même, la plaque commémorative, dédiée à son épouse, posée sur la façade de la « Maison de la Toison d’Or », ainsi nommée vu la présence, sur cette même façade, de trois blasons décorés de la « Toison d’0r », ceux des familles Bucquoy de Longueval, de Ligne et de Croÿ.
« Ça me touche … On comble, enfin, un grave manquement », déclara-t-il, la larme à l’oeil, son adjoint à la direction du « Musée » et du « Salon », Pierre Bouchat, nous confiant : « Chaque objet a été choisi par le baron, en hommage à son épouse, très investie dans le choix et l’entretien de ces orfèvreries, et en lien avec la Ville de Mons. Celle-ci, en concurrence avec la Ville de Liège, ayant un grand passé d’orfèvrerie, les orfèvres devant, autrefois, caresser la tête du "Grand'Garde", le petit singe en fer forgé, afin de prêter leur serment de Maître Orfèvre.
Ainsi, soulignons que ce « Salon » nous présente, plus spécifiquement, nombre d’orfèvreries montoises, acquises par ce couple de collectionneurs, cette production étant un témoin vivant du passé glorieux de la cité montoise, pas moins de 30 orfèvres étant répertoriés, à Mons, à l’époque de la Révolution française, tout orfèvre devant prêter serment en posant une main sur la tête du « Singe du Grand Garde », ce célèbre petit singe en fer forgé, symbole de l’esprit montois, libre et gouailleur.
A peine à l’intérieur, le baron tint à s’attarder devant chaque vitrine, nous présentant les principaux objets exposés, nous disant tout le soin que son épouse portait, autrefois, à l’entretien de chaque pièce exposée au sein de leur musée. « Qui va s’en occuper, désormais ? », s’inquiéta-t-il.
Parmi les objets présentés dans le « Salon Betty Duisberg », notons la présence de l’armorial dévoilant les armoiries choisies par la baronne, celles-ci comportant l’illustration d’une cafetière, deux superbes cafetières à versoir en argent, en forme de tête de cygne – porteuses du poinçon de Mons et marquées aux armes de l’Evêque de Cambrai – tant appréciées par la baronne, étant exposées dans la vitrine voisine, l’une étant en argent et l'autre en « porcelaine de Namur » (en fait, en grès rouge émaillé).
Après nous avoir présenté la plus longue épée montoise d’apparat, en argent, le baron Elie-François Duesberg nous montra une pièce propre au culte juif, soulignant le fait qu’il avait fait don de plusieurs de ces objets rituels au « Musée Juif de Belgique », sis rue des Minimes, à Bruxelles.
En fond de salle, une étonnante oeuvre décorée d’authentiques papillons brésiliens, qui, une fois repliée, constitue, en fait, une ravissante table ronde.
Avant de se rendre sur la Grand’ Place, les journalistes avaient été invités à (re)découvrir cet intéressant musée des Arts décoratifs, la collection (1775-1825) des époux Duesberg ayant obtenu, fait unique, six étoiles du « Guide Michelin », deux pour le « Musée » lui-même, deux pour son exceptionnelle série de pendules et deux pour les objets présentés au « Grand Curtius », à Liège.
Vu le grand succès, en 1993, de leur exposition, présentant pendules dites « au nègre », intitulée « De Noir et d’Or », organisée à l’ « Hôtel particulier Bellevue », devenu le « Musée Bellevue », à Bruxelles, les époux Duesberg se mirent à la recherche d’un lieu d’exposition permanent. Notre capitale fédérale possédant déjà de nombreux musées, ils jetèrent leur dévolu sur Mons, où un ancien bâtiment de la « Banque Nationale » fut retenu, pour devenir l’écrin de leur prestigieuse collection privée. Le baron de préciser : « Mon épouse et moi étions des Bruxellois, d’origine liégeoise, mais nous voulions donner un nouvel attrait à Mons, moins favorisée que d’autres. Dès lors, nous lui avons donné cette collection. »
Et le baron de poursuivre, au sein du catalogue broché du « Musée » : « Celle collection est le fruit de beaucoup de travail, de passion et de sacrifices. La passion est le seul moteur qui donne un sens à l’existence. J’ai commencé cette collection il y a plus de cinquante ans, à Paris, où je travaillais, à l’époque. C’est là que j’ai déjà acquis de nombreux objets. »
« Notre collection est essentiellement composée d’objets Louis XVI, Directoire, Consulat, Premier Empire et, un peu, Restauration, jusqu’à Charles X. Selon moi, c’est la période la plus qualitative, concernant le travail de fonte, de ciselure et de dorure, au feu et au mercure. »
« Cette collection est est le fruit du mariage de deux passions : l’art de la table, passion de mon épouse, et l’art du temps, ma passion. Un mariage magique de la science et de la beauté, réunis dans une symphonie de bronze et d’or. Par respect pour le visiteur, tout est en parfait état et fonctionne. Toutes les dorures sont d’origine. »
Concernant sa passion, il ajoute : « Les pendules sont le résultat du mariage magique entre l’art et la science, de la sculpture avec la technique horlogère. C’est le seul domaine où la science est si proche de la beauté. »
« J’ai démonté et remonté chacun des objets de la collection. Mon épouse – qualifiée la ‘fée des patines’, dans la gazette de l’ ‘Hôtel Drouet’, consacrée aux pendules ‘au nègre’ – les a tous nettoyés. »
Le mot « nègre » n’étant pas bien accepté, au XXIè siècle, notons que, au XVIIIè siècle, « les pendules décoratives les plus convoitées étaient dites ‘au nègre’, voire ‘au bon sauvage’, Jean François Deverberie (1764-1824), talentueux bronzier, exploitant remarquablement ce thème si prisé de l’exotisme« , ce que précise le catalogue du musée.
Parmi les plus de 300 pendules exposées, notons celle dont le cadran central affiche l’heure, celui du haut étant dédié aux phases des la lune. En bas, dans le cadran de droite, nous trouvons les jours de la semaine, avec, à gauche, un quatrième cadran indiquant les mois de l’année … Inimaginable à notre époque du numérique ! … Mais quel travail d’horlogerie !
Citons Voltaire (François-Marie Arouet/1694-1778) : « L’univers m’embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger … »
Trois oeuvres littéraires sont illustrées par plusieurs pendules exposés : « Paul et Virginie » (1788), de Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), « Robinson Crusoé » (1719), de Daniel Defoe (1660-1731) & « Atala » (1801), de François-René de Chateaubriand (1768-1848), « des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) ayant exalté les vertus morales du retour à la Nature, à travers le mythe du ‘bon sauvage’ vivant dans un paradis bucolique, non encore perverti par le conquérant blanc. » , précise le catalogue.
Ainsi, outre l’heure qu’elles donnent, ces pendules nous racontent différentes histoires, nous renseignant sur les
valeurs de leur époque.
Rappelons que le « Musée François Duesberg » permet, aussi, à cette inestimable collection de pendules de dialoguer avec les arts de la table, nous proposant un impressionnant ensemble de porcelaines, de cristallerie et d’orfèvreries, réalisées par les meilleurs fournisseurs de la cour impériale, l’emprunte napoléonienne étant importante.
« Il dit apprécié au plus haut point tout ce qui concerne Napoléon et il n’est pas présent le ‘Tatoo’ », évoquant l’absence, lors de la visite de presse. du candidat bourgmestre de Mons, Georges-Louis Bouchez.
En 2022, le baron Elie-François Duesberg, ayant étoffé ses collections de façon homérique, fait rédiger une convention de donation de plus de 600 pièces à l’attention de la Ville de Mons, cette même convention faisant de cette dernière, le légataire universel de sa collection, une pemière convention atant été signée en 1993.
A souligner, la présence de 4 pièces iconiques, au sein des Collections des Duesberg :
1- La « Grande Pendule de Paul et Virginie », par Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), commandée, en 1803, par Napoléon Bonaparte (1769-1821), alors premier Consul, afin de l’offrir à l’écrivain français Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), un pendule que le « Getti Museum », de Los Angeles, aurait aimé acquérir à l’instar d’autres institutions muséales internationales.
2- La « Pendule au Rémouleur », par le bronzier parisien Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) et l’horloger « Gavelle l’Ainé » (Pierre Gavalle/1753-1802). Créée en marbre « vert de mer », d’époque Directoire, cette pendule automate, à guichet et cadrans tournant, possédant une boite à musique, avec douze mélodies, sa seule réplique connue, réalisée en marbre blanc, se trouvant au « Musée de l’Ermitage », à Saint-Petersbourg.
3- Le « Service du Roi de Hollande », par le graveur et peintre belge, Frédéric Théodore Faber (1782-1844), créé en porcelaine dure, décoré de vues de Bruxelles.
4- La « Grande Epée au Poinçon de Mons », par l’orfèvre montois Claude-Louis Foncez.
Revenons à la visite de presse, le baron Elie-François Dueberg ayant tenu à souligner que, dans « Le petit Futé », l’on peut lire : « Ce musée est, dans la richesse de ses spécificités, d’une niveau tout à fait comparable au ‘Musée du Louvre’ et à celui ‘de l’Ermitage’. »
Et d’ajouter : « D’après la revue ‘Connaissance des Arts’, c’est la collection la plus riche au monde au mètre carré. Ce musée d’art est d’ailleurs le mieux coté sur ‘Trip Advisor’. Il est de réputation mondiale et attire, surtout, des visiteurs étrangers … On nous avait dit que c’était impossible, … et on l’a fait. »
Aussi, en 2017, dans la capitale wallonne, à Jambes-Namur, ils furent faits – honneur attribué pour la première fois aux deux membres d’un même couple – « Commandeurs du Mérite wallon », rang suprême de la Wallonie, pour avoir contribué à son rayonnement.
Auparavant, en 2005, Betty Martens & Elie-François Duesberg furent, tous deux, élevés, à titre individuel, au rang de baronne & baron Duesberg, par le Roi Albert II, eu égard à leur action de mécénat et de dynamisation culturelle de notre pays.
Ensuite, en 2011, le Conseil communal montois leur avait octroyé la Citoyenneté d’honneur de la Ville de Mons, reconnaissant, ainsi, l’investissement du couple dans ce musée exceptionnel, fruit d’un travail mené sans relâche.
Ceci sans oublier qu’en 2018, le baron François-Elie Duisberg avait été reçu par le Roi Philippe, qui l’avait décoré comme « Commandeur de l’Ordre de la Couronne ». A cette occasion, il avait déclaré : » Je suis surtout content pour l’aura que cela confère au musée et à la Ville de Mons. Je suis également heureux que la culture soit ainsi reconnue. Souvent, ce sont la science, la recherche ou les affaires qui sont récompensées. Le Roi a notamment souligné la notoriété internationale de notre musée » (source : Grégoire Lalieu, pour la « DH »).
Soulignons, enfin, que les collections des époux Duesberg sont les seules collections muséales à avoir obtenu six étoiles au « Guide vert Michelin », tant en Belgique qu’à l’étranger : deux pour le musée montois lui-même, deux pour leur collection de pendules à sujets exotiques, présentée en ce même musée, ainsi que deux dernières pour leur donation d’horlogerie et de porcelaine, au « Grand Curtius », rendant hommage à leurs origines liégeoises.
De son côté, l’écrivain de l’art, Georges Poisson (1924-2022), ancien conservateur général du Patrimoine, en France, écrivit : « J’ai visité beaucoup de musées de toutes sortes. J’en ai rarement rencontré qui présente, avec une telle qualité et un tel bonheur, le résultat d »une vie de recherches minutieuses et exigeantes, au service de la beauté. Ce musée que j’ai vu, depuis plusieurs années, croître en richesse et en audience, ce musée dont la somptuosité éveille l’enthousiasme, j’en suis, depuis longtemps, l’admirateur et l’ami. »
Ancien coureur demi-fond et tennisman, Elie-François Duesberg, devenu docteur en droit, en 1958, renonçant à une carrière d’avocat pour se lancer, comme juriste, dans le domaine plus directement lucratif des assurances, obtint sa première pendule en 1964, se formant, ensuite, aux arts horlogers, apprenant tous les secrets des mécanismes et des rouages de ces œuvres d’art auprès d’un vieil horloger installé au « Sablon ».
Eminence grise du marché de l’art, à Paris et à Bruxelles, le baron enseigna à l’ « IESA » (« Institut d’Ecole Européenne d’Antiquaires »), à Bruxelles, ayant même pratiqué le journalisme, signant, notamment, des articles féroces pour l’hebdomadaire satirique belge francophone « PAN »
En 2020, à Mons, à proximité de son musée, entre la rue de la Houssière et la rue du Chapitre, le baron a pu, lui-même, abaissé un drapeau montois pour dévoilé la plaque de la « rue du Musée François Duesberg, fondé par les Barons François et Betty Duesberg ».
A noter que son grand-père, Jules Duesberg, fut recteur de l’ « Université de Liège », de 1927 à 1939, année où il devint Ministre de l’Instruction publique. Son père, Jacques, professeur à l’ « HEC » (« Ecole de gestion de l’Université de Liège »), fut le précepteur des enfants royaux, de 1937 à 1940, les ayant accompagné en Espagne, durant l’exil de guerre.
Quant à son parrain, fait « Chevalier de l’Ordre de Léopold », Dom Daniel Duesberg (André Duesberg/1902-1944), moine à l’abbaye de Maredsous, avant de devenir le fondateur et premier commandant de la « Légion Belge du Hainaut », lors de la seconde guerre mondiale. Ayant été emprisonné par les Nazis, il fut exécuté dans le camp de Gros-Rosen, une plaque commémorative étant exposée dans le musée, ce que le baron ne manqua pas de nous dévoiler, avec une grande émotion, avant qu’il ne nous dirige vers une fenêtre donnant sur le petit jardin du « Musée Duesberg », où repose son épouse, la baronne Betty Duesberg, sa sépulture nous présentant une importante épitaphe : « Celui qui se perd dans sa passion a moins perdu que celui qui perd sa passion », une maxime de Saint-Augustin, que le baron se plaît à rappeler régulièrement.
… Et le baron de nous confier : « Je la rejoindrai bientôt. Ensemble, nous irons décorer le paradis, comme nous avons décoré ce musée. »
A l’occasion d’un prochain séjour à Mons, qui sait pour visiter la prochaine exposition du « Musée des Beaux-Arts », « Le Surréalisme : bouleverser le Réel« , programmée du samedi 19 octobre 2024 jusqu’au dimanche 16 février 2025, n’hésitons pas découvrir ce « Salon Betty Duesberg » – sis à 300 m du « CAP » (« Culture, Art & Patrimoine », incluant le « Musée des Beaux-Arts », la « Maison des Collections » & le « Jardin du Poirier Beurré ») -, ainsi que le « Musée Duesberg », situé entre la gare de Mons et la Collégiale Sainte Waudru.
« La passion est le seul moteur qui donne du sens à l’existence … On a tellement besoin de la beauté … Soyons désespérément optimistes, … jusqu’à la fin du rêve » (baron Elie François Duesberg).
Ouverture du « Musée Duesberg » : mardi, jeudi, samedi & dimanche, de 15h à 18h. Prix d’entrée du Musée : 10€ (0€, pour les moins de 16 ans). Ouverture du « Salon Betty Duesberg » : les premiers dimanches du mois, de 15h à 18h (entrée gratuite). Contacts (« Visit Mons ») : 065/33.55.80. Visites guidées (baron Elie François Duesberg) : 065/36.31.64 & francois.duesberg@skynet.be. Site web : www.duesberg.mons.be.
Yves Calbert.