Thirst Park Chan wook
Thirst Park Chan wook
Thirst ? Sanguinolemment savoureux !
2h13
DRAME, THRILLER
De Park Chan-wook (2009).
Avec Song Kang-Ho, Kim Ok-vin, Kim Hae-Sook.
Interdit aux moins de 12 ans
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À l’instar de Kim ki-duk, Park Chan-Wook est un de ces réalisateurs sud-coréens majeurs dont la seule évocation du nom fait immédiatement penser à une œuvre et à un univers tout à fait singuliers.
Mélange savoureux de comédie noirâtre, d’humour vampiresque et de terreur sanguinolante, « Thirst(, ceci est mon sang » pour être complet) met en scène un prêtre contaminé suite à une transfusion sanguine d’origine inconnue. L’homme de foi commence alors à subir d'étranges mutations physiques et psychologiques, le faisant notamment succomber pour une ravissante jeune femme…
Le réalisateur a choisi d’aborder le thème du vampire avec beaucoup d’humour, lequel est omniprésent dans le film. C’est toujours très agréable de voir comment il est possible de parvenir à conférer un certain côté comique à ce genre de métrages. Park Chan-wook revisite complètement l’image du vampire en la modernisant dans le sens où il ajoute des valeurs très actuelle au sujet traité.
Il ne modernise pas dans la technique car nous ne sommes pas en présence d’un vampire qui utilise des armes dernier cri, comme on a pu en voir et comme on en verra encore dans certaines superproductions américaines. C’est plutôt une pincée de questionnements très actuels qu’il ajoute à l’ensemble, posant les questions de la religion et de sa place dans la société, ainsi que de la culpabilité. [La] « crise existentielle [du vampire] rappelle que, dans la vie, on peut aspirer au bien, mais une vie totalement bonne est impossible. Tout le monde commet des erreurs, des oublis. »
Avec « Thirst », nous sommes en présence d’un montage moins classique que dans les films précédents du réalisateur, tant le nombre d’ellipses est conséquent, entre autres caractéristiques. C’est plus brut, moins léché que ce qu’on a pu voir dans « Old Boy » et, du coup, ça nous place davantage dans une tradition asiatique que dans ses derniers films, avec toute la poésie caractérisant celle-ci. Dans une certaine continuité de son film sur la vengeance, « Thirst » voit le Coréen se désaméricaniser quelque peu, avec le surcroit de poésie que cela implique. Si la musique est assez présente, c’est aux bons moments qu’elle vient parsemer le métrage.
Soulignons que le film n’est pas pompé par les effets spéciaux. L’argent investi dans celui-ci a été utilisé à bon escient car ce n’est donc pas la technique qui prime, le jeu d’acteurs étant pour beaucoup dans la réussite de l’entreprise. C’est que Park Chan-Wook a pris, depuis le début de son travail, la bonne habitude de fort bien caster ses acteurs. Il a cette fois choisi Song Kang-ho (« Memories of Murder ») pour le rôle principal. C’est dans la qualité du scénario et donc dans le jeu des acteurs que tout le film passe, via un humour très simple, très juste, et des personnages complètement déjantés.
Présenté en compétition internationale lors du Festival de Cannes 2009, il y a remporté le Grand Prix. Prix auquel Park Chan-wook semble être abonné puisqu’en 2004, c’est déjà cette récompense qu’il obtenait pour « Old Boy ». Lors de la dernière édition du BIFFF (Festival International du Film Fantastique de Bruxelles), le film s’en est retourné en Corée du Sud avec, pour destrier, le Corbeau d’Argent. Il s’agit pour rappel du Prix le plus important remis lors du festival bruxellois, après le Corbeau d’Or. Bien avisés étaient les festivaliers qui sont allés voir le film car celui-ci est malheureusement inédit dans les salles belges. Consolez-vous : il est déjà disponible en DVD et en Blu-ray !
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Bons films !
Jean-Thibaut Coeckeliart
jeanphilippe_thiriart@hotmail.com