Labyrinthe de Barvaux 2010 : un cheval de Troie écologiste
Cela sortira-t-il la planète de l’impasse que d’apprendre encore à l’école que le labyrinthe a été construit en Crète par Dédale, afin que Minos y enfermât un monstre au corps d’homme et à la tête de taureau? Ou du moins de mémoriser les détails des amours de Pasiphaé et des relations entre Ariane et Thésée?
Mais tous leurs sens, stimulés à l’improviste, feront retenir à ces enfants qu’un crack à la morphologie d’homme appelé Petit-Tonnerre les a joliment apostrophés au Labyrinthe, dans un champ de maïs, en plein milieu des vacances. Petit-Tonnerre, un cheval de rêve que l'on voit sur une photo, amoureux de Patricia, une stagiaire venue de Madagascar,
Ils se souviendront de ce que pour s’en sortir par une petite porte, du labyrinthe, il leur a fallu s’accorder avec le sacré emplumeur de Yakari qui les harangua en tandem avec un Grand Aigle jeteur de bons et mauvais sorts entrecoupés d’exhortations théâtrales autant que persuasives.
Monté sur un pavois, le héros de BD au visage peu pâle avait d’abord interpellé un pépé fumant dans la foule (étaient-ils de mèche ?) en hurlant avec conviction ce à quoi ont conduit toutes nos fumées, sorties d’Enola Gay à Hiroshima ou de la pipe de Maigret au quai des Orfèvres.
"Préservons la terre et l’eau, préservons la vie" : voilà des leitmotivs assimilés par tous les enfants captivés.
"Que les temps changent !" Ce n’est pas un constat, mais la tweetalige incantation-incantatie du copain prophète.
Les labyrintheurs (le mot a été créé par Jacques Attali) Fabienne et Jean-Claude se doutaient-ils que leur folle gageure deviendrait, au-delà de l’alibi économico-ludico-touristique, le plus formidable engin de guerre au service du sauvetage de l’environnement ?
Pour ceux qui n’y ont jamais cru et observent la performance, chaque fois renouvelée, du Labyrinthe, il y a de quoi avoir bientôt le cerveau comme de la sauce blanche.
Un projet modeste et au départ sans pérennité, du moins avouée, un gadget sans budget : quelle est donc alors la clé de ce succès ?
Quand l’imagination peut être au pouvoir, et que les artistes ont droit au chapitre…
Et que tout le monde s'unit aussitôt pour courir après l’inaccessible étoile.
Les enfants rient, ils rient beaucoup au Labyrinthe. Mais jamais ils ne rient bêtement.
Voilà le maïs qui lève, grâce à l’effort des yeux qui s’adaptaient au lointain…
René Dislaire