"Privat Livemont - Fleurs à l'Affiche", à la "Maison Autrique", à Schaerbeek, jusqu'au 14 Janvier 2024
« Exemple-type de l’artiste polyvalent de la fin du 19ème siècle, Livemont s’exprime à la fois comme affichiste, peintre-décorateur, peintre de chevalet, illustrateur et sgraffiteur. Ses affiches, placardées un peu partout, lui assurent une immense renommée et lui permettent de populariser l’ ‘Art Nouveau’ dans l’inconscient collectif ; il fait de la femme une icône idéalisée et presque sacralisée, qui invite le spectateur à acheter le produit vanté. Comme décorateur et graffiteur, il magnifie l’œuvre de l’architecte en théâtralisant les façades, murs et plafonds, surfant habilement entre le classicisme, les thèmes chers à l’Antiquité et le monde organique et lumineux de l’ ‘Art Nouveau’ », écrit Benoît Schoonbroodt, licencié en architecture & en communication, auteur de plusieurs ouvrages sur l’ « Art nouveau » & l’ « Art déco ».
A souligner que ce dernier nous proposera, le 06 novembre, à l’Hôtel de Ville de Schaerbeek, une conférence gratuite, intitulée : « Privat Livemont, street artist et décorateur ».
C’est à la rencontre de cet artiste schaerbeekois peu connu du grand public – Privat Livermont (Henri Privat Antoine Théodore Livemont/1861-1936) – que nous convie, jusqu’au 14 janvier 2024 , la « Maison Autrique », à Schaerbeek, jalon important de l’ « Art Nouveau », édifiée en 1893, sous la conduite de l’architecte belge Victor Horta (1861-1947).
Grâce à ses talents de dessinateur et de coloriste, son goût du détail et sa maîtrise de la lithographie, Privat Livemont crée plusieurs dizaines d’affiches illustrées, expressives et populaires, dont certaines deviendront iconiques. Fleurs à tige arquée et profils de femme à chevelure ondoyante s’y répondent pour promouvoir des événements, du chocolat, des biscuits ou de l’absinthe. Véritables miroirs de leur époque, ces affiches reflètent les valeurs de la bourgeoisie, ses goûts vestimentaires et décoratifs, sa prédilection pour le monde végétal. Elles témoignent également de l’émergence du graphisme et de l’art naissant de la réclame.
Dans le cadre de l’ « Année Art nouveau 2023 », la « Maison Autrique », avec son exposition temporaire « Privat Livemont – Fleurs à l’Affiche », ouvre ses portes à cet artiste virtuose. Elle accueille une série d’affiches provenant
de grandes institutions bruxelloises, mais aussi des œuvres issues de collections privées – dont celle de son arrière-petit-fils –, qui illustrent l’étendue de son talent, ainsi que son aisance dans les techniques décoratives, en vogue au début du XXè siècle : céramiques, estampes, sgraffites, toiles marouflées & vitraux.
Cette intéressante exposition est organisée avec la complicité de la « Galerie le Tout Venant », l’association « ARCHistory » et la Ville de Schaerbeek, en collaboration avec les « Archives de la Ville de Bruxelles », le collectionneur Jonathan Mangelinckx, le couple Hubert Gillard-Livemont (arrière petits-enfants de Privat Livemont), l’ « Hôtel Solvay », la « KBR », la « Maison Cauchie » & le « Musée des Beaux-Arts d’Ixelles », avec le soutien d’ « A Step Forward », de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la « Loterie nationale », de la Région de Bruxelles-Capitale, d’ « Urban-Brussels » & de la « Vlaamse Gemeenschapscommissie ».
Ayant travaillé à Paris, de 1883 à 1889, il y rencontra sa future première épouse, Madeleine Brown (« Madelon »), qui, incarnant, pour lui, la femme « Art nouveau », fut son modèle principal, jusqu’en 1908, année de leur divorce. En 1923, il épouse, en secondes noces, Louise Joséphine Malbrancke (« Loulou »), qui devint, à son tour, l’une de ses modèles.
En 1891 il devenait professeur de dessin, figure et ornement, à l' "Ecole industrielle de Schaerbeek".
Dans le hall d'accueil de la "Maison Autrique", admirons une affiche particulièrement haute, annonçant, en 1897, l' "Exposition internationale de Bruxelles", aux Parcs du Cinquantenaire et de Tervueren, qui sera reprise en timbres poste, exposés à l'étage,
Remarquons que ses affiches illustrent bien leur époque. Ainsi, l'on ne peut imaginer la "SNCF" ou la "SNCB" éditer, au XXIè siècle, ce que les "Chemins de Fer de l'Ouest" choisirent comme illustration de Privat Livemont, nous dévoilant une femme, légèrement vêtue, nageant, poursuivie par quelques hommes aux regards lubriques, ceci pour annoncer que la Ville de Cabourg, sise en bord de mer, se trouvait à 5h de train de Paris.
A noter l'importance que Privat Livemont accorde à son éditeur, puisque, si d'un côté de ses affiches, nous découvrons sa signature, de l'autre côté, il place la griffe de ce dernier, à savoir la maison d'édition "Goffart".
Soulignons qu’outre ses superbes affiches, différents documents sont exposés, d’une de ses cartes d’identité à des timbres poste belges reproduisant l’un de ses tableaux, en passant par des menus et programmes illustrés de sa main, des factures, …, sans oublier un film, à ne pas manquer, au sein duquel plusieurs spécialistes évoquent le travail de Privat Livemont, l’exposition se déroulant du sous-sol jusqu’au 2è étage de cette maison de style « Art nouveau ».
Notons que le 10 juin, l’asbl bruxelloise « Pro Vélo », organisera une balade à vélo, intitulée : « Privat Livemont – Le Maître décorateur », dans le cadre de sa programmation « Les Cycles de l’Art nouveau ». Départ : 14h, du N° 19 de la rue de Dublin, à Ixelles, cette découverte, à vélo, de différents sites « Art nouveau » incluant une visite guidée de la « Maison Autrique » et de sa présente exposition temporaire. Prix de l’après-midi (guide inclus) : 16€ (14€, pour les étudiant.e.s, demandeurs.deuses d’emploi, client.e.s d’une « Auberge de la Jeunesse » ou du « Thalys » / 10€, pour les 08 à 12 ans), Site web : http://www.provelo.org.
Dans le cadre du « BANAD Festival », les samedi 25 & dimanche 26 mars, des visites guidées de la « Maison Autrique » et de sa présente exposition temporaire sont organisées, une réduction de 2€ étant offerte aux détenteurs d’un ticket « BANAD ». Site web : http://www.banad.brussels.
A noter l'importance que Privat Livemont accorde à son éditeur, puisque, si d'un côté de ses affiches, nous découvrons sa signature, de l'autre côté, il place la griffe de ce dernier, à savoir la maison d'édition "Goffart".
Ce dernier lundi 13 juin, Lyse Vancampenhoudt, doctorante en « Histoire de l’Art et Archéologie, Période contemporaine », à l’ « UCL », présentait sa conférence, intitulée : « Affichées. De l’Objet de Regard au Sujet de Société ».
A noter qu’elle réalisa un mémoire de fin d’études s’intitulant « La Femme Fin-de-Siècle et la Mode à travers la Peinture belge. Le Portrait bourgeois de 1880 à 1914 », qui traite de l’apport de l’histoire de la mode dans l’étude des portraits de femme à la fin du XIXè siècle. Plus généralement, ses recherches portaient sur l’étude des représentations de femme, autant au sein des arts dits mineurs que majeurs et leur confrontation à la mode qui leur était contemporaine.
Lyse Vancampenhoudt écrit : « La fin du XIXe siècle est l’apogée d’un paradoxe grinçant. Tandis que les murs des villes se couvrent de femmes représentées, sur les sgraffites ou dans la publicité, les femmes réelles, elles, accèdent à l’espace public de manière strictement contrôlée et codifiée. À la répétition d’un archétype de femme ‘fin de siècle’ essentialisé, se heurte la pluralité des existences de ces femmes, de la classe ouvrière à la grande bourgeoisie. Quelles sont les images de femmes véhiculées par les affiches de Privat-Livemont ? Que nous racontent-elles du statut de celles qui sont ses contemporaines ? »
Outre celles déjà citées des lundis 13 mars et du 06 juin, différentes conférences sont programmées :
- à la « Maison Autrique » (Prix unique : 5€. Réservation obligatoire : http://www.tickets.1030.be) :
** lundi 13 juin, à 18h30 : « Affichées. De l’Objet de Regard au Sujet de Société » (Lyse Vancampenhoudt) :
Doctorante en « Histoire de l’Art et Archéologie, Période contemporaine », à l’ « UCL », Lyse Vancampenhoudt a réalisé un mémoire de fin d’études s’intitulant « La Femme Fin-de-Siècle et la Mode à travers la Peinture belge. Le Portrait bourgeois de 1880 à 1914 », qui traite de l’apport de l’histoire de la mode dans l’étude des portraits de femme à la fin du XIXè siècle. Plus généralement, ses recherches portaient sur l’étude des représentations de femme, autant au sein des arts dits mineurs que majeurs et leur confrontation à la mode qui leur est contemporaine.
Elle écrit : « La fin du XIXe siècle est l’apogée d’un paradoxe grinçant. Tandis que les murs des villes se couvrent de femmes représentées, sur les sgraffites ou dans la publicité, les femmes réelles, elles, accèdent à l’espace public de manière strictement contrôlée et codifiée. À la répétition d’un archétype de femme Fin de siècle essentialisé, se heurte la pluralité des existences de ces femmes, de la classe ouvrière à la grande bourgeoisie. Quelles sont les images de femmes véhiculées par les affiches de Privat-Livemont ? Que nous racontent-elles du statut de celles qui sont ses contemporaines ? »
** lundi 17 avril, à 18h30 : « Histoire et Techniques de la Lithographie à travers l’Oeuvre de Privat Livemont » (Brigitte & Guillaume Choveaux)
Ces deux conférenciers, marchands d’estampes à la « Galerie Le Tout Venant », partenaire de la présente exposition, écrivent : « Privat Livemont a hissé la technique de la lithographie au rang d’art graphique : tentons d’y voir plus clair ! »
** lundi 22 mai, à 18h30 : « A la Pointe de la Mode 1900 ? » (Caroline Esgain)
Caroline Esgain (conservatrice du « Musée Mode & Dentelle », à Bruxelles) écrit : « Les vêtements portés par les personnages des affiches de Privat Livemont sont-ils conformes à la mode de l’époque ou fantasmés ? Les personnages féminins quand ils ne sont pas allégoriques reflètent la mode bourgeoise mais aussi les tentatives de plus de confort, promues par des femmes d’artistes éclairées. »
** lundi 12 juin, à 18h30 : « L’étonnante Collection d’Affiches ‘Belle Epoque’ du ‘Musée des Beaux-Arts d’Ixelles » (Claire Leblanc)
« Au cœur de l’exposition, cette rencontre-discussion abordera les développements artistiques de la fin-de-siècle et lèvera un coin du voile sur les richesses de la collection d’affiches Art Nouveau conservées au Musée d’Ixelles », écrit la conférencière, directrice-conservatrice du « Musée d’Ixelles ».
** lundi 28 août, à 18h30 : « Entre ‘Japonisme’ et ‘Art nouveau’ : retracer les influences hybrides dans les Travaux de Private Livemont » (conférence présentée en anglais, par Saskia Thoelen, docteure en Histoire de l’Art et de la Mode, à la « Bunka Gakuen University », à Tokyo.
** lundi 25 septembre, à 18h30 : « Privat Livemont, entre Peinture et Graphisme » (Michel Bries)
« Au-delà d’une lecture stylistique de l’univers ‘Belle Époque’ des créations de Privat Livemont, comment un œil d’aujourd’hui, saturé d’images, perçoit l’organisation visuelle, graphique et typographique de ces affiches ? Entre
règles de composition, niveau d’iconicité et lois de la Gestalt, le regard du lecteur suit un trajet dans l’image parfaitement maîtrisé et illustre le très grand savoir-faire de ces affichistes début de siècle. La communication visuelle est en marche et Privat Livemont, comme Cappiello, Chéret ou Mucha, en est un père fondateur », écrit Michel Bries, graphiste & sémiologue, à l’ « IHECS » (« Institut des Hautes Études des Communications Sociales »).
- à l’ Hôtel de Ville, à Schaerbeek (entrée gratuite, mais réservation obligatoire : http://www.tickets.1030.be)
** lundi 16 octobre, à 18h30 : « Arbres, Fleurs et Gazons, à Bruxelles, 1850-1910 » (Denis Diagre–Vanderpelen)
« Cet exposé se penchera sur des passions, certes plus ou moins universelles, mais dans leur expression bruxelloise et dans le cadre chronologique de la seconde moitié du long XIXè siècle. On y verra comment et pourquoi certaines espèces végétales, certaines essences ont pris possession de la ville. On essaiera d’y dévoiler les facteurs d’ordre philosophique, commercial, esthétique, ou autres, qui ont façonné le personnel chlorophyllien de la capitale belge, lieu d’un pouvoir qui redoute les émotions populaires et incarnation d’un petit Etat anxieux de sa réputation », écrit Denis Diagre-Vanderpelen, docteur en Histoire (« ULB »/2006), attaché au « Jardin botanique national de Belgique », à Meise, et collaborateur scientifique, à l’ « ULB ».
** lundi 27 novembre, à 18h30 : « La Naissance d’Ornements inédits : Horta, Van de Velde et Livemont » (Benjamin Zurstassen) :
« Cet exposé a pour objectif de mieux comprendre la révolution en jeu lors de la naissance de l’ ‘Art nouveau’, en 1893. Chaque créateur apportera une réponse différente à la question lancinante du XIXè siècle : comment créer un style moderne ? Comment exprimer, par l’ornement, l’espoir d’une société revitalisée ? », écrit Benjamin Zurstrassen, conservateur du « Musée Horta », à Saint-Gilles.
** lundi 11 décembre, à 18h30 : « L’Ecole industrielle de Shaerbeek, un Vivier d’Artistes » (Aline Wachtelaer)
« Créée en 1891, l’ ‘École industrielle’ avait pour but de prodiguer aux jeunes gens un enseignement alliant les métiers d’art et d’industrie. Son premier corps professoral est composé de noms d’artistes renommés tels Adolphe Crespin, Paul Hankar, Privat Livemont et Paul Saintenoy. Découvrez ici l’histoire unique de cette école, de ses cours et de ses enseignants », écrit Aline Wachtelaer, docteure en Histoire de l’Art (« ULB »), archiviste à la Ville de Schaerbeek.
Ouverture de l’exposition : jusqu’au dimanche14 janvier 2024, du mercredi au dimanche, de 12h à 18h (admissions jusqu’à 17h30/fermeture les jours fériés). Prix d’entrée (incluant un guide du visiteur de 25 pages) : 7€ (5€, pour les étudiant.e.s, demandeurs.deuses d’emploi & les seniors / 3€, pour les enfants & les Schaerbeekois.e.s / 1€25, pour les « Art. 27 » / 0€, pour les détenteurs d’un « Museum Pass Musées » ou d’une « Brussels Card »). Catalogue N° 19 « Privat Livemont » de la « Galerie le Tout Venant » (broché/60 p.) : 25€. Contacts : 02/215.66.00 & info@autrique.be. Site web : http://www.autrique.be.
Yves Calbert.