30è "Rétro Presse" à la "Galerie du Beffroi", à Namur, jusqu'au 28 février
Voici 30 ans déjà, cinq ans après avoir créé le « FIFF » (« Festival International du Film Francophone »), Jean-Louis Close, alors Bourgmestre de Namur, désira remercier les photographes de presse couvrant l’actualité namuroise, en leur donnant la possibilité de pouvoir exposer leurs travaux, dans le hall d’accueil de l’Hôtel de Ville.
Ils étaient six à exposer, Philippe Berger (« Vers l’Avenir », aujourd’hui retraité), Serge Bradfer (« Vers l’Avenir »), Pierre Dandoy (« La Meuse »/1922-2003), Benoît Mariage (« Vers l’Avenir », devenu cinéaste), Yves Raisière (« Le Soir »,le seul à présenter des tirages en couleur), et André Dubuisson, (« Confluent »), le seul, parmi ces six pionniers, à encore exposer, cette année, à la « Galerie du Beffroi », jusqu’au dimanche 28 février.
En 2012, pour la première fois, une carte blanche était offerte à une école supérieure, à savoir, l’« ITCF (‘Institut Technique de la Comunauté Française’) Félicien Rops », alors que l’exposition accueillait, désormais, les photographes de presse de la Province de Namur et non plus seulement ceux de la Ville.
Cette année, l’institution invitée par le Service de la Culture de la Ville de Namur est l’« IATA » (« Institut d’enseigement des Arts Techniques, sciences et Artisanats »), qui nous apporte un peu d’humour, bienvenu, à cette édition de « Rétro Presse », dont la plupart des oeuvres concernent la crise sanitaire et ses conséquences sur la vie au quotidien, les images les plus dures étant celles prises, en avril 2020, par John Thys, de l’« Agence Belga » et de l’« AFP », nous présentant, notamment, deux photographies mettant en scène, dure réalité, l’intervention de services funéraires à Temploux et à Namur, une autre de Suzanne Valette, 88 ans, ne pouvant rencontrer son fils qu’au travers d’une vitre en plexilass. Une autre photo nous interroge sur la problématique existant autour de Léopold II, alors qu’un morse nous salue de son aquarium visible d’une chambre d’hôtel de « Parai Daiza »…
… Mais revenons donc aux étudiants de la « 7è multimédia » et de la « 6è photo » de l’« IATA », qui outre des photos, telle celle de Célestine Detroz, datée du vendredi 22 janvier 2021, nous montrant le sauvetage d’un chien, récupéré d’une bouche d’égout, nous propose une dizaine de mini courts-métrages vidéo humoristiques, deux d’entre-eux mettant en scène le Député-Bourgmestre Maxime Prévot, qui, dans son bureau, jouant le jeu, nous informe, très sérieusement, que les Nazis avaient installé un réacteur nucléaire sur le site de la Citadelle, ou encore que la tortue, de l’artiste anversois Jan Fabre avait été volée par des membres d’une association de défense des animaux, demandeuse d’une rançon en échange de la restitution de « Searching for Utopia »…
Quant à la palme de l’originalité, elle devrait revenir à un étudiant qui aurait photographié (un photo-montage, évidemment) notre « Manneken-Pis » national en lieu et place de l’Ange à la trompète de la Place éponyme, un micro trottoir ayant été organisé, informant des Namurois de tous âges qu’il s’agissait là d’un échange culturel d’un mois, l’Ange namurois ayant pris la place du « Manneken-Pis », à Bruxelles, à l’intersection de la rue de L’Etuve et de la rue du Chêne, les réactions verbales étant des plus amusantes…
« Exposer, cadrer, figé l’instant présent, ici les bases d’un métier de photographe ou de vidéaste qui s’ouvre à eux après un cycle de deux ans d’études », écrivent Karin Beckers, Fabrice Dermience et Caroline Drôme, les trois professeurs à l’origine de cette exposition. Ils avaient invité leurs étudiants à porter un regard sur l’actualité, ainsi que sur leur(s) quotidien(s), avec les « fake news » comme fil conducteur, en passant par l’installation d’un réacteur nucléaire à la Citadelle ou celle d’un « skatepark » au-dessus de la gare de Namur.
Des étudiants, passons aux pros… Outre John Thys, déjà cité, présentons les huit autres photographes de presse de la Province de Namur, leurs photos étant toutes réalisées en 2020 ou 2021 :
– André Dubuisson (« Confluent ») nous propose, entres autres, une photo du « Jeune Ballet de Namur », qui, suite aux problèmes sanitaires, a mis fin à 36 ans de participation à la vie sociale et culturelle namuroise, ignorant, à l'époque, que leur « Concert du Nouvel An » serait leur dernière apparition sur la scène du « Théâtre Royal ». Parmi les autres photos, notons, en août, celle du Concours des Menteurs de la « Royale Moncrabeau », organisé en virtuel, sans public.
– Jacques Duchateau (« L’Avenir ») nous offre, notamment, trois photos émouvantes, celles d’Emeline Parmentier, qui, amputée des deux jambes, s’est remise à la pratique de l’équitation, ou encore celle d’Annie Cordy (1928-2020), projetée sur la façade de l’Hôtel de Ville de Bruxelles, sans oublier celle d’un patient du « CHU de Liège », transporté vers un hélicoptère français, afin d’être transfré dans un hôpital allemand.
– Bruno Fahy (« Agence Belga ») nous présente, entre autre, deux photos de lieux désertés, de fidéles, d’une part, à la Cathédrale Saint-Aubain, le jour de Pâques, ou de supporters, d’autre part, en août, lors d’une rencontre de football, cette dernière nous permettant d’assister à un… « ballet sans ballon »…
– Jean-Christophe Guillaume (« La Dernière Heure » & « La Libre Belgique ») nous montre, en octobre, durant le couvre feu, la rue des Bouchers, à Bruxelles, désertée de ses nombreux clients de restaurants et autres passants, alors qu’en avril, au « CHU de Charleroi », une patiente est prise en charge par un urgentiste.
– Olivier Hoslet (« European Pressphoto Agency ») : des larmes d’émotion de Delphine de Saxe-Cobourg Gotha au regard souriant, mais décidé, de Greta Thunberg, en passant par un autre regard, résigné celui-là, de Bart de Wever proposant sa démission de co-négociateur à l’adresse du Roi Philippe, le 08 août, alors que le drapeau britannique était retiré du Conseil européen, le 31 janvier 2020.
– Vincent Lorent (free lance & « Sud Presse ») : des bracelets de nageurs – définivement abandonnés, la piscine du quartier de Salzinnes, édifiée en 1957, ayant, en décembre, définivement fermé ses portes – à un athlète du « SMAC »-Namur, Gabriel Garcia, en lévitation, à l’image d’un moine de « Tintin au Tibet », aux côtés de Nathan Kapenda, en « indoor », à Malonne (évoquant le « SMAC » et l’« indoor », soulignons, ce samedi 06 février, la réalisation, par un autre athlète namurois du « SMAC », Eliott Crestan, d’un nouveau record de Belgique en salle, sur 800 m, en 1’46″40).
– Florent Marot (« L’Avenir »), d’une toilette publique, controversée, édifiée en 2020, au pied du beffroi, repris sur la liste du « Patrimoine de l’UNESCO » à l’abbé Bernard Van Vynckt, bien seul, dans l’église Saint-Loup, lors de la messe en wallon des « Fêtes de Wallonie », annulées en 2020, en passant par les applaudissements des soignants du « CHR de Namur », au passage d’André, 96 ans, un patient miraculé du « Covid-19 ».
– Jean-Pol Sedran (free lance &« L’Avenir »), auteur de la photo choisie pour l’affiche de « Rétro Photo », nous dévoilant « The Museum on the Moon, by Luke Jerram », une lune de 7m de diamètre, qui fut exposée dans l’église Saint-Loup, à l’occasion de l’événement « Namur en Lumière », cette installation britannique parcourant le monde depuis cinq ans, chaque centimètre correspondant à 5 kilomètres de la surface lunaire. Egalement exposées : « Still Standing », un appel à l’aide d’une actrice du secteur culturel, et « Belly Painting », une grossesse immortalisée par une « boddy painting »…
Ouverture : jusqu’au dimanche 28 février, du mardi au samedi, de 11h à 18h, le dimanche, de 12h à 18h. Entrée gratuite. Réservation obligatoire : 081/22.84.76 ou via le site web : http://www.namur.be/galeriedubeffroi. Obligations sanitaires : port du masque et distanciation physique d’1m50 entre chaque visiteur ou entre chaque « bulle » de maximum 4 personnes.
Ne manquons pas, non plus, de nous promener dans le Vieux Namur, découvrant, notamment sur les fenêtres de la « Bourse », sise sur la Place d’Armes, les travaux d’étudiants de l’« ILFoP » (« Institut Libre de Formation Permanente »), cette insitution précisant :« Le rire, c’est bien connu, est communicatif et on espère que ces ‘Éclats de Rire’ qui jaillissent aux fenêtres, sur les vitrines des magasins ou sur des bâches seront comme des rayons de soleil qui réchauffent les cœurs et illuminent la journée. Rire, c’est bon pour le moral. Le rire stimule, donne de l’énergie. C’est un antidote au stress. Il nous fait nous sentir bien et renforce les liens sociaux. Il détend et met de bonne humeur… ».
Organisée avec la complicité de la Ville de Namur, cette exposition urbaine fête, sous le signe du rire, les 50 ans de la section photographie de l’ « ILFoP ».
Yves Calbert.