A Mons, "L'Art habite la Ville" : 17 nouvelles Peintures murales créées jusqu'en Octobre

écrit par YvesCalbert
le 25/07/2020

Profitant de l’été, la Ville de Mons nous propose le 2è volet de « L’Art Habite la Ville », son exposition muséale permanente en plein air, nous présentant 17 nouvelles oeuvres, qui, progressivement, jusquà la fin du mois d’octobre, seront intégrées au paysage urbain du chef-lieu du Hainaut.

Quatre thèmes ont été proposés à des artistes renommés dans ce secteur du « street art » : 

– Mythes et Légendes, Saint Georges et le Dragon (quartier des Capucins).

– Montois célèbres et Patrimoine architectural (piétonnier du Centre-Ville et rue de Nimy).

– Voyageurs du Temps (rue de la Halle).

– Légendes et Patrimoines locaux (extra muros, à Cuesmes, Ghlin, Jemappes et Nimy).

Lors de notre visite de presse, nous commençons notre parcours par le « difficile » quartier de la gare, le  Bourgmestre, Nicolas Martin, nous confiant : « Je crois que l’art urbain est un vecteur idéal pour transformer les quartiers », attirant notre attention sur l’importance de mener des actions positives dans ce quartier, afin de lui donner une nouvelle attractivité, de nombreux commerces ayant fermé leurs portes ces dernières années, la  police ayant dû y intensifier sa présence, afin d’y faire baisser la criminalité.

Nous rencontrons ainsi Françoise Ladeuze, une dynamique commerçante montoise, qui nous dit : « Depuis longtemps, je souhaitais accueillir quelque chose d’interactif sur son mur ». C’est donc avec une grande satisfaction qu’elle a confié la mise en couleurs artistique du pignon de sa boutique « Cache-Mire » (rue des Capucins, 40)  » à Céleste Gandolphe, une sympathique artiste devenue Bruxellloise, après avoir travaillé pour  « L’Express », à Paris. En pleine création, elle nous présente son oeuvre, faite de centaines de feuilles de lierre, évoquant les hommes-feuilles, gardiens de la queue du dragon, elle nous explique : « M’étant documenté sur le ‘Combat dit Lumeçon’, j’aborde, ici, le rapport Homme-Nature, omniprésent dans cet événement festif. Des visages surgissent de ce feuillage. A hauteur du passant, je placerai un petit miroir, qui permettra à chacun de s’insérer au sein de ma fresque. »

De l’autre côté de cette rue des Capucins, au numéro 63, c’est une maison abandonnée, aux fenêtes aveugles, rachetée par la Ville, qui est recouverte par une oeuvre terminée, « Le Miracle de Sainte-Waudru », du nom de la patronne de la Ville de Mons. Elle est due à un artiste parisien, à l’identité cachée, connu sous le pseudonyme  (ou le nom de famille) d’ « Honet ». Evoquant la bande dessinée, cette iconographie religieuse est réalisée dans une « ligne claire« , chère à « Hergé »(Georges Remi/1907- 1983). L’oeil averti y verra, aussi, des symboles propres à l’artiste. 

Autre fresque achevée, exploitant aussi, avec goût, trois fenêtres aveugles, à 300m de là, au N° 01 de la rue de Houdain, « L’Homme des Cavernes », pouvant nous renvoier à un site néolithique proche, celui de Spiennes, où se trouve l’un des plus anciens et des plus vastes centres européens d’extraction de silex. A première vue, se découpent des silhouettes aux postures contemporaines, smartphone ou mallette à la main. En y regardant plus attentivement, nous découvrons, assis sur un rebord, un personnage en costume, col et cravatte, ayant pris les attitudes d’un homme préhistorique, d’où le titre de cette oeuvre murale, due au talent de « Levallet », né  Charles Leval, au pays des images, puisque natif d’Epinal. Ayant grandit en Guadeloupe, dès 13 ans, il peignait sur les murs de l’île. De retour en métropole, à 17 ans, il étudie les arts visuels, à Strasbourg. Ayant pratiqué le théâtre, l’audiovisuel, la peinture, la photographie et la sculpture, il est professeur d’arts plastiques, à Paris.

Ayant laissé derrière eux lettrage et bombes aérosols pour ledessin à l’encre, le papier et la peinture, Jérôme Meynen et Antoine Detaille, un duo d’artistes belges, connu sous le nom de« Hell’O », a réalisé, début juillet, dans la rue de la Halle, une installation impressionnante, constituée de seize panneaux, réalisée début juillet, à  quelques mêtres de l’oeuvre précédente, dans un style artistique totalement différent.

Il est vrai que l’architecture du bâtiment est toute différente, puiqu’abritant, froidement, le« Parking de la Halle »,  d’où ce souhait des artistes d’offrir à cette façade sans vie, des tons pastels harmonieux, synthétiques, dans un style moderne. Ils nous disent : « Le mur et ses seize supports indépendants les uns des autres sont travaillés, de manière à faire voyager le spectateur dans le temps et les différents styles : figuration, abstraction, références au temps, modernisme, classicisme. »  Pari réussi pour ces deux artistes d’origine montoise, qui ont déjà exposé à  Mons, en 2018, au « BAM », mais aussi en Chine, en Espagne, en France, aux Etats-Unis, …

Notons que seuls deux des panneaux sont identiques et rassemblés l’un à côté de l’autre, au centre de cette architecture, comme pour former un regard fixe de deux yeux stylisés, l’oeil, représentation du vivant dans sa plus simple expression, étant un élément graphique essentiel dans leur travail.

Remontons vers la Grand’ Place, où nous trouvons l’ « Office du Tourisme », qui vend, au prix démocratique d’un  Euro, la carte géographique localisant les fresques égayant les rues de Mons.

Passant devant l’Hôtel de Ville, pouvant, au passage, pour nous porter bonheur (qui sait ?), caresser la tête du célèbre petit singe en fer forgé, nous tournons à gauche, à l’angle du « Théâtre Royal ». Décorant la façade du  « BAM » (« Musée de Beaux-Artsde Mons »), nous découvrons une autre installation, présentant des panneaux réalisés par différents artistes.

Retournons vers la Grand’ Place et tournons à gauche, marchant sous « Passenger » – l’oeuvre éphémère d’Arne Quinze, qui, réalisée, en 2015, à l’occasion de « Mons, Capitale européenne de la Culture », sera démontée à la fin de l’été -, nous découvrons deux nouvelles fenêtres aveugles, surperbement mises en valeur par« Jana et JS »,  « JS » étant les initiales de Jean-Sébastien, lui-même et Jana, constituant un duo d’artistes, couple français dans la vie, domiciliés à Salzburg, en Autriche.

Nicolas Martin, le Bourgmestre, nous exprima sa satisfaction d’y voir la façade gothique de l’Hôtel de Ville si parfaitement reproduite par« Jana et JS », Jean-Sébastien nous précisant : « L’architecture est très présente dans notre travail mais c’est l’humain qui reste notre thème principal »… Et évoquant l’humain, signalons que, comme dans la plupart de leurs oeuvres, ce sont leurs portaits que nous retrouvons – réalisés au pochoir, avec une grande maîtrise technique – sur ces deux fenêtres du magasin « Petits Pois ». Concernant les fenêtres, il poursuit : « Elles constituent un élément essentiel de notre travail, ouverture sur le monde ou ouverture sur un monde imaginaire, onirique, intime ou les deux à la fois ? C’est cette double ouverture que nous mettons en scène ici. Dans un jeu surréaliste où l’on voit l’extérieur et l’intérieur à la fois, ces deux fenêtres nous projettent dans la Ville et dans l’intimité des deux personnages. »

Notons, parmi les fresques à venir, en septembre, « Le combat de Saint-Georges et du Dragon », qui sera peinte sur la façade d’un magasin de luminaires, sis dans la rue des Capucins, au N° 11. Inspiré par le folklore montois,  l’artiste espagnol Antonio Segura Donat, connu sous le pseudonyme de « Dulk », compte donner, à l’image du travail de Walt Disney(1901-1966), des formes d’animaux aux personnages montois de ce légendaire combat. A noter qu’ayant étudié le graphisme à l’« Université de Valence », il a déjà exposé à Chicago, Miami, New York,  Vancouver, …

Et si nous venons d’évoquer le futur proche, n’hésitons pas, non plus, d’admirer des fresques réalisées en 2019, telle, dans à la rue des Fripiers, cette superbe oeuvre de l’artiste espagnol « Duek » (Duek Glez), intitulée  « Eldorado ».

Inaugurée aux sons de la musique chaleureuse des« Mariachis », cette fresque, toute en couleurs chatoyantes, représente parfaitement le Mexique, mettant en lumière les espèces animales, dont le resplandissant Quetzal (lié au dieu Quetzalcoatl, le créateur de l’humain, selon la Culture aztèque) et végétales, endémiques au pays de la renommée artiste peintre Frida Kahlo (Frida Carmen Kahlo Calderón/ 1907-1954).

L’idée de voyager à l’étranger n’étant actuellement pas des plus sécurisantes, profitons en pour découvrir ce parcours de fresques de « L’Art habite la Ville », tout en pouvant profiter de notre passage à Mons, pour visiter « Legacy », les deux expositions consacrées aux photographies de Yann Arthus-Bertrand, à la « Salle Saint-Georges » et dans les « Jardins du Beffroi », ouvertes jusqu’au dimanche 25 octobre, ou encore, au « BAM », celle consacrée à l’ « Ecole de Mons 1820-2020, deux Siècles de Vie artistique », prolongée jusqu’au dimanche 06 septembre, sans oublier, au « Mondaneum », l’expo « La Belgique dans tous ses Etats, 400 Ans d’Images belges », jusqu’au dimanche 03 janvier 2021, voire encore, certaines fresques évoquant le folklore montois, pourquoi ne pas (re)vister le…« Musée du Doudou »,… histoire de retrouver ces homes-feuilles si bien évoqués, sur une façade, par Céleste Gandolphe…

Yves Calbert.

 

 

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