Palmarès du 14è "ImagéSanté", organisé en ligne, depuis Liège
Si Philippe Reynaert avait animé la Soirée d’Ouverture, le lundi 22 mars, c’est à l’animatrice liégeoise de la « RTBF », Maureen Louys, que revint l’honneur, le samedi 27 mars, de présenter la Soirée de Clôture du 14è « Festival ImagéSanté », avec la présence de différents intervenants se succédant sur le plateau, dont la directrice artistique du Festival, Jeanne Hebbelinck, qui exprima toute sa satisfaction quant au succès de cette exceptionnelle édition en ligne, organisée, avec l'appui des "Grignoux", suite à l’annulation forcée d’« ImageSanté », en mars 2019.
C’est ainsi que cette virtualisation de ce Festival, destiné à assurer la promotion de la santé, permit une plus large diffusion de ses programmations tant médicale que cinématographque, bien au-delà de la Ville de Liège, jusqu’en France, en Suisse et dans d’autres pays ou régions de la francophonie mondiale.
Ainsi, les 40 opérations chirurgicales, filmées en direct, ont mobilisé quelques 40.000 personnes, les 14 émissions santé et les 23 longs-métrages ayant été vus par 15.000 internautes, cent heures de retransmissions « live » (sur l’alimentation, l’inclusion numérique, la « MedTech » {« Medical Technology »}, l’hôpital de demain, le « gaming », …) ayant été réalisées, animées par plus de 80 experts du monde de la santé.
Capitalisant sur les opportunités d’une digitalisation amorcée avec succès, cette année, mais désirant renouer avec les contacts humains et une chaleureuse ambiance festivalière, le 15è « Festival ImagéSanté », sera présenté, en mars 2023, sous une forme hybride, retrouvant des projections en salle(s), au « Sauvenière », à Liège, tout en conservant une version en ligne…
Revenons à la présente édition, dont la Soirée de Clôture se termina par la projection du film lauréat du « Grand-Prix du Festival ImagéSanté », précédée par la proclamation des différents Prix, en présence des président.e.s des Jurys, l’auteure Stéphanie Fugain, la psychothérapeute Géraldine Jacquemain, ainsi que les réalisateurs.trices Fabienne Godet et Pascal Ralite.
Palmarès du 14è « Festival ImagéSanté » :
*** « Grand-Prix ImagéSanté » :
* « Coming Out » (Denis Parrot/Fra./2019/64′/film lauréat, en 2020, au "FIPADOC" {"Festival International de Programmes Audiovisuels Documentaires"}, à Biaritz) :
Synopsis : « Une fraction de seconde. Quelques mots bredouillés. À nouveau cette peur au ventre. Violente, tenace. Depuis quelques années, de plus en plus de jeunes gays, lesbiennes, bi ou trans, dans le monde entier, ont décidé de faire leur ‘coming out’ via des vidéos sur internet… »
Critiques de la Presse :
Par Emmanuel Raspiengeas, pour « Positif » : « En préservant l’intégrité de chaque témoignage dans leur longueur, leurs hésitations, voire leur violence …, le réalisateur fait des visages le socle de son esthétique et le sujet central de son film, en offrant les dimensions d’un écran de cinéma à des gros plans bouleversants sur le soulagement ou la douleur de ces héros anonymes, tendus comme des miroirs à chacun d’entre nous, et rendant au genre documentaire toute sa puissance d’évocation. »
Par Laurent Cambon, pour « aVoir-aLire.com » : « Un panorama de garçons et filles à travers le monde, qui annoncent leur homosexualité ou leur changement de sexe à leur famille, sur leur ordinateur. Le film échappe au risque du catalogue, il s’en dégage un sentiment sincère de générosité et de délicatesse. »
Par Marie Toutée, pour « Les Fiches du Cinéma » : « À travers un montage de vidéos postées sur le web par des jeunes du monde entier qui décident de faire leur coming out via internet, Denis Parrot s’immisce au plus près de ce moment de basculement intime et social. Matière à réflexion pour tous les parents. »
Par Thomas Aïdan, pour « La Septième Obsession » : « Dans ces ‘autoportraits intimes’, on y voit toute la fragilité et la difficulté d’avouer son homosexualité ou sa transexualité – surtout quand on évolue dans des pays moins tolérants ou plus anxiogènes sur les libertés sexuelles. »
Par Thomas Sotinel, pour « Le Monde » : « Cette heure de projection est un assemblage d’images trouvées sur internet… Denis Parrot en a fait un ‘patchwork’ (mode d’expression privilégié de la communauté gay américaine dans les années 1980) de personnages et d’instants, un petit ‘patchwork’ au regard du territoire couvert (quatre continents). »
De l'Afrique du Sud au Royaume-Uni, en passant par l'Australie et les Etats-Unis, certaines mères acceptent volontiers le "Coming out" de leur enfant : "Je t'aime comme tu es", l'une d'entre elles s'étonne, disant :"Je ne comprends pas ce qui se passe", une autre en venant aux mains, répudiant sa progéniture, avec des mots d'une extrême violence : "Sale homo, tu es une honte", ce film se terminant parune séquence pleine d'espoir...
Parmi les séquences marquantes, ce répondeur automatique d'une église américaine offrant un choix multiple de sujets. En consultant le message réservé, par cette église, aux homosexuels, il se termine en ces termes :"Dieu désteste les pédés" !!!
Notre avis : réalisé en deux ans, 1.200 vidéos ayant été visionnées, voici un premier film émouvant du cinéaste français Denis Parrot (°1974), qui n'a pas volé son "Grand-Prix" !
*** 2è Prix :
* « Minding the Gap » (Bing Liu/USA/2018/98′) :
Synopsis : « Bing, Zack et Keire vivent au cœur de la Rust Belt américaine. Pour les jeunes qui grandissent dans cette région, l’avenir est souvent synonyme de chômage, de pauvreté, d’addictions et de violence. Les trois amis trouvent une échappatoire dans le skateboard… »
Critique d’ « Allociné » : « Documentaire thérapeutique pour son réalisateur, ‘Minding the Gap’ est aussi, et surtout, une expérience de cinéma. Maîtrisé de bout en bout dans son montage, le film créé à partir des envolées et des chutes de ses personnages une œuvre intime profondément bouleversante. »
*** Prix de la Catégorie « Soulever des Montagnes » :
* « Self Portrait » (Katja Hogset, Margreth Olin & Espen Wallin/Nor./2020/77′) :
Synopsis : « Lene Marie Fossen, photographe de renommée mondiale, souffre d’anorexie. Elle s’est arrêtée de manger à l’âge de dix ans. Cherchant à explorer le tabou de la maladie d’après sa propre expérience, son art est nu et sincère. ‘Self Portrait’ est l’esquisse de cette aventure et de ce combat mené de jour en jour… »
Critique par Ellen Lande, pour « Modern Times Review » : « La photographe se déshabille devant sa propre caméra jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des os. L’impuissance du corps maigre est déchirante. Malgré une vie d’anorexie, ses poses sont à la fois gracieuses et intemporelles… Lene Marie Fossen a réussi à donner un visage à la maladie de l’anorexie et a trouvé un refuge depuis le diagnostic jusqu’à la photographie. La puissance brute et exceptionnelle de ses images la place parmi les rares génies photographiques internationaux d’aujourd’hui… »
Lene Marie Fossen (1986-2019), décédée à tout juste 33 ans, a pu découvrir le film auprès de ses parents, dans l’espoir qu’il soit distribué mondialement, ayant dit à l’âge de 28 ans : « C’est comme si j’avais un régime nazi à l’intérieur de mon propre corps. »
*** Prix de la Catégorie « Nouveaux Horizons » :
* « Sais-tu pourquoi je saute ? » (« The Reason I Jump »/Jerry Rothwell/USA-UK/2020/82’/ adapté du livre écrit par Naoki Higashida/Japon/2007) :
Synopsis : « Quand il écrit à l’âge de 13 ans « Sais-tu pourquoi je saute ? », Naoki Higashida, un adolescent atteint d’autisme non-verbal ne sait pas qu’il va provoquer une véritable révolution pour la compréhension de cette maladie et devenir le porte-parole de tous ceux qui, comme lui, sont incompris. Pour la première fois, le monde découvre que l’esprit enfermé dans un corps d’autiste est en fait aussi curieux, subtil et complexe que celui de n’importe qui. »
Nous sommes, ici, en immersion dans le monde singulier de personnes autistes non-verbales, ce film suivant le parcours de cinq de ces jeunes, sous la prose, dans un entrelacs de pulsions, sensations, songes et souvenirs, de l’auteur japonais Naoki Higashida, qui écrivit : « J’ai écrit cette histoire dans l’espoir qu’elle vous aide à comprendre à quel point il est douloureux de ne pas pouvoir communiquer avec ceux que nous aimons. Si cette histoire vous touche d’une façon ou d’une autre, je crois que vous serez capable de vous relier au cœur des personnes avec autisme. »
Critiques de la Presse :
Par Leslie Fleperin, pour « Hollywood Reporter » : « C’est une œuvre d’alchimie cinématographique. »
Par Guy Lodge, pour « Variety » : « Jerry Rothwell a réalisé un documentaire inventif et sensuel digne de sa source ».
Par Fionnula Halligan, pour « Daily Screen » : « 'The Reason I Jump' changera votre façon de penser. Combien de films peuvent en dire autant ? »
*** Prix de la Catégorie « Santé Mentale positive », attribué par la Province de Liège :
* « Petite Fille » (Sébastien Lifshitz/Fra./2020/83’/film lauréat, en 2020, du « Grand-Prix » du « Film Fest Gen », à Gand, de l’« Hugo d’Argent » au « Chicago International Film Festival », « Prix du meilleur Documentaire », au « Side by Side LGBT Film Festival », à Saint- Petersburg, du « Prix des Droits de l’Enfant » à l’« Unabhängiges Film Fest Osnabrück », des Prix « The New Waves » et « Ocana » au « Seville European Film Festival », ainsi que de 4 « Prix du Public », au Brésil, au Canada, en France et en Suisse) :
Synopsis : « Née dans un corps de garçon, Sasha, 7 ans, se sent petite fille depuis plusieurs années. Le cinéaste Sébastien Lifshitzsuit sa vie au quotidien, alors scolarisée en CE1 (7-8 ans) et le combat incessant de sa famille pour faire comprendre sa différence, pour que son école reconnaisse son identité de genre… »
– « Adolescentes » (Fra./documentaire/2019/135’/film lauréat, en 2019, du « Prix Zonta », au « Festival international du Film de Locarno », et, en 2020 du « Prix Louis Delluc »)
– « Bambi » (Fra./2013/58’/film lauréat, en 2013, du « Teddy du meilleur Documentaire », à la « Berlinale », à Berlin, et, en 2014, du « Prix du Public » au « Festival Indie Lisboa », à Lisbonne, ce film ayant été nommé, en 2014, pour l’attribution d’un « César »)
– « Les Invisibles » (Fra./documentaire/2012/115’/film lauréat, en 2013, du « César du meilleur Film documentaire », du « Prix du meilleur Film documentaire » au « Mix Milano Film Festival », à Milan, et de l’« Etoile d’Or du Cinéma français pour le meilleur Documentaire », à Paris, ainsi qu’en 2012, du « Grand-Prix du Film documentaire » du « Festival Chéries -Chéris », à Paris, du « Prix du Public » au « Festival Âge d’Or-Cinédécouvertes », à Bruxelles, du « Grand-Prix du Long-Métrage » et du « Prix du Public » au « Face à Face, Festival du Film gay et lesbien de Saint-Étienne »).
Critiques de la Presse :
Par Antoine Desrues, pour « Ecran Large » : « Magistral, passionnant, bouleversant, les adjectifs en viendraient à manquer pour qualifier la réussite de ‘Petite Fille’. À partir d’un portrait sur la différence, Sébastien Lifshitz a l’intelligence de toucher à une humanité dans ce qu’elle a de plus universelle, et s’affirme définitivement comme l’un des meilleurs documentaristes en activité. Si vous ne pleurez pas devant son dernier chef-d’oeuvre, c’est que vous êtes mort à l’intérieur. »
Par Jean-Baptiste Morain, pour « Les Inrockuptibles » : « ‘Petite Fille’ n’est pas un documentaire militant, mais il évoque les nombreux problèmes de société… ‘Petite Fille’ n’est pas un reportage journalistique, mais du cinéma. Tout y est filmé avec réflexion (on appelle ça la mise en scène)… Un film bouleversant, devant lequel quiconque ne verse pas une larme devrait être considéré comme un sociopathe dangereux. Cette enfant, Sasha, c’est nous tous·tes. »
Par Baptiste Thion, pour « Le Journal du Dimanche » : « À son habitude, Lifshitz filme à bonne distance, à la fois complice et pudique. On retrouve son talent pour croquer l’ordinaire, son sens du détail, sa gestion du temps et de la musique qui accompagne l’émotion sans la surligner. »
Par Yann Tobin, pour « Positif » : « C’est avec infiniment de délicatesse et d’empathie que Sébastien Lifshitz place sa caméra à la hauteur de cette vraie héroïne d’aujourd’hui, dont les regards, les espoirs, les doutes et les découragements sont accompagnés par une caméra à la fois discrète et immersive. »
Par Charlotte Garson, pour les « Cahiers du Cinéma » : « ‘Petite Fille’ chemine lentement vers son personnage éponyme, par étapes, mettant d’abord en avant la forêt touffue des doutes maternels puis nichant en son milieu, point d’orgue de clarté verbale et d’émotion, la première consultation chez une pédopsychiatre spécialiste de la question. »
Nous terminerons cette présentation en soulignant que nous pouvons retrouver, gracieusement, en ‘podcasts’, les opérations chirurgicales, les émissions médicales, les débats, ainsi que les Soirées d’Ouverture et de Clôture, via le lien : https://www.imagesante.be/fr/festival-2021-podcasts/.
Yves Calbert.