Houffalize. Prédictions pour 2013
2013, année du castor. Astrologie, politique, économie, affaires
On sait qu’en 2013 Pluton et Uranus provoqueront turbulences et trous d’air dans le ppH, le paysage politique houffalois. Nul jour nul ne saura qui sera quoi le lendemain parmi les élus ou prétendus élus communaux, qu’ils soient sortis des mauvaises ou des bonnes urnes. Aucun nom ne peut donc être mis sur les titulaires des mandats cités dans cet article.
Janvier. La plus petite maison de Houffalize, achetée en catimini par l'impitoyable joueur de Monopoly qu'est le CPAS, est aménagée en lupanar pour vieux.
Dans son discours d’inauguration, la présidente déclare : A un certain âge, l’expression «boire ou conduire, il faut choisir », n’a plus de sens. Engageons-nous dans le courant de l'air du temps : notre denise en matière de politique pour les vieux sera « baiser ou vieillir, il faut choisir ». Et je suis fière de le dire, grâce à nos relations, on a eu des subsides.
Février. Le club des veuves proteste énergiquement : le CPAS s’occuperait du sexe des vieux et pas des vieilles ?
Déstabilisée, la présidente du CPAS doit céder ses fonctions à une présidente qui fera fonction jusque fin de l’an 2018.
Le bourgmestre est mis au courant par Sudpresse.
Mars. Le bulletin communal, seul trimestriel au monde à s’appeler journal, porte pour la première fois la mention légale de l’éditeur responsable. Un petit pas vers la glasnost.
Avril. L’inauguration du gigatoboggan qui permettra aux résidents du home Palange d’atteindre la plaine de jeux d’Houtopia est fixée au samedi 13. Ce jour-là au matin, on constate que le toboggan a été démantelé. Nuitamment des voleurs sont venus enlever tous les boulons et autres pièces métalliques. Qui ? Des arabes, ou des Roumains, ou gens de Charleroi, ou à tout le moins des habitants d’une cité de Bastogne. Devant la presse, le bourgmestre déclare : tout va très bien, ça n’a rien coûté à la commune, on avait reçu des subsides.
Mai. Un météore hautement radioactif tombe au milieu de la zone d’activité économique des Cheras.
Impuissants, le bourgmestre et le chef de la police veulent se montrer rassurants: ils mettent donc une salopette japonaise pour faire une conférence de presse.
Dans un premier temps, la zone sera interdite à toute activité jusqu’en l’an 3000. Beaucoup d’investissements pour rien ? Ce n’est rien, dit le bourgmestre, on avait eu des subsides.
Juin. Visite de Monseigneur Léonard à la kermesse. Pour son mot de bienvenue, le curé réussit l’exploit d’un lipogramme oulipien en pronom relatif. Seul le primat de Belgique en a saisi toutes les subtilités absconses.
Séduit, le prélat annonce son retour l’année prochaine. La poisse pour la paroisse, car pour recevoir Monseigneur Léonard, on ne reçoit pas de subsides.
Juillet. Une ordonnance du Juge de paix populaire autorise, durant les vacances judiciaires, l’utilisation de son parking public privé pour des barbecues. L’ordonnance interdit toutefois d’y danser la carmagnole.
Août. Surprise à la Grande Choufferie, le rendez-vous champêtre familial de la Vallée des fées. Parmi l’assistance bon enfant, Bart De Wever en short. Un inconnu en latex lui offre des fleurs.
Septembre. Le jour du solstice, grâce à des subsides, un nouveau néon circulaire est installé au sommet de l’œuvre d’art dominant le rocher Kerger.
Symbole laïc faisant pendant à la Croix de mission, ce néon n’avait plus été alimenté en électricité par Electrabel, depuis le jour où le CPAS avait traité cette illustre société de "foutoir" dans un article à la Une du journal le plus lu en Wallonie.
Octobre. Coup dur pour le trésor communal. La commune ne recevra aucun subside pour l’organisation des élections communales bis. Et cela, malgré de nombreuses et coûteuses démarches des élus sortis des nouvelles urnes.
Novembre. Le 2 novembre est inauguré un columbarium qui accueillera les nouvelles urnes.
Le bourgmestre est fier de dire que grâce à des subsides, le réceptacle n’aura rien coûté à la commune.
Décembre. Les langues se délient par l’effet du vin chaud offert au marché de Noël avec un subside de la commune. L’élection du roi Carnaval du Soleil avait été truquée. Comme on dit au couillon, "c'est à remettre".
La ville des castors s'est encore mordu la queue.
Les avocats se frottent les mains ; ce n’est pas qu’il fasse froid, le fond de l’air est doux.
René Dislaire.