Le club de supporters des Rouches « Lès Djoyeûs Dragons d’Mâm’dî » en deuil de Francis RION, un de ses fondateurs.
Fou de football, l’homme, né à Dalhem, fut arbitre international jusqu’en 1981. Il siffla notamment le match de quart de finale entre l’Argentine et l’Autriche lors du Mondial 1978.
Il a travaillé à la FN tout en étant arbitre international. Il a sifflé à la Coupe du monde en 1978 et arbitré pas moins de 101 matches internationaux. Par la suite, il s’est installé comme indépendant en peinture industrielle et décoration
Plus tard, Francis Rion, grand fan du Standard de Liège, participa à la création du club de supporters Lès Djoyeûs Dragons d’Mâm’dî en 1994.
Homme solide au grand moral, il a survécu à 3 cancers ( du foie, de l’intestin et de la prostate ). Sociétaire au grand coeur, il a pris en charge l’organisation des éditions annuelles de Télévie et des ouvrages de peinture lors de la restauration des locaux de Couleur Café. C’est un grand Homme qui vient de nous quitter mais il laisse derrière lui le meilleur des souvenirs.
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SOUVENIRS
Bon anniversaire à notre Président Fondateur Francis Rion qui a soufflé hier les bougies de ses 88 printemps ( Intervention de Lucien LONGREE )
HEUREUX ANNIVERSAIRE Francis Rion : 10/06/1933 – 10/06/2021 (88 ans)
Lorsque j’avais rencontré Francis début mai 2018 à son domicile, il se remettait lentement mais sûrement d’une sérieuse hospitalisation.
Gageons que l’année qui vient de s’écouler lui aura permis de reprendre des forces pour regarder l’EURO.
Il est vrai que depuis que Francis a quitté la scène internationale, très peu d’arbitres belges ont encore eu l’honneur de participer à de grands tournois internationaux.
Allez Francis, prépare ton sifflet et tes cartes, en route pour Saint Petersbourg…
« Mon honneur est sauvé et ma conscience tranquille, tout le monde ne peut pas en dire autant… »
Avec ses 87 Printemps, celui qui fut notre sifflet national et international Numéro Uno rentrent lentement mais sûrement au Panthéon de nos valeureux sportifs. Ceux qui, de par leurs prestations, donnèrent du plaisir et surtout la joie de vivre à des milliers de personnes à une époque économiquement bien difficile.
Et nul ne sait ce que nous réserve cette période d’après confinement qui pourrait bien voir notre économie descendre en flèche dans les abîmes grandes ouvertes par notre « Dream Team » aux Pouvoirs Spéciaux aux dépenses aussi burlesques qu’un bon « Laurel & Hardy » des temps modernes…
De notre agréable entrevue de Mai 2018, et oui que le temps passe vite, nous retiendrons trois grands axes de la carrière de Francis Rion :
1. Son arrivée dans l’arbitrage…
2. Ses coups de gueule dans les couloirs de l’Union Belge…
3. Son refus de coopérer avec (déjà) les Mafiosi de la FIFA lors de la Coupe du Monde en Argentine (1978) …
L’ARBITRAGE, JE SUIS TOMBÉ DEDANS TOUT À FAIT PAR HASARD
Francis est né à Dalhem le 10 juin 1933. Comme tous les garçons de son âge, il a d’abord tapé dans un ballon dans la cour de l’école communale du village. Et il a aussi dû attendre d’avoir 16 ans pour pouvoir signer sa première carte d’affiliation pour évoluer dans une équipe à l’Elan Dalhem.
« Il n’y avait pas d’équipes d’âge à Dalhem à cette époque, j’ai commencé à jouer en Réserve. Oh, je n’étais pas un foudre de guerre, je jouais surtout pour le plaisir. Je n’ai d’ailleurs joué que10-12 années au Foot. Mais lorsque j’ai été arbitre je suis toujours resté affilié à l’Elan ».
COMMENT ES-TU DEVENU ARBITRE ?
« Il faut savoir que durant mon premier mariage, j’habitais à Vivegnis et un jour la Réserve de Vivegnis allait jouer à Roclenge-sur-Geer. Je m’habillais dans le vestiaire quand tout à coup notre délégué, Alphonse Nysten (75 ans), rentre et nous dit qu’il n’y a pas d’arbitre. Comme le stipule le Règlement, ce sont les visiteurs qui doivent fournir un arbitre. Le brave Alphonse vient me trouver et me demande de siffler. Après le match, tous les joueurs étaient contents, ils sont venus me trouver et m’ont demandé pourquoi vous ne faites pas arbitre ? Je me suis dit, pourquoi pas ! Je suis allé me renseigner à la Fédération, j’ai suivi les cours et passé les examens, j’ai réussi et ma carrière a commencé ! ».
Tout d’un coup, la porte de l’appartement s’ouvre, c’est Maggy qui rentre d’avoir été faire les commissions. Du coup, l’ambiance va monter d’un cran, il faut dire qu’elle est beaucoup plus jeune que Francis, son mari, et qu’elle pète la forme. Elle n’hésitera d’ailleurs pas à descendre à la cave pour aller chercher une boite pleine de photos souvenirs…
J’AI QUAND MÊME CHANGÉ QUELQUES LOIS À L’UNION BELGE
Les hommes un peu trop masochistes diront qu’une femme qui parle de trop ce n’est jamais bon… Oh excusez-moi mesdames, je cherchais juste une introduction un comique pour expliquer la reprise de parole par Francis.
« Un jour, j’ai dit à l’Union Belge, si ma femme ne peut pas m’accompagner, j’arrête l’arbitrage ! Tu sais, j’ai encore connu de grands Messieurs à la Fédération, des gars comme Gérard Verseyp (BXL), Albert Alsteen (BXL), Arthur Blavier (Namur) et Van Nuffel (Anvers), c’étaient des gentlemans… Tous avaient été arbitres et tous étaient allés à une Coupe du Monde. Vraiment des gens bien. J’ai d’ailleurs remplacé Vital Loraux (Charleroi) comme N° 1 Wallon.
CE MATCH DE COUPE DU MONDE FUT UN VÉRITABLE POISON…
Une désignation comme arbitre ou une sélection comme joueur pour une Coupe du Monde est assurément le summum d’une carrière. Du moins vu de l’extérieur, parfois moins de l’intérieur, encore moins lorsqu’on vous met une pression maximale qui frise la corruption…
« Ah je peux te dire que lorsque j’ai reçu le télégramme m’annonçant que j’étais retenu, j’ai explosé de joie, quel bonheur, quelle carrière. Je ne m’imaginais pas que j’allais y vivre un vrai cauchemar ! Déjà lorsque j’ai su que je devrais arbitrer le match Italie – Autriche en quarts de finale, je n’ai pas sauté de joie. Or, 2-3 jours avant le match, je croise dans le couloir Artemio Franchi, italien et Vice-Président de la FIFA. Je le salue poliment et il me dit, Monsieur Rion, si vous êtes ici c’est grâce à moi, j’espère que vous vous en souviendrez au moment opportun ? Dans l’autre couloir, je rencontre Friedrich Seipelt, autrichien et Président de la Commission des arbitres UEFA qui me dit la même chose ! Là je me dis, je vais arbitrer ces deux castards et s’il y a une équipe battue, je vais le payer ! On a essayé de me corrompre, jamais de la vie avec Francis ! D’ailleurs, je vais même te dire, on me désignait toujours pour siffler le Derby liégeois, et à chaque fois, je perdais des amis. J’ai dit à Bruxelles, stop y en a d’autres que moi ! Après, je ne savais même plus aller boire un verre avec les copains sans me faire chambrer, voir un peu plus… ».
UN COUP D'ÉCLAT QUI LAISSERA DES TRACES…
En rentrant d’Argentine où il avait soit dit en passant passé quelques 5 semaines, Francis en avait gros sur la patate et il savait pertinemment bien qu’il venait de faire son dernier voyage, pèlerinage, à l’étranger. Entre tristesse, déception et révolte, Francis choisit cette dernière option pour le crier haut et fort, un peu trop fort pour certains… Maggy n’y va pas par quatre chemins : « Le gars au coup d’éclat, ça ne s’était jamais vu mais on ne l’a plus vu non plus. Avec son ami journaliste Claude Leruth, ils avaient organisé un barbecue et invité la Presse à Blegny. Ben oui, poursuit Francis, y avait même des journalistes étrangers. Dis, j’ai arbitré le match le plus difficile psychologiquement, on a essayé de me corrompre, j’ai sifflé honnêtement, en âme et conscience et puis je me fais jeter comme un malpropre, il fallait réagir… Ouais enchaîne Maggy, Francis a toujours bien aimé les coups d’éclat. Un peu provocateur, non ? C’est comme le « G » sur son short ! Nous étions client dans cette Banque à Visé, il avait demandé des autocollants au Gérant, pour coller sur son short noir. Oufti, le retour de manivelle, la publicité était interdite pour les arbitres, ils croyaient que Francis touchait de l’argent pour ça, juste une blague… Quoiqu’il en soit, termine Francis, ma désignation pour cette Coupe du Monde restera un excellent souvenir ainsi que ma rencontre avec le Roi Pelé, lors d’un match des Vedettes à Liège… ».
Notez que j’ai bien essayé de savoir, mais l’histoire ne nous dit pas si c’est après s’être fait fusiller à l’eau chaude que Francis prit la décision de changer sa baignoire pour une douche à l’Italienne, lol…
Cher Francis, et Maggy, nous te souhaitons un joyeux anniversaire. Longue vie à toi encore ici-bas à nos côtés et profite de cette belle journée avec ta magnifique petite famille…
Amitiés Lucien LONGREE