La grande gueule de Patton
Un masque de Spartiate en acier galvanisé. Éructant un langage de charretier.
La grande gueule de Patton est une légende. Une gueule de guerrier. À crever.
Dans la fleur de l’âge canonique, Marie-Élise, une artiste peintre de Rachamps près de Bastogne, s’y est attaquée.
Avec assurance. Avec maîtrise. Avec réussite. Elle lui a fait le portrait.
Celui d’un homme indompté qui venait de tutoyer Dieu pour demeurer invincible. Pour demander le soleil. Rien de moins. Et qui venait de l’obtenir.
La prière de Patton
Hiver 1944. L’Offensive. Von Rundstedt a encerclé Bastogne. McAuliffe est pris au piège.
Le plateau ardennais est couvert de neige et de brouillard.
Ces conditions climatiques empêchent toute manœuvre américaine au secours des assiégés.
Patton, qui a mission de libérer Bastogne, piétine à Luxembourg.
Quelques jours avant Noël, dans une chapelle, il adresse à Dieu sa célèbre prière. Pour que le ciel se dégage, condition sine qua non au mouvement vers la victoire de Bastogne.
En voici quelques passages, tels que traduits à l’époque. En français, George Patton est censé vouvoyer Dieu. En américain, qu’on parle au diable ou à Dieu, on le tutoie.
Sacrebleu, Seigneur, je ne puis combattre une ombre !
Sans votre coopération avec le temps, je suis privé d'un atout, et comment puis-je conduire des attaques valables ?
Tout cela vous paraîtra probablement irraisonnable, mais j'ai perdu toute patience avec vos prêtres qui essaient de me persuader que c'est un hiver typique de ces Ardennes, et que je dois avoir confiance.
Au diable, confiance et patience ! Vous n'avez qu'à choisir de quel côté vous êtes. Vous devez venir à mon aide, afin que je puisse liquider l'armée allemande au complet, et l'offrir comme cadeau d'anniversaire au petit Jésus.
Seigneur, je n'ai jamais été irraisonnable. Je ne vous demande pas l'impossible. Je ne demande même pas un miracle, seulement quatre petits jours de beau temps.
L'instant où Dieu se rend
La peinture de Marie-Élise a saisi Patton au moment où Dieu, le Soleil, s’est rendu à sa prière.
Le ciel s'est éclairci soudain. Le plein jour rayonne.
Le menton, les lèvres, le nez de l'illustre combattant s'illuminent.
La visière du casque aux étoiles d'argent protège son regard déterminé.
L'homme respire en enfin, dans son épaisse veste en cuir satiné.
La victoire va se gagner.
René Dislaire ©
Du même auteur : l’Offensive dite des Ardennes (Houffalize, Bastogne, Baraque de Fraiture…) En fin de titre : nombre de lecteurs de l’article au 04.05.2017 ; total : 24.776
* Houffalize, le tank et Koursk 12
* Houffalize, son char, son tank, son Panzer, son Panther 38
* Au pont de Suhet à Houffalize, de la neige comme en 1945 /2150
* Schaerbeek : c’est les Allemands qui ont bombardé Houffalize 905
* Décembre 2007 – La marche du périmètre de Bastogne 3631
* 2007 - Présentation de la Marche du souvenir et de l’Amitié 3993
* Houffalize, le monument aux morts de la guerre guère photographiable 1170
* Houffalize, ground zero (impacts des bombardements) 1369
* La grande gueule de Patton (peinture de Marie-Élise) 1528
* Bastogne, ses vainqueurs et ses artistes (de Fernand Léger à Marie-Élise) 1169
* Bastogne. Le testament de l’officier allemand 1254
* Le Kamfgruppe de Peiper (présentation d’un livre, en français) 2356
* Inauguration du monument érigé par le C.R.I.B.A. à la Baraque de Fraiture (2007) 1178
* Battle of the Bulge memories - 2007Inauguration at the Baraque de Fraiture
* Les mots allemands rescapés de guerre en Ardenne 365
* Houffalize en janvier 1945. Poème en wallon de M. Léonard, traduction R. Dislaire 1688
* Interview (2010) : Paul Delsemme, le plus jeune prisonnier de guerre houffalois 1742
* Paul Delsemme, le dernier ancien prisonnier de guerre houffalois, est mort (2017) 228