Alain Paublanc et ses abeilles
Le chevalier blanc des ruchers de Cognac
Insolite, que cette silhouette amplement blanche d’Alain Paublanc se déplaçant au ralenti parmi ses ruches, chaussé, casqué, vêtu d’une salopette-combinaison comme un sauveteur de l’environnement contaminé de Fukushima qu’on aurait parachuté pour une mission dans le périmètre de Cognac.
Il a conscience de participer lui aussi au sauvetage de l’environnement, notre apiculteur chevalier blanc d’une épopée contemporaine. Servi par des millions d’abeilles inféodées à des centaines de reines, casernées dans près de 800 ruches. Ses soldats ailés sanglés dans une gaine de lamelles en anneaux ont pour les spécialistes le nom de Buckfast, «Buckies» pour les Amerloques.
Lève-cadres américain et GPS
Alain Paublanc travaille d’ailleurs avec un lève-cadres américain. C’est son outil pour ouvrir les ruches.
Il est armé d’un enfumoir au magasin rempli de granulés produisant du froid : « la chaleur provoquerait des mutineries chez les abeilles, une excitation déclenchant de ces envies de piquer dans le pot »…
- Elle consiste en quoi, une journée d’apiculteur ?
- Alain Paublanc: Je circule en voiture, pour surveiller mes ruches. Sont-elles tranquilles? N’y a-t-il pas eu de vols -par des cambrioleurs- la nuit ? Parfois les suspects affirmeront que ce sont les abeilles folles qui ont déménagé avec leur boîte !
- Facile de les retrouver ?
- Oui, avec mon GPS, pour les ruches que j’ai piégées…
La production en chute libre
- Huit cent ruches, ça produit combien de miel ?
- J’arrive à produire entre quinze et vingt tonnes de miel par an. Mais ce que la production a pu chuter en une vingtaine d’années ! A l’époque, on tournait entre 80 et 100 kilos la ruche, maintenant entre 15 et 20.
- A cause de… ?
- Les pesticides dont on arrose les champs, la pollution en général, les bouleversements provoqués par le changement climatique… De plus en plus catastrophique.
Un sacerdoce moderne
- Et concrètement, comment luttez-vous contre cela ?
- Par ma passion des abeilles ! C’est ma motivation à travailler, à militer !
- Chute de la production, chute des revenus?
- Bien sûr. Mais je me suis résolu à trouver certaines ressources «nouvelles». Ainsi, je démarche pour trouver des cultures à polliniser, et l’agriculteur me paye pour cela.
- Son intérêt ?
- Il y a son intérêt particulier, qui est aussi l’intérêt général. Sans le butinage, il n’y aurait plus de fécondation végétale.
Ce serait la fin du monde.
J’espère par mon action contribuer à sauver ce qui peut l’être …
©René Dislaire
© Photos-vidéo J-M Lesage
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Alain Paublanc avec ses abeilles tentent de sauver le monde. Son rucher de près de 800 ruches ne produit plus que 10% de sa capacité suite à la pollution en France
Interview extraite de notre vidéo
Le miel d'Alain Paublanc de la région de Cognac
Mon enfumoir, il est prêt. Maintenant, il est chaud. Il a les granulés pour que ça sorte en fumée froide.
Voilà. C'est une fumée froide qu'il faut.
Fumée chaude, ça va exciter les abeilles et elles vont nous piquer plein pot.
Et ton outil, ça sert à?
Là, c'est un lève cadre américain. Ca me permet d'ouvrir la ruche, et de pouvoir récupérer un cadre comme je veux. Je tourne entre six, sept cents ruches… Six, sept cents ruches, et je travaille beaucoup avec de la "busfast", comme variété d'abeilles.
Ma journée, ben, avec la voiture, ben je regarde si toutes mes ruches sont tranquilles, et si des fois, il n'y a pas eu de vols, des fois, de ruches, parce que ça, ça arrive, malheureusement. Et ben, comme je dis des fois, c'est les abeilles qui sortent de la boîte, à se mettre tout autour de la boîte, et à battre leurs ailes, et elles s'en vont avec la boîte.
Mais tu sais les retrouver grâce au GPS…
Voilà. Voilà. On a certaines… On a certaines ruches qui sont piégées, justement, avec un GPS.
Voilà. Là, en ce moment, on est sur le tournesol. Le tournesol. Il y a un code… Voilà, quand moi je l'introduis dans la… Il est vide. Elles vont commencer à charger, d'ici, elles s'écartent, elles s'écartent, elles s'écartent pour remplir.
Voilà. Ca, c'est un essaim qui a trois semaines à peu près.
Trois semaines?
D'où voilà la reine. Oui. Voilà, une jeune reine.
Elle est un peu plus grosse que les autres…
Ha oui. Tu vas la voir en progresser avec les…
Elle ne va pas se sauver parce que tu as ouvert la ruche?
Non, non, non, non. C'est la plus intéressante de la caisse.
On produit, on produit. Moi, j'arrive à produire entre quinze et vingt tonnes de miel par an. Il y a vingt ans, on avait beaucoup moins de ruches, mais on tournait à une moyenne entre quatre-vingt et cent kilos de miel à la ruche. Alors, si j'ai de la pollinisation à faire pour certaines cultures, je fais payer donc…
L'agriculteur…
L'agriculteur. Le propriétaire, pas du terrain, mais le propriétaire de la culture.
Avec le miel, sans les abeilles, pour nous, de toutes les façons, c'est la fin du monde et… Parce que les abeilles produisent de moins en moins, hein, dû à tous les pesticides qui sont employés, la pollution, et par-dessus le marché, après, le problème atmosphérique.
Tu vois une différence de climat, sur les années…
Oui, oui, oui. Oui. Et là, cette année, c'est le pire… C'est le pire.
Il y a 20 ans, on était sur une base, en moyenne, entre quatre-vingt kilos peut-être, et maintenant, on est rendu à peu près à quinze, vingt kilos de miel la ruche. Voilà. A l'année.
J'espère être un sauveur… J'espère être un sauveur par rapport à la passion de mes abeilles.
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