EVOLUTION DU HAUT KATANGA
L’expansion du Haut Katanga depuis le début 20ème siècle.
Avant-propos :
Avant de débuter ce reportage, il est utile de faire quelques mises au point. A savoir : le dit reportage est conçu de manière à vous faire vivre, au maximum, l’évolution du Katanga. Pour ce faire, malgré qu’il s’agisse d’un résumé, la matière est dense, c’est pourquoi il est décidé de vous le faire découvrir au travers de plusieurs épisodes ! 1/5. Il ne s’agit pas non plus de vous narrer l’histoire du Congo, mais bien de vous relater un pan de l’économie de ce pays qui aujourd’hui se nomme ZAIRE.
L’expansion du Haut Katanga
Certes, ce reportage est basé sur le livre « Union Minière du Haut Katanga de 1906 à 1956 », mais il nous a semblé nécessaire de faire quelques incursions dans la fin du 19ème siècle afin de vous faire vivre l’entièreté de cette expansion.
Il y a plusieurs ressources minières au Haut Katanga, mais nous avons traité ce reportage en utilisant les données liées au cuivre.
Donc avant de nous plonger dans l’après 1906, voici quelques éléments qui vous permettrons de mesurer les problèmes rencontrés par les pionniers dans leurs explorations !
La première mention de l’existence de mines de cuivre au Katanga se trouve dans un rapport, daté du 22 mars 1798, de l’explorateur portugais Francesco José Maria de Lacerdas
En 1858, deux hommes extraordinaires, Richard Francis Burton et John Hanning Speke, partis de la côte de l’Océan Indien, découvrent le lac Tanganika. Et lors de leurs périples, ils entendent parler du cuivre de Katata ou Katanga, situé au nord-ouest. Dans leurs progressions ils découvrent des terres où ils ont vus des pierres vertes, rapportent-ils, dans les terres appelées Catanga ». (Au début de son exploration, vous remarquerez que l’orthographe du Katanga a été exprimée de façons différentes.) Speke est le premier Européen qui ait traversé le lac Tanganika. Il se rend chez un trafiquant arabe et il lui demande si il peut l’accompagner dans son voyage « cela m’aurait donné le moyen, d’avoir une parfaite connaissance des mines de cuivre du Katanga », mais son vœux ne se réalisa pas.
Lorsque le vieux docteur David Livingstone, le maître de tous les explorateurs…., meurt, à bout de forces, dans les marais, ses derniers mots ont été « à combien de jours sommes-nous du Luapula » ? Car son ultime effort s’était tendu vers ce Katanga, où il n’avait jamais pu pénétrer au cours de ses longues et magnifiques explorations. Déjà en 1854, lorsqu’il se trouvait prés du lac Dilolo, venant du Zambèze et se dirigeant vers Loanda, le grand docteur avait vu de ces pièces de cuivre « ayant la forme d’une croix de Saint André » (dénommée croisette)
En 1874, le lieutenant de la Royale Navy, Verney Lovett Cameron poursuivant sa traversée de l’Afrique, arrive dans une région pour laquelle il a écrit « le cuivre se trouve en quantité considérable au Katanga. Tout cela devrait inciter les Européens à tenter l’exploration de ce fameux Katanga., et ce d’autant que certains affirmaient que cette mystérieuse région recelait également de fabuleux gisements d’or….A partir de 1876, les Belges commencent à jouer un rôle essentiel dans l’exploration. Dès le 12 décembre 1878, la première expédition belge débarque à Zanzibar. Elle se lance dans l’intérieur et, malgré des difficultés inouïes, elle parvient à fonder, le 12 avril 1879, la première station belge en Afrique sur la rive orientale du lac Tanganyika. Deux ans plus tard, au mois de mai 1883, une station belge est établie au Katanga.
Un missionnaire écossais écrit ceci « La malachite dont le minerai de cuivre est extrait se trouve en grande quantité sur les sommets de collines raboteuses et dénudées. Pour la chercher, les autochtones creusent de petits puits ronds, rarement profond.
Pour conquérir le Katanga, l’Afrique du sud envoie deux expéditions. La première rebrousse chemin car elle décimée par une épidémie de variole. La seconde est plus heureuse. Elle arrive au Katanga et rend visite au roi Msiri afin de lui faire signé un traité accordant aux Anglais l’occupation effective du territoire. Mais les Anglais ont négligé de se munir de cadeaux dignes du roi Msiri. Le vieux potentat refuse énergiquement de signer le beau traité.
Dès le 17 mai 1888, le roi Léopold II de Belgique avait écrit à son collaborateur, le capitaine Albert Thys « La théorie de certains journaux anglais c’est que toute partie d’Etat non occupée peut être prise par celui qui voudrait l’occuper. Nous avons donc un intérêt capital à diriger, dès que nous le pourrons, de grandes expéditions jusqu’à nos frontières du nord et du sud et cela sous peine de tout perdre ». Dès que nous le pourrons nous organiserons les immenses territoires reconnus au jeune état. Ils exigeaient des capitaux importants. Et l’œuvre grandiose est poursuivie méthodiquement, patiemment, sans heurts et sans combats. Mais en 1890, le Roi se rend compte que le Katanga est véritablement en danger. Sa réaction est celle qu’on attendait de lui : il passe à l’action.
Des expéditions sont constituées et l’une d’elles emmenée par Delcommune atteint la rive du Lualaba. Pendant deux mois, il construit des pirogues avec lesquelles il compte descendre le cours d’eau. Le 24 février 1892, la flottille se lance dans l’aventure. Après avoir surmonté toutes une série d’obstacles, le 11 avril 1892 l’expédition se trouve devant les chutes infranchissables de Zilo. Elle décide d’abandonner les pirogues. Un conseil de guerre est réuni et des décisions importantes sont prises. La majorité des membres sont souffrants. L’expédition s’efforcera de regagner d’urgence son point de départ. Rendu, les membres constatèrent que la situation n’était guère plus enviable : les horreurs de la famine et des maladies dépassaient l’imagination. Le géologue Cornet, malgré la situation, s’aventure et se livre à une première étude géologique du pays. En remontant la vallée de la Dikuluwe, le jeune géologue fait d’intéressantes découvertes. Et le 17 février 1892, il foule le fameux gisement de cuivre de Kambove. Si, Stanley avait pu déclarer que, sans le chemin de fer, le Congo ne valait pas un penny, on aurait pu dire, en cette année 1893, que, sans le chemin de fer, le Katanga ne valait pas une croisette.
Pendant ce temps le géologue Holland s’investit de nouveau dans des prospections. De son camp du Lualaba il écrit ceci : « Je dois vous signaler que j’ai localisé une mine de cuivre et que j’ai découvert et localisé une autre mine de cuivre. Ces mines sont connues respectivement sous les noms de Musonoi et Kolwezi ». A la fin du mois de novembre 1901 il redécouvre l’un des plus riches gisements de cuivre du monde. Un délégué étranger est envoyé, avec mission de contrôler les découvertes et d’estimer l’importance des gisements, il s’appelle Farell, il est américain. Son rapport confirme que la zone minière du Katanga recèle de riches gisements de cuivre, mais que l’exploitation industrielle ne sera possible que lorsque le rail y aura pénétré.
Dans l’espace de ce temps, arrive un jeune ménéralogiste Henri Buttgenbach qui se dirige, le 16 juin 1902, vers Kambove. Arrivé sur le lieu, il écrit « Je me souviens encore du jour où j’aperçus, enfin de loin, avec mes jumelles, quatre tentes vertes bien alignées sur une colline. Mais en fait, il ne s’agissait pas de tentes mais bien quatre traînées de minerai vert de malachite. » Il reste sur le terrain et il expédie à Bruxelles des rapports sur la situation du Katanga, ceux-ci causent une grande déception aux administrateurs de Bruxelles, car il estime que le gisement d’or de Kambove livrera, au maximum, une douzaine de kilos. On est loin de cet Eldorado pressenti ! En ce qui concerne le cuivre ses rapports étaient plus optimistes. En 1903, des prospecteurs confirment la présence d’or à Ruwe ainsi que de l’étain le long du cours d’eau Lualaba. (Les premières tonnes d’étain seront extraites au cours de l’année 1905 ainsi que 12 kg d’or. D’autre part, des essais de fusion de cuivre sont réalisés à Kolwezi (avril 1905)
Le 2 mai de la même année se met en marche un extraordinaire convoi, venant de Benguela et se dirigeant vers le Katanga. Il est composé de lourds chariots traînés par des bœufs et ces chariots transportent trois cents vingt rails légers ainsi que wagonnets destinés à « moderniser » l’exploitation à Ruwe. Photo n° 9 Chariots tirés par des bœufs
C’est une revue suisse paraissant à Genève, « L’Afrique explorée » qui a l’époque résuma le mieux l’œuvre des expéditions.
MGM