EXPOSITIONS À « LA PISCINE », À ROUBAIX, JUSQU’AU 05 SEPTEMBRE
Jusqu’au dimanche 05 septembre, à Roubaix, le « Musée d’Art et d’Industrie André-Diligent » – plus connu sous le nom de « La Piscine », ce musée, inauguré le 20 octobre 2001, agrandi en 2018, ayant été créé au sein d’une ancienne piscine, édifiée entre 1927 et 1932 – nous propose plusieurs expositions temporaires.
L’expo principale, « Joseph Bernard (1866-1931) : De Pierre et de Volupté », organisée avec la complicité du « Musée municipal Paul Dini », de Villefranche-sur-Saône, nous présente quelques 200 oeuvres d’un sculpteur méconnu du grand public, Joseph Bernard, qui fut, pourtant, omniprésent sur la scène artistique de la période « Art Déco » et plusieurs de ses réalisations, telles la « Frise de la Danse » (vers 1925) et la « Jeune Fille à la Cruche » (1910) ont intégré la mémoire visuelle collective.
Le critique d’art Armand Dayot (1851-1934), dans le « Dictionnaire biographique des Artistes contemporains » (p. 117), écrivait, en 1930 : « Que de charmes, que de souplesse naturelle, et disons le que d’habilité décorative, dans ces figures charmantes … dont la grâce d’un modernisme tanagréen, remplit d’une sorte de vie souriante le cadre où elles sont exposées. »
La première rétrospective, depuis près de trente ans, consacrée, aujourd’hui, à Joseph Bernard, vise à faire redécouvrir la richesse de ses talents comme sculpteur, mais aussi comme dessinateur, ses contributions dans le domaine du monument public, comme dans celui des arts décoratifs.
Extrait du livre-catalogue :« Sculpteur incontournable et cependant méconnu de la scène artistique française du début du XXè siècle, il fut considéré, dans les années 1920 comme l’égal d’Antoine Bourdelle (1861-1929) et d’Aristide Maillol (1861-1944). Marqué par l’héritage d’Auguste Rodin (1840-1917), vite dépassé, son oeuvre impose une modernité primitive et classique etconstitue un jalon essentiel de l’histoire de la sculpture moderne de 1905 aux années 1930. »
« Au-delà de l’image du rénovateur de la taille directe, l’exposition vise à faire redécouvrir la diversité des talents de Joseph Bernard, sculpteur et dessinateur, chantre de l’amour et de la danse, mais aussi auteur de fascinants projets d’éléments décoratifs et de monuments publics. L’inspiration tragique des débuts, ancrés dans la mouvance symboliste, y côtoie une veine plus joyeuse, mêlant motifs mythologiques et scènes de l’intimité familiale. »
Attiré par « la vie de l’âme », sans jamais renoncer aux sens et à la chair, Joseph Bernard a développé un art singulier, dans lequel une évidente dimension mystique hésite entre religiosité et paganisme, et où les formes massives et simplifiées dessinent une modernité primitive et classique, nourrie par l’antiquité grecque et les cultures orientales.
« Ceux qui l’ont rencontré, ont admiré cette physionomie calme et belle : un schéma de puissance, avec une volonté presque malicieuse », écrivit Stanislas Fumet (1896-1983), en 1978
Catalogue (sous la direction d’Alice Massé & Sylvie Carlier/Ed. « Snoeck »–« La Piscine »–« Musée Paul Dini »/couverture brochée/352 p./25 x 28,5 cm/29€).
Dans les anciennes cabines de bain de « La Piscine », nous découvrons : « Les Robert Wehrlin (1903-1964) de la Piscine ». Admirateur de Francisco José de Goya y Lucientes (1746-1828), Rembrandt Harmenszoon van Rijn (1606-1669) et Honoré Victorin Daumier (1808-1879), Robert Wehrlin s’inscrit dans une longue tradition de peintres-graveurs, qu’il renouvelle par ses estampes très personnelles et empreintes d’humanité.
Formé par l’expressionniste allemand Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938), l’artiste suisse Robert Wehrlin est très présent au sein de la collection permanente de « La Piscine », qui lui a déjà consacré une exposition rétrospective, en 2012-2013. Ce nouvel hommage, jusqu’au dimanche 05 septembre, s’appuie sur l’importante et troisième donation concédée par le fils de l’artiste, en 2014, et qui couvre tout l’œuvre gravé de Robert Wehrlin.
S’appuyant sur le travail de recherche exigeant d’une jeune spécialiste de l’estampe, Camille Belvèze, cette exposition s’ insère dans la campagne de valorisation des collections du « Musée d’Art et d’Industrie André-Diligent-La Piscine », poursuivie depuis de nombreuses années, à travers la publication régulière de catalogues de collections et la mise en ligne de ses fonds via la base collections.
« La gravure, qui a, parfois, été définie comme une médiatrice entre l’esprit et la matière, permet à l’éphémère d’accueillir une existence infinie. » C’est en ces mots, repris dans le catalogue, par Camille Belvèze, que Robert Wehrlin prouve son intérêt pour l’estampe, médium reproductible, capable de capturer son élan artistique.
Dans sa préface du catalogue de la collection de Robert Wehrlin , Bruno Gaudichon, conservateur de « La Piscine », écrit : « Les gravures de Wehrlin, notamment jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, dessinent le trait de l’essentiel d’une période vécue pleinement. Bien sûr la marque expressionnistede Kirchner domine e, avec elle, une évidente propension à se glisser dans une propension germanique de l’estampe. Mais dans le même temps, la recherche de la contrainte d’espace et de technique et l’acidité presque cruelle du trait n’appartiennent, en fait, qu’à leur auteur. Au-delà des références souvent évoquées de Goya et de Callot, l’oeuvre est bien là, et singulier et universel. »
« L’autre force exceptionnelle de cet ensemble, c’est son inscription sans concessions dans les combats d’une génération. L’art de Wehrlin, quand les circonstances l’exigent, est un art d’engagement, un témoignage décisif sur l’effondrement des valeurs humanistes. Et même si ces images, jusqu’à ce que le fils de l’artiste les redécouvre fortuitement, n’eurent jamais vocation à sortir de l’intimité de l’atelier, si elles ne s’affichèrent ni dans les heures de danger, ni pour guérir une gloire d’après coup, elles composent, ensemble, un véritable recueil de confiance. »
Catalogue (Camille Belvèze, Amandine Delcourt & Robert Wehrlin/Ed. « Snoeck »-« La Piscine »/couverture brochée/224 p./20€)
Côté art contemporain, un sculpteur britannique, Julian Schwarz (°Birmingham/1949), formé à Londres, à la « Slade School of Art », vivant et travaillant en France, depuis 1990, nous propose son exposition « Julian Schwarz -De la Feuille à l’Aubier ». A souligner qu’il sulpte – sans machines, avec les outils traditionnels des artisans, dans l’entièreté des troncs de différentes essences – des œuvres, qui pourraient être des bols, des urnes, des coupes, mais qui, par leur format et leur masse, deviennent des réceptacles organiques, sensuels et enveloppants.
Egalement, au premier étage, au-dessus du grand bassin, deux artistes français contemporains, Edouard Taufenbach (°Neufchâteau -Vosges /1988), photographe, et Régis Campo (°Marseille/1968), compositeur, nous présentent « Le Bleu du Ciel de Taufenbach et Campo », une exposition qui leur permit de remporter la 4è édition du « Prix Swiss Life », récompensant une création originale, qui allie ces deux arts que sont la photo et la musique. Quel agréable moment musical, accompagnant des réalisations photographiques originales, créées autour du vol de l’hirondelle !
Redescendant au niveau du grand bassin, nous découvrons, à l’arrière de celui-ci, « Dites-le avec des Fleurs », présentant 57 piques-fleurs, créés en céramique, par 50 étudiants-artistes de l’ « Ecole d’Art de Douai ».
En n’oubliant pas l’intérêt de (re)découvrir la collection permanente du « Musée d’Art et d’Industrie André Diligent – La Piscine » , voici d’excellentes raisons de nous rendre à Roubaix, dans les prochains jours.
Ouverture : jusqu’au dimanche 05 septembre, du mardi au jeudi, de 11h à 18h, le vendredi, de 11h à 20h, le samedi & le dimanche, de 13h à 18h. Prix d’entrée (incluant toutes les expositions temporaires et la collection permanente) : 11€ (09€, pour les étudiants, les membres d’un groupe de 10 personnes minimum et enseignants en Histoire des Arts / 0€, pour tous les vendredis de 18h à 20h, sans limitation d’heures, pour les moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minimas sociaux, les enseignants préparant une visite scolaire, les personnes en situation d’handicap et un accompagnateur). Prix des audios-guides : 1€. Règles sanitaires : obligation de présenter un pass sanitaire valide (pour les visiteurs de plus de 18 ans ) et du port d’un masque bucal (à partir de 12 ans). Réservations : non obligatoires. Contacts : 00.33/3/20.69.23.60. Site web : www.roubaix-lapiscine.com.
Yves Calbert.
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