Loger à Lomé - Villa Blonde (Kégué)
Où donc? Son nom vaut tous les logos du Togo : Villa Blonde Bingo !
Une oasis confidentielle de quatre chambres d’hôtes, que seule aurait bien pu décrire la romancière George Sand y invitant comme à Nohant Chopin, Balzac, Liszt et Delacroix.
Surréaliste : a-t-on jamais vu une villa bonde ?
En français, en allemand, en anglais, dans toutes les langues du monde, « blond » ne s’applique qu’aux cheveux et poils des humains, aux bières, au tabac, aux blés mûrs. Pas à des murs. Quelle idée ! Une ruse ? Blonde, en réalité, c’est le prénom de la patronne.
Accueil par une Européenne africaine ou l’inverse
Comble des combles, cette Blonde a la double nationalité togolaise et italienne: un « plus » pour un yovo (1) qui vient d’atterrir (et l’aéroport n’est pas loin) dans une grande ville africaine.
Un exemple de sa parfaite double appartenance ethnique ? Après une petite sieste, l’Italienne dira qu’elle s’est reposée ; la Togolaise, qu’elle a dormi. L’usage du portable ? Fifty-fifty italiano-togolais. Parfois l’Européenne prend le dessus.
Tiens, pour répondre aux clients et prévenir leurs besoins, Blonde est plus festina que lente. C’est là qu’elle comble la lacune de l’Afrique subsaharienne qui n’a ni la vélocité d’un Coppi, d’un Merckx ou d’un Hinault, ni les manières des descendants de Lucullus.
Togolaise, elle le redevient totalement lorsqu'elle cuisine, ne sachant résister à énoncer les vertus médicinales de chaque ingrédient de ses recettes, comme celle par exemple au marenga (voir lien ci-dessous).
Cosy par-ci, cosy par-là La Villa Blonde, c’est plus qu’une maison d’hôtes, c’est un concept qui a pris racine dans le paisible quartier de Kégué, articulé sur le boulevard Jean-Paul II tout proche : il papa polacco est passé par-là, en 1985. Le jardin-terrasse accessible par le portail d’entrée est le lieu du farniente, ombragé par une végétation africaine propice aux palabres, dont le feuillage permanent filtre les rayons du soleil et contribue à l’envoûtement musical que Blonde l’Italienne percole. Que de l’indémodable : des « fameux » airs d’opéra italien, de la « bonne » chanson française , des « endiablés » tangos argentins. Jusqu’à l’allégresse de chants grégoriens, dans un souci de bonnes relations avec la mosquée voisine. Plus facile à regarder qu’à photographier, un magnifique « arbre du voyageur », si curieux que nous lui réserverons un autre article.(2)
Féminité et esthétisme
À l’intérieur, un salon-salle de réunion ou à manger offert aux hôtes. Avec le raffinement de la plus riche bibliothèque privée d’Afrique consacrée à la cuisine italienne. De quoi faire saliver 24 heures sur 24 le chien nommé Pavlov. Mais surtout, il y a l’harmonie d’obèses de Botero plaqués au mur blanc et, noires ébène, des sculptures filiformes. Du big, du black, du small, du white, eveything, everybody is beautiffull, isn’t? Un jeu qui nous renvoie à Cinecitta et rend délectable le trouble de nos ambiguïtés et de nos incertitudes.
René Dislaire
(1) yovo : nom donné par les Togolais aux colons.
(2) arbre du voyageur. Voir image.
Liens : du même auteur, carnet de flâneries à Kégué Lomé
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