Golden sixties à Liège
J'avais 20 ans dans les golden sixties
Gare des Guillemins, Liège.
Comme tous les événements du genre (j'avais 20 ans en ...), on y entre pour participer à un culte, avec recueillement, enclin à la dévotion. Le décor, la scénographie, y aide.
Encore faut-il se déconnecter de l'abri des 32.000 m2 de vitrage sertis entre les immenses arcs d'acier de la gare, se décoller des marches des blinquants escalators vertigineux qui vous hissent dans le passé; le public cible, les seniors, se remémoreront "les Guillemins" qui, fraîchement inaugurés, furent saccagés lors des grèves de l'hiver 1960-1961. La décennie des golden sixties commençait à Liège par une démonstration iconoclaste. L'expo n'y fait pas allusion: c'est à croire qu'une amnésie frappe la cité ardente en phase de séduction pour accueillir une exposition universelle...
Le pouvoir des fleurs
Cette "expo" est une immersion qui, par d'éloquentes galeries, vous plonge en apnée dans la décennie de toutes les révolutions. Avec des haltes devant le mur de Berlin, au port de St-Tropez, dans le débarras d'où tira Lee Harvey Oswald, sur la lune, dans le couloir de l'hôtel de "La Grande vadrouille"...
La révolution politique anime le monde de projets exaltants. Des images, des phrases traverseront le temps.
Il est fini le temps des colonies. Castro fait la nique à Kennedy qui lui-même vient narguer l'URSS porte de Brandebourg. Martin Luther King s'effondre sous les balles et Nelson Mendela entre en prison, non loin de l'hôpital où Christiaan Barnard réussit les premières greffes de coeur de l'histoire.
La révolution culturelle ouvre la voie des libertés y compris celle de porter une mini jupe.
Les technologies s'imposent, fascinantes. L'homme va marcher sur la lune et la mondiovision nous le montre parlant en direct avec Richard Nixon. Dans Jeux sans frontières, Guy Lux et Simone Garnier font du maïeur de Ciney, un bonhomme de 110 kilos nommé Lambert, un phare de l'union européenne.
Grandes gueules
C'est la décennie des grandes et belles gueules, fixées figées comme autant de posters sur les murs de notre mémoire. Che Guevara, Mao, De Gaule, Cassius Clay, Eddy Merckx, Jacques Brel, Onassis, Marylin et son grain de beauté de toutes les couleurs, Clint Eastwood mâchonnant son cigare dans les westerns spaghetti.
Mai 68, Woodstock, la Nouvelle vague, Katmandou
Un slogan: "Ne fais jamais confiance à un homme de plus de trente ans". Car c'est "un amorti". A quarante ans, "un croulant". Puis aussitôt un PPH (passera pas l'hiver) ou un BSC (bientôt sous chrysanthèmes). On cherche toutefois un euphémisme au mot "vieillard": c'est le début des "clubs de 3x20", d'une catégorie qu'on va appeler" le troisième âge".
"Seniors" n'a pas encore la vogue. Cela viendra.
Seniors souhaités
À propos de seniors, l'exposition les étiquette tels à partir de 60 ans, et ils ne payent que 10 euros l'entrée au lieu de 11. C'est déjà ça. Sur le ticket, le mot "sénior" est écrit avec un accent aigu subversif. Cela se discute. A-t-on voulu, par un peu de provoc, rendre aux baby boomers la monnaie de leur pièce?
Ouvert jusqu'au 28 avril 2013, de 10 à 19 heures.
La SNCB propose un tarif B-excursion au prix forfaitaire ( train + entrée) de 13 euros.
Expo ou pas, la ligne historique des TEC Athus-Liège transporte gratuitement les seniors ayant 65 ans et "+", à partir de ses arrêts (ligne 1011) de l'axe Athus-Arlon-Martelange-Bastogne-Houffalize-Werbomont-Liège. De quoi séduire Ardennais et Lorrains.
Psychédéliquement vôtre,
René Dislaire