"La Mouche", au "Théâtre Royal de Namur", jusqu'au 30 octobre, à 19h
Ce jeudi 28 octobre, à 20h30, le « Théâtre Royal », à Namur, acceuillait l’avant-première de « La Mouche », une pièce montée, en 2020, à Paris, au « Théâtre des Bouffes du Nord », une adaptation d’une nouvelle de l’auteur parisien George Langelaan (1908-1972), un fort long tonnerre d’applaudissements ayant salué la prestation d’un charmant petit chien et, surtout, des quatre acteurs, incluant, dans les deux rôles principaux, ceux d’Odette et de Robert, Christine Murillo et Christian Hecq, les deux autres rôles étant tenus par Jan Hammenecker (inspecteur Langelaan) et Valérie Lesort (Marie-Pierre), cette dernière signant, avec Christian Hecq, l’adaptation et la mise en scène, « La Mouche » ayant, en 2020, remporté trois « Molière », « de la meilleure création visuelle », pour ses deux auteurs, « de la meilleure comédienne », pour Christine Murillo et « du meilleur comédien », pour Christian Hecq.
A noter que les deux auteurs de l’adaptation et de la mise enscène de « La Mouche » disent avoir mélangé la science-fiction et la chronique villageoise, s’étant inspirés de « La Soucoupe et le Perroquet », un épisode de l’ancienne bien connue émission de la « RTBF »,« Strip-Tease ».
Sur la scène namuroise, nous découvrons deux plateaux, à droite, la caravane vintage d’Odette et de Robert, alors qu’à gauche, se trouve le garage du second nommé, quelque peu autiste, des nains de jardin étant présents à l’avant plan.
Synopsis : « La cinquantaine, bedonnant, Robert – qui vit avec Odette, dans une caravane vintage – passe le plus clair de son temps enfermé dans son garage, où il tente de mettre au point la machine à téléporter … »
… Et Robert de déclarer : « Nous savons employer les ondes électromagnétiques pour transporter les images et le son : c’est le principe de la télévision et de la radio. Eh bien moi je les utilise pour faire voyager la matière. C’est cela la téléportation ! »
Soulignons ce que le comédien belge Christian Hecq (°Nivelles/1964) – sociétaire de la « Comédie française », depuis 2013, est le lauréat de 2 autres « Molière » (en 2000, de la « Révélation théâtrale », et en 2011 « du meilleur Comédien ») – déclara : « La science- fiction m’a toujours intéressé. Mais la science-fiction ne suffit pas au théâtre. Elle est prétexte à autre chose, en l’occurence la relation folle entre ce vieux garçon et sa mère. La science fiction cela renvoie toujours à nous. »
De son côté Cristine Murillo (°Paris/1951), outre son « Molière » obtenu pour « La Mouche », elle obtint trois autres « Molière », en 1989 et en 2018, « de la meilleure Comédienne dans un second Rôle », ainsi qu’en 2005, « de la meilleure Comédienne », remportant, également, en 1991 et 1992, deux Prix dans le domaine du cinéma.
Quant à Valérie Lesort a reçu, en 2016, son premier « Molière de la meilleure création visuelle », le second étant partagé, en 2020, avec Christian Hecq, pour « La Mouche ».
Critique de « La Mouche », lue dans « Le Monde » : « Le duo invente un univers scénique bien à lui, décalé, bricolé, vintage et farfelu, un univers de doux-dingues ».
Pour le magazine « La Terrasse », notre collègue Isabelle Stribbe, nous rapporte le propos de Valérie Lesort : « Christian Hecq est un comédien très physique, qui fait rire dès qu’il entre sur scène. ‘La Mouche’ nous a semblé parfaite, avec, à la fois, les transformations du corps, dont Christian est capable, et les effets spéciaux. L’idée n’est pas de créer quelque chose de réaliste – ça ne marche jamais aiu théâtre – mais de partir de l’artisanat, du corps, du bricolage. Nous avions envie aussi d’ajouter du drame avec le rapport mère-fils : jusqu’où une mère peut-elle aller pour son fils ? »
« 0n adore cette histoire de bricolage poétique, par ce garçon qui récupère un tas d’objets. Et on trouve aussi l’esthétique des années soixante très belle, avec les prémisses de l’informatique et ses tentatives afin de créer un ordinateur. »
Devant ses téléviseurs, tavaillant à ses expérimentations, en voyant Robert, l’on peut penser au « Professeur Tournesol », créé par « Hergé » (Georges Remy/1907-1983), alors que dans sa présence sautillante sur scène, l’on découvre une prestation à la Louis de Funes (1914-1983), certaines images sacadées, en fin de représentation, étant dignes des courts-métrages de « Charlot » (Charlie Chaplin/1889-1977). Assurément, un fameux travail corporel presté par Christian Hecq, ... qui ira jusqu'à grimper au mur ...
A noter que, sous le titre « The Fly » (« La Mouche »/Canada-Etats Unis-Royaume Uni/1986/95′), cette nouvelle fut également adaptée au Cinéma, par le réalisateur canadien David Cronenberg (°Toronto/1943/lauréat, en 1996, d’un « Prix spécial du Jury », au « Festival de Cannes », fait « Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur », pour avoir « fortement contribué au développement de la coopération culturelle franco-canadienne »).
Pour en revenir au « Théâtre Royal », ce jeudi 28, c’était la première représentation pour laquelle chacun devait présenter son « Covid Safe Ticket » (« CST »), nous permettant de ne pas devoir porter un masque dans la salle. Si nous nous rendons au théâtre, désormais, n’oublions donc pas de nous présenter avec notre « CST » et notre carte d’identité.
Représentations d’1h40, sans entracte, ce vendredi 29, à 20h, et ce samedi 30, à 19h. Réservations : billeterie@theatredenamur.be et 081/22.60.26. Site web : http://www.theatredenamur.be.
Ne manquons donc pas de découvrir « La Mouche », fascinant laboratoire d’expérimentations scéniques et visuelles, extraordinaire terrain de jeu, et faisons nôtres les mots de Patrick Colpé, directeur du « Théâtre Royal », de 1998 à 2021 : « Espérons que la vie puisse reprendre un cours normal et que la Culture partagée puisse redevenir un enjeu essentiel de notre société. »
Yves Calbert.