« NAPOLÉON, AU-DELÀ DU MYTHE », À LIÈGE, JUSQU’AU 09 JANVIER 2022

écrit par YvesCalbert
le 30/07/2021

« Ce que je cherche avant tout, c’est la grandeur : ce qui est grand est toujours beau. La froideur est la plus grande qualité d’un homme destiné à commander … A la guerre, l’audace, est le plus beau calcul. » (Napoléon Bonaparte).

Homme de communication, sachant motiver les siens, à son départ pour la Campagne d’Italie, en 1796, il déclarait : « Nos magasins sont vides ! Ceux de l’ennemi regorgent de tout ! C’est à vous de les conquérir ! Vous le voulez ! Vous le pouvez ! »

Dans le cadre du bicentenaire de la mort de Napoléon, sur près de 3.000m2, « Europa Expo » nous propose de découvrir, à Liège, au sein de l’espace muséal de la Gare des Guillemins, jusqu’au dimanche 09 janvier, « Napoléon, au-delà du Mythe », une exposition immersive labelisée « 2021-Année Napoléon », débutant par une lettre du 15 décembre 1840, à l’occasion de l’inhumation de Napoléon 1er aux « Invalides », signée par un homme de lettres, Victor Hugo (1802-1885), dont le père était le Général d’Empire Joseph Léopold Sigisbert Hugo (1773-1828).

Après une évocation de l’exil de l’Empereur sur l’île britannique de Sainte-Hélène (17 km sur 10 km) – qui nous révèle que sa tombe provisoire ne portait aucun nom, le Gouverneur britannique (1816-1821), Hudson Lowe (1769-1844 ), voulant que soit écrit Général Bonaparte, alors que l’entourage de l’Empereur voulait que figure le nom Napoléon -, nous sommes impressionés, dans la seconde salle, par une installation propre à « Europa Expo », mettant en scène une authentique lame de guillotine, le (faux) sang s’étant répandu sur le sol …, nous rappelant qu’entre le 05 septembre 1793 et le le 18 juillet 1794, 2.639 personnes furent guillotinées …

Cette évocation de la Révolution française de 1789, authentique bonnet phrygien à l’appui, illustre le contexte dans lequel s’est inscrite l’accession au pouvoir de Napoléon 1er Bonaparte.

Après avoir pris connaissance de l’arbre généalogique du futur Empereur et la chronologie des principaux événements de sa courte vie (ses premières années en Corse, sa formation militaire à Brienne, puis à Paris, …), nous découvrons, sur 200m2, le premier des trois grands décors immersifs, nous présentant, avec réalisme, les conditions d’un bivouac de Campagne, le plus souvent installé dans une ferme.

Faisant face à un soldat dormant sous un chariot, nous trouvons une scène avec un Mamelouk, à l’uniforme typique, que Napoléon avait ramené de sa Campagne d’Egypte. Plus loin, au sortir de cette superbe évocation, nous retrouvons Napoléon examinant, avec ses officiers, la carte d’un champ de bataille, alors qu’un canon  (prêt  du« Ligny 1815 Museum »), placé dans la cour de la ferme, est pointé en direction de la salle suivante.

Au passage, notons que Napoléon Bonaparte (1769-1821) a livré 57 batailles (42 victoires, 11 défaites et 4 au verdict incertain). Dix d’entre elles sont plus particulièrement évoquées à Liège : Les Pyramides, Trafalgar,  Austerlitz, Iena, Eylau, Friedland, Wagram, Bérézina, Leipzig et Waterloo. Né en Corse, s’est à peine s’il pouvait  s’exprimer en français, à 9 ans, alors qu’à 24 ans, il devenait Général de Brigade, à 30 ans, 1er Consul de France  et à 35 ans, Empereur des Français.

Bien au-delà de ces reconstitutions portant la griffe d’« Europa Expo », près de 350 pièces authentiques sont exposées, dont quelques 150 pièces sont prêtées par un collectionneur parisien, Bruno Ledoux (°1964), dont les deux filles sont, par leur mère, des descendantes du Prince Poniatowski, l’unique officier étranger fait Maréchal d’Empire.

Parmi ces pièces, si nous avons des sabres dont l’un, de l’Empereur, réalisé en argent et en nacre, évalué à deux millions d’Euros, nous trouvons, également, moins glorieuses, deux scies, qui servaient aux amputations, tant redoutées par les soldats.

Un martinet, lui aussi, est exposé – n’ayant rien à voir ni avec celui qu’autrefois le « père fouettard » était censé utiliser, ni à un autre que certains adultes utilisent pour assouvir leurs fantasmes -, ce martinet ayant été utilisé par des soldats, afin de dépoussiérer leurs uniformes.

Plus rafinés, outre une paire de bas de la Duchesse de Parme, nous trouvons une robe de cour, attribuée à l’Impératrice Joséphine (Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais/1763-1814/1ère épouse de Napoléon).

Un lit de campagne de Napoléon est également présent, de même qu’une de ses paires de bottes, ainsi que de son nécessaire dentaire, témoignant du grand soin qu’il tenait à apporter à ses dents, ou encore une malle à linge en acajou, ainsi qu’une légion d’honneur, retrouvée à Waterloo. En outre, nous découvrons une calote du Pape Pie VII (Barnaba Niccolò Maria Luigi Chiaramonti/1742-1823), qui couronna Napoléon, en 1804, de même qu’une série de soldats de plomb du Roi de Rome, quatre dioramas nous replongeant dans l’atmosphère des Campagnes.

Parmi les pièces rares, notons un « pistolet à patte de canard », muni de 4 canons, pouvant, ainsi, en un seul tir, faire plusieurs victimes, sans oublier un fusil à silex de Mustapha Pacha (Mustapha VI ben Brahim Pacha/assassiné en 1805), utilisé par ce chef mamelouk, en 1799, au service de Napoléon, lors de la bataille d’Aboukir. Egalement exposés, un tambour de sapeur, une brosse pour chevaux, ainsi qu’un petit livre apprenant au soldat « l’art de se raser de prêt ».

Notons encore la présence de visions contemporaines de Napoléon, créées par le sculpteur verviétois Christian  Merland, qui collabore, depuis plusieurs années, à « Europa Expo », s’étant, ici, inspiré, entre autres, d’oeuvres  de Salvatore Dali (1904-1989), Keith Haring (1958-1990), Roy Lichtenstein (1923-1997) et René Magritte (1898-1967), alors qu’une des pièces maîtresses de « Napoléon au-delà du Mythe » est, bien sûr, l’un des 19 authentiques bicornes en castor noir, qui furent portés par l’Empereur et qui subsistent des 120 à 200 bicornes, qui lui furent fournis par la « Maison Poupart ».

Au milieu de l’exposition, une halte s’impose, afin de découvrir, sur un grand écran, un extrait d’une petite dizaine de minutes du film « Napoléon Bonaparte » (France/1935/130′) du cinéaste parisien Abel Gance (Abel Eugène Alexandre Perthon/1881-1989).

Nettement plus anecdotiques, nous pouvons voir, sur un petit écran, quelques publicités, dont celle d’une bien connue chaîne de restauration rapide, qui se sont servies de Napoléon pour promotionner leurs produits.

Pour en revenir à l’histoire, l’exposition nous apprend que chaque fantassin portait, sur son dos, son « havresac »,  un sac d’environ 25 kilos, contenant son équipement militaire, avec lequel il marchait (équipé de deux chaussures identiques, pouvant se porter à gauche comme à droite) une trentaine de kilomètres par jour, voire, pour se rendre à Austerlitz, en 1805, 100 km en … 36 heures, ce qui explique qu’il arrivait que certains s’endormissaient en marchant …

… Ainsi Napoléon, ayant toujours eu des admirateurs, eu, aussi, nombre de détracteurs, certains lui repprochant d’avoir été à l’origine de 650.000 décès, lors de ses Campagnes, ou encore d’avoir rétabli l’esclavage, alors qu’à l’opposé, il laisse à nos voisins, la « Légion d’Honneur », la « Banque de France », l’organisation de la Ville de Paris, …, sans oublier, le « Code civil », dont un exemplaire est exposé dans l’avant dernière salle, où nous trouvons, aussi, une copie d’une célèbre peinture, de 1804, signée Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867), intitulée « Bonaparte, premier Consul », dont l’original, propriété de la Ville de Liège, peut être vu à « La Boverie ».

A proximité, un intéressant court-métrage nous apprend, notamment, que Napoléon n’était pas la seule personnalité à placer une main sous son gilet, ce qui est aussi prouvé, en pages 158-159 du livre-catalogue, bien plus complet qu’un simple catalogue, avec les photos de François-René de Chateaubriand (1768-1848) et Karl Marx (1818-1883), posant comme Napoléon.

Dans cette même salle, à l’opposé, nous découvrons une baignoire de Campagne, munie d’un ingénieux système, permettant à l’Empereur de profiter de l’eau chaude pour ses bains, cette pièce en zing ayant été réalisée à … Liège, ce qui justifie son habituelle exposition à la « Maison de  la Métallurgie et de l’Industrie de Liège ».

Vient une dernière galerie, avec des gravures illustrant le retour des cendres de Napoléon aux « Invalides », certains certains documents étant porteurs de mèches de cheveux ou autres reliques de l’Empereur …

… Voici une exposition qui, assurément, nous emmène « Au-delà du Mythe » !

Ouverture : jusqu’au dimanche 09 janvier, tous les jours de 09h45 à 19h30 (dernières entrées à 17h30). Prix d’entrée : 17€ (15€, à partir de 65 ans / 11€, de 07 à 17 ans inclus, pour les étudiants et chaque membre de groupes de minimum 15 personnes / 10€, pour les personnes à mobilité réduite / 08€, pour chaque membre de groupes scolaires de minimum 15 étudiants / 3€, pour les « Art. 27 / 0€, jusqu’à 6 ans inclus / 50€, pour deux adultes et deux enfants {06€, par enfant supplémentaire}. Prix d’entrée à l’ « Escape Game » (incluant l’accès à l’exposition) : 25€ (15€, de 07 à 17 ans inclus/conseillé à partir de 10 ans). Livre-Catalogue : 25€ (Thomas Lambiet & Eric Przybylski/Ed. « Europa Expo »/couverture brochée/ 2021/208 p.). Contacts : info@europaexpo.be ou 04/224.49.38. Réservations obligatoires, via le site web : http://www.europaexpo.be. Obligations sanitaires : port d’un masque bucal et respect d’une distanciation physique d’1m50 entre les « bulles sociales »

Prix combiné avec l’exposition « De Monet à Kandinsky, vers le Modernisme », au Palais des Congrès : 29€ (25€, à partir de 65 ans / 17€, pour les étudiants). Ouverture : tous les jours, jusqu’au dimanche 12 septembre, de 10h à 18h30. Réservations (non obligatoires, mais vivement conseillées, par tranche d’une demi-heure, pour éviter les files, avec les dernières entrées à 18h) : www.classicall.be ou www.monetkandisky.ticketlive.be. Parking : devant le  Palais du Congrès. Accès à pied ou en vélo : de la Gare des Guillemins, via la passerelle « La belle Liégeoise » et le Parc de la Boverie.

… De quoi vivre une superbe journée à Liège ! …

… Et pour nous qui voulons en connaître davantage sur Napoléon, une journée à Braine l’Alleud s’impose, afin de visiter le site de la Butte du Lion de Waterloo, avec, face à cette butte, le « Mémorial de la Bataille de Waterloo 1815 », sis sous terre, présentant, jusqu’au dimanche 17 octobre (en juillet et août : de 09h30 à 19h30, en septembre et octobre : de 10h à 18h30), une exposition inédite, puisque se rapportant exclusivement aux dernières années de la vie de l’Empereur, d’où son titre : « Napoléon, de Waterloo à Sainte-Hélène, la Naissance de la Légende », une intéressante petite exposition, que nous considérons comme étant complémentaire à celle organisée dans l’espace muséal des Guillemins.

Yves Calbert.

  • Décès de l’Empereur (Charles de Steuben) © « Europa Expo »
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