Derniers Jours pour les Expos de "La Piscine", à Roubaix, dont "Bestiarium-Johan Cretel"
Alors que l’événement artistique et culturel « Utopia », organisé par « Lille 3000 » vient de prendre son envol le samedi 14 juin, à Roubaix, les expositions temporaires du printemps du « Musée d’Art et d’Histoire André Diligent » – plus connu sous le nom de « La Piscine » – ne seront plus accessibles que jusquà ce dimanche 29 mai.
Parmi celles-ci notons « Bestiarium », du sculpteur belge Johan Creten (°Sint-Truiden/1963), dont l’une des oeuvres – « De Vleermuis » (« La Chauve-Souris »/2019) – nous accueille à l’extérieur, sur le parvis, à l’entrée du musée, nous permettant de nous hisser entre les ailes déployées de cette superbe création, l’art étant une élévation, une interaction …
… Pas de nature morte au sein de cette exposition. Tout est bien vivant, tout pulse et tout tremble. Ces bêtes, faussement naïves, viennent dire l’épaisseur politique d’un monde fait de conflits, de luttes et de résignations, mais aussi de consolations, d’espoirs et de joies. Car si l’homme est un animal politique, le monde est le théâtre splendide de la cruauté.
Cette exposition se décline en trois chapitres, explorant chacun l’animalité, selon trois aspects différents –politique, humaniste et monumental :
*** « C’est dans ma Nature » (2000), une oeuvre méconnue, constituée de dix panneaux accueillant, sur un support de briquettes factices, des bas reliefs en céramique, réalisés vingt ans plus tôt, d’après des dialogues avec des collégiens d’Aulnay-sous-Bois, rappelant la dimension éminemment politique de l’oeuvre de Johan Creten, artisan majeur du renouveau de la céramique.
*** « Bestiarium », dix-sept céramiques émailées de grandes tailles, conçues trois années durant dans l’atelier « Struktuur 68 », à Den Haag (La Haye). Nées de cuissons multiples et de glaçures singulières, ces sculptures dessinent un bestiare symbolique silencieux, peuplé d »une arraignée, d’un hyppocampe, de mouches, d’oiseaux, d’un pélican, d’un sanglier, …, qui seront prochainement exposés dans la « Galerie Almine Rech », à Bruxelles.
*** « De Vleermuis » (« La Chauve-Souris »/2019), un exemple majeur des sculptures monumentales de Johan Creten, qui fut exposé, précédemment, sur un promontoire rocheux, dans le parc de sculptures de Pilane, en Suède, face au « Petit Palais », à Paris, et dans le jardin de la « Villa Médicis », à Rome. Cette oeuvre était-elle prémonitoire, car réalisée avant une pandémie mondiale, qui encolysa le monde, l’origine de la « Covid-19 » ayant été attribuée à une … chauve souris chinoise ? …
Soulignons la qualité d’édition du catalogue, richement illustré des photographies de Gerrit Schreurs (Ed. « Gallimard »/cartonné/bilingue anglais-français/224 p.).
Extrait de la préface de Bruno Gaudichon, conservateur de « La Piscine », et de Sylvette Botella-Gaudichon : « … la céramique fut, de longue date, un mode de diffusion de la sculpture, notamment lorsqu’elle appelait la polychromie. Le feu est donc intimement partagé ente ces deux modes d’expression qui s’entre-fécondent avec bonheur. Johan Creten inscrit malicieusement son oeuvre dans cette ambiguïté qu’il convoque et entretient avec une force remarquable. Et les ensembles qu’il présente aujourd’hui à ‘La Piscine’, tant dans ce qu’ils sont que dans l’inscription qu’ils proposent dans les espaces et collections de ‘La Piscine’, ne dérogent pas à cette fertile ambivalence. »
« Le bestiaire utopique qu’il a imaginé et modelé est un exemple remarquable de cete parenté qui donnerait la taille des spécimens à la sculpture et le derme de ces animaux inédits à l’émail très riche de la céramique. Et si la sculpture polychrome nest pas exempte de nombreuses occurences dans l’histoire de l’art, ce mariage scintillant brille de très nombreux feux dans la manière de Johan Creten, tant les effets de surface y sont un élément déterminant, sans réel souci de vraissemblance zoologique … mais bien comme l’effet d’une recherche menée en parallèle, pour la forme et pour la peau. Avec ce parti pris, le travail de Johan Creten s’impose comme un acmé des nouveaux visages de la terre contemporaine … »
Notons quelques dates de la carrière artistique de Johan Creten :
** 1994 & 2008 : travaille à l’ « EKWC » (« European Ceramic Work Center »), à Den Bosch, aux Pays-Bas.
** 1995 : séjourne au » John Michael Kohler Arts Center », dans le Wisconsin.
** 1996-1997 : résidence à la « Villa Médicis », à Rome.
** 2000 : résidence à l’ « Arizona State University – Heberger Institute for Design and the Arts-Tempe », en Arizona.
** 2001 : résidence au« Caliornia College of Arts and Crafts », à Oakland et San Francisco.
** 2002-2003 : résidence au« Bass Museum of Art », à Miami.
** 2004-2007 : résidence à la« Manufacture nationale », à Sèvres.
Les 4 autres expositions temporaires accessibles, à « La Piscine », jusqu’au dimanche 29 mai :
- « Boris Taslitsky – L’Art en prise avec son temps », croquis et peintures de Buchenwald, de l’Algérie, …
- « Les Gérard Cochet de la Piscine », costumes et de décors de théâtre, présentés dans les anciennes cabines de bains.
- « Novalis Terra », l’imaginaire de trois artistes québécois.
- « Belles Feuilles et Petits Papiers », illustrations et bandes dessinées de la collection permanente de « La Piscine », de collectionneurs et d’artistes.
Ouverture des 5 expositions de « La Piscine » : du mardi au jeudi, de 11h à 18h, le vendredi, de 11h à 20h, le
samedi et le dimanche, de 13h à 18h. Fermetures : le jeudi 26 mai et tous les lundis. Prix d’entrée (incluant les 5 expositions et la collection permanente) : 11€ (9€, en tarif réduit). Localisation : à moins de 500 mêtres de la gare ferroviaire de Roubaix et de la station de métro « Jean Lebas ». Contacts : lapiscine.musee@ville-roubaix.fr et 33.3/20.69.23.60. Site web : http://www.roubaix-lapiscine.com.
… Et si jamais, vous aviez une petite faim, sachez qu’une réputée maison de bouche lilloise, le restaurant « Méert », possède, désormais, une succursale, à Roubaix, au coeur de « La Piscine ». Fondée à Lille, en 1761, au N° 27 de la rue Esquermoise, par le confiseur chocolatier Delcourt, elle fut reprise, en 1849, par Michael Paulus Gislinus Méert, un chef belge qui donna son nom à ce lieu, qui de pâtisserie devint restaurant.
Du mercredi 22 juin jusqu’au dimanche 04 septembre, les expositions temporaires de la saison estivale seront principalement consacrées aux oeuvres de Robert Lotiron (1886-1966), Henri Vergé-Sarrat (1880-1966) et Rolande Déchorain (1898-1977), ainsi qu’à la Céramique coréenne.
Soulignons enfin, à proximité de Roubaix, l’organisation, à Tourcoing, des expositions « Picasso et les Avant-Gardes arabes », à l’« IMA » (« Institut du Monde Arbabe »), accessible jusqu’au dimanche 10 juillet, et « Eugène Leroy. A contre Jour », ouverte jusqu’au dimanche 02 octobre, au « Musée des Beaux-Arts » (« MUba »), sans oublier, au sein de la métropole liloise, les nombreuses expositions, organisées jusqu’au dimanche 02 octobre, par « Lille 3000″, dans le cadre d’« Utopia ».
Yves Calbert.