9e "KIKK Festival", à Namur
Le « Festival des Cultures digitales et créatives », plus connu sous le nom de « KIKK Festival » nous attend, à Namur, pour sa 9e édition, placée sous le thème des « Archipels de Fragilité ».
Mis à l’honneur, sur un plan local, en septembre dernier, par l’attribution, au « Théâtre de Namur », de la « Gaillarde d’Argent », le « Kikk Festival » est de plus en plus réputé au niveau international, accueillant des professionnels nous venant du Canada, de Chine, du Danemark, des Etats-Unis, de France, d’Haïti, d’Israël, du Japon, du Royaume-Uni, de Russie, …, et de plusieurs pays d’Afrique, invités au sein d’une programmation portant le nom de code
« AfriKIKK », ces artistes africains étant exposés, notamment, dans différentes salles du tout nouveau « Delta », de l’accueil jusqu’au… 7e ciel…
… Aussi, c’est un Marocain, Younes Baba-Ali, qui expose ses "Paraboles" sur la façade de la cathédrale St.- Aubain, un édifice catholique orienté vers La Mecque, lieu privilégié de l’Islam. Outre ce clin d’oeil entre deux religions, il s’agit, ici, d’interroger sur la relation physique et métaphorique liant les migrants à leurs communautés d’accueil, les organisateurs soulignant que « c’est l’occasion d’explorer les relations nord-sud et la manière dont les pays en voie de développement s’approprient les technologies ». Notons que cet artiste, travaillant à Casablanca et à Bruxelles, gradué de l' "Ecole d'Arts décoratifs", de Strasbourg (2008), et de l' "Ecole d'Art", d'Aix-en-Provence (2011), a reçu le "Prix Léopold Sédar Senghor", à la "Biennale Dak'Art" (2012), ainsi que le "Prix Boghossian", de la "Belgian Art Prize", à Bruxelles (2014).
A proximité, les technologies modernes s’invitent au rez de chaussée du plus ancien bâtiment de la capitale wallonne, la Tour Du Chapitre, qui, édifiée au 11ème siècle, dominait l’ancienne cathédrale, une occasion unique d’entrer en ce lieu, habituellement fermé au public, afin de découvrir une tornade, activée par des ventilateurs, une oeuvre de l’artiste britannique Alistair McClymont.
Autre confrontation entre deux époques, l’ « Hôtel de Groesbeeck-de Croix », édifié au XIIIe siècle, qui, abritant le « Musée des Arts décoratifs », nous propose une oeuvre futuriste, sur l’étang de son jardin.
Soulignant le lien existant entre l’art et les technologies, la curatrice, Marie du Chastel, a sélectionné une quarantaine d’oeuvres numériques exposées au sein d’une vingtaine de lieux du Vieux Namur.
De retour au « Delta », centre culturel de la Province de Namur, sis au confluent de la Sambre et de la Meuse, gagnons la salle d’exposition la plus haute de Namur, au sein de laquelle nous pourrons revêtir un gilet spécial, conçu par la lauréate du « Prix Theodora Niemeijer » (attribué, aux Pays-Bas, à des artistes féminines émergentes), la Danoise Sissel Marie Tonn, basée à Den Haag. Au sein de son installation interactive intitulée « The Intimate Earthquake Archive » , qui crée des expériences corporelles, à partir de données sismiques de tremblements de terre, enregistrées à Groningen, des « interfaces » interactives transformant les données en compositions vibratoires sur le corps des visiteurs.
En ce même« Delta », dans la « Salle Tambour », sous le nom de« Rainbow », nous découvrons, partant d’une photo de l’artiste, une installation immersive diffractant, sur quatre écrans métalliques, ce visage en couleurs de l’arc-en-ciel.
Au rez-de-chaussée, notre attention est attirée par des photos de Masaï, qui, dans leurs vêtements traditionnels, s’offrent des mises en scènes de science fiction, dues à Jacque Njeri, une artiste titulaire d’un baccalauréat en art et design de l’« Université de Nairobi », mettant en avant l’autonomisation des femmes à travers des réalités extraterrestres projetées, des femmes Masaï pouvant très bien, selon elle, participer à des missions spaciales.
Face à ces photos, nous venant de la République Démocratique du Congo, Jean Katambayi Mukendi nous présente une machine, l’ « Ecoson », créant de l’énergie électrique à partir de déchets naturels, contenus dans des bocaux placés en son sommet.
Avec ces deux propositions, nous revenons, bien sûr, à l‘ « AfriKIKK », dont les deux commissaires, basées à Dakar, au Sénégal, sont notre compatriote Delphine Buysse et la Française Marion Louisgrand Sylla, sachant que le « KIKK Festival » collabore avec la « Dak’art Biennale ».
De l’espace gagnons les fonds des océans, dans la salle arrière de la « Galerie du Beffroi », avec Rosalie Dumont Gagné, titulaire d’une « maîtrise en arts visuels », de l’ « Université Concordia », à Montréal, qui nous propose, dans l’obscurité, une oeuvre aux reflets bleutés, qui reprend vie à chaque arrivée visiteurs.
Autres effets lumineux, ceux de l’installation due à l’artiste français Arthur Zerktouni, diplômé, en 2012, du « Studio National du Fresnoy », à Tourcoing, qui nous présente une installation utilisant la couleur comme une réflexion holographique de la matière, en projetant de la lumière sur des fils lumineux, pour en modifier notre perception, ces fils apparaissant et disparaissant successivement selon un éclairage généré par un programme informatique.
Ce « KIKK in Town » étant offert gracieusement à tout en chacun, des activités gratuites, dont un spectacle, sont aussi prévues pour les enfants, le tout se complètant par des conférences réservées aux professionnels, accueillant une cinquantaine de talentueux orateurs.
N’oublions pas, non plus, la présence, sous un chapiteau dressé sur la Place d’Armes, du « KIKK Market », où des démonstrations de produits technologiques innovants nous sont gracieusement proposées.
Soulignons encore l’organisation, par la société de production « Fuse », d’un spectacle,« Dökk » (un mot islandais, signifiant obscurité), ce samedi 02, à 20h30, au « Delta », résultat de trois années de travail consacrées à la création d’un opéra en direct capable de stimuler un sentiment d’empathie profonde. Il s’appuie sur deux concepts clés : la synchronicité et l’imprévisibilité de l’existence humaine. Le système mis en place traduit le résultat d’une interaction étroite entre différentes données générées en temps réel sur scène à travers l’analyse du son, le mouvement de l’interprète, ses battements de cœur et l’analyse sentimentale des contenus partagés sur les réseaux sociaux. « Dökk » est un voyage à travers le subconscient, où la réalité est représentée par des mondes et des univers qui naissent et disparaissent dans notre esprit, cherchant un équilibre entre lumière et obscurité.
N’hésitons donc pas, comme plus de 25.000 personnes, en 2018, à nous rendre dans le coeur historique de Namur, afin de nous rendre compte de toutes les possibilités offertes par les technologies digitales, qui, préfigurant les nouveaux défis d’un monde en mouvement, sont mises en lumière par des créations artistiques des plus variées.
Ouverture des expositions du « KIKK in Town » et du « KIKK Market » : de 10h à 18h, jusqu’au dimanche 03 novembre, l’accés étant gratuit. Prix d’accès au spectacle« Dökk », au Delta » : 15€. Site web : http://www.kikk.be.
Yves Calbert.