HOUFFALIZE - CIMETIÈRE - CÉLÉBRITÉS - HENRI SÉBALD, MORT POUR LA FRANCE
Au cimetière de Houffalize, à la fin de la Première guerre, la Commune a inhumé les restes de Henri Sébald dans le lopin de ses militaires décédés au champ d'honneur.
Le brigadier de réserve Henri Sébald, relevant du régiment des XXIIIe Dragons, avait 25 ans. Il était apprenti boucher. Il fit 2 ans de service militaire de 1910 à 1912.
En juin 2014, il fut rappelé comme réserviste pour un mois d’entraînement : les tensions en Europe laissaient présager une "grande" guerre.
De ce qui précède on admettra que ce garçon n'avait pas la formation d'un stratège accompli, et n’était pas suffisamment entraîné au métier des armes pour commander une colonne chargée de repousser l'envahisseur allemand se dirigeant vers la France par l’Ardenne belge.
Pour rappel, à sa création, il fut imposé à la Belgique indépendante une souveraineté limitée: la Belgique était neutre, un statut semblable à la Suisse aujourd'hui. Sympathie pour les Français, oui, mais ne pas prendre parti pour un camp ou l'autre lors de l'envahissement.
Le 6 août 1914 une dizaine de Uhlans (soldats allemands) prennent position à Houffalize, s'installent dans l'hôtel du Commerce.
Le lendemain, quelques dizaines de Français pénètrent à Houffalize.
Craignant l'affrontement, les Allemands se dissimulent dans l'écurie de l'hôtel.
Il faut imaginer Sébald, non pas comme un chef de guerre d'aujourd'hui, mais fièrement juché sur son cheval et vêtu avec les éclats d'un uniforme d'apparat, pénétrant dans la cour de l'hôtel et, avec superbe, ordonnant à l'officier allemand de se rendre.
La réponse fut une riposte qui l'abattit net. Dans leur fuite les Allemands, en infériorité numérique, déplorèrent 3 tués et 4 blessés.
Les circonstances et le déroulement de ce que l'Histoire à Houffalize qualifiera d'escarmouche n'ont jamais été claires. Les historiens se sont souvent résolus à des hypothèses.
Par exemple, sur le lieu exact de l’escarmouche : trois hypothèses.
Plus grave, un citoyen -ou une citoyenne- de Houffalize acquise à la résistance, serait intervenue, contrevenant au devoir de neutralité. En raison de quoi le bilan des pertes des Uhlans fut si important. Cela ne pouvait échapper à l’officier allemand.
Or, les ordres du Kaiser Guillaume II avaient été formels : dans de tels cas, des représailles impitoyables devaient châtier les civils d’une manière expéditive (nombreux cas d'"atrocités" par exemple de Dinant et de Visé).
Une conclusion peut être de considérer que si Henri Sébald est une célébrité, il serait exagéré de lui reconnaître un statut de héros.
D'aucuns n'excluraient pas qu'un soupçon de gnole - ce qui aurait été normal - expliquerait son acte de bravoure pour certains, une bavure pour d'autres.
Au cours des décennies qui suivirent, l'escarmouche ne bénéficia pas d'une grande notoriété.
Après tout, celle-ci ne se fondera que sur le fait que Sébald est le premier Français mort pour la France en Belgique au cours de la grande guerre.
C’est vers 1936, à la veille de la Deuxième guerre, au faîte de la montée du nazisme en Allemagne, que se manifestèrent à Houffalize des signes de grande amitié belgo-française.
Sébald fut mis à l’honneur, et une souscription fut lancée pour lui ériger un une stèle monumentale. Les plus hautes personnalités politique en rallièrent le comité d’honneur.
René Dislaire © Houffalize, le 1er novembre 2024.