"Collectionneuses Rothschild. Mécènes et Donatrices d’Exception”, à "La Boverie", à Liège, jusqu'au 26 Février

écrit par YvesCalbert
le 13/02/2023

Après « En plein Air », en 2016, et « Viva Roma ! », en 2018, un nouveau partenariat de « La Boverie », à  Liège,  avec le « Musée du Louvre », à Paris, nous emmène, sur un parcours de plus de 2.000 m2, dans l’univers de la famille Rothschild, sous le titre « Collectionneuses Rothschild. Mécènes et Donatrices d’Exception », une intéressante exposition, à la scénographie particulièrement soignée, accessible jusqu’au dimanche 26 février.

Depuis le XIXè siècle, la famille Rothschild est légendaire dans l’histoire de nos sociétés. Cette dynastie est devenue, au fil du temps, un synonyme de la réussite dans le monde de la finance, mais aussi dans celui la rich esse artistique et intellectuelle. Derrière ce nom de famille réputé se cache des personnalités méconnues et un  patrimoine insoupçonné.

Ignorées par l’histoire de l’art, ces neuf femmes d’exception, qui, issues d’une célèbre dynastie de banquiers,  furent  des bâtisseuses, collectionneuses, mécènes, bénéficiant, parfois, d’héritages, ayant contribué, d’une manière significative, à l’enrichissement des collections des musées français, par leurs importants dons et legs.

Parfois très indépendantes, parfois dans l’ombre de leur mari, elles ont joué, avec goût et personnalité, un rôle important dans l’histoire de l’art, du patrimoine historique, de la société et même dans la vie des artistes de leur époque.

Si nous pouvons admirer des oeuvres d’artistes réputés, tels qu’ Alexander Calder (1898-1976), Paul Cézanne  (1839-1906), Jean Siméon Chardin (1699-1779), Camille Claudel (1864-1943), Eugène Delacroix (1798-1863),  Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), Auguste Rodin (1840-1917) et Egon Schiele (1890-1918), ainsi que des  tableaux de la Renaissance italienne, nous découvrons, aussi, des bijoux de haute valeur, des coffrets, des  porcelaines chinoises, des objets d’Arts Premiers africains ou venus d’Extrême-Orient, voire d’Amérique latine, sans oublier  des instruments de musique, des objets de cultes, d'étonnants petits crânes, des « kriss » indonésiens et une impressionnante collection de pipes de toutes tailles.

Cette exposition nous présente un parcours constitué de plus de 350 œuvres. De toutes époques et tous horizons,  elles sont issues d’une quarantaine d’institutions et de collections privées.

Notre visite s’articule autour d’un patio central fleuri, qui évoque l’univers enchanteur des jardins et villas, créé à l’initiative de plusieurs des “baronnes Rothschild”.

Ainsi, Béatrice de Rothschild (1864-1934) ayant découvert la presqu’île du Cap Ferrat, elle y fit construire sa “Villa Île-de-France”, un merveilleux palais de style Renaissance, la léguant, à sa mort, avec ses jardins, son mobilier et  ses collections à l’ « Académie des Beaux-Arts de France », la superbe scénographie reconstituant un accueillant salon de la famille Rothschild.

De son côté, Alice de Rothschild (1847-1922), de santé fragile, se rendait souvent sur la Côte d’Azur. Séjournant  à  Grasse, en 1887, elle se laisse séduire par la région, y faisant construire sa « Villa Victoria ». Son cousin et héritier,  Edmond de Rothschild (1845-1934), légua à la Ville de Grasse l’incroyable collection de pipes et de … boîtes d’allumettes constituée par sa cousine.

Nathaniel de Rothschild (1812-1870), quant à elle, témoignant de ses goûts raffinés, a légué quelques instruments de musique de la Renaissance, tel un luth à 6 cordes, en palissandre et ivoire, réalisé à Venise, par Moïse Tiffenbrücker, ainsi qu’une précieuse collection d’objets de culte juif, telle une coupe de circoncision d’argent doré, créée à Padoue, au XVIIè siècle.

En 1895, Henri de Rothschild (1872-1947) épouse Mathilde de Weisweiller (1874-1926), qui, infirmière durant la  Première Guerre Mondiale, reçut la Légion d’Honneur, son testament ayant révélé sa passion de collectionneuse “macabre” de « Memento mori », des têtes de morts miniatures, qu’elle prenait plaisir à collectionner, qui, léguées au « Musée des Arts décoratifs », à Paris, sont à découvrir, jusqu’au dimanche 26 février, au « Musée de la Boverie ».

Alix de Rothschild (1847-1922) soutint les artistes juifs, ayant suivi de près la scène des arts contemporains, faisant partie, notamment, à Paris, des « Amis du Musée d’Art moderne » et du « Musée de l’Homme », ainsi qu’à  Jérusalem, du « Musée d’Israël ». Sa collection, dispersée à son décès, réunissait plus de 2.000 œuvres d’art moderne et contemporain, d’une « Nature morte », de Paul Cézanne, à un masque de l’ethnie Gouro, en Côte d’Ivoire, en passant par des vêtements et parures de Palestine, du début du XXè siècle. Prouvant ses goûts éclectiques, ainsi que son intérêt pour les Arts Premiers et le Proche-Orient, elle fit don, à Paris, de sa collection d’objets ethnographiques et folkloriques, au « Musée de l’Homme » et au « Musée des Arts et Traditions populaires ».

A proximité de ces objets et instruments, nous découvrons des aquarelles, réalisées par Charlotte de Rothschild  (1825-1899), co-fondatrice de la « Société des Aquarellistes français ». À la mort de son mari, elle hérite de sa  collection de tableaux français et hollandais, qu’elle enrichit de peintures de la Renaissance, du XVIIIè siècle et  d’artistes de son époque. Du XVè siècle, citons la « La Vierge et l’Enfant au Chardonneret », chef-d’oeuvre attribué au Maître de la Nativité de Castello (vers 1450), ainsi que « La Laitière », de Jean-Baptiste Greuze (1725 -1805),  léguées au « Louvre », à son décès.

A noter que le commissariat de l’expo liégeoise « Collectionneuses Rothschild. Mécènes et Donatrices d’Exception » est assuré par Fanny Moens, conservatrice de « La Boverie », Vincent Pomarède, conseiller spécial  auprès de la présidente-directrice du « Musée du Louvre », et Pauline Prevost-Marcilhacy, docteur en histoire de l’art, maître de conférences à l’ « Université de Lille », spécialiste des collections de la famille Rothschild.

Ouverture : jusqu’au dimanche 26 février, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Billeterie :  billetterie@laboverie.com. Contacts : info@laboverie.com & 04/238.55.01. Site web : http://www.laboverie.com.

Yves Calbert.

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